samedi 24 septembre 2022

"MOONAGE DAYDREAM" de Brett Morgan – 21 septembre 2022

Réaliser un documentaire pour le cinéma, peut-être casse gueule. On est plus habitué à voir un documentaire à la télévision, donc gratuit, à l’inverse du cinéma où il faut sortir le billet ou la carte bleu. Le réalisateur Brett Morgan, qui a déjà réalisé des documentaires consacrés aux artistes du rock, avec précédemment les Rolling Stones et Kurt Cobain, a trouvé la parade, en proposant son Moonage Daydream consacré à David Bowie, en projection extra large dans les salles équipés du système IMAX. Soit pour le spectateur, une immersion direct dans l’image et le son, de par la taille de l’écran, la définition de l’image et le son live à couper le souffle. Évidemment, il faut que la salle soit au top (écran large, son) avec des sièges confortables, avec un film ou documentaire qui n’ont pas des images qui défilent à 100km/h, à donner envie de vomir, et un son qui ne soit pas à fond et abrutissant, comme certains blockbusters de super héros Marvel, où de films d’actions en cascades.

Une fois trouvé la bonne salle (par exemple le Pathé de la Villette à Paris), on peut regarder avec plaisir Moonage Daydream. Pendant 2 heures et 20 minutes, on va voir David Bowie se métamorphoser dans ses créations: Ziggy Stardust, Alladin Sane, Halloween Jack, The Thin White Duke, Pierrot, pour citer les plus emblématiques. Le système IMAX, permet d’être au plus près de ses changements de personnages, comme si on était backstage, sur scène ou parmi le public, le tout en voyageant des années 70 aux années 2000. Évidemment on retiendra surtout les années 70’s, car à partir du tube Let’s Dance en 1983, le look et la musique changent radicalement de capte pour se frotter au grand public et devoir jouer dans les grands stades, pour satisfaire la rançon du succès.

La carrière de David Bowie est très danse, ainsi Brett Morgen a mis quatre ans à faire le tri dans les cinq millions d’archives pour un résultat haut en couleur, qui permet d’être au plus près de l’artiste au multi visages, le tout sans commentaires n’y voix off de spécialistes, ou d’amis de Bowie. Ici c’est la musique et les propos de Bowie qui sont à l’écran. On y voit des extraits de concerts, des interviews pour la télé, des interviews inédites de David Bowie qui nous parle de ses métamorphoses visuels, sa quête permanente de nouvelles idées. Ainsi il n’hésite pas à se couper du show-business pour voyager dans des pays où son nom n’est pas connu, pour découvrir de nouvelles cultures, façon de vivre, loin du monde occidental. Il y a évidemment son travail avec Brian Eno qui lui a permis de franchir une nouvelle étape musical, avec le succès artistique qu’on connait avec Heroes, Low et Lodger, jusqu’à influencer le mouvement New Wave. Parmi les kilomètres d’images inédites, il y a le David Bowie peintre, qu’on voit au travail dans son atelier, le David Bowie acteur de théâtre pour la pièce Elephant Man jouée en 1980 à New York. 

Moonage Daydream étant un trip immersif dans l’art visuel et musical de David Bowie, on va arrêter ici d’aligner des mots, et vous conseillez d’y aller pour en prendre plein la vue et plein les oreilles en suivant de prêt David Bowie sur scène, backstage, sur un plateau de télé, au Japon, dans un centre commercial, dans la rue, d'être dans ses yeux bleus raisons. Après la séance, on entend encore son cœur battre et on regarde si on n’a pas des paillettes dans les cheveux et du maquillage, du rouge à lèvres sur le visage, même si on était installé au fond de la salle de cinéma, tant l’effet des images est saisissant de proximité.




vendredi 23 septembre 2022

THE BLACK ANGELS "Wilderness of Mirrors" (Partisan Records) - 16 septembre 2022

Wilderness of Mirrors est le 6ème album studio des Black Angels. Le précédent long format, Death Song, remonte à 2017, soit déjà 5 années. Entre temps, le chanteur Alex Mass a formé en 2018, le temps d’un album, le groupe éphémère MIEN avec Rishi Dhir, Miles Dupire-Gagnon et Gabriel Lamber d’Elephant Stone et réalisé en 2020 son premier album solo titré Luna

Formé en 2004, le groupe d’Austin, The Black Angels fait partie avec The Brian Jonestown Massacre, des groupes qui ont relancés le genre (néo)psyché rock dans le paysage musical. Certes, le style psyché a toujours existé depuis le milieu des années 60, sous divers réincarnations (dont on retiendra coté States, la scène Paisley Underderground avec The Dream Syndicate, Rain Parade et Opal et coté anglais Spacemen 3 et Loop),  mais en 2005, c’était la musique électro qui avait le plus de lumière dans les médiats et le public. The Black Angels se démarque d’entrée, grâce à la qualité de sa musique, des visuels (pochettes, clips, light show des concerts). Et surtout, pour redorer, mettre en avant le style psyché rock garage, les Black Angels ont inauguré en 2008 le festival Austin Psych Fest, devenue Levitation en référence au morceau de 13th Floor Elevators enregistré en 1967 pour leur 2ème album Easter Everywhere. 13th Floor Elevators et son leader Roky Erickson (1947-2019) étaient d’Austin. Depuis 2008, The Black Angels a joué à plusieurs reprises à Levitation d’Austin et chez son petit frère Levitation France créé en 2013 à Angers. N’oublions pas de mentionner The Reverberation Apporeciation Society, le label du festival Levitation qui a publié depuis 2010 de nombreux live et albums studio du meilleur des artistes psyché noise des 12 dernières années (Elephant Stone, Night Beats, Holy Wave, Dead Meadow…).

Wilderness of Mirrors contient 15 morceaux répartis sur quatre faces couleurs bleu et rouge pour l’édition vinyle, soit un double album qui rattrape les cinq années depuis Death Song, dont ce titre est tout l’inverse de ce que contient le cru 2022, tant ici la luminosité psyché, voir pop est de mise. Dès le morceau d’ouverture Without a Trace, on est direct dans le son des Black Angels avec sa rythmique entêtante soutenu avec la voix fédérateur d’Alex Mass, qui donne envie de secouer la tête. Il est clair que ce morceau fera des étincelles en live auprès du public. Ce titre est déjà un classique du groupe. Le titre suivant, History Of The Future garde le même capte avec un bon riff heavy 70 on the road. Avec Empires Fallin on plonge dans le psyché rock bien acid, style maitrisé par le groupe depuis son premier album Passover en 2006. Du pur The Black Angels comme on aime depuis la première heure. Les autres morceaux sont du même niveau d’intensité, avec parfois un peu de psyché pop pour éviter de tomber dans un album monobloc. La première échappé est le 7ème morceau Firefly avec en seconde voix Stephanie Bailey qui nous chante quelques paroles en français. Situé au milieu de l’album, cette bouffé d’air pop est le bienvenu. En 2ème partie, comme pour suivre le chemin de Firefly, les compos deviennent plus solaires, plus mélodiques et moins rythmique Motorik, tout effet psyché rock en avant. L’avant dernier morceau Icon est un vieux titre de l’époque Passover qui trouve finalement sa place en 2022, soit 16 ans plus tard, l’âge de l’adolescence, des premiers joints. Pour l’acide, le LSD, on attendra, mais pour apprécier la musique des Black Angels, on en a pas besoin, elle se suffit à elle-même. L’album a été enregistré en analogique avec le producteur Brett Orrison, qui a produit l’album Luna d’Alex Mass et de nombreux groupes du label anglais Fuzz Club. Il est clair que l’enregistrement en analogique permet à Wilderness of Mirrors d’avoir une belle  sonorité psyché rock et pop, comme une parenthèse enchantée dans notre monde violent causé par l’Homme (guerre, viol, inceste, pouvoir, religion, changement climatique…), thèmes de société qu’on trouve dans les textes de The Black Angels. Au final,  Wilderness of Mirrors est un bon cru musical de la part de ce groupe qui en a encore sous le coude. C'est tout bénef pour le public de la première heure, et pour ceux qui désirent prendre la température psyché de ce groupe majeur dans ce style de rock sous hypnose et d'effets optiques et cinétiques, dont la pochette est une fois de plus une réussite visuelle.

https://blackangels.bandcamp.com/album/wilderness-of-mirrors

https://theblackangels.com/

https://www.facebook.com/theblackangels.tx








jeudi 22 septembre 2022

CHICO CESAR "Vestido de Amor" (Zamora Prod) – 23 septembre 2022

Ex journaliste, le brésilien Chico César est devenue un chanteur, compositeur et poète. Pendant ses années d’étude de journaliste, il fait également parti du groupe de poésie d’avant-garde Jaguaribe Carne. Ensuite, au début des années 90, il créé le groupe Cuscuz Clã (nom qui sera le titre de son 2ème album solo) et commence à se produire à Sao Paulo dans la discothèque Blen Blen Club. En 1995, il sort son premier album solo titré Aos Vivos. De par son diplôme en journaliste obtenu à l’Université fédérale de Paraíba, Chico César a le regard affuté pour écrire sur l’environnement, les minorités opprimées, les Indiens et les Noirs, victimes d’un racisme qu'il a subi lui-même. En plus de la chanson et de la poésie il a aussi écrit des livres. De par ses engagements, en mai 2009 il devient président de la Fondation culturelle John Person (Funjope) et depuis janvier 2010 il est Secrétaire de la Culture de l'État de Paraíba. Avec Jais Bolsonaro président du Brésil depuis 2019, il a de quoi écrire, notamment sur la déforestation intensive de l’Amazonie que le président Bolsonaro laisse faire sans scrupules, face au dérèglement climatique de la planète et pour l'argent roi.

Pour son nouvel et 10ème album studio enregistré pour la première fois en dehors du Brésil, en l’Uruguay et en France, Chico César à surtout écrit sur l’amour, la paix, la fraternité, soit des thèmes universels. Son titre Vestido de Amor qui signifie "Habillé d’amour" et non pas "Vertige de l’amour" chanté par le regretté Alain Bashung, dont sa présence n’est pas absente, car Jean Lamoot, le producteur de l’album, a été le collaborateur d’Alain Bashung. Comme sur ses précédents albums, Chico César mélange les styles de musiques (forro, reggae, rumba zaïroise, calypso, bossa, latino, pop) pour en faire un métissage personnel, où le lien est la danse sous toutes ses couleurs. Avec le timbre de sa voix, la rythmique de sa musique, il est clair qu’on est instantanément dans les îles exotiques, bien loin de la grisaille des villes industrielles. Le morceau titre Vestido de Amor est un tube d’été en puissance, avec sa mélodie pop entrainante et fédérateur. Évidemment, le style joyeux de sa musique est un prétexte pour mieux faire passer ses messages, surtout les plus pessimistes, dut au constat des horreurs que peut faire l’homme vis-à-vis de son semblable et de son environnement. La mélancolie, n’est pas en reste, avec la présence de morceaux plus intimes, pour faire corps avec son compagnon ou sa compagne, notamment sur le morceau Amorinha. Parmi les 11 nouvelles compos de l’album, notons la présence du chanteur malien Salif Keïta sur SobreHumano et le compositeur franco-congolais Ray Lema sur Xango Forro e Ai. A l’image de sa pochette fleurie avec la couleur rose qui évoque la tendresse, la grâce, l’envie de plaire, d'être aimé, l’amitié, la romance, la féminité, Vestido de Amor est l’union entre la danse, la séduction, l’amour et surtout la paix, le "vivre ensemble". Laissez-vous emporter par les compos ensoleillés de Chico César, et si vous êtes timide, commencez par le morceau Bolsominions qui a tous les arguments pour ouvrir le bal.

Chico César sera en concert le 14 octobre 2022 au Café de la Danse à Paris

https://chicocesar.com.br/

https://www.facebook.com/OficialChicoCesar/