vendredi 15 septembre 2023

"MICHEL POLNAREFF Polnaroïd" de Jean-Emmanuel Deluxe et Raechel Leight Carter (Rock & Folk éditions) – 15 septembre 2023


"Michel Polnareff (…) un génie pop martyr au pays de la variété." (Page 65)

Rien n’est trop beau pour présenter l’œuvre de l’artiste excentrique et talentueux : Michel Polnareff. Pour publier les textes écrits par Jean-Emmanuel Deluxe et Raechel Leigh Carter, les éditions Rock & Folk, n’ont pas reculées devants les moyens : grand format 23.5 x 31 cm, couverture épaisse cartonné pour recouvrir les 160 pages couleurs et noir et blanc, le tout avec beaucoup de photos, dont des pleines pages, qui mettent en valeur les textes. Le mensuel Rock & Folk connait bien Michel Polnareff, c’est lui qui est en couverture du numéro 1 sorti en novembre 1966. La couverture du numéro 2, sera l’autre star française : Johnny Halliday. Jusqu’à aujourd’hui arrivé au numéro 673 avec Jane Birkin en couverture, Rock & Folk a fait de nombreuses interviews, articles et couvertures avec Michel Polnareff. En 2004, l’ex journaliste et rédacteur en chef de Rock & Folk, Philippe Manœuvre a participé à la biographie Polnareff par Polnareff (Grasset). Oui, Rock & Folk et Polnareff c’est de l’amour jusqu’au paradis.

Couverture Rock & Folk n°1 – Novembre 1966

Des livres sur Michel Polnareff, il y en a eu à foison. Une bonne vingtaine minimum. En 2018, après 18 ans d’attente, Michel Polnareff publie un nouvel album titré Enfin ! En 2007, il remonte sur scène (6 dates à Bercy) après plusieurs décennies d’absence et rebelote en 2023 pour deux dates dans un Bercy agrandi devenue Accor Arena, plus des dates en province. En 2023, Michel Polnareff est toujours debout, il fallait bien un nouvel ouvrage tout en couleur qui apporte sa pierre à l’édifice des autres ouvrages publiées au fil des décennies précédentes.

Pochette intérieure de l’album 33 tours gatefold "Polnarevolution" (Disc-AZ) - 1972

Affiche de la tournée 2023

Le titre du livre sous une belle couverture rouge (comme le rideau et les sièges de l’Olympia où Michel Polnareff a joué de nombreuse fois, dont la tournée de 1973- Polnarévolution, qui a permis à notre excentrique visionnaire de montrer ses fesses sur des affiches placardées dans les rues de Paris. Photo du postérieur qu’on retrouve dans le 33 tours gatefold sous fond… rouge) est le jeu de mot Polnaroïd. A noter, le nom POLNAREFF se prête facilement au jeu de mots, très présent dans l’ouvrage. La démarche des auteurs est de nous présenter Michel Polnareff à travers le prisme du polaroïd, du clicher instantané. A travers ses instantanés glanés au fil de la carrière du chanteur, compositeur hors norme qui tranche à l’époque avec les chanteurs yéyé, pour une musique pop sophistiqué (voir baroque), c’est un florilège d’anecdotes, de rencontres, de légende urbaine (Polnareff aime jouer avec le vrais, le faux, à chacun de choisir son rêve), Polnaroïd nous permet de découvrir un artiste complexe, extravagant, sorte de David Bowie époque Ziggy Stardust, ou pour les américains, sorte d’Elton John (lunette + piano = la tête à Popol…nareff !). Les auteurs n’ont pas rencontrés Michel Polnareff, mais par contre ils ont interviewés de nombreux musiciens qui ont joués avec lui, notamment des membres du groupe Dynastie Crisis, Denys Lable, Richard Dewitte du groupe Il était une fois, son éclairagiste Jacques Rouveyrollis, les paroliers Pierre Grosz (Michel Polnareff), Doriand (Enfin !), Boris Bergman, le compositeur, arrangeur Jean-Claude Vannier (Polnarevolution, Michel Polnzareff),  le président de labels Gérard Davoust (Vogue, Chaptell France, Pathé Marconi, Phillips), le journaliste François Jouffa, le chanteur compositeur Louis Philippe (ici dans le rôle de fan, qui reprend parfois en concert un morceau de Polnareff), autre fan avec le compositeur rennais Arnold Turbost

Pochette japonaise de l’album "Polnareff "devenue "Polnareve" (Epic) - 1973

Au grand désespoir de Michel Polnareff, l’Amérique et l’Angleterre n’ont pas compris sa musique, pourtant aux sonorités, arrangements plus anglaise que française. Il n’a pas réussi à avoir des tubes, des n°1 chez les anglo-saxon. Pourtant, il y a des artistes anglais qui ont repris ses chansons, comme Dana Gillespie avec La poupée qui fait non, devenue No ! No ! No !. Quant aux États-Unis lors de la préparation du concert au Roxy le 27 septembre 1995, -salle situé sur le Sunset Strip à Hollywood en Californie-, avec des musiciens de studio américain, dirigé par Richard Smith, guitariste de Earth Wind & Fire, lui et aucuns des musiciens et choristes ne connaissent Michel Polnareff. Pourtant nous sommes en 1995, notre artiste a vécu de nombreuses années aux States et il a derrière lui une longue et belle carrière. Par contre au Japon, c’est l’inverse : Michel Polnareff est une très grande star qui peut faire tous ses caprices, le staff japonais est à son service, à ses pieds. Il est "au pays du soleil levant" d’après Deluxe et Carter plus célèbre que David Bowie. Au fil des pages de Polnaroïd, la carrière de Michel Polnareff est passée en revue, avec des extraits de propos puisés dans la presse de l'époque (Salut les copains, Paris Math, Rock & Folk, Extra, Best…), ponctués avec des témoignages actuels des personnalités citées plus haut. Les pages donnent des informations sur les personnes qui ont travaillés pour Michel Polnareff, précisent les influences du chanteur, le succès et son revers de la médaille avec les escrocs, dont Bernard Seneau -soit disant son homme de confiance- qui l'a ruiné et poussé à partir aux States, et autres "dada" urbain, proche de la rumeur. Au côté des photos avec Michel Polnareff, il y a une flopée de photos d’artistes, lieux, évoqués dans les textes, chapitres. Toute la discographie n’est pas passée en revue. L’album Coucou me revoilou (1978) avec le tube mélancolique Une simple mélodie, la B.O. du film La Folie des Grandeurs de Gérard Oury (1971) sont passés à la trappe, par contre l’album devenu culte Polnareff’s (1971) est bien représenté avec ses 21 pages. Bref, au fil des pages, Polnareff est mi a nue, on ne voit pas que son postérieur.

Couverture Salut les copains n°122 – Octobre 1972

Si on connait le journaliste Jean-Emmanuel Deluxe (1) pour ses nombreux écrits (Beach Boys, French New Wave, Filles de la pop, Cinépop…), boss du label Martyr Of Pop, on ne connait pas l’anglaise Rachel Leight Carter. Chanteuse dans les groupes Baby Birkin, Piano Magic, Rachel Leight Carter peut être considéré comme le porte-voix de la chanson pop française classieuse, au pays du Brexit. Fan de Jane Birkin (on lui doit le fanzine Ma Chérie Jane), notre autrice est également fan de Michel Polnareff qu’elle aime, beaucoup,  passionnément… à la folie ?

Michel Polnareff Polaroïd page 9

(1): Interview de Jean-Emmanuel Deluxe réalisé en 2020 ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/05/jean-emmanuel-deluxe-good-vibration.html








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