samedi 6 janvier 2024

DAVID SOUL: 1943 - 2024

L’acteur David Soul nous a quittés le jeudi 4 janvier à l’âge de 80 ans, suite à une longue maladie. On connait David Soul pour son rôle dans la série TV, Starsky et Hutch, série emblématique de la télévision des années 70. Avec Paul Michael Glaser dans le rôle de Starsky, David Soul dans le rôle de Hutch, ont formé pendant les quatre saisons (93 épisodes) de la série tournée de 1975 à 1979, un duo  de flic au look décontracté (jean, chemises col pelle à tarte et basket !). A la différence de séries urbaine tels que Kojak, Mannix, Les rues de San Francisco, Strarsky et Hutch forme un duo de flic qui s’habille comme les jeunes américains des années 70. Ici pas de costume bien coupé, mais des vêtements limite hippie, qu’on trouve depuis les années 90 dans les magasins de fripe, vintage. N'oublions pas aussi les tenues flashy d'Antonio Fargas, Huggy les bons tuyaux. Notre duo est plus Serpico que Steve McGarrett de la série Hawaï police d’état. La série est également dynamique, bien funky et n'oublions pas la voiture modèle Ford Gran Torino couleur rouge, qui a marquée les esprits. Bref, Starsky et Hutch apporte en 1975 un genre nouveau et séduit immédiatement les téléspectateurs du monde entier. En France, la série n’arrive qu’en 1978 (le 11 juin) sur TF1. Elle est diffusée le samedi soir à 22h. De 1982 à 1984, elle sera diffusée le dimanche à 13h25. C’est lors de ses nouvelles diffusions que le générique est changé. Fini la version instrumentale de Lalo Schifrin et place à une version chantée en français par Lionel Leroy. Ce nouveau générique va plus populariser la série auprès des téléspectateurs français. Le 45 tours va se vendre comme des petits pains.  A noter que le doublage en français est assuré par deux grands acteurs, Jacques Balutin pour Starsky et Francis Lax pour Hutch, qui ont à leur niveau contribué au succès de la série sur le sol français. A noter, que du côté diffusion des saisons complètes, c’était un peu le cafouillage, il faudra attendre les éditions DVD pour voir tous les épisodes dans l’ordre de la diffusion original.

Mais David Soul n’a pas été que Hutch dans sa carrière d’acteur. Avant d’avoir ce rôle, il a joué dans de nombreuses séries, Flipper le dauphin, Star Strek, L’Homme de fer, Les rues de San Francisco, Cannon, ainsi qu’au cinéma. Parmi ses rôles, notons celui de John Davis dans le film Magnum Force de Ted Post. Ce film réalisé en 1973, est le deuxième épisode de la franchise L’Inspecteur Harry interprété par Clint Eastwood. Notons aussi le film Rendez-vous avec la mort réalisé en 1988 par Michael Winner (Un Justicier dans la ville). Dans ce film, David Soul interprète Jefferson Cope, il a en face de lui le célèbre détective Hercule Poirot interprété par Peter Ustinov.

David Soul a aussi une autre corde à son arc, celui de chanteur de pop folk, teinté de country music, le tout au style balade romantique pour passer une soirée lounge en duo. En France cette facette de son talent restera discret, malgré quelques apparitions à la télé avec sa guitare sèche (notamment dans Récré A2 – vidéo ici : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i04149650/david-soul-christopher-david-and-the-ladybug-of-love). Mais aux États-Unis il aura un public. Il a publié quatre albums, un best-of et de nombreux 45 tours. Avec la disparition de David Soul, c’est une époque de la pop culture de la télé qui s’éteint.







vendredi 5 janvier 2024

PIERRE DESPRATS "Conann" (UFO Edition) – 2 décembre 2023

Des associations constructives entre des réalisateurs et des compositeurs, il y en a de bels exemples : Alfred Hitchcock et Bernard Herrmann, Federico Fellini et Nino Rota, Sergio Leone et Ennio Morricone, Dario Argento et le groupe Goblin, Sam Peckinpah et Michael Winner avec Jerry Fielding, François Truffaut et Georges Delerue, David Cronenberg et Howard Shore, John Carpenter et John Carpenter, Peter Greenaway et Michael Nyman, David Lynch et Angelo Badalamenti, Claude Lelouch et Francis Lai, Steven Spielberg et John Williams. On peut rajouter à cette liste (non exhaustive) Bertrand Mandico et Pierre Desprats. Leur collaboration a commencé en 2017 avec le film Les Garçons sauvages, suivi en 2021 sur After Blue et maintenant tout chaud, Conann. Il n’est pas facile de mettre en musique le monde étrange et très visuel de Bertrand Mandico, réalisateur à part dans le cinéma français. On peut à cet égard rapprocher leur union à celle de David Lynch avec Angelo Badalamenti. Le film Conann est une nouvelle étape, dans l’art de raconter une histoire. Déjà Conan n’est plus un guerrier (on a tous en tête la musculature de Arnold Schwarzenegger), mais une guerrière devenue Conann avec deux "n". Pour interpréter ce personnage devenue féminin, ce n’est pas une actrice, mais six actrices qui endossent le rôle pour jouer une décennie de la vie de cette guerrière. L’actrice Françoise Brion (âgée de 90 ans -depuis les années 50, elle a traversé tout le cinéma français) joue la dernière étape de la vie terrestre de Conann la barbare.

Pierre Desprats commence comme batteur dans des groupes de hardcore de la scène toulousaine (je n’ai pas trouvé les noms de ses groupes HC). C’est au Cinésup de Nantes (école de cinéma et de l’audiovisuel pour la préparation aux grandes écoles de cinéma) qu’il débute son travail sur la musique en studio, approfondi avec le Groupe de Recherche et d’Improvisation Musicale (GRIM), puis des études au prestigieux Louis Lumière (à Saint-Denis) en section son et scénographie sonore. Il finit ces études à l’Université de Montréal, section Art Numérique. Après ses années d’études, place à la pratique avec la composition pour des courts et longs métrages, le théâtre (notamment pour le metteur en scène Philippe Quesne). Avec ses études sur le son, Pierre Desprats a en poche le savoir-faire pour à la fois rassembler et malaxer le son selon les projets. Tel un sculpteur, le son est matière, il faut savoir lui donner forme avec sensibilité et personnalité. Sa collaboration avec Bertrand Mandico lui permet de sortir en lui tous les sortilèges, ambiances froides, industrielles (on sent le contact du métal, l’odeur de la soudure), proche de l’électro. Sa partition (avec orchestre !) pour Conann en est un bon exemple. Sur les images en noir et blanc du film qui nous évoques les longs métrages de Murnau et Fritz Lang, la musique électronique mélangée avec des instruments analogiques de Pierre Desprats apporte un climat froid, répétitif, mécanique, mais aussi organique, sensuelle, en état de méditation, proche du sacré. Le morceau d’ouverture a pour titre Traverser le voile, c’est justement ce qui va se passer avec la B.O. Un voyage en terre peuplé de spectres et de punks échappés de Mad Max versus R.W. Fassbinder. Parmi les instrumentaux, il y a trois morceaux chantés et écrient par la rappeuse camerounaise Kelly Rose (également dans le trio Uzi Freyja) et Misery interprété par Barbara Carlotti avec une touche "cabaret de traviole". Les morceaux suivants, titrés le Serpent, Cuisiner la reine, font penser à la musique de Michael Nymann pour le film de Peter Greenaway, Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant (1989). Pour ceux qui ont vu le film, la comparaison ne s’arrête pas à la musique, il y a aussi l’image du festin en compagnie du maitre de cérémonie, Christophe Bier. L’ensemble est finalement éclectique, et devrait à la fois plaire aux amateurs de musique industrielle école Coil, qu’à l’amateur d’électro organique, de musique contemporaine avec une touche de classique. Le tout avec un peu de rap et d’effets sonores pour la réussite d’une belle B.O.F. Il faudra malgré tout, plusieurs écoutes pour apprivoiser les trouvailles de Pierre Desprats !

L'album est disponible en numérique sur les plateformes et en édition vinyle limitée à 350 exemplaires.

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