dimanche 31 mai 2020

EINSTURZENDE NEUBAUTEN "Alles In Allem" (Potomak) - 15 mai 2020


1980-2020, le groupe allemand de Berlin Einstürzende Neubauten (traduction = effondrement de nouveaux bâtiments) à 40 ans d’âge et à son actif 15 albums studio et de nombreuses archives et collaborations sonores diverses. Ce groupe (au logo célèbre qui a souvent dû être tatoué, Henry Rollins l’a fait !) fondateur du genre « musique rock industriel » a-t-il encore à son arc en fer ou en plastique de quoi nous étonner ? Et bien à l’écoute d’Alles In Allem, nouvel album studio qui fait suite à The Jewels sortie en 2007 et si on suit la carrière du groupe, ce sera non, car ce disque est dans la continuité des œuvres précédentes. Cela fait déjà de nombreuses années que le son studio des compos de Neubauten est posé et moins industriel, en gros depuis le départ de F.M. Einheit. Par contre en live, le son indus est bien plus présent. Mais soyons juste, le son du métal n’est pas absent, on l’entend par parcimonie et sur le morceau qui ouvre l’album Ten Grand Goldie.  La voix de Blixa Bargeld a aussi changé au fil du temps et du poids du corps. Son squelette s’est enrobé et ses vêtements sont devenus plus « monsieur » et moins look punk échappé d’un squat. Blixa chante moins, son phrasé, parfois proche du spoken word, susurre et gémis dans le coin de l’oreille. Malgré le nombre d’instruments, dont une grande parti « fait maison » bricolé façon art brut, le son, les mélodies sont posées, discrètes -mais bien présentes-, comme pour mieux mettre en valeur les textes de Blixa Bargeld, retranscrite dans le livret intérieur du disque avec aussi le détail des instruments et des intervenants. Avec l’âge, la musique d’Einstürzende Neubauten est devenue proche de l’esprit du jazz, de la musique contemporaine, sacrée et classique. On pourrait même dire « intellectuelle » et « exigeante ». En 2020, la musique de Neubauten s’écoute confortablement chez soi, installé dans un canapé douillet, dans un théâtre feutré, dans un musée d’art contemporain. Soit un endroit où l’on n’entend pas le bruit de la foule et des verres qui se cassent sur le sol. Le comble pour de la musique industriel ?
Bref, on a vieilli avec la musique de Neubauten et on accepte cette évolution normale du temps, car faire du punk à 50-60 ans, est ce que c’est vraiment nécessaire ? Réponse dans 10 ans. Au final, ce nouvel album est un bon cru, qui prend de plus en plus de saveur au fil des écoutes. Neubauten poursuit sa carrière sans entrer dans un moule. Respect.

Nota :Alles In Alleme (dont sa pochette évoque celle de Fuenf Auf Der Nach Oben Offenen sortie en 1987) existe aussi en version Box Phase IV avec un 2ème vinyle d’alternative versions, deux CD, un DVD ROM inédits et un livre de 160 pages qui est une reproduction de notes, dont l’écriture manuscrite si particulière de Brixa Bargeld.


https://neubauten.org/

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