jeudi 8 juin 2023

THE SOAP OPERA "Back on Tracks" (Howlin' Banana Records/Modulor) – 9 juin 2023

Il aura fallu non pas 7, mais 6 ans de réflexion au groupe rennais The Soap Opera, pour donner une suite au premier album Ready To Hatch sorti en 2017. Disque qui nous avait fait tourner la tête, tellement leurs compos indie noisy pop, au son « ligne claire » très anglais école NME C86 étaient et sont toujours, de haute qualité. The Soap Opera est né en 2015, sur les cendres du groupe psyché Sudden Death Of Stars, groupe également de qualité, dont les deux albums,  Getting Up, Going Down (2011) et All Unrevealed Parts Of The Unknown (2014), sont chaudement recommandé. Les 10 morceaux de Back on Tracks poursuive la route pop « en chantant », en gardant la couleur british 80’s (The Wolfhounds, The Weather Prophets, The Close Lobsters, The Housemartins, The Smith, The Monochrome Set, Felt), groupes au sommaire des premiers numéros des Inrockuptibles, illustré par les belles photos en noir et blanc de Renaud Monfourny. Nos quatre musiciens étant très à l’aise dans ce style musical, ont bien raison de nous gâter avec leurs mélodies et voix « ligne claire ». Il y a ici de la bonne humeur, de la légèreté, l’envi de flâner dans les verts pâturages pour cueillir des marguerites ou coquelicots. On laissera de coter les choux-fleurs et artichauts, spécialités de la Bretagne. Back on Tracks contient de nombreuses perles. A commencer par le mélancolique Clouds Are Laughing at me, une sucrerie qui ne donne pas de carries. On peut en abuser, sans avoir besoin de prendre rendez-vous chez le dentiste. Idem pour le morceau Spacin’ Out, aussi classieux qu’un morceau d’Echo and The Bunnymen-Ian McCalloch, tant ici c’est de la haute couture mélodique. Les autres morceaux, aux harmonies qui font mouche, sont des fruits de saisons (surtout en été) qui se déguste avec gourmandise. Rien à jeter, tout est bon chez The Soap Opera, artisan de la pop culture "label rouge". Chapeaux aux compositeurs Bloody Bulga (voix, guitares) et Professor Zorrino (Voix, guitares, piano, synthétiseurs).

Petite note de fin, depuis la sortie de Ready To Hatch en 2017, un nouvel artiste, lui aussi adepte de la pop sophistiquée, est venu s’installer en Bretagne. Il s’agit de l’australien Maxwell Farrington. Peut-être qu’un jour, la synchro des astres, fera se croiser The Soap Opera et Maxwell pour nous faire un bon café sur disque ou sur scène.

https://howlinbananarecords.bandcamp.com/album/back-on-tracks

https://www.facebook.com/thesoapoperaband/?locale=fr_FR


 

En janvier 2018, lors de la sortie de l’album Ready To Hatch, j’ai fait une interview qui a été publié dans le fanzine Abus Dangereux face 146 (avril-juin 2018). Voici la version augmentée qui permet de faire connaissance avec The Soap Opera.

The Soap Opera est un jeune groupe rennais qui compose une musique noisy pop classieuse avec des mélodies veloutées à fredonner dès le réveil.

Après avoir sorti en 2015 un magnifique EP 8 titres (format 25 cm et K7), « Ready To Hatch », est leur premier album avec 11 perles pop qui brillent de tous leurs éclats. Les mélodies sont implacables, les voix et les riffs des instruments sonnent divinement bien. Si vous êtes fan, non pas de « soap opera » mais de pop indé style The Wake, The Chills, Close Lobsters, Joseph K, vous allez être sous le charme de ce groupe rennais. Valentin aka Bloody Bulga (guitare/chant) aidé de Xavier aka Holden Brahms (batterie) répondent à nos questions.


Vous pouvez nous raconter la genèse/création du groupe ? Comment vous êtes-vous rencontré ? Vous vous connaissez depuis l’école ?

Valentin : On n'a pas grandi dans les mêmes villes, donc si tu parles de l'école primaire c’est non. On ne se connait pas depuis si longtemps. En fait, quitte à ne pas être très original, on s'est rencontré comme à peu près tout le monde, par l'entremise d'amis communs, en l'occurrence à l'époque où l'on faisait nos études à Rennes. Nous ne suivions pas les mêmes cursus, mais le fait d'appartenir grosso modo à la même tranche d'âge et d'avoir un mode de vie très similaire (écouter des disques en bouffant des pizzas pendant la journée, aller voir des concerts en buvant des bières le soir) voulait que nous étions fatalement amenés à nous croiser un jour ou l'autre, puis à nous recroiser, jusqu'au moment où entamer la conversation était devenue difficilement évitable, sans pour cela recourir à des trésors de goujaterie. Et plutôt que de disserter sur le sens de la vie ou le concept de concupiscence chez Saint-Augustin (des domaines où nous avons encore quelques lacunes béantes), le plus simple et le plus pratique pour des quiches comme nous était encore de parler des groupes qu'on aimait, et éventuellement de ceux qu'on pouvait faire ensemble. Tous les quatre (et avec d'autres gens aussi), on s'est donc amusé à monter des groupes en boucle pendant plus ou moins dix ans, ce qui a donné à la ville de Rennes sa réputation de vivier consanguin du rock. Mais je crois que c’est partout pareil dans les villes de moins d’un million d’habitants. Certains de ces groupes se sont doucement éteints sans esclandre, d'autres ont explosé en plein vol, d'autres encore macèrent dans des eaux croupissantes imparfaitement localisées. Et d'autres enfin peuvent toujours être aperçus dans des salles de concerts, jouant crânant leur chance. The Soap Opera fait partie de cette dernière catégorie (pour l'instant, mais bien sûr tout état est transitoire).

Avant The Soap Opera vous avez joué dans d’autres groupes ? Si oui, les noms et styles musicaux de ces groupes ?

Alors oui, dans les plus anciens il y avait Sudden Death Of Stars (qui lorgnait du côté du Brian Jonestown Massacre et du Velvet, ce genre de trucs) et Betty Ford Clinic (plus powerpop punk). Ce sont les deux groupes auxquels on est le plus souvent associés encore aujourd'hui à cause de leur longévité et de leur discographie. Mais entre-temps il nous est arrivé de faire d'autres trucs, de la blue-eyed soul dans les Spadassins par exemple, ou bien de l'électro dans Splash Wave ou Doctrine. Manifestement on a un peu de mal à se concentrer sur un genre précis, on bouffe à tous les râteliers. Il faut croire que, comme nous sommes à peu près dépourvus d'une formation musicale académique, il n'y a aucun genre que l'on a appris à maîtriser à fond, et qui serait en quelque sorte notre champ d'expertise, alors en conséquence on a décidé de faire un peu de tout, mais n'importe comment, en apprenant sur le tas.

Quand on entend le style de votre musique, on pense aux groupes anglais de la compilation culte NMEC86. Vous connaissez cette compile ?

Pochette de la cassette compilation du New Musical Express, NME C86 (1986)

Pochette du vinyle NME C86 (1986)

Oui on la connait. Perso j’y suis venu après avoir découvert le label Sarah Records, qui a commencé un peu après la sortie de cette compile, donc je n’ai pas fait dans le bon ordre, mais de toute façon c’était vers 2008/2010, donc on s’en moque puisque j’avais déjà plus de 20 ans de « retard » ! Pour notre défense, le plus âgé d’entre nous avait 6 ans lors de la sortie, et le plus jeune n’était pas encore né ! C’est marrant, mais pour moi les deux groupes les plus importants de cette compile le sont pour des type de rock un peu différents que la C86. Primal Scream par exemple, si j’adore Velocity Girl (j’y retrouve le goût de Pierre-Marie pour les formats très courts !) eh bien je suis bien plus marqué par les trucs dance / baggy de Screamadelica et par Xtrmntr aussi. Et pour McCarthy, c’est qu’il y a Stereolab derrière, j’ai d’abord découvert Stereolab, via Broadcast que j’écoutais à fond, et c’est après qu’un pote m’a parlé du boulot de Tim Gane avant et donc de McCarthy. C’est normal en fait, tu écoutes des groupes déjà indés, pas connus de tout le monde, donc tu ne peux pas tomber sur leurs débuts, qui sont par la force des choses encore plus underground, de manière improvisée. C’est une sorte de recherche constante, on lit des choses, on en écoute, des amis te passent des trucs, avant c’était des K7, CD, maintenant c’est des liens YouTube.

Votre premier album a un magnifique son « ligne claire » et cristalline. Au dos de la pochette, je constate qu’il a été composé chez vous « at home ». C’est comment chez vous pour être aussi inspiré et cela s’est passé dans quelle(s) pièce(s), pour que vous obteniez ce son pop aussi mélodique et raffiné ?

On ne s'est jamais dit « Bon, pour cet album il faut à tout prix qu'on réussisse à obtenir un son clair et cristallin ». On a simplement joué les chansons comme on pensait qu'elles devaient être jouées, et c'est les gens qui ensuite trouvent ça « cristallin », mais c'est simplement parce qu'ils trouvent ça davantage cristallin que d'autres groupes qu'ils écoutent par ailleurs. D'ailleurs ce son clair vient surtout de l'enregistrement et des effets utilisés, du réglage des amplis, des micros, etc. Pas tellement de la façon de composer. Cela dit, à mon avis, enfin je ne sais pas comment les autres groupes font pour écrire des chansons, mais j'ai l'impression qu'ils s'aident plus volontiers de guitares électriques et de trucs comme ça, pour avoir un gros son dès l'écriture. En gros ils veulent déjà réunir les « conditions concert » dans lesquelles la future chanson va être jouée. Ils cherchent des riffs qui tachent, ils ont déjà en tête une batterie sous amphète pour soutenir tout ça, parce que c'est l'énergie qui est la quintessence même et la raison d'être de la musique qu'ils veulent faire. Mais de notre côté, comme on est un peu des chiffes molles, on ne peut pas trop se reposer là-dessus, alors on essaie de faire en sorte que la chanson « marche » même réduite à un squelette : une voix à poil accompagnée par une guitare en bois jouée sur un lit, sans trop d'artifices ou d'effets de manche. Si cette version fonctionne déjà, on sait que ça risque d'être encore mieux une fois tout le groupe réuni et avec une bonne reverb pour lisser tout ça (sauf exception, pour des trucs très calmes qui ont justement besoin d'un dépouillement extrême). Mais on se souvient de cette première version sur le lit, c'est pourquoi on essaie de ne pas trop l'étouffer sous une couche de guitares surgonflées et complètement hors-de-propos pour ce genre de musique. Et puis en général on aime utiliser des accords bien riches, avec plein de notes. Or pour que ce genre de truc reste intelligible, il faut un son très clair, sinon ça devient de la bouillie. L'overdrive c'est bien quand tu enchaînes les power chords, mais c'est rare qu'on joue comme ça. On pourrait essayer pour voir, remarque. Et en plus ça laisse plein de places pour remplir avec des chœurs et des arrangements ensuite, ce qui est plus difficile quand les instruments de base sont déjà ultra-denses et « bouffent » tout le spectre sonore. Pour ce qui est du « raffinement » que tu dis avoir trouvé dans le disque, je suppose que c'est plutôt une question d’idées de tempérament, et de remplissage des espaces justement, puisqu'on n'a pas encore inventé de pédale d'effet pour ça !



Pochette de l'album "Realy to Hatch" (2017) – Howlin’ Banana Records/Ample Play

Sur l’album, il y a le titre « Humanatee », avec son riff exotica qui tranche avec les autres titres orientés noisy pop. Vous pouvez nous raconter la naissance (sans douleur ?) de ce morceau ? Vous aviez des influences en tête ? Il est notamment écrit par Goulwen Ory de SDOS.

Il est complètement écrit par Goulwen Ory, en fait. Ce qui fait qu'on n'aura pas grand-chose à raconter sur sa naissance, mais on sait tout de même que ce morceau a semble-t-il été écrit avant les séparations de Sudden Death of Stars, Goulwen le considérait trop pop et « surfisant » pour le groupe alors il l’a proposé à des copains, dont nous. Les autres l’ont refusé, ce qui nous a évidemment convaincu qu'il était fait pour nous.

C’est quoi pour vous une chanson pop réussie ? Et une chanson pop ratée et horrible ?
Une chanson pop réussie, en gros c'est un truc qu'on peut chanter sous la douche, pour verser dans le cliché, ou, pour être plus exact en ce qui nous concerne, qu'on peut chanter sur un vélo en rase campagne. Ça peut sembler très bête, mais si vous pouvez recréer une chanson dans une salle de bain (et même des fois sans en connaître les paroles) c'est qu'il s'y passe quelque chose de bien : une « trouvaille » qui persiste alors qu'on a retiré à la chanson toutes ses parures, toute son orchestration (ce qu'on appelle couramment sa « prod »). Une bonne chanson pop c'est un truc qui est capable de séduire immédiatement et pour longtemps. Souvent on entend des chansons qui s'acquittent de la première moitié de l'équation, mais sans aller jusqu'à la seconde. Ça résume plus ou moins toute la pop commerciale actuelle. Et même dans des styles qui auraient un rayonnement plus confidentiel, il y a des groupes qui sont très forts en enregistrement, qui ont un matos pas croyable et qui ont suffisamment d'expérience ou de fric pour déployer une prod complètement ouf, avec un son énorme qui charme immédiatement les oreilles, parce qu'on y retrouve des instruments qu'on adore, des sonorités rétro qui nous parlent, etc. Sauf que derrière c'est complètement vide, il n'y a aucun événement musical qu'on peut abstraire de toutes ces ornementations, lesquelles servent justement à cacher le néant sous des dorures. Et dans ces cas-là, pendant l'écoute, on est aux anges évidemment, mais ensuite on peine à se rappeler ne serait-ce que la mélodie de voix, ou même un riff qui nous aurait marqué.

Au début de leur carrière les Beatles enregistraient n'importe comment : techniquement ça tient la route, mais bon c'était fait en cinq minutes, il y avait zéro effort d'arrangement, mis à part un ou deux solos de Harrison de temps à autres. Toujours est-il que l'inventivité mélodique était déjà là. Ce petit truc magique et insaisissable, ce tressaillement que l'on recherche encore aujourd'hui quand on pousse quelques vocalises en grattouillant nos guitares au hasard et que tout à coup on se dit « hey c'est pas mal, ça ». Un truc que l'on risque de chercher encore longtemps, en vain le plus souvent (mais pas tout le temps non plus, j'espère). La musique, c'est pas de la pâtisserie : vous aurez beau respecter les proportions à la lettre en copiant ce qui a déjà été fait, ça sera quand même dégueu si vous ne prenez pas le temps ni la peine de goûter vous-mêmes à chaque étape, en essayant patiemment de trouver ce qui peut améliorer le goût pour aboutir à quelque chose qui tient la route, au terme d'une longue série d'expérimentations. Il faut donc être patient, comme nous, ou bien juste être un génie comme Lennon et McCartney. C'est ce qui fait de leur répertoire l'un les plus agréables et jouissifs à chanter, que ce soit sous la douche ou bien sur scène, en dépit de l'exemple désastreux donné par les légions de groupes « hommage » aux Beatles qui semblent n'avoir rien compris à leur musique puisque précisément ils sont obsédés par le décorum et le matos du groupe, jusqu'à arborer perruques et faux nez.

De quoi on parlait déjà ?

Ah oui. Et donc si, comme nous, vous n'êtes pas un petit génie de la musique et que vous ne pouvez pas pondre un tube d'un simple claquement de doigts (drôle de pondaison d'ailleurs, entre le pouce et le majeur...) alors vous pouvez opter pour l'autre méthode, la nôtre : laborieuse, à base d'obstination et de beaucoup de ratages. C'est moins sexy que l'inspiration tombée du ciel, mais ça donne tout de même quelques résultats intéressants. Alors ce n’est pas une science) exacte, certes, mais il y a quelques petites formules à partir desquelles vous pouvez arriver à construire une chanson pop parfaite en kit (en théorie). Mozart dit qu'il faut toujours qu'un motif mélodique soit entendu au moins deux fois pour qu'il fasse son petit effet, et qu'ensuite il faut introduire une variation à la troisième répétition. Perso je suis encore plus intraitable, et pour que l'auditeur ne soit jamais lassé, ces derniers temps je m'amuse à appliquer certains principes mathématiques rigides, plus ou moins arbitraires et plus ou moins aléatoirement établis pour faire en sorte qu'il y ait tout le temps une impression de nouveauté, toujours un élément de surprise dans la façon dont le morceau évolue. Par exemple, si la première phrase est composée de quatre notes, la deuxième devrait en comporter moins de trois, ou bien plus de cinq (si possible). Ou encore, si la première phrase de la mélodie intervient sur les deux premiers temps de la première mesure, alors les deux premiers temps de la deuxième mesure devront être laissés vides. Si la première phrase est très monocorde, alors la deuxième devra au contraire être articulée autour d'intervalles bien spacieux. Les combinaisons sont pratiquement infinies entre ces différentes formules, le tout étant de casser la routine avant qu'elle ne s'installe. Bon, évidemment, là, dit comme ça, j'ai l'air d'un gros maniaque avec mes équations magiques (et d'ailleurs c'est plus ou moins ce que je suis), mais évidemment je ne m'y fit pas aveuglément, puisqu'en fait la plupart du temps elles ne fonctionnent pas vraiment. Mais toujours est-il que ce sont de bons axes de réflexion quand on se demande quoi faire sur une chanson, des contraintes qui aident à penser en quelque sorte, comme les jeux de l'OuLiPo. Enfin bon, au risque de frapper de nullité tout ce que je viens de dire, il faut préciser que cette méthode repose sur le fragile postulat que les gens aiment bien entendre des choses qu'ils n'ont pas entendues précédemment, ce qui reste entièrement à prouver.

The Soap Opera en 2017

Vu le son que vous avez, vous pouvez nous parler de vos instruments et du matos que vous utilisez ? C’est du matos vintage trouvé chez Le Bon Coin ou E-Bay ?

Xavier : Me concernant : batterie vintage Beverley (Angleterre, milieu des années 60) un peu « rafistolée », achetée au batteur des Spadassins et un modèle très connu de synthé analogique des année 80, (Roland Juno 106), acheté à un musicien rennais également (Aïwa, groupe électro-dub / rap oriental). C’est vrai que mis à part les cordes et les baguettes et peut-être des pédales du genre accordeur ou disto, on achète très peu de matériel neuf en magasin, on n’est pas forcément fanatique de matériel comme le sont certains copains rennais, notamment guitaristes, mais quand on veut trouver quelque chose on a plus le réflexe d’aller regarder sur Le Bon Coin que de visiter les rares boutiques de musiques à Rennes ou les sites des gros magasins en ligne.

Valentin : Pour ma part je ne suis pas un fanatique du matos donc j'en possède très peu. Dans ce groupe je joue sur une guitare Calif (en fait une guitare d'usine « dégriffée » des années 60 sur laquelle les magasins de musique pouvaient rajouter la marque qu'ils voulaient) que j'ai rachetée à un pote pour une bouchée de pain, et pour tout dire c'est ce prix modique qui m'a séduit, presque autant que le son des micros. Ce receleur l'avait d'ailleurs précédemment achetée à un autre camarade musicien, qui lui-même l'avait trouvée quelques années plus tôt sur Le Bon Coin, il me semble. J'ai attendu d'être en bout de chaîne pour l'avoir au prix le plus bas, car fort heureusement ce n'est pas une guitare cotée dont le prix s'envole au fur et à mesure, contrairement à la plupart des instruments vintage.

Vous êtes sur le label français Howlin’ Banana, mais aussi sur le label anglais Ample Play. Un petit mot sur ce deal ?

Valentin : En fait Tom de Howlin’ Banana avait sorti notre premier EP en K7, de manière très limitée (50 exemplaires), donc on était en contact avec lui depuis 2015/2016. Quand on a eu des choses à faire écouter pour l’album on s’est donc adressé à lui directement et il a tout de suite été emballé. Par contre il voulait un autre label en « coprod », il aime faire pas mal de sorties, ne souhaitant pas trop attendre entre deux disques. Mais pour assurer ce rythme, il lui faut trouver des partenariats. On en a donc causé à Ample Play, le label londonien fondé par deux musiciens de Cornershop et la compagne de l’un d’eux, qui avait sorti le 2ème album de Sudden Death of Stars. Idem ils ont été partants très vite, une fois les titres écoutés ! Quant au deal entre les deux labels, on n’en sait pas grand-chose, on les laisse faire.
Il faut avoir en tête que c’est une économie minuscule, 300 ou 500 LP sont pressé grand maximum. Les gens derrière ces labels n’en vivent pas, c’est une passion, parfois plus couteuse que rétributrice ! Un peu comme nous en fait. On les remercie donc pour le travail, l’engagement et la confiance qu’ils placent dans notre musique. Nous pouvons aussi préciser au lecteur que nos labels ne gèrent que la sortie vinyle de l’album, et sa distribution numérique sur les sites du genre Spotify / Deezer. C’est déjà pas mal, mais en amont nous nous sommes occupés seuls (et avons donc avancé les frais) de l’enregistrement, du mix et du master. D’où la volonté d’enregistrer le plus possible à la maison, à moindre frais.

Dernière question, la pomme à l’intérieur de la rondelle du vinyle Ready To Hatch, c’est un clin d’œil aux Beatles ?

Si vous voulez, oui. Mais ça marche aussi comme rappel de certains éléments déjà présents sur la pochette. Et à part ça, la pomme c'est aussi un fruit. On en voit de temps en temps tomber sur la tête des physiciens anglais dans les BD de Gotlib par exemple. Et encore, je ne fais qu'effleurer le sujet.

 


Pochette du premier EP éponyme, 25 cm (2015) – Howlin’ Banana Records

The Soup Opera est actuellement en tournée, avec notamment deux "Release Party". Au Marquis de Sade à Rennes le 23 juin et au Supersonic à Paris le 24 juin 2023. 

https://howlinbananarecords.bandcamp.com/album/ready-to-hatch

https://howlinbananarecords.bandcamp.com/album/the-soap-opera


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