Rien de tel que le long Week-end du 15 août pour découvrir le film australien Long Weekend réalisé en 1977 par Colin Eggleston. Ce film est étonnant, car à la fois anxiogène et captivant (comme pour le film Cujo de Lewis Teague -1983- avec Dee Wallace), sur l’histoire d’un couple en crise qui part en week-end à la plage (sur la volonté du mari insistant, voir machiste, vu que sa femme préfèrerait rester chez elle tranquillement se reposer ou passer un WK pépère chez des amis). Ce prétexte d'un couple qui essai de recoller les morceaux pour un nouveau départ, est en fait un aperçu de ce que l’homme peut faire de mal à la nature, notamment le citadin qui connait mal la nature. Car, rien que de planter sa tente à côté de la mer, avec sa longue plage désertique, faire un feu de camp, préparer ses repas au clair de lune, nous montre l’irresponsabilité de l’Homme qui gère ses déchets avec l’irrespect de la nature et des animaux qui y habitent. Le réalisateur Colin Eggleston arrive à mettre le spectateur du côté de la nature (c'est également le but du scénariste qui désire montrer la nature qui se révolte), à être déçu du mauvais comportement du couple et plus particulièrement du mari, qui entraine avec lui sa femme. A travers ce couple, c’est l’attitude de l’Homme moderne, issu de la société de consommation, qui vient avec ses bouteilles, ses déchets en plastiques salir la nature, tout en agressant le monde animalier. Nous sommes en 1978, Long Weekend permet d’éveiller la conscience écologique du spectateur. L’histoire est traitée d’une façon thriller horrifique, que chaque bruit devient inquiétant. Ici la nuit est longue et angoissante. Le soleil du jour peut aussi être menaçant. On sent une présence qui nous observe, près à montrer ses cross ou ses griffes. Oui le spectateur est tenu en haleine jusqu’au pitch final. Le réalisateur résume avec justesse son film comme étant un croisement entre Week-end de Jean-Luc Godard (1967) et Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock (1963).
Affiche Française 1980
Affiche Française 2019
Affiche Australienne 1978
Le scénario de Long Weekend est signé Everette De
Roche, qu’on va surtout connaitre pour son scénario du film Patrick réalisé en 1977 par Richard
Franklin. Ce film horrifique raconte l’histoire de Patrick, un jeune malade
de 24 ans qui est dans le coma depuis plusieurs années. Patrick est un classique du film d’horreur, qui a reçu en 1979 le
Grand Prix au Festival international du film fantastique d’Avoriaz. Hasard du calendrier,
mais qui confirme le talent du scénariste, toujours en 1979, au même endroit, Long Weekend reçois l’Antenne d’or au Festival international du film fantastique
d'Avoriaz 1979 (ex-aequo avec L'Invasion
des profanateurs de Philip Kaufman) et le Prix spécial du
jury au Festival international du film fantastique et de science-fiction de
Paris. C’est mérité ! Malgré ses deux prix sur notre sol, une présence au Marché du film de Cannes en 1979 (sans le soutient de la profession australienne), Long Weekend ne sort en salle que le 30 juillet 1980, soit en plein été, la pire période
pour un film, en prime dans un petit circuit de diffusion. Bref c’est un flop. Idem en Australie,
où le film n’a pas trouvé son public. L’écologie, l’homme fasse à ses
responsabilités environnemental n’est pas encore à
l’ordre du jour. Malgré tout, le potentiel du film n’est pas remis en
cause, Long Weekend est publié en France
en VHS chez Film à film, qui reprend le visuel de l’affiche française avec
l’accroche: « un crime contre
nature… ». En 2008, Jamie
Blanks réalise un remake avec l’acteur Jim
Caviezel et toujours Everette De
Roche au scénario. En novembre 2019, l’original de 1978 ressort en copie
neuve sur les écrans, avec une projection le 25 septembre 2019 en
avant-première à La Cinémathèque de Paris. Par contre en 2021, lors de cycle Ozploitation du 5 au 25 juillet 2021, Long Weekend ne fera pas partie du
programme. Petit aparté, la dénomination Ozploitation
est apparue en 2008 avec le documentaire Not
Quite Hollywood de Mark Hartley,
qui retrace le cinéma australien déviant des années 70 et 80, cinéma peu connu
du grand public, à part bien sûr le film Mad
Max de Georges Miller.
L’Ozploitation englobe tous les films de genre : horreur, science-fiction,
thriller, policier, anticipation, drame, road movie, érotique… Ces films
permettent de monter l’Australie des années 70, notamment les régions reculées
avec les paysages à perdre de vue et les habitants, souvent portés sur l’alcool
pour oublier leur vie misérable. Le film qui illustre le mieux, ce monde rural à perte de vue est Wake In Fright de Ted Kotcheff (1970) qui possède de nombreuses scènes chocs.
Affichettes d'exploitation pour les salles de cinéma
Revenons au film Long Weekend. Le réalisateur Colin Eggleston rencontre le scénariste Everett De Roche par l’intermédiaire de la télévision. Tous les deux travaillent au sein de la compagnie privé Crawford, sur les séries TV Homicide, Division 4, Matlock Police. Colin Eggleston a envie de passer au cinéma. En 1977 il réalise sous le pseudo d’Eric Ram, le film porno soft Fantasm Come Again, mais il a envie de faire un vrai film pour le cinéma. Everett De Roche lui propose son scénario de Long Weekend, qui emballe notre cinéaste. Le film sera tourné en mars et avril 1977 en décors naturel à Melbourne (intro du film) et sur Philip Island, une île située à l’entrée de la baie de Western Port (état de Victoria) à 140 kilomètres de Melbourne. Le décor naturel est pratique pour un film qui a un petit budget. Idem pour le casting réduit à deux acteurs, John Hargreaves pour le rôle de Peter et Briony Beters pour le rôle de Marcia. Le choix de Briony Betets (certes en 2ème, car l'actrice de prévue n'était pas disponible) est d’autant plus économique, qu’à cette époque elle était la femme de Colin Eggleston. Après quelques films et séries TV, dont Mad Dog Morgan, Dakotta Harris, la carrière de John Hargreaves est stoppé nette en 1996 suite au sida. Il n’avait que 50 ans. Il sera enterré avec à ses côtés, le prix d'interprétation pour le film Long Weekend. Quant à Briony Betets, elle va surtout jouer pour la télévision australienne, mais aussi pour son mari et son film Cassandra (1986). Avant de mourir en 2002, Colin Eggleston a réalisé sept films pour le cinéma, mais il a surtout travaillé pour la télévision australienne sur des séries et téléfilms. On imagine que si Long Weekend avait reçu du succès en salles (les prix, sa nourri pas son homme), la carrière du cinéaste aurait été différente.
La sortie en Blu-ray de Long Weekend par Le Chat qui Fume dans une version intégrale restaurée, permet de voir la mise en scène sans faute et stylée de Colin Eggleston. Les prises de vue sont étonnantes et permettent d'en prendre plein les yeux et le palpite. A noter que suite au succès de la première édition de 1000 exemplaires cartonnés, Le Chat qui Fume a été réédité le Blu-ray en format économique (mais en plastique, = pas écolo) pour 10 euros. C’est le moment de découvrir ce magnifique film sans percer sa tirelire. En prime, l’édition contient 90 minutes de bonus avec des interviews de Briony Behets, John Hargreaves, Toby Eggleston (le fils), Sam Reed (un autre fils), Everett De Roche, Vincent Morton (chef opérateur), Richard Brennan (producteur), une présentation du film par Éric Peretti et une conversation autour de l’horreur écologique. Bonne séance du week-end, du viaduc du 15 août 2023 !
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