Paskal Larsen - Le Blog: MOLLY LEWIS "Mirage" (Jagjaguwar)

mardi 25 octobre 2022

MOLLY LEWIS "Mirage" (Jagjaguwar) – 16 septembre 2022

Molly Lewis est une artiste atypique, elle est siffleuse professionnelle. Cette jeune australienne installée à Los Angeles, a remportée en 2015 la victoire du Masters of Musical Whistling de Los Angeles. C’est mérité, car la belle a beaucoup de talent, et surtout une grâce dans l’art de siffler. C’est ce qu’on a pu constater lors de son concert à La Fondation Cartier à Paris le 24 octobre 2022, dans le cadre des Soirées Nomades. Accompagnée de quatre musiciens français (guitare, basse, synthé, batterie), Molly Lewis a enchanté l’espace de La Fondation Cartier transformé en club. Habillée d’une robe de soirée couleur noir, le glamour de Molly Lewis nous fait penser à une actrice des années 50, échappée d’un film d’Alfred Hitchcock. Toute souriante, heureuse d’être là, pendant 45 minutes, Molly Lewis va nous présenter les morceaux de son nouvel EP Mirage, ainsi que les morceaux de son premier EP The Forgotten Edge (2021), avec une grâce et une décontraction communicative devant un public studieux. Sa musique est d’une élégance à tomber, son sifflement, guidé par le mouvement de ses bras, est comme un rêve, qu’on aimerait qui ne s’achève pas. On est ici dans la Library music, dans l’easy listening, l’exotica, le jazz lounge, la bossa nova, dans un film noir d’Hollywood avec Robert Mitchum ou dans un western spaghetti avec Clint Eastwood et Lee Van Cliff. Le tout, avec des mélodies, harmonies chatoyantes qui donnent envient de faire des ballades mélancoliques sous un coucher de soleil. Sur scène, Molly Lewis a beaucoup d’humour, elle dit quelques mots en français comme "Il y a du monde au balcon", en intro d’un morceau où elle tape sur ses fesses avec un instrument de musique. Pendant 45 minutes on est en communion avec le sifflement et la musique envoûtante et intemporelle de Molly Lewis. (1)

Photo @ Alexandra Cabral

Au mois de septembre, Molly Lewis a publié son 2^ème EP titré Mirage. D’entrée, la pochette au visuel d’un disque des années 70 d’un orchestre qui reprend les hits du moment ou d’un groupe psyché folk (à noter qu’en 2020, le groupe espagnol Magick Brother Mystic Sister a réalisé pour son premier album, une pochette dans le même esprit visuel) présage qu’on va passer un agréable moment sous le sifflement inspiré de Molly Lewis. La photo de la pochette montre la tête de Molly de profil comme si c’était une île paradisiaque, justement selon Molly, Mirage est basé sur ses visions d’une île imaginaire. Vu la photo "carte postale", il est clair qu’on va prendre un billet (sans retour) pour passer des vacances sur cette île au joli relief éclairé par le coucher de soleil. L’EP est une fois de plus produit par Thomas Brenneck (Sharon Jones & The Dap-Kings, Amy Winehouse, Lee Fields) également présent en tant que musicien, autant dire que l’acoustique est au top du velours cocooning. Par contre les musiciens de Mirage ne sont pas les même que sur l’EP The Forgotten Edge. Si les six morceaux de Mirage sont un petit bonheur pour les amateurs de Library/lounge music, le morceau Miracle Fruit a le petit plus qui en fait le tube du disque, tant la mélodie bossa est irrésistible. Impossible de ne pas penser à la diva Yma Sumac et surtout au maestro Alessandro Alessandroni (le siffleur des B.O. d’Ennio Morricone) auquel elle a dédiée l’EP The Forgotten Edge avec une note de pochette. Vous l’avez compris, ce Mirage n’est heureusement pas un mirage, alors laissez-vous porter par le sifflement de la belle aux yeux/regard de braise.