dimanche 28 mars 2021

LE SANG DU VAMPIRE d’Henry Cass (Artus Films) – 6 avril 2021


 

Avec l’apparition au début des années 80 de la cassette vidéo VHS, c’était une petite révolution pour le cinéphile qui pouvait regarder chez lui à l’heure de son choix un film en toute tranquillité. Avec en prime la touche pause pour profiter d’aller s’approvisionner au frigo et la touche re-play pour revoir une scène. Depuis quelques années, une autre révolution est arrivée pour gâter le cinéphile, c’est la restauration des films en HD, ultra HD, 2K, maintenant en UHD-4K et bientôt la 8K.  Avec ses restaurations, cela permet de voir et revoir les films avec une image éclatante et un bon son stéréo. Evidemment il faut si possible avoir l’équipement d’adéquate. N’oublions pas les versions intégrales qui permettent de voir des images qui étaient restés inédites depuis des temps lointains. En France dans le domaine de la vidéo, on peut dire qu’on a d’excellents éditeurs qui font un travail remarquable grâce aux passionnés qui sont aux commandes. Ces éditeurs ont pour noms : Le Chat qui fume, Carlotta, ESC, Potemkine, The Ecstasy of Films, Elephant, Rimini, BQHL, Tamasa, Sidonis Calista, Shellac, Artus Films… 


Oui, Artus Films fait partis de ses bons éditeurs auquel on prend plaisir à suivre leur actualité au niveau des sorties. La preuve avec le médiabook Blu-ray/DVD/livret du film Le Sang du Vampire (Blood of the Vampire)  d’Henry Cass, sortie au cinéma en 1958. Ce classique anglais du cinéma d’horreur à l’atmosphère gothique, trouve avec ce nouveau master 2K restauré et en version intégrale un éclat qui fait jaillir de l’écran le sang rouge qui colle et qui dégouline. Cette édition de luxe permet d’en prendre plein la vue avec les décors aux couleurs rétro et taché  par le sang de boucher que l'on voit sur le tablier du docteur Callistratus. On est dans le style graphique des films de La Hammer, à la différence que l’atmosphère du Sang du Vampire est plus vicieuse, plus sado et plus maléfique que les Dracula et Frankenstein réalisés par Terence Fischer. Par étonnant que ce film réalisé en 1957, sortie en Angleterre en 1958 et en France en 1960, ait eu deux montages, un soft et un autre qui contient les scènes choc, ce montage est nommé « continentale ». 

Un des éléments qui donne le frisson poisseux au film est le troublant docteur sans sruspule interprété par l’acteur shakespearien Donald Wolfit (1902-1968) avec son jeu qui mixte avec merveille le look de Béla Lugosi et du futur rôle de Pierre Brasseur dans Les Yeux sans visage de Franju sortie sur les écrants en 1960. Le regard et les agissements du docteur Callistratus ne font pas dans la demi-mesure, rien ne l’arrête pour assouvir sa soif de sang.


 

Voici le synopsis du film : "En 1874, en Transylvanie, un vampire est exécuté. Six ans plus tard, devant la cour de Justice de Carlstad, comparaît un jeune médecin, John Pierre, accusé d'avoir provoqué la mort de l'un de ses patients. Condamné aux travaux forcés à perpétuité, John Pierre est bientôt transféré dans un asile terrifiant, gardé par des chiens féroces, où les malades croupissent dans de sombres cachots. L'endroit est dirigé par le docteur Callistratus, qui n'est autre que le vampire maladroitement exécuté, malheureusement survivant et depuis lors leucémique et avide de sang frais qu'il prélève sur les fous qui lui sont confiés. Il expérimente des transfusions sanguines sur ses patients qui lui servent de cobayes."

Le Sang du Vampire a tous les ingrédients pour satisfaire l’amateur du film d’horreur gothique. Le docteur fou et sans limite, la belle jouée par justement la belle Barbara Shelley (1932-2021) qui deviendra une icône du film d’horreur (Le Village des Damnés, La Gorgone, Dracula prince des ténèbres), Carl le monstre interprété par Victor Maddern (1928-1993) acteur très connu en Angleterre car il a joué dans de nombreuses séries TV (Le Prisonnier, Le Saint, Dr Who, Miss Marple), le gentil docteur John Pierre interprété par Vincent Ball qui essai de radier le méchant docteur Callistratus. Quelques jolies prisonnières aux poitrines avenantes, des chiens voraces, des scènes de tortures, un laboratoire inquiétant, une magnifique musique composé par Stanley Black (1913-2002) qui nous installe dans l’ambiance macabre et dramatique. Oui tout est là pour la satisfaction du voyeur !


 

Malgré les qualités du film, Henry Cass (1903-1989) n’a pas réalisé d’autres films d’horreur, mais des thrillers et des comédies. Par contre le scénariste Jimmy Stangster (1927-2011) a beaucoup œuvré dans le domaine du fantastique/horreur/SF notamment pour La Hammer, jusqu’à réaliser les films Les horreurs de Frankenstein (1970), Lust for a Vampire (1971) et Sueur froide dans la nuit (1972).

Pour plus d’informations, se reporter au livret de 80 pages richement illustré, rédigé par Alain Petit, qu’on retrouve en interview dans les bonus ainsi que Nicolas Stanzick.


Interview de Kévin Boissezon et Thierry Lopez d’Artus Films ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/11/artus-films-cinema-de-quartier-la-maison.html

Interview de Nicolas Stanzick ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/10/nicolas-stanzick-le-culte-hammer-films.html


 

https://www.artusfilms.com/british-horror/le-sang-du-vampire-a-334

Le sang du vampire - Film-annonce from Artus Films on Vimeo.



vendredi 26 mars 2021

HURDY-GURDY présente le clip "Sous les jupes d’Alice" – 12 mars 2021


Le groupe parisien Hurdy-Gurdy mené par le chanteur solaire et nocturne Jérôme Gurdyk dit Hurdyk nous propose son nouveau clip du morceau Sous les jupes d’Alice paru en 2015 sur l’album Les turpitudes en fleurs de Scarlatine Wepler. Dans les images du clip on voit des extraits d’Alice au pays des merveilles (Alice in Wonderland), court-métrage muet réalisé en 1903 par les britanniques Cecil Hepworth et Percy Stow. Ce court métrage est la première adaptation filmée du célèbre livre écrit et illustré par Lewis Carroll et publiée en 1865. L’imaginaire de ce roman pour enfant, se marie très bien à la musique raffinée d’Hurdy-Gurdy.

J’ai posé trois questions à Jérôme Gurdyk dit Hurdyk :

- Pouvez-vous nous parler de la chanson Sous les jupes d’Alice ?
Nous sommes un groupe de clair-obscur mais avec une part de dérision et même, je l’espère, d’autodérision, d’où quelques rares chansons plus pop, plus légères (comme c'est le cas de celle qui est présentée ici) et, par exemple, les paroles parfois grinçantes du personnage principal de notre album, Scarlatine Wepler. Oserais-je donc espérer que l’ironie à laquelle les textes des chansons font régulièrement appel, et dans cette chanson aussi d'ailleurs, est perceptible ? D'autre part, ces chansons plus pop se veulent une porte d'entrée vers les morceaux plus foisonnants et aux constructions plus implexes du reste de notre album. 

- Pouvez-vous nous expliquer la manière dont a été pensé le clip ?
Selon Thomas Lewis, le réalisateur, le clip n'a pas été "pensé". La matière de base, c'était la thématique "Alice au pays des merveilles", dont Thomas est très friand, associée à des idées formelles (split-screen, ombre chinoise, vieux film, robe fluorescente du personnage féminin...). Quoi qu'il en soit, et même si Thomas Lewis et moi-même aimons à nous taquiner, il y a des connexions artistiques très fortes entre son univers esthétique et les ambiances cinématographiques des morceaux de Hurdy-Gurdy.
Tod Browning, les deux David (Lynch et Cronenberg), Guy Maddin, Peter Greenaway sont pour nous des berceuses. Un goût commun pour le Beau bizarre en somme. Si bien qu'une collaboration était une évidence. Mais nous avons eu beaucoup de chance car j'ai toujours trouvé une très grande qualité formelle aux travaux de Thomas Lewis. Il faut aller se promener sur sa chaîne YouTube : www.youtube.com/gummoguy

- Quels sont vos projets, votre actualité ?  
Outre la sortie de ce clip, nous sommes affairés dans notre laboratoire à concocter de nouvelles chansons. Elles devraient s'avérer... plus sèches, plus rêches... Et, prenant acte, hélas, de la fin de la notion d'album, elles devraient sortir progressivement, une par une peut-être. 




Ci-dessous la chronique de l’album Les turpitudes en fleurs de Scarlatine Wepler que j'ai écrite en 2015 pour Abus Dangereux et foutraque.com :



Écouter la musique de Hurdy-Gurdy n’est pas un geste anodin, ce n’est pas un fond sonore à déguster à table en parlant de choses et autres avec ses invités. Non, écouter la musique de Hurdy-Gurdy demande de la disponibilité, une écoute attentive. La musique, le visuel d’Hurdy-Gurdy est proche du théâtre, du cabaret burlesque, du cinéma expressionniste, du cirque, de la fête foraine peuplée de freaks mais aussi de pin-up. Entre les films de David Lynch atmosphère Eraserhead et Elephant Man, et le rock cabaret de Nick Cave, Marc Almond, David Friday (leader des sous-estimés Virgin Prunes), Jarvis Cockers et Dresden Dolls, la musique lyrique d’Hurdy-Gurdy interpelle notre imaginaire. A l’écoute de leurs compos, dès les premières notes, les premières paroles on entre dans un monde en noir et blanc ou en couleur sépia, on est porté par l’univers singulier et baroque du groupe. L’album a pour titre Les turpitudes en fleurs de Scarlatine Wepler. Il est présenté comme un « conte musical et polaroid trash et précieux ». Comme pour un livre, l’album est composé de titres en forme de chapitres, avec un prologue et « des » épilogues. On n’est pas dans le Rocky Horror Picture Show ni dans le Tommy des Who, mais sur la durée des 74 minutes, on est malgré tout dans un concept album qui raconte une histoire, celle de Scalatine Wepler, « une créature de Gustav Klimt échappée du cadre » qui aime accumuler les amants. Scarlatine serait-elle une femme libérée ? Cette histoire chantée en langue française, est adaptée pour la scène. Mais en attendant de voir la troupe Hurdy-Gurdy avec ses instruments (accordéon, piano, trompettes, saxophone, harmonica…) et son enchantement (porté par les magnifiques visuels en noir et blanc de Fabien Montes), laissons agir notre imagination en écoutant et en lisant les textes des paroles (inclus dans le livret du CD et écrites en typo d’une vieille machine à écrire). Hors des courants musicaux actuels, le groupe Hurdy-Gurdy est à découvrir d'urgence. A noter que cette fresque sonore est le résultat de longues années de création. Comme pour le scénario d'un film, chaque plan, chaque ligne est murement réfléchie. Le résultat valait l'attente.


https://www.hurdygurdy.fr/

https://hurdygurdy.bandcamp.com/releases

https://backl.ink/116186961?fbclid=IwAR1DmRHiDV1RAcsESJIvIEd-2RE_ddI2Q2zHGxEii9tJ3AYqTHt4OlCXnsA