Alors
qu’actuellement il faut se faire à l’idée « de se réinventer » (sic),
voici Figures, le nouvel album d’Aksak Maboul, avec 22 morceaux et
interludes libres pour 75 minutes de découvertes sonores. En fait ce projet
créé en 1977, est surtout le bébé de Marc
Hollander, artiste « indiscipliné » qui a fondé en 1981 le
merveilleux label Crammed Discs (Tuxedomoon, Minimal Compact, Colin Newman, Karl
Biscuit, John Lurie, The Honeymoon Killers, Bebel Gilberto, Nova Materia,
les compilations sans frontières, Made To
Measure).
La carrière
d’Aksak Maboul est justement maboul.
L’album Onze Danses pour Combattre la
Migraine sort en 1977, l’album Un Peu
de l’âme des bandits sort en 1980, le 3ème album reste en état
de maquette jusqu’à prendre vit en 2014 sous le nom Ex-Futur Album, et on arrive à 2020 avec Figures, 4ème long, très long format avec une nouvelle
formation qui s’est apprivoisé lors de concerts entre 2015 et 2017. Aux avants
postes, Marc Hollander (musicien,
compositeur, arrangeur, producteur) et l’ex Honeymoon Killer, Véronique
Vincent (textes -en français-, voix et dessins de la pochette et du livret),
les musiciens et de nombreux invités (Fred
Frith, Steven Brown -Tuxedomoon-, Julien Gasc -Aquaserge-),
ont composés un double album qui porte la musique vers le sommet. Proche d’une
fresque, la variété de styles et de couleurs, tout en gardant une unité donne
le bourdon. Ainsi, pop, jazz, no-wave, électro, chanson, BO de film, exotica, musique
contemporaine et minimaliste, rock, new wave, lo-fi n’en font QU’UN. Le tout
guidé par la voix fragile, parfois approximative, du coup touchante et sans
filtre de Véronique Vincent. Sa voix
nous évoque par moment Lætitia Sadier de Stereolab pour le côté chanson bossa
fragile. Bref, du velours pop exigent et sans prise de tête. L’album s’achève
avec un morceau qui a pour titre Tout a
une Fin. Espérons que non, car cet album est comme une porte ouverte que l’on
n’a pas envie de voir se fermer. Justement, la dernière phrase du morceau est :
Ou que tout recommence…
Je profite de la chronique de ce nouvel album pour sortir de mes
archives une interview que j’avais réalisé en octobre 2014, au moment de la
sortie de l’album Ex-Futur Album. L’interview a été publiée dans le
fanzine Abus Dangereux face 134 (Janvier 2015) et sur le site
foutraque.com.
Il arrive
parfois des miracles. Au début des années 80 le groupe bruxellois Les Tueurs
de la Lune de Miel (ou Honeymoon Killers) réalise avec la reprise de
Charles Trenet, « Route National 7» un tube non identifié qui traversera la
manche jusqu’à faire la une de l’hebdomadaire NME. La chanteuse des Killers
s’appelle Véronique Vincent. Le jeune label qui édite ce groupe est
Crammed Disc. Ce label est dirigé par Marc Hollander, également membre
du groupe Aksak Maboul. Marc et Véronique vont travailler
ensemble sur le projet d’un album, mais qui ne verra pas le jour. Jusqu’à
octobre 2014, soit 30 ans plus tard. Véronique et Marc nous racontes
cette étrange histoire.
Pour nos jeunes lecteurs, vous pouvez en quelques mots vous présenter, et leurs donner « deux » accroches qui résument votre travail artistique ?
Marc: Véronique était la chanteuse des Tueurs de la Lune de Miel (aussi connus sous le nom de Honeymoon Killers), le groupe bruxellois qui a défrayé la chronique au début des années 80 en devenant les chouchous de la presse musicale britannique (le NME nous a consacré sa couverture) tout en écumant les émission de variétés de la TV française grâce à notre mini-tube "Route Nationale 7". Le groupe avait été fondé par le regretté Yvon Vromman (chanteur/guitariste/compositeur), et avait fusionné avec Aksak Maboul en 1980.
Véronique : Aksak Maboul est le projet personnel de Marc Hollander, inauguré en 1977 -en compagnie de Vincent Kenis- par l'album "Onze Danses Pour Combattre la Migraine". Album toujours culte qui, rétrospectivement, semble bien avoir posé les bases de l'esthétique du label Crammed (fondé par Marc en 1980), par sa façon de jouer à saute-mouton avec les genres musicaux et les frontières culturelles et stylistiques.
Marc :Entre 1980 et 1984, nous, ainsi que Vincent Kenis faisions donc partie des Honeymoon Killers, mais travaillions en parallèle à un album qui devait devenir le 3e Aksak Maboul. Nous voulions faire un album résolument pop et électronique, tout en y incorporant les fantaisies musicales caractéristiques d'Aksak Maboul. Dans notre grande candeur, nous étions persuadés que nous accouchions d'un album archi-accessible, mais nous sommes aperçus au bout d'un moment, que le résultat était à la fois trop étrange pour pouvoir être considéré comme de la pop (du moins en 1983), et trop pop pour plaire aux amateurs de musiques plus pointues.
Voilà pourquoi nous avons graduellement mis le projet au placard jusqu'en 2014 ! Et les réactions actuelles semblent nous donner raison, puisque l'album est accueilli comme s'il venait d'avoir été enregistré. Il semble définitivement plus en phase avec ce que le public écoute actuellement: ces pop songs à base électronique, truffées de digressions africaines ou orientales, avec des touches de dub et d'expérimentation, c'est "pile dans l'air du temps" (pour citer plusieurs chroniques récentes).
Le fait d'être en avance sur ce qui se fait peut être à double tranchant. Ne pas vouloir se figer dans des moules formatés et vouloir créer une pièce/œuvre unique et qui reste, peut entraîner 30 ans de réflexion.
Pour nos jeunes lecteurs, vous pouvez en quelques mots vous présenter, et leurs donner « deux » accroches qui résument votre travail artistique ?
Marc: Véronique était la chanteuse des Tueurs de la Lune de Miel (aussi connus sous le nom de Honeymoon Killers), le groupe bruxellois qui a défrayé la chronique au début des années 80 en devenant les chouchous de la presse musicale britannique (le NME nous a consacré sa couverture) tout en écumant les émission de variétés de la TV française grâce à notre mini-tube "Route Nationale 7". Le groupe avait été fondé par le regretté Yvon Vromman (chanteur/guitariste/compositeur), et avait fusionné avec Aksak Maboul en 1980.
Véronique : Aksak Maboul est le projet personnel de Marc Hollander, inauguré en 1977 -en compagnie de Vincent Kenis- par l'album "Onze Danses Pour Combattre la Migraine". Album toujours culte qui, rétrospectivement, semble bien avoir posé les bases de l'esthétique du label Crammed (fondé par Marc en 1980), par sa façon de jouer à saute-mouton avec les genres musicaux et les frontières culturelles et stylistiques.
Marc :Entre 1980 et 1984, nous, ainsi que Vincent Kenis faisions donc partie des Honeymoon Killers, mais travaillions en parallèle à un album qui devait devenir le 3e Aksak Maboul. Nous voulions faire un album résolument pop et électronique, tout en y incorporant les fantaisies musicales caractéristiques d'Aksak Maboul. Dans notre grande candeur, nous étions persuadés que nous accouchions d'un album archi-accessible, mais nous sommes aperçus au bout d'un moment, que le résultat était à la fois trop étrange pour pouvoir être considéré comme de la pop (du moins en 1983), et trop pop pour plaire aux amateurs de musiques plus pointues.
Voilà pourquoi nous avons graduellement mis le projet au placard jusqu'en 2014 ! Et les réactions actuelles semblent nous donner raison, puisque l'album est accueilli comme s'il venait d'avoir été enregistré. Il semble définitivement plus en phase avec ce que le public écoute actuellement: ces pop songs à base électronique, truffées de digressions africaines ou orientales, avec des touches de dub et d'expérimentation, c'est "pile dans l'air du temps" (pour citer plusieurs chroniques récentes).
Le fait d'être en avance sur ce qui se fait peut être à double tranchant. Ne pas vouloir se figer dans des moules formatés et vouloir créer une pièce/œuvre unique et qui reste, peut entraîner 30 ans de réflexion.
Malgré
votre label Crammed discs (+ 575 références, dont 325 albums), vous avez mis 30
ans pour sortir l’album Ex Futur Album. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
Vous auriez (peut-être) pu le sortir en 2003 au moment de la réédition en cd de
l’album des Honeymoon Killers ?
Marc : Et bien, parce que c'est maintenant le bon moment pour le sortir. Cela s'est imposé comme une évidence: en entendant certaines productions parues ces dernières années, nous avons eu envie de nous replonger dans cet album inachevé, et nous sommes aperçus qu'il serait probablement enfin lisible maintenant, vu les évolutions récentes de diverses scènes musicales. Et nous ne pensons pas spécialement aux groupes qui piochent dans la musique des années 80: il y a un aspect 80s dans cet album, mais nous y entendons aussi bien des éléments 60s, 70s, pre-90s (avec des rythmiques pré-techno), 00s et 10s.
Sur l’album il y a de nombreux invités. J’imagine qu’ils étaient déçus de ne pas voir l’album disponible. Ce n’était pas dur à gérer quand vous croisiez les invités présent sur le disque durant ses 30 années, au hasard d’un vernissage ou d’un concert (ou autre)?
Véronique: Non non: en réalité, il y a très peu d'invités: Alig de Family Fodder (qui a écrit et réalisé un morceau), plus l'un ou l'autre musicien qui a joué une petite partie de violon (Blaine Reininger de Tuxedomoon) ou de basson (Michel Berckmans), ainsi que le reste des Honeymoon Killers, qui figurent sur les 2 titres bonus live. Ceux-là mis à part, la totalité de l'album a été enregistrée par nous deux, avec le soutien de Vincent Kenis (Aksak Maboul, Honeymoon Killers). Donc nous étions les seuls à avoir été déçus.
Quels sont les différences entre la version de 1983 et celle d’aujourd’hui ? Quels étaient les matériaux de base qui vous ont servi à l’édition 2014 ?
Marc: L'album était réellement inachevé, aucun titre n'était mixé de façon définitive. Il n'y avait donc pas de "version de 1983", uniquement des titres en chantier. Pour créer un album à partir de ces éléments épars, nous avons utilisé des techniques différentes. Lorsque ça a été possible, nous sommes repartis des multipistes, et avons mixé les morceaux en respectant les idées d'époque, sans ajouter de programmations, mais en leur donnant simplement un meilleur son. Pour certains titres, nous avons utilisé les mixes temporaires d'époque, tels quels (en faisant néanmoins un travail de mastering). Dans d'autres cas encore, nous ne disposions ni des multipistes ni de mixes temporaires, mais uniquement de versions existant sur des cassettes audio ! Nous les avons récupérés, et avons même fait du travail de montage. Le titre "Luxurious Dub", par exemple, a été créé en alternant des sections extraites de 2 cassettes différentes. Idem pour "Le troisième personnage", dans lequel la partie finale provient d'une mise à plat un peu dingue, retrouvée sur une cassette. Le titre live "Mit die Eingeborenen" contient des parties extraites de deux enregistrements (sur cassettes), effectués à un an et demi d'écart.
Nous avons fait quelques rares overdubs: dans un des titres, certaines pistes de claviers avaient été effacées. Je les ai donc rejouées à l'identique, sur le même petit clavier utilisé à l'époque. Dans un autre (le n°10), nous avons voulu ajouter de la voix sur une longue partie instrumentale. Véronique a rajoutée de nouvelles prises de voix parlées, dans lesquelles j'égrène des phrases extraites de toutes les autres chansons de l'album, dans leur ordre d'apparition.
Marc : Et bien, parce que c'est maintenant le bon moment pour le sortir. Cela s'est imposé comme une évidence: en entendant certaines productions parues ces dernières années, nous avons eu envie de nous replonger dans cet album inachevé, et nous sommes aperçus qu'il serait probablement enfin lisible maintenant, vu les évolutions récentes de diverses scènes musicales. Et nous ne pensons pas spécialement aux groupes qui piochent dans la musique des années 80: il y a un aspect 80s dans cet album, mais nous y entendons aussi bien des éléments 60s, 70s, pre-90s (avec des rythmiques pré-techno), 00s et 10s.
Sur l’album il y a de nombreux invités. J’imagine qu’ils étaient déçus de ne pas voir l’album disponible. Ce n’était pas dur à gérer quand vous croisiez les invités présent sur le disque durant ses 30 années, au hasard d’un vernissage ou d’un concert (ou autre)?
Véronique: Non non: en réalité, il y a très peu d'invités: Alig de Family Fodder (qui a écrit et réalisé un morceau), plus l'un ou l'autre musicien qui a joué une petite partie de violon (Blaine Reininger de Tuxedomoon) ou de basson (Michel Berckmans), ainsi que le reste des Honeymoon Killers, qui figurent sur les 2 titres bonus live. Ceux-là mis à part, la totalité de l'album a été enregistrée par nous deux, avec le soutien de Vincent Kenis (Aksak Maboul, Honeymoon Killers). Donc nous étions les seuls à avoir été déçus.
Quels sont les différences entre la version de 1983 et celle d’aujourd’hui ? Quels étaient les matériaux de base qui vous ont servi à l’édition 2014 ?
Marc: L'album était réellement inachevé, aucun titre n'était mixé de façon définitive. Il n'y avait donc pas de "version de 1983", uniquement des titres en chantier. Pour créer un album à partir de ces éléments épars, nous avons utilisé des techniques différentes. Lorsque ça a été possible, nous sommes repartis des multipistes, et avons mixé les morceaux en respectant les idées d'époque, sans ajouter de programmations, mais en leur donnant simplement un meilleur son. Pour certains titres, nous avons utilisé les mixes temporaires d'époque, tels quels (en faisant néanmoins un travail de mastering). Dans d'autres cas encore, nous ne disposions ni des multipistes ni de mixes temporaires, mais uniquement de versions existant sur des cassettes audio ! Nous les avons récupérés, et avons même fait du travail de montage. Le titre "Luxurious Dub", par exemple, a été créé en alternant des sections extraites de 2 cassettes différentes. Idem pour "Le troisième personnage", dans lequel la partie finale provient d'une mise à plat un peu dingue, retrouvée sur une cassette. Le titre live "Mit die Eingeborenen" contient des parties extraites de deux enregistrements (sur cassettes), effectués à un an et demi d'écart.
Nous avons fait quelques rares overdubs: dans un des titres, certaines pistes de claviers avaient été effacées. Je les ai donc rejouées à l'identique, sur le même petit clavier utilisé à l'époque. Dans un autre (le n°10), nous avons voulu ajouter de la voix sur une longue partie instrumentale. Véronique a rajoutée de nouvelles prises de voix parlées, dans lesquelles j'égrène des phrases extraites de toutes les autres chansons de l'album, dans leur ordre d'apparition.
A votre
avis, pourquoi votre musique en 1983 n’a pas séduit un label ?
Marc: Crammed était à ses débuts, c'était encore un tout petit label (malgré le succès des Honeymoon Killers) et, vu que nous étions persuadés que nous faisons un album de pop qui nécessiterait de gros moyens de promotion, nous sommes allées voir des filiales françaises de majors. Mais nous rêvions, car ils nous ont regardés avec des airs incrédules: ces morceaux étaient bien trop étranges pour l'époque (il faut dire qu'on était encore dans le vieux système de la variété française, avant l'arrivée d'artistes comme Rita Mitsouko ou Elli Medeiros, qui ont fait entrer un courant d'air frais dans les hit parades).
Véronique: Cette association entre Marc et moi était assez insolite : La musique de Marc, extrêmement foisonnante et cultivée rencontrait mon amour de la poésie, des textes à double et triple fonds, mais aussi de Gainsbourg, Dutronc, Vian, etc... Il fallait faire un disque pop, avec une consistance en béton. Ca n'a pas été compris alors par les majors. Alors ce n'est pas un album achevé, mais restitué.
Dans votre son il y a plein de sources : pop, punk, variété, new wave, world, groove/funk. Comment c’est créé cette recette magique, avec tant de sonorités aussi diverses ?
Marc: Ces mélanges se retrouvaient déjà (dans des dosages et avec des ingrédients différents) dans les albums d'Aksak Maboul, et continueront à former la colonne vertébrale du label Crammed, qui met depuis toujours un point d'honneur à ne pas rester en place, à ne pas rester confiné dans une case. A quoi est-ce dû ? Probablement un mélange de curiosité personnelle, combinée avec l'aspect "no man's land" de Bruxelles, ville ouverte à toutes les influences.
Vous pouvez nous parler des textes, notamment le titre loufoque Chez Les Aborigènes. Comment venaient la construction de vos textes ? La signification, le sens des mots, c’est pour le fun, pour le rythme ?
Véronique: J'étais alors encore très imprégnée par mon cours d'anthropologie sociale donné par Serge Moscovici, qui vient de disparaître. Or, j'avais autour de moi des exemples de gens qui partaient à l'autre bout du monde, et qui en revenaient comme s'ils avaient intégré, ingéré même une culture "primitive", vite fait bien fait. Je me suis donc mise dans la peau d'une fille qui croit que oui, ça y est, elle a tout compris, elle va se rouler dans la boue pour faire authentique, mais dans une robe à paillettes. Ce phénomène n'a fait que s'accentuer depuis: certes, les échanges culturels sont enrichissants, et c'est passionnant de comprendre comment vivent et pensent les gens à l'autre bout du monde. Mais croire qu'on va s'extirper de notre condition d'occidentaux en allant s'immerger dans un ailleurs que l'on pare de toutes les vertus c'est pour le moins illusoire. Quand ça ne se finit pas par une espèce d'arnaque (comme le personnage de la chanson, qui finit par piquer des éléments de musique aborigène pour devenir une pop star). Finalement ce texte se moquait un peu, par anticipation, des travers de la world music.
Marc: Crammed était à ses débuts, c'était encore un tout petit label (malgré le succès des Honeymoon Killers) et, vu que nous étions persuadés que nous faisons un album de pop qui nécessiterait de gros moyens de promotion, nous sommes allées voir des filiales françaises de majors. Mais nous rêvions, car ils nous ont regardés avec des airs incrédules: ces morceaux étaient bien trop étranges pour l'époque (il faut dire qu'on était encore dans le vieux système de la variété française, avant l'arrivée d'artistes comme Rita Mitsouko ou Elli Medeiros, qui ont fait entrer un courant d'air frais dans les hit parades).
Véronique: Cette association entre Marc et moi était assez insolite : La musique de Marc, extrêmement foisonnante et cultivée rencontrait mon amour de la poésie, des textes à double et triple fonds, mais aussi de Gainsbourg, Dutronc, Vian, etc... Il fallait faire un disque pop, avec une consistance en béton. Ca n'a pas été compris alors par les majors. Alors ce n'est pas un album achevé, mais restitué.
Dans votre son il y a plein de sources : pop, punk, variété, new wave, world, groove/funk. Comment c’est créé cette recette magique, avec tant de sonorités aussi diverses ?
Marc: Ces mélanges se retrouvaient déjà (dans des dosages et avec des ingrédients différents) dans les albums d'Aksak Maboul, et continueront à former la colonne vertébrale du label Crammed, qui met depuis toujours un point d'honneur à ne pas rester en place, à ne pas rester confiné dans une case. A quoi est-ce dû ? Probablement un mélange de curiosité personnelle, combinée avec l'aspect "no man's land" de Bruxelles, ville ouverte à toutes les influences.
Vous pouvez nous parler des textes, notamment le titre loufoque Chez Les Aborigènes. Comment venaient la construction de vos textes ? La signification, le sens des mots, c’est pour le fun, pour le rythme ?
Véronique: J'étais alors encore très imprégnée par mon cours d'anthropologie sociale donné par Serge Moscovici, qui vient de disparaître. Or, j'avais autour de moi des exemples de gens qui partaient à l'autre bout du monde, et qui en revenaient comme s'ils avaient intégré, ingéré même une culture "primitive", vite fait bien fait. Je me suis donc mise dans la peau d'une fille qui croit que oui, ça y est, elle a tout compris, elle va se rouler dans la boue pour faire authentique, mais dans une robe à paillettes. Ce phénomène n'a fait que s'accentuer depuis: certes, les échanges culturels sont enrichissants, et c'est passionnant de comprendre comment vivent et pensent les gens à l'autre bout du monde. Mais croire qu'on va s'extirper de notre condition d'occidentaux en allant s'immerger dans un ailleurs que l'on pare de toutes les vertus c'est pour le moins illusoire. Quand ça ne se finit pas par une espèce d'arnaque (comme le personnage de la chanson, qui finit par piquer des éléments de musique aborigène pour devenir une pop star). Finalement ce texte se moquait un peu, par anticipation, des travers de la world music.
Véronique,
tu as fait partie du groupe The Honeymoon Killer. La reprise Nationale 7fut
un tube. Tu peux nous raconter les moments forts de cette période des Tueurs de
la Lune de Miel? Et pourquoi le groupe à splitté aussi vite après seulement 2
albums ?
Véronique: Je n'étais pas dans le 1er disque des Tueurs. C'était une bande de garçons qui jouaient dans les bars à Bruxelles, avec une désinvolture un peu anar/provoc très drôle. Yvon, le leader m'a proposé de chanter une chanson qu'il avait écrit pour une fille. C'est comme ça que j'ai rejoint ce groupe, sans avoir jamais eu l'idée avouée de chanter, juste après l'adhésion de Marc et Vincent. Le groupe a splitté, car il y avait deux projets de disque, l'un masculin, l'autre féminin. Si vous écoutez le 1er Aksak Maboul, il y est bien stipulé que "chanter est sain". Or ce disque était devenu ma bible. Donc j'ai écouté et obéi (comme il est dit dans les 1001 nuits).
Est-ce que l’après tube, fut facile à gérer ? Est-ce que tu es restée dans le milieu musical depuis le split des Tueurs ?
Véronique: Nous n'avons pas dit, on se sépare, on a dit, on fait un disque féminin et un autre masculin. Yvon écrivait les textes pour Les Tueurs de la Lune de Miel, moi pour Aksak Maboul.
Le fait que notre projet à Marc et moi n'aboutisse pas, à l'époque, a certes constitué une déception. Mais c'est tant mieux, car j'ai eu 2 enfants, (le pur bonheur de ma vie), je me suis mise à la peinture. Et j'ai le plaisir à présent de voir paraître l'album. Par contre, Yvon, n'a pas eu l'occasion de poursuivre sa carrière, car il ne s'est pas réveillé un matin.
Véronique: Je n'étais pas dans le 1er disque des Tueurs. C'était une bande de garçons qui jouaient dans les bars à Bruxelles, avec une désinvolture un peu anar/provoc très drôle. Yvon, le leader m'a proposé de chanter une chanson qu'il avait écrit pour une fille. C'est comme ça que j'ai rejoint ce groupe, sans avoir jamais eu l'idée avouée de chanter, juste après l'adhésion de Marc et Vincent. Le groupe a splitté, car il y avait deux projets de disque, l'un masculin, l'autre féminin. Si vous écoutez le 1er Aksak Maboul, il y est bien stipulé que "chanter est sain". Or ce disque était devenu ma bible. Donc j'ai écouté et obéi (comme il est dit dans les 1001 nuits).
Est-ce que l’après tube, fut facile à gérer ? Est-ce que tu es restée dans le milieu musical depuis le split des Tueurs ?
Véronique: Nous n'avons pas dit, on se sépare, on a dit, on fait un disque féminin et un autre masculin. Yvon écrivait les textes pour Les Tueurs de la Lune de Miel, moi pour Aksak Maboul.
Le fait que notre projet à Marc et moi n'aboutisse pas, à l'époque, a certes constitué une déception. Mais c'est tant mieux, car j'ai eu 2 enfants, (le pur bonheur de ma vie), je me suis mise à la peinture. Et j'ai le plaisir à présent de voir paraître l'album. Par contre, Yvon, n'a pas eu l'occasion de poursuivre sa carrière, car il ne s'est pas réveillé un matin.
Est-ce
que l’après tube, fut facile à gérer ? Est-ce que tu es restée dans le milieu
musical depuis le split des Tueurs ?
Véronique: Nous n'avons pas dit, on se sépare, on a dit, on fait un disque féminin et un autre masculin. Yvon écrivait les textes pour Les Tueurs de la Lune de Miel, moi pour Aksak Maboul.
Le fait que notre projet à Marc et moi n'aboutisse pas, à l'époque, a certes constitué une déception. Mais c'est tant mieux, car j'ai eu 2 enfants, (le pur bonheur de ma vie), je me suis mise à la peinture. Et j'ai le plaisir à présent de voir paraître l'album. Par contre, Yvon, n'a pas eu l'occasion de poursuivre sa carrière, car il ne s'est pas réveillé un matin.
Véronique: Nous n'avons pas dit, on se sépare, on a dit, on fait un disque féminin et un autre masculin. Yvon écrivait les textes pour Les Tueurs de la Lune de Miel, moi pour Aksak Maboul.
Le fait que notre projet à Marc et moi n'aboutisse pas, à l'époque, a certes constitué une déception. Mais c'est tant mieux, car j'ai eu 2 enfants, (le pur bonheur de ma vie), je me suis mise à la peinture. Et j'ai le plaisir à présent de voir paraître l'album. Par contre, Yvon, n'a pas eu l'occasion de poursuivre sa carrière, car il ne s'est pas réveillé un matin.
Avec la sortie de Ex Futur Album, quel est justement le futur artistique de Véronique Vincent & Aksak Maboul ? Il y aura un autre disque, des dates de concerts, ou s’est juste un aparté qu’il fallait exhumer pour pouvoir continuer la tête bien vissé sur les épaules ? Voir ce disque ENFIN en support physique est-il pour vous un soulagement thérapeutique pour classer l’affaire ?
Marc: C'est certainement très agréable et plaisant de voir cet album sortir et être largement apprécié, non pas comme une curiosité qui émerge du passé, mais comme quelque chose qui est pertinent en 2014, qui trouve sa place maintenant. On est ravis de vois, par exemple, que des radios indépendantes en Allemagne passent nos titres entre des morceaux de Caribou, Aphex Twin et José Gonzales, par exemple. D'ailleurs, pour nous, c'est très étrange: nous connaissons évidemment les chansons depuis 30 ans, mais avons néanmoins l'impression excitante que c'est un tout nouvel album notamment parce qu'il a vraiment pris forme cette année, grâce au travail effectué sur la matière de base. Sans oublier le superbe travail graphique effectué par Mc Cloud Zicmuse, qui a donné un "visage" et une couleur visuelle à l'album.
Photos en intro de Laurent Collier(@collorantstudio)
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