TCHEWSKY & WOOD : Leur Top 10 en musique

Le 10 juin prochain, le trio rennais Tchewsky & Wood va publier son deuxième album titré Silent Partners (Reptile music). J’en parlerais en détail, mais je peux déjà dire qu’il est aussi percutant que le précédent album Live Bullet Song (2019), qui m’avait bien retourné, tout comme l’EP Chapter One (2018). Pour en savoir plus sur Tchewsky & Wood et sur cet album, j’ai fait une interview en deux parties qui a été publiée dans Abus Dangereux n°151 (juillet 2019) et Persona n°9 (été 2019). En attendant de découvrir l’album (pour l’instant il y a le morceau Pier 28 de disponible avec son beat électro porté par la voix chaude et féline de Marina), j’ai demandé à Marina Tchewsky (textes et voix), Gaël Desbois (machines et batterie) et Maxime Poubanne (guitare et basse) de me donner leur TOP 10 musique, exercice très périlleux, car il faut faire des choix drastiques qui changent tous les jours selon l’humeur du moment.

Votre morceau intemporel ?

Marina: The Good Lie de Warhaus (PIAS) - 2016. Je suis total fan de ce groupe.

Gaël: Jubilee Street de Nick Cave - 2012

Maxime: Blue Monday de New Order (Factory Records) - 1983

Votre album culte de tous les temps ?

Marina: Comme souvent, c’est un artiste découvert pendant l’adolescence, je dirais donc l’album Grupa Krovi du groupe soviétique Kino, sorti en 1988.

Gaël: Astral Weeks de Van Morisson (Warner Bross) - 1968

Maxime: Wolfgang Amadeus de Phoenix (V2) - 2009

 

Le single parfait de tous les temps ?

Marina: Pour m’en tenir au jour d’aujourd’hui, ce seraient les titres de Ctasik, artiste ukrainienne magnifique, ou alors La flemme de danser de Murman Tsuladzé.

Gaël: Da da da  du groupe allemand Trio (Mercury) - 1982

Maxime: Ice Cream de Battles (Warp records) - 2011

L’album/single d’un artiste/groupe français qui vous émerveille ?

Marina: Comme ça me vient: Fantazio, Meryl, Bertrand Belin, Alain Bashung, Canine, Jeanne Added, Marie-Henri.

Gaël: L’imprudence d’Alain Bashung (Barclay) - 2002

Maxime : Comtesse de Surnage - 2019

Vous avez commencé votre carrière en faisant la première partie de la reformation de Marquis de Sade en 2017. Quel est votre disque préféré (LP ou single) de Marquis de Sade ou Marc Seberg ?

Marina: Dantzig Twist (particulièrement fan de Japanese Spy s’il ne fallait citer qu’un titre) de Marquis de Sade (Pathé) - 1979

Gaël: L’album 83 de Marc Seberg (Virgin) - 1983

Maxime : Quelque chose, noir Marc Seberg (une première écoute très surprenante car c'est un 45T au format 33T que j'ai donc commencé par écouté en 33… pendant quelque temps!)

Le nouvel album titré Silent Partners évoque 10 portraits de femmes, dont la reprise Dancing Barefoot de Patti Smith Group. Votre album ou single féminin préféré ?

Marina: Tous les albums de Michelle Gurievich

Gaël: A South Bronx Story de E.S.G. (Universal Sound) - 2000 (NDLR: Ce disque est une compilation publiée en 2000 par Soul Jazz Records. Cette compil contient les premiers enregistrements d’ESG de 1981-1983, dont l’EP You’re No Good publié en 1981 sur le label Mancunien Factory Records. Cette compilation a permis à de nombreuses personnes de découvrir ce groupe -les membres d’ESG sont de la même famille- de funk et d’after punk du Bronx, dont le tube Dance résonne encore dans les jambes et relancer leur carrière dans les années 2000, avec la publication de deux albums. N’oublions pas le split single Erase You avec Las Kellis.)

Maxime: Honeybee Girls de Shannon Wright (Vicious Circle) - 2009

Marina, tu as des origines Russe. Quel est ton disque préféré réalisé par un artiste Russe ?

Marina: Tous les disques de Kino! Je connais très mal la scène russe actuelle, j’en suis très éloignée donc mes références datent un peu. Je viens quand même de découvrir Shortparis, qui a de très beaux morceaux à charge contre la politique assassine de la Russie, et des clips aussi bouleversants que poétiques.

Quand j’écoute votre musique, je ne peux pas m’empêcher de penser au son new wave, indus EBM des années 80. Votre disque des années 80 préféré ? 

Marina: Au risque de me répéter… Kino ! Allez, pour changer un peu: A Way of Life de Suicide (Accord) - 1988. (NDLR : Ce disque fait partie de mes albums cultes. Ma chronique ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2021/04/suicide-way-of-life-accordmusidisc-13.html )

Gaël : Closer de Joy Division (Factory Records) - 1980

Maxime : Doolittle de Pixies (4AD) - 1989

 

Votre pochette de disque la plus classieuse ? 

Marina: La pochette de l’EP I de Cigarettes After Sex - 2012

Gaël: Unknown Pleasures de Joy Division (Factory Records) - 1979

Maxime: Blood Pressures de The Kills (Domino) - 2011

Le morceau parfait pour passer un agréable moment avec la personne qu’on chérie le plus ?

Marina: Pour un moment très agréable, Look de Sébastien Tellier (Record Makers) - 2008

Gaël: Love and Happiness de Al Green (London Records) - 1972

Maxime: Amoureuse de Véronique Sanson (coucou chérie !) - (Elektra) - 1972

https://tchewsky-wood.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/TchewskyAndWood/

LAIBACH "Wir Sind Das Volk" (Mute Records/PIAS) – 25 mars 2022

Wir Sind Das Volk (Ein Musical aus Deutschland) est le titre d’un spectacle créé en 2019 par la metteuse en scène allemande Anja Quickert (elle dirige la Heiner Müller Gesellschaft) et le groupe slovaque Laibach. Le spectacle, basé sur les écrits du dramaturge Heiner Müller (1929-1995), mélange théâtre et musique. La première a eu lieu au Théâtre HAU de Berlin le 8 février 2020, suivi de deux autres représentations, avant que la pandémie n’interrompe temporairement les représentations. Le texte de Wir Sind Das Volk est écrit/chanté en allemand, mais Laibach a produit une version slovène du projet, pour l’ouverture du Festival Klagenfurt à la fin d’août 2021. En attendant de voir d’autres représentations, en espérant un passage en France, la musique est sorti en CD et en numérique. La version vinyle sortira en juin. La pochette, ainsi que les photos du livret en noir et blanc, tous dans l’esprit visuel de Laibach, sont du photographe Gottfriend Helnwein, qui a notamment réalisé en 1982 une pochette iconique du hard rock, c’est Blackout de Scorpion. C’est la tête du photographe qu’on voit hurler sur la pochette de Blackout. On voit souvent des enfants dans les photos de Gottfriend Helnwein, dont celui-ci titré Epiphany I and Epiphany II. Cette photo reflète bien le titre de l’album qui signifie "Nous sommes le peuple".

L’album Wir Sind Das Volk (Ein Musical aus Deutschland) est réparti en deux enregistrements, l’un en studio, l’autre en live, soit plus de 70 minutes de musique. Ici le style martiale, lyrique, renforcé par le chant en allemand est de rigueur. Ici, on évite le côté kitch limite chanson pour le concours de l’Eurovision, style présent dans les dernières productions de Laibach. Avec Wir Sind Das Volk, on retrouve le style industriel du groupe, avec un côté lyrique et funèbre en prime. La voix de la chanteuse Marina Mårtensson est magnifique, elle donne un joli relief à la musique, parfois proche du classique. La voix de Milan Fras vient apporter avec son timbre grave et bien masculine, le contre-pied à la voix de Marina. La partie studio de l’album, -soit les 11 premiers morceaux-, est très musical, très orchestré, même les voix. On est proche de la musique symphonique, prête à partir pour la chasse à courre. La partie live est plus axée sur la voix, sur le phrasé théâtrale. La musique est plus discrète, plus minimale. Cette partie est plus délicate à écouter chez soi, du moins, si on n’a pas vu le spectacle. Mais dans l’ensemble, ce nouvel album est d’un bon crut. Les amateurs de Laibach et de Einsturzende Neubauten, ne seront pas déçus à l’écoute de Wir Sind Das Volk (Ein Musical aus Deutschland).

Chronique de l’album Bremenmarch Live at Schlachthof 12.10.1987 ici: https://paskallarsen.blogspot.com/2020/10/laibach-bremenmarch-live-at-schlachthof_31.html

https://www.laibach.org/

https://laibach.bandcamp.com/album/wir-sind-das-volk