mardi 26 avril 2022

LA REVUE THESAURUS: Numéro 1 - CAME 98 - Avril 2022


Les compilations Thesaurus -6 volumes à ce jour- (1), sont une fenêtre, une lucarne pour nous faire découvrir les groupes de rock français locaux des années 60 aux années 80, qui n’ont pour la plupart pas franchi le périmètre de leur département, restant ainsi obscurs pour des oreilles même affutées. La plupart de ces groupes n’ont rien publiés, leur musique (garage, psyché, prog, hard rock, punk, new wave, alternatif) n’est resté qu’à l’état de maquettes enregistrées sur des cassettes C-60 ou C-90, au mieux, pour ceux qui avaient les moyens ou des relations, ont publié un 45 tours, un morceau sur une compilation K7 ou un flexi-disc en supplément d’un fanzine. Certains groupes ont eu quelques lignes dans le mensuel Best rubrique Rock d’Ici,  mais c’est surtout dans la presse régionale pour annoncer leurs concerts dans la salle des fêtes lors de la fête du cochon ou de la soirée étudiante, que l’info a circulé sur l’existence des groupes aux noms aussi porteurs que : Les Vikings, Les Sparkles, Cambouis, Rock N’Roller, Mistral, Arlequin, Minuit Boulevard, Depression, Laxatif 126, Vortex, Richard III, Ecoute Maman, Les Acteurs, Regal Zone, Electrobus, Vermines, O.M.G… . Oui au pays du Camembert, bien avant le téléphone portable, mais à l’heure du talkie-walkie, il n’y avait pas que Ange, Les Charlots, Téléphone, Trust, Taxi Girl, Les Beruriers Noir côté rock français. Ainsi le dinosaure Thesaurus est là pour nous faire découvrir l’arbre qui cache la forêt.


Si le format compilation en double vinyle 33 tours nous fait découvrir les groupes, le format fanzine papier (notre sujet du jour) donne en partie la parole aux fans, au public, qui a aussi un rôle dans le milieu rock. Car pour former un groupe, les musiciens sont avant tout des fans de rock, ensuite pour que le groupe puisse jouer, il faut qu’il y ait un public, car jouer pour ses potes ou 10 spectateurs, ça va juste un temps. Autre point de la version papier, les articles parlent aussi de groupes rock étrangers. Il n’y a pas que la gaule face à l’envahisseur ! Alors au sommaire des 68 pages (sans pub) de ce premier numéro, il y a des papiers sur Zazoum Therev du groupe Gazol Speed qui prenais des photos lors des concerts qu’il allait voir fin 70-début 80. Ainsi il y a 6 pages de photos inédites où l’on voit Devo, Alain Pacadis, Angel Face, Lou Reed, Patti Smith Group au Bus Palladium en 1976, The Clash. Thierry Olmos proche du groupe Teenage Head nous raconte ses souvenirs du festival punk à Mont-de-Marsan en août 1977. Denis Jarosinski raconte les premières parties de Cockpit pour les concerts de Joe Jackson et Siouxsie and the Banshees à Rodange, où à cause du retard du batteur en rade de voiture, Cockpit fait patienter le public venu voir Siouxsie. Pas mal pour un jeune groupe local ! Marc André Francart raconte avec passion et détails les 6 années du groupe Cérémonies (nom inspiré du titre Ceremony de Joy Division). Le Vieux Thorax nous cause des artistes pop et rock qui ont surfés en 1977-78 avec succès sur le disco (l’ex Small Faces, Rod Stewart avec Da Ya Think I’m Sexy, les popy folk Bee Gees devenues des méga stars avec le succès de Saturday Night Fever, Blondie avec Call Me, Kiss avec I Was Made For Loving’ You). Un papier très drôle et en photos couleurs de Didier Balducci au sujet des groupes/orchestres et chanteurs qui ont écumés les bals de nos belles régions françaises tout au long des années 70, pour le public qui n’était pas intéressé par le programme du samedi soir à la TV avec Michel Drucker ou Michel Polac. Le texte est aussi drôle que le nom de ses artistes du samedis soir et du dimanche après-midi : Michel Maléry et les Devil’s Girls, Antonio, Les Rythmics, The J-C 47. Allez, un peu plus de sérieux, du moins côté style musical, avec l’interview de Saskia Holling (réalisée par Laurent Bigot) qui a écrit le livre Girlsville, The Story of The Delmonas & The Headcotees. Saskia étant la chanteuse guitariste des groupes Lord Rochester, Sally Skull, The Nettelles, elle connait bien le rôle de la femme dans le milieu rock, vu qu’elle le vit de l’intérieur. A noter que son livre n’est pas traduit en français. 

On passe à la vitesse supérieure avec des papiers tout aussi passionnant sur le punk rock français par Jean-Marc Quintana qui a écrit trois livres, dont Décélération Punk chez Camion Blanc, le punk rock à Chicago de 1979 à 1991 extrait du mémoire écrit par Rémy Bachelet, la musique hawaïenne via le label Grass Skirt Records par Christian Lightnin Esther, le cinéma bis et Z de Al Adamson par Didier Balducci (Dum Dum Boys, NON!, XYZ), un papier sur la fuzz par Erick T. Lurick, comment je suis devenu punk par J-M Franceries, un extrait de la thèse écrite par Pierig Humeau sur la sociologie des punks français (sic) publié chez CNRS Editions et enfin 12 pages couleurs sur fond jaune consacrées au groupe Les Lou’s (2), qui accompagne ce n° 1 avec un 45 tours inédit avec la pochette à découper, à plier et à coller. Comme pour le défunt mensuel de BD (A suivre), il y a ici de nombreux articles dont c’est la 1ère partie. Ainsi pas le choix, pour la suite il faudra patienter jusqu’au numéro 2. Bonne lecture !


(1): Chronique de Thesaurus Volume 5 ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/10/thesaurus-volume-5-cameleon-records-26.html

(2): Chronique de l’EP Wild Fire des Lou’s ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2021/10/les-lous-wild-fire-ep-cameleon-records.html

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