La Cinémathèque française a mis en ligne la diffusion du film punk
La Brune et Moi.
En 2010, Le Chat Qui Fume (= l’éditeur culte qui sort des films
cultes) a publié le film en DVD. Voici la chronique que j’avais écrite à cette
occasion sur foutraque.com.
La Brune
et Moi (en référence à La
Blonde et Moi de Frank Tashlin) est un film culte. Pourquoi culte ?
Parce qu’il est l'un des seuls témoignages filmiques de la scène rock punk
new-wave française de la fin des années 70/début 80. D’ailleurs, le sous titre
est : « Le film témoin des eighties punk new-wave, La Brune et Moi » .
En images, on voit les groupes Marquis de Sade, Dogs, Edith Nylon,
Astroflash, The Questions, Les Privés, Go-Go Pigalles et dans la bande son
on entend Taxi-Girl, Ici Paris, Artefact et The Party.
Culte encore car La Brune et Moi est un film maudit : Peu de personnes l’ont vu. Sorti au cinéma en avril 1981, le film est resté à l’affiche une semaine dans une petite salle du quartier Beaubourg à Paris. Seulement 530 spectateurs auront vu La Brune et Moi au cinéma. Depuis, la copie du film a circulé dans les festivals et soirées rock (notamment grâce à l’association Rock’en Scope) et le bouche à oreille ont fait le reste pour donner une certaine notoriété à La Brune et Moi. Donc cette sortie en DVD est quelque part une petite révolution et un graal que l’on peut « enfin » visionner chez soi avec des amis.
Bon soyons clair, bien qu'il ait gagné le prix spécial du jury au festival international du film musical du Rex à Paris en 1980, La Brune et Moi n’est pas un chef d’œuvre. Le scénario est très minimal : «Paris les Halles 1980. Un important homme d’affaire (Pierre Clémenti) rencontre Anouschka une jeune et belle punkette. Il en tombe amoureux. Anouschka est prête à être séduite par lui, a condition qu’il la fasse devenir une rock star. L’homme d’affaire va lui faire rencontrer les meilleurs musiciens de la capitale. Après divers rencontres, elle finira par chanter (approximativement) le titre « Control » avec Les Privés » .
L’intérêt du film (ou plutôt du moyen métrage, car la durée est de 50 minutes), réside dans les passages live des groupes, l’aspect doc avec en intro les punks des Halles, une séquence pogo au Club 100 et le studio de répète au Centre Beaubourg. Toutes ses images sont devenues avec la patine du temps, un instantané du Paris punk de 1980.
Filmé à l’arrache, à vif, sans répète, dans l’esprit DIY par le jeune Philippe Puicouyoul (dont c’est son premier et… dernier film de fiction en tant que réalisateur), La Brune et Moi est là comme par urgence de montrer qu’à l’époque il n’y a pas que Trust n’y Téléphone dans le rock en France. Scénario riquiqui et images brutes, ce contexte colle parfaitement au sujet, à l’image rock et sa musique basique, énergique et virulente. Oui le rock c’est de la bombe (humaine !). En cette fin des années 70, il y a des groupes qui jouent pour la survie, dégager leur désespoir des années Giscard, sans trop savoir si l’aventure peut durer. D’ailleurs certains n’auront eu le temps de ne sortir qu’un 45t, avant d’être rattrapé par la drogue, par la défonce. L’acteur Pierre-Jean Cayatte (bassiste d’Asphalt Jungle et Gazoline) meurt à la fin du film mais aussi (et là pour de vrai) quelque jours après la fin du tournage. Et, qu’est devenue l’héroïne (sans jeu de mot) Anouschka ? Depuis ce film pas de nouvelle. La poudre est t’elle aussi venue l’appeler pour rejoindre le royaume de l’au-delà ? Et ne parlons pas du cas Taxi Girl, la chanteuse d’Ici Paris qui ont déclaré forfait avec cette même « foutue poudre ».
Enfin la prestation de Pierre Clémenti (Les Idoles, Belle de Jour, La Cicatrice Intérieure…) est très minimale. Son jeu d’acteur est ici proche du débutant qui récite son texte. Par contre, s’est toujours un plaisir de le voir à l’écran, de voir son visage d’écorché vif.
Découvrir et réécouter aujourd’hui à travers ce DVD les groupes de cette époque est un réel plaisir. Leur musique garde cette fraicheur de jeunesse, et leurs styles restent pour une grande majorité encore très actuel à l’oreille. Le punk rock français possède une certaine classe qui fait plaisir à entendre. Après le coffret DVD de l’émission rock Chorus, l’année 2010 avec La Brune et Moi s'achève très bien.
En complément au film, le DVD contient 1h30 de bonus. Tout d’abord une excellente interview du réalisateur Philippe Puicouyoul. Il raconte beaucoup d’anecdotes sur la création et l’aventure du film, sur les groupes présent et le Paris alternatif de 1980. Une bonne interview rock.
Beaucoup moins intéressante, l’interview de Léone Jaffin la productrice du film. C’est clair, le milieu rock elle ne le connait pas, son propos est relativement anecdotique.
Une autre bonne interview avec Olivier Assayas. Par contre plus général, car il n’est pas très concerné par La Brune et Moi qu’il n’a pas vu. Il raconte sa passion du rock et parle de ses premiers films « esprit rock » dont Scopitone sur lequel il était scénariste.
L’interview d’Hervé Shere Khan le guitariste d’Ici Paris est un peu étrange, car il se souvient a peine du film, qu’il n’a curieusement jamais vu. Surement trop de drogue et pas assez de poisson pour garder la mémoire intact.
Plus intéressant l’interview de Patrick Eudeline. Il a toujours plein d’anecdotes à raconter sur le punk rock.
Pour conclure, malgré les défauts évoqués plus haut, La Brune et Moi reste un incontournable pour tout amateur de punk rock, et les bonus renforcent l'intérêt de l'achat.
fr-fr.facebook.com/lechatquifume
rockenscope.monsite-orange.fr
Culte encore car La Brune et Moi est un film maudit : Peu de personnes l’ont vu. Sorti au cinéma en avril 1981, le film est resté à l’affiche une semaine dans une petite salle du quartier Beaubourg à Paris. Seulement 530 spectateurs auront vu La Brune et Moi au cinéma. Depuis, la copie du film a circulé dans les festivals et soirées rock (notamment grâce à l’association Rock’en Scope) et le bouche à oreille ont fait le reste pour donner une certaine notoriété à La Brune et Moi. Donc cette sortie en DVD est quelque part une petite révolution et un graal que l’on peut « enfin » visionner chez soi avec des amis.
Bon soyons clair, bien qu'il ait gagné le prix spécial du jury au festival international du film musical du Rex à Paris en 1980, La Brune et Moi n’est pas un chef d’œuvre. Le scénario est très minimal : «Paris les Halles 1980. Un important homme d’affaire (Pierre Clémenti) rencontre Anouschka une jeune et belle punkette. Il en tombe amoureux. Anouschka est prête à être séduite par lui, a condition qu’il la fasse devenir une rock star. L’homme d’affaire va lui faire rencontrer les meilleurs musiciens de la capitale. Après divers rencontres, elle finira par chanter (approximativement) le titre « Control » avec Les Privés » .
L’intérêt du film (ou plutôt du moyen métrage, car la durée est de 50 minutes), réside dans les passages live des groupes, l’aspect doc avec en intro les punks des Halles, une séquence pogo au Club 100 et le studio de répète au Centre Beaubourg. Toutes ses images sont devenues avec la patine du temps, un instantané du Paris punk de 1980.
Filmé à l’arrache, à vif, sans répète, dans l’esprit DIY par le jeune Philippe Puicouyoul (dont c’est son premier et… dernier film de fiction en tant que réalisateur), La Brune et Moi est là comme par urgence de montrer qu’à l’époque il n’y a pas que Trust n’y Téléphone dans le rock en France. Scénario riquiqui et images brutes, ce contexte colle parfaitement au sujet, à l’image rock et sa musique basique, énergique et virulente. Oui le rock c’est de la bombe (humaine !). En cette fin des années 70, il y a des groupes qui jouent pour la survie, dégager leur désespoir des années Giscard, sans trop savoir si l’aventure peut durer. D’ailleurs certains n’auront eu le temps de ne sortir qu’un 45t, avant d’être rattrapé par la drogue, par la défonce. L’acteur Pierre-Jean Cayatte (bassiste d’Asphalt Jungle et Gazoline) meurt à la fin du film mais aussi (et là pour de vrai) quelque jours après la fin du tournage. Et, qu’est devenue l’héroïne (sans jeu de mot) Anouschka ? Depuis ce film pas de nouvelle. La poudre est t’elle aussi venue l’appeler pour rejoindre le royaume de l’au-delà ? Et ne parlons pas du cas Taxi Girl, la chanteuse d’Ici Paris qui ont déclaré forfait avec cette même « foutue poudre ».
Enfin la prestation de Pierre Clémenti (Les Idoles, Belle de Jour, La Cicatrice Intérieure…) est très minimale. Son jeu d’acteur est ici proche du débutant qui récite son texte. Par contre, s’est toujours un plaisir de le voir à l’écran, de voir son visage d’écorché vif.
Découvrir et réécouter aujourd’hui à travers ce DVD les groupes de cette époque est un réel plaisir. Leur musique garde cette fraicheur de jeunesse, et leurs styles restent pour une grande majorité encore très actuel à l’oreille. Le punk rock français possède une certaine classe qui fait plaisir à entendre. Après le coffret DVD de l’émission rock Chorus, l’année 2010 avec La Brune et Moi s'achève très bien.
En complément au film, le DVD contient 1h30 de bonus. Tout d’abord une excellente interview du réalisateur Philippe Puicouyoul. Il raconte beaucoup d’anecdotes sur la création et l’aventure du film, sur les groupes présent et le Paris alternatif de 1980. Une bonne interview rock.
Beaucoup moins intéressante, l’interview de Léone Jaffin la productrice du film. C’est clair, le milieu rock elle ne le connait pas, son propos est relativement anecdotique.
Une autre bonne interview avec Olivier Assayas. Par contre plus général, car il n’est pas très concerné par La Brune et Moi qu’il n’a pas vu. Il raconte sa passion du rock et parle de ses premiers films « esprit rock » dont Scopitone sur lequel il était scénariste.
L’interview d’Hervé Shere Khan le guitariste d’Ici Paris est un peu étrange, car il se souvient a peine du film, qu’il n’a curieusement jamais vu. Surement trop de drogue et pas assez de poisson pour garder la mémoire intact.
Plus intéressant l’interview de Patrick Eudeline. Il a toujours plein d’anecdotes à raconter sur le punk rock.
Pour conclure, malgré les défauts évoqués plus haut, La Brune et Moi reste un incontournable pour tout amateur de punk rock, et les bonus renforcent l'intérêt de l'achat.
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