dimanche 13 août 2023

SYNTH-POP : Les duos chics

Au début des années 80, en Angleterre il y a eu une vague de duos  affamés de synthétiseurs de poche. Juste quelques noms pour se rendre compte de l’étendue du ravage : Orchestral Manœuvres in the Dark (OMD), Soft Cell, Yazoo, Blancmange, Tears For Fears,  Eurythmics, The Buggles, Chris & Cosey, Pet Shop Boys. La France avait aussi ses duos : Elli & Jacno, Chagrin d’Amour, Kas Product, Mathématiques Modernes, Mikado. En Allemagne il y a le duo DAF, en Suisse le duo Yello. Une grande partie de ses duos ont comme père de son, le groupe allemand Kraftwerk, qui a apporté les mélodies pop dans le son froid des synthétiseurs. Dans ce sens, l’album Man Machine (1978) et son tube The Model, en est un modèle, tout comme plus tard le single Techno Pop extrait de l’album Electric Cafe (1986). Georgio Moroder et sa diva Donna Summer ont quant à eux apportés chez la nouvelle génération de musiciens, la touche club, disque Maxi-45 tours, remix. N’oublions pas de mentionner les duos américains Suicide qui sera aussi une influence pour les générations futur, notamment la scène electro du début des années 2000 et The Sparks qui aura en France en 1980, en plein air synth-pop du succès avec le single  When I’m With You.


1982, Yazoo, nouveau projet de Vince Clarke après son départ de Depeche Mode. Il est accompagné de Alison Moyet au chant et synthé.

Au début des années 80, le synthétiseur est devenu abordable, et va permettre à des musiciens en herbe de composer dans leur chambre, des petites mélodies synthétique que l’on nommera de synth-pop ou electropop. Le terme de synth-wave apparaitra début 2000. Au son des synthés, nos duos y rajoutent des boîtes à rythmes (la Roland TR-808) et des séquenceurs. La formule duo avec comme instruments des synthés de poche, permet des avantages, notamment de partir des tournée, pour jouer autant dans des clubs que dans des salles.

Voici une petite sélection de titres synth-pop incontournable exécuté en formation duo. Pour ne pas trop s’étaler, on va rester qu’en Angleterre, où ce mouvement a été très populaire, grâce notamment aux nombreux passages à l’émission Top of the Pops (diffusée toutes les semaines sur la BBC One de 1964 à 2006). Pour rappel, les groupes qui passaient dans cette émission, jouaient en playback. Le style synth-pop se prête mieux à cet exercice (certes pas très reluisant) que pour un groupe de rock à guitare ou un groupe funk avec des cuivres.

Orchestral Manœuvres in the Dark - Electricity (1979)

Yazoo - Don’t Go (1982)

Blancmange - Fell Me (1982) et Don’t Tell Me (1984)

Tears For Fears - Mad World (1982)

Eurythmics - Sweet Dreams (Are Made Of This) – (1982)






samedi 12 août 2023

"1969 TOUS AZIMUTS – COLLECTIF STm" (La collection Year) – Décembre 2022

En ce moment c’est la mode du rose, avec le film Barbie de Greta Gerwig, qui bat tous les records d’entrées (près de 4 millions d’entrées en 3 semaines, le film est sorti en salle le 26 juillet 2023), alors profitons de présenter le livre (ou Bookzine) 1969 Tous azimuts, revêtu d’une couverture rose, car l’ouvrage est réalisé par les fans français du groupe anglais Pink Floyd. J’ai découverts ce livre collectif, en lisant dans Rock & Folk  n°671 (Juillet 2023) la rubrique de Bertrand Burgalat Peu de gens le savent, mon mois à moi, qui en disait le plus grand bien. L’ami Phil Fall me là acheté, je l’en remercie.  

1969 Tous azimuts est le premier volume format Bookzine du collectif STm (= Speak To m(e)), qui rassemble des fans des quatre coins de la France, érudit hardcore de Pink Floyd, car ils connaissent tous les détails sur la musique (tant sur disques que sur scène) de Pink Floyd. Pour ce numéro épais de 252 pages (pour seulement 15 euros), remplis d’illustrations inédites -mise en page splendide !-, qui a demandé trois années de travail, le collectif STm c’est arrêté sur l’année 1969, très riche pour Pink Floyd. Au menu, en ouverture la chronologie de l’année 1969 avec des repères importants, la tournée The Man and the Journey, la B.O. du film More réalisé par Barbet Schroeder, Pink Floyd et l’espace ("Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité" prononcé par Neil Armstrong le 21 juillet 1969 quand il a posé le pas sur la Lune), le Floyd et la littérature SF, le Floyd et le cinéma SF, la série animé The Adventures of Rollo : The Boy Who Wasn’t Who He Thought He Was, l’enregistrement du double album Ummagumma, le morceau inédit Embryo, le festival Amougies où Pink Floyd va jouer à 5 heures du mat avec en guest Frank Zappa à la guitare sur le morceau Insterstellar Overdrive, un dossier sur les bootleg, enfin non, sur les RoIO (= enregistrements à échanger -torrents sur le net-, sans faire du bizness payant).

Écrits par des fans, ici c’est une mine d’infos, auquel on imagine que le groupe Pink Floyd ne se rappelle même plus. Si Pink Floyd veut écrire un livre précis sur leur carrière, il devrait faire appel au collectif STm, composé de 22 fans érudits dont Olivier Altier, Marc-Olivier Becks, Jean-Jacques Braun, Franck Guillem, Romain Fouray, David Lluis. Le film More est décortiqué séquence par séquence, les concerts sont passés à la loupe -tracklist, durée des morceaux, différence selon les soirs…-, 18 pages sur le double album Ummagumma (enregistrement, pochette, l’origine du titre…). Si parfois il faut être méga passionné du groupe pour suivre la lecture, surtout quand sa cause bootleg, différence entre les dates de concerts d’une tournée, l’ensemble reste malgré tout digeste. On apprend, mais sans être à un cours de chimie. Ouf.

Le collectif est certes fan de Pink Floyd, mais aussi de la pop culture. Ainsi le dernier tiers du livre est consacré à l’actualité musicale de l’année 1969. Il y a des articles sur les Beatles, John Lennon et Yoko Ono dans leur Bed-In pour la paix, le morceau Space Oddity de David Bowie, Charles Manson compositeur, le groupe… The Band, le mot FUCK, la mort supposée de Paul Mc Cartney le 9 novembre 1966, le cinéma américain et des chroniques d’albums et de films sortis en 1969. Quand on voit la petite sélection, c’est clair que 1969 n’est pas seulement une année érotique, mais aussi une belle année  pour les nouveautés qui ont engendré des disques et films devenu culte.

Il n’y a pas à chipoter, pour 15 euros, on en a pour notre argent. Car il vous faudra un peu de temps pour lire et digérer (= la mine d’infos) les 252 pages de ce bel ouvrage consacré à un groupe qui n’a pas encore cassé la baraque du succès planétaire. Il faudra attendre 1973 avec l’album The Dark Side of the Moon et le tube Money. Mais ceci est une autre histoire.


https://editions-stm.fr/1969-tous-azimuts/

https://www.facebook.com/Editions.STm






vendredi 11 août 2023

SAINTES "Les champs Sémantiques" (Maison de disques Cartelle) – 28 avril 2023


On a découverts en 2021 le tout jeune label rennais, Maison de disques Cartelle, lors de la publication de leur première référence, la compilation Cartelle Vol.1 (1). Avec à l’intérieur de ce disque 33 tours vinyle, un joli aperçu de la scène rock, synth wave féminine française, avec notamment Paris Banlieue, Alvilda, Rose Mercie, Musique Chienne et Saintes avec le morceau Flash Romance qu’on retrouve sur son premier album en vinyle. Également édité sur Maison de disques Cartelle, l’album titré Les Champs non pas magnétiques (réf. Jean-Michel Jarre en 1981), mais Les Champs Sémantiques, est la deuxième référence du label (CRTLL002). Maison de disques Cartelle est géré par Liza Bantegnie (A Trois Sur La Plage, Calypso, This Is Pop) et  Margot Oger.

Saintes est le projet solo d’Anne-Sophie le Creurer. Après avoir publié en 2013 le mini album Horizontal/Vertical en format cassette sur le label américain Crash Symbols (tirage qu’on imagine très confidentiel), en 2014 l’EP The Raven (toujours en format cassette) -titre en rapport avec l’écrivain Edgar Allan Poe- sur le label français Les Disques Anonymes, en 2017 l’album Melancholia, également en cassette sur Crash Symbols, en 2019 le single instrumental très B.O.F. titré Le Néant, édité en 45 tours sur le label londonien Champion Version, voici avec Les Champs Sémantiques, son premier album vinyle 10 titres, en prime chanté en français, ce qui n’était pas le cas précédemment.

Avant la création de Saintes, Anne-Sophie le Creurer a suivie des cours au D.N.A.P des Beaux-Arts de Rennes où elle a décroché un diplôme. Elle a fait partie de l’équipe du fanzine Mademoiselle âge bête (joli pied de nez à Mademoiselle âge tendre, la version fifille de Salut les Copains), fait des clips en duo sous le nom de Weirdettes, composé des musiques pour l’artiste Rafaëla Lopez, fait des dessins ici et là, monté également le projet solo 4ème T, organisé des concerts sous le brassard Rennes Riot, DJ pour passer des 45 tours yé-yé et New Wave. Installé à Nantes et à Rennes, elle a également eu un passage à Paris où elle a fréquenté le bar La Cantine de Belleville pour y jouer. Bref, avant la création de Saintes en 2012, notre artiste a déjà pas mal fait les 400 coups lié à l’art et la musique, qu’elle bricole chez elle depuis l’adolescence.

Après avoir enregistré seule, la musique en mode lo-fi, DIY dans sa chambre, Saintes passe à la vitesse supérieur pour l’album Les Champs Sémantiques avec l’aide précieuse d’Alexis Lumière (The Cavaliers publié en 2008 chez Born Bad Records, Calypso, Cité Lumière), qu’elle a rencontré quand elle vivait à Paris. Depuis, Alexis Lumière c’est installé à Rennes pour créer le Studio Fiat Lux. Il a produit l’album, et surement joué quelques instruments analogiques. Mais la chef c’est évidemment Saintes (comme synth ?) qui a composé (textes, musiques), joué et chanté sur tous les morceaux. Ce sont ses bébés d’amour ! A noter que le morceau O Souvenir d'été est une libre interprétation du morceau Evil Hearted You des Yardbirds datant de 1965. Le son sixties n'est plus qu'un souvenir lointain, place au style synth pop 80 à la Taxi Girl. Oui, Saintes compose une musique, justement synth… pop cold wave S.F. (Mathématique Moderne, Martin Dupont, Tokow Boy, Mikado), mélangé à de la pop yé-yé lo-fi, de la chanson française famille Elli & Jacno, Lio, Laure Briard. Il y a dans sa musique, de la mélancolie fragile, mélangé avec de la pop solaire. C’est à la fois minimal et rempli de « petits » sons qu’ont découvrent au fil des écoutes. Le chant en français de Saintes sonne très bien. Elle nous enveloppe de son parfum fruité tel un bubble-gum qu’on mâche en gesticulant de joie. On s’attache très vite aux compos de Saintes, notamment pour ses petite notes synthétiques 80’s qui clignotent dans notre tête. Coup de coeur de l’été !


(1): Chronique de la compilation Cartelle Vol.1 ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2021/12/cartelle-vol1-disques-cartelle-24.html

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