En 1978, le batteur anglais Brian Bennett publie un album 100% cosmique. La pochette du délit (non validé par Brian) ne passe par quatre chemins, elle est explicite avec la peinture qui montre un vaisseau spatial. On est entre le succès intergalactique de Star Wars sorti en 1977 (devenue en 2011 Star Wars Episode IV : Un nouvel espoir) et le dessin animé Goldorak en 1978 (du moins pour les téléspectateurs français avec l’arrivée de la machine de combat dans l’émission Récré A2). Ainsi Brian Bennett nous propose une musique SF teinté de funk et de disco (le sous-titre de l’album rajouté par le service marketing du label DJM Records est bien explicite). Soit une musique bien loin du groupe dans lequel Brian Bennett à jouer de la batterie (et coécrit plus d’une centaine de morceaux) entre 1961 et 1968, puis occasionnellement pour quelques concerts évènements, les célèbres The Shadows, sans oublier leur leader Cliff Richard. En parallèle à ce groupe pionnier du rock, ainsi qu’à la carrière solo de Cliff Richard, Brian Bennett a commencé en 1967 à publier des albums solos, à composer des génériques d’émissions télé, des BOF (American Way), de la library music, dont deux albums pour le célèbre label KPM, à travailler pour divers artistes, de Dalida à Olivia Newton-John, la liste est longues. Comme il a commencé sa carrière à la fin des années 50 jusqu’aux années 2000 (en ayant au passage donné le virus à son fils Warren, devenu également un batteur), je ne vais pas m’étaler sur sa discographie et vous conseiller de lire l’article sur le blog anglais Stereo Candies (1).
Ainsi en 1978, en pleine vague disco, pourquoi ne pas faire comme notre Sheila national, passer à la musique destiné aux clubs. D’autant qu’il y a un autre batteur qui s’y est mi et que cela a plutôt bien marché, son nom est Cerrone, en 1977 il a cassé la baraque avec le tube Supernature. Par contre, faire un album cosmique avec de la batterie, c’est un peu limite. Il faut des synthétiseurs pour nous faire voyager dans l’espace. Brian recrute un confrère de chez KPM, Francis Monkman qui sera à la fois musicien et programmateur des synthétiseurs. A noter que la même année, Francis Monkman va également jouer sur un album qui deviendra culte, c’est Lionhead de Kate Bush. Lui aussi, c’est un musicien qui a travaillé avec les plus grands, de Brian Eno à David Essex, en passant par Phil Manzanera et John Williams. Comme l’album veut surfer sur la vague disco, un autre élément important, c’est la basse, ce poste sera pour Alan Jones, qu’on retrouvera aussi chez Max Berlin’s, le frère de Cerrone, comme quoi l’étau en métal se resserre. Synthétiseurs à foison, une basse qui dépote, une batterie et des percussions pour tenir le rythme, tous les éléments sont en place pour composer 6 instrumentaux qui vont nous faire décoller sur les pistes de danse. Les trois musiciens étant des professionnels des studios d’enregistrements, l’album, -synthétiseurs et percussions- est enregistré live au Music Centre de Wembley. La fusion est telle entre les trois musiciens, que le décollage pour faire le voyage autour de la terre est instantané. On est ici en plein trip cosmique SF sans aucun temps morts. On est dans l’esprit des albums de Black Devil Disco Club, Cortex, Droids, Meco, Georgio Moroder, Space, Cerrone, Jean-Michel Jarre, Goblin. Malgré le talent des musiciens, l’album ne contient pas le tube qui entre instantanément dans l’oreille. Certes il y a bien le son disco funk cosmique, mais on se rapproche plus de la BO de film, de la library music, que de la disco pure extended version pour faire danser jusqu’à pas d’heure, même si par moment il y a des passages de basse bien funky qui donnent envie de s’encanailler, notamment sur le morceau Chain Reaction. Par contre pour les diggers et les DJ, cet album est une mine d’or. Ainsi pas étonnant qu’au fil du temps, l’album a été de nombreuse fois samplé.
Pour le Record Store Day 2022, le label américain Mainstream Records a réédité l’album en vinyle couleur en reprenant la pochette gatefold originale. En 2021, le label anglais Cherry Red Records a réédité l’album en CD double, avec en bonus deux versions single et six nouveaux mix des morceaux originaux, le tout avec un livret de 20 pages avec des textes de Brian Bennett, Dick Plant, et Bill Brewster. Moins chère avec plus de morceaux à écouter, on va préférer la version CD à celui du vinyle qui est vendu à un prix trop élevé pour une réédition (35 euros en moyenne).
(1): http://stereocandies.blogspot.com/2014/08/brian-bennett-voyage-journey-into.html
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