Le mois d’août est plutôt calme côté nouveautés. C’est l’occasion de se plonger dans les disques vinyles de la collection. Aujourd’hui je sors le 3ème album studio de Dana Gillespie, titré Weren’t Born A Man. Sur le blog, j’ai déjà écrit sur cette artiste anglaise, lors de la réédition de son premier album Footish Season (1). Dès la pochette, Dana Gillespie nous indique qu’elle a quitté les pâturages bien verts, avec un cheval (Footish Season en 1968), ou des brebis (Box of Surprise en 1969), le tout looké en hippie bohème avec robe à fleurs. En 1973 son look se tourne vers une créature de la nuit, prête a ensorceler une proie humaine, avec son charme glamour et fatal, en portant, corset, porte jarretelle, guépière, bas noir, boa rouge. Le tout avec une pose bien subjective sous un fond rouge bien vif. Finie le vert pâturage à la recherche de marguerites et place aux nuits torrides, à la recherche de frissons sexuels intenses.
Verso de la pochette de l’album "Weren’t Born A Man" (RCA) - 1973
En 1973, l’Angleterre est sous la vague du glam rock avec en tête de file, David Bowie, T. Rex - Marc Bolan, Sweet, Roxy Music, Gary Glitter, Elton John. Avec ce nouvel album, Dana Gillespie, va se mettre dans la vague Glam, d’où la pochette affriolante, où il ne manque que les paillettes. Mais surtout, sur Weren’t Born A Man, Dana Gillespie va avoir un partenaire de taille, avec la présence de David Bowie et son guitariste Mick Ronson. Dana connais David Bowie depuis l’âge de 14 ans. Elle a eu une petite liaison avec lui, ensuite ils sont restés amis. Ainsi en 1972 elle est choriste sur la chanson It Ains’t Reasy extrait de l’album culte The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars. En échange de bon procédé, David Bowie lui écrit le morceau Andy Warhol et produit avec Mick Ronson deux morceaux. L’album est publié sur RCA Records, label qui publie les albums de David Bowie, ainsi que sur MainMan, label créé par le manager Tony Defries, qui va s’occuper de la carrière de David Bowie de 1970 à 1975. Collaboration qui va mal fini, car malgré les ventes de disques, les concerts complets, David Bowie a du mal à voir la couleur de l’argent, car Tony Defries l’utilise pour gérer son label. Les soucis avec MainMan vont également perturber la carrière de Dana Gillespie, car après l’album Ain’t Gonna Play No Second Fiddle sortie en 1974 (au style cabaret blues rock), Dana va se retrouver pendant trois ans avec des problèmes juridiques. Elle ne va republier des albums, qu’à partir de 1982, bien loin du temps du glam rock, mais en pleine époque New Wave. Mais là, hors des modes, en 1982 avec l’album Blue Job, Dana Gillespie c’est tournée vers le blues classique. Ceci est une autre histoire.
Deux versions de la pochette du 45 tours "Andy Warhol". Vous achetez laquelle ?
Pochette du
45 tours "Weren't Born A Man" (RCA) - 1974
Revenons à 1973. Si David Bowie a composé le morceau Andy Warhol, Terry Stamp et Jim Avery pour le morceau Stardom Road Parts I & II, les huit autres compos sont écrites par Dana Gillespie, dont Mother, Don’t Be Frightened, dédié à sa mère qui s’inquiète de voir sa fille entrer dans le monde du "sexe, drogue et rock’n’roll". Ce n’est pas la pochette de Weren’t Born A Man qui va la rassurer ! Dana Gillespie est également à la production avec Robin Gable. Weren’t Born A Man s’ouvre en douceur, avec la magnifique ballade tout en mélancolie Stardom Road Parts I & II. Ce morceau permet de mettre en valeur la voix de Dana Gillespie, pleine de charme à donner la chair de poule. Il y a dans ce morceau, un côté Alice au Pays des merveilles. What Memories We Make a gardé un pied dans le style hippie folk. Pour l’entré en zone glam, il faut attendre le 3ème titre Dizzy Heights avec ses cuivres et voix soul bien 70. En prime un petit solo de guitare. On a bien quitté les sixties, place aux années paillettes avec sur les écrans The Rocky Horror Picture Show. Arrive le single Andy Warhol, la pièce centrale de l’album. La voix de Dana Gillespie est impériale. La guitare style Ziggy Stardust est également un plaisir qui ne se refuse pas. Impossible de comprendre pourquoi ce morceau n’est pas devenu un tube, tant la mélodie entre instantanément dans la tête. La face A fini avec Backed a Loser, également bien glam rock avec des passages veloutés tout en harmonie bleuté. La face B débute avec le blues pailleté Weren’t Born A Man (qui donne le titre à l’album, ainsi qu’à sa biographie sortie en 2021 chez Hawksmoor Publishing). Morceau sympa, mais loin d’être le TOP de l’album. C'est pourtant le second single extrait de l'album. On va préférer la ballade Mother, Don’t Be Brightened, remplie d’émotions. Après une ballade dédiée à sa mère, place au groovy All Cut Up On You, tout en cuivres, en guitare qui fuzz bon les 70’s, c’est la fête sous la boule à facette ! Re-ballade au piano avec Eternal Showman. Ce morceau est splendide. On se laisse emporter par la grâce de Dana Gillespie qui nous déshabille du regard. Impossible de résister à tant d’élégance musicale, à savourer sans limite de dose d’émotion. On reste dans la ballade mélancolique avec All Gone qui achève l’album. Finalement, les ballades sont très présente sur Weren’t Born A Man. Cette forme musicale permet de mettre en valeur le timbre de la voix de Dana Gillespie. Au final, le glam revisité par notre femme fatale (elle a fait tomber beaucoup d’hommes, dont David Bowie, Bob Dylan, Mick Jagger, Jimmy Page, Graham Nash, Keith Moon, Sean Connery, Michael Caine) est une belle réussite, qui n’a malheureusement pas trouvé le succès à sa sortie. Même lié au titre de l'album, la photo de la pochette était peut-être trop frontale, trop vulgaire ? Dans le Glam rock, un homme qui porte des sous vêtement féminin est peut-être mieux accepté ?
Pochette du double CD édité par Cherry Red en 2019
En 2016, le label Munster Records a réédité l’album en vinyle. Mais le plus intéressant, c’est en 2019, la réédition en double CD de l’album couplé avec Ain’t Gonna Play No Second Fiddle. Ce CD titré What Memories We Make, The Complete Mainman Recording 1971-1974 (Cherry Red Records) contient également de nombreux bonus et un livret de 24 pages écrit par David Wells.
Dana Gillespie avec David Bowie
(1): Chronique de l’album Footish Season ici: https://paskallarsen.blogspot.com/2022/06/dana-gillespie-footish-season.html
https://www.danagillespie.com/
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