Les Marquises est le projet musical de Jean-Sébastien Nouveau. Soleils Noirs est son 5ème album studio. Selon les projets, Jean-Sébastien Nouveau est accompagné de musiciens amis. Pour Soleils Noirs (au pluriel), il n’est accompagné que de la violoniste Agathe Max. Si le label qui édite ses albums depuis La Battue (2020) a pour nom Les Disques Normal, on peut dire que Soleils Noirs avec ses deux instrumentaux, L’Etreinte de l’Aurore, Le Sommeil du Berger, chacun d’une durée de 20 minutes, n’entrent pas dans le cadre « normal » d’un album. En 2023, c’est un peu osé de publier un album avec deux morceaux fleuves. Pour alléger ce poids, inviter le curieux à entrer dans sa demeure, Jean-Sébastien Nouveau a composé un 3ème morceau (pour le coup avec du chant) titré L’Ailleurs, lui d’une durée plus standard de 3 minutes et 21 secondes, disponible en digitale et mis en image par notre auteur compositeur. C’est le single non pas de l’album mais hors album. Le cadre étant posé, qu’en est-il de la musique ?
Dans le dossier de presse, L’Etreinte de l’Aurore est présenté "comme une narration mystérieuse : inspiré par un voyage en train en Asie du Sud-Est." En effet la notion de voyage vient instantanément à l’esprit. Voyage intérieur, teinté de mélancolie, le morceau est un heureux mélange d’ambient, de musique minimaliste (on pense à Philip Glass, Harold Budd), de musique sombre industrielle esprit Coil, de B.O. de film imaginaire à l’atmosphère mystérieuse (on pense au travail des jumeaux de In The Nursery pour les B.O.) où seul les étoiles brillent. Une voix sortie de l’au-delà semble vouloir nous dire quelque chose, mais elle est trop lointaine, trop étrange. Une ambiance religieuse, mortuaire monte en puissance au fil des minutes pour retomber vers les ténèbres, le silence.
Pour Le Sommeil du Berger, Jean-Sébastien Nouveau a la vision d’un berger qui s’endort dans sa cabane et dont l’esprit flotte. Notre esprit est en effet en apesanteur à l’écoute des sons minimalistes, légèrement inquiétants (cela commence avec des bourdonnements) qui montent petit à petit en volume, en épaisseurs de structures sonores. Ici l’atmosphère, l’ambiance sont importantes. Comme un mantra, Le Sommeil du Berger nous installe dans une plénitude zen, mystérieuse, presque mystique. On laisse travailler notre imaginaire pour voir (ou pas) défiler devant nos yeux, des formes abstraites (pour les uns) ou réel (pour les autres). On est ici dans la musique électronique proche de la série Made to Measure (Crammed Discs) avec Yasuaki Shimizu, Benjamin Lew. Sur ce morceau, la notion de voyage est également très présente. Entre l’Orient et l’Occident, Le Sommeil du Berger est plutôt bien éveillé, et permet de faire de nombreuses rencontres au regard singulier. A mit parcourt, le rythme change, devient tribale. On ferme les yeux, et on se laisse envelopper par le rythme enivrant du morceau. Soleils Noirs s’achève en beauté !
Chronique de l’album La Battue ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/06/les-marquises-la-battue-les-disques.html
https://lesmarquises.bandcamp.com/album/soleils-noirs-3
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