mardi 19 décembre 2023

SERVO "Monsters" (Exag Records/Le Cèpe records) – 1er décembre 2023

Le trio rouennais Servo a de la suite dans les idées. Déjà le nom du groupe qui se prononce "cerveau" (élément récurant du cinéma Bis-Z d’horreur des années 50-60) et les titres de leurs albums : The Lair of Gods avec le mot "Dieu" sorti en 2016, Alien (2020), titre du film SF de Ridley Scott et là tout chaud, tout nouveau, Monsters, titre qui évoque le cinéma d’horreur ou fantastique. D’ailleurs la pochette de Monsters pourrait être un des passages du film L’Homme qui rétrécit de Jack Arnold (1957), où le chat est devenu énorme pour le personnage Scott Carey (interprété par Grant Williams) qui continu de rétrécir au fil de l’histoire. L’animal domestique qui aime les câlins, fini par devenir un monstre quand sa nature de félin prend le contrôle sur la proie, ici son maitre qui a la taille d’une sourie.

"L’Homme qui rétrécit" de Jack Arnold (1957)

Servo a pris naissance en 2014. Le trio est composé d'Arthur Pierre (voix, guitare), Louis Hébert (basse) et Hugo Magontier (batterie). Ensemble, nos jeunes musiciens composent des morceaux qui n’hésitent pas à faire le grand écart entre le style hardcore noise, le rock 70 maléfique, le Gothic cold wave habité. Le son de Servo est live et intense. Avec eux on n’est pas au pays des Bisounours, et c’est tant mieux. La rythmique guitare/basse/batterie est dans le rouge noir. La voix caverneuse d’Arthur Pierre amplifie l’ambiance Gothic rock-batcave pour cave humide. On pense à Killing Joke-Jaz Coleman, The Cult, Red Lorry Yellow Lorry, notamment sur le morceau Glitch 2.1. Il y a dans leur musique, un côté guerrier, on part on front, notamment sur le morceau Day and night monsters, qui est une sorte péplum noise indus. Un petit Interlude religieux, histoire de faire une courte pause avant le morceau Pearks qui mouline des riffs sombres et emportés. Bienvenue dans l’antre de Dracula ! Le trio Servo est bien soudé pour nous concocter des morceaux qui ont du coffre, du souffre, de l’adrénaline. Écouter Monsters n’est pas de tout repos, c’est ce qui fait sa force. Une fois entré dans leur demeure (pas encore en ruine), on y reste par pur masochisme, pour en prendre plein les oreilles, plein les entrailles qui ont besoins de se régénérer. Dans le paysage rock en France, Servo est vraiment à part avec ses compos maléfiques sous acid. Ils se sont réappropriés le Gothic rock en mettant les pieds dans le plat. Avec eux, on ne fait pas semblant, pas de chichi, on fonce !  Tremblez faibles terriens !


https://servo1.bandcamp.com/album/monsters-2

https://www.facebook.com/servotheband/




lundi 18 décembre 2023

HYPERCULTE "La Pangée" (Les Disques Bongo Joe/L’Autre Distribution) – 8 décembre 2023

Hyperculte est un duo Suisse de Genève qui existe depuis 2013. Au sein du duo il y a Simone Aubert (chant, guitare, batterie) et Vincent Bertholet (Contrebasse, chant). En parallèle à Hyperculte, Simone et Vincent jouent également dans des groupes importants qu’on aime ici : les groupes Massicot (1) et Tout Bleu (2) pour Simone, l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp (3) pour Vincent. La Pangée est le troisième album studio de Hyperculte. Le duo l’a enregistré en deux sessions de cinq jours à La Baume-Cornilliane dans le studio Les Disques de Plomb de et avec Johan Caballé. A noter que le lieu de l’enregistrement, La Baume-Cornilliane (situé en région Auvergne-Rhône-Alpes, département 26) à donner l’inspiration pour le titre de l’album. Il y a 200 millions d’années, la commune de La Baume-Cornilliane était l’épicentre d’une terre (appelé la Pangée) avant d’être divisé en petits continents. Hyperculte compose une musique hybride qui mélange avec style, post punk, art rock, transe électro indus. L’ensemble est énergique, tendu et tout en rythme. A deux, ils ont autant à donner que cinq musiciens. Leur musique fait un peut penser à The Ex (à noter que Hyperculte c’est à la base formé en urgence en décembre 2013, pour assurer leur première partie), Lizzy Mercier Descloux pour le groove tribale arty, The Raincoats, The Slits pour la rythmique after punk, La Jungle (avec lequel, en 2020, ils ont fait un split single) pour la liberté de style. Les paroles, souffles, cris, sont en français, elles percutent instantanément nos neurones sous le fracas des percussions pas sages. On est immédiatement absorbé par l’énergie communicative déployée par Simone et Vincent, en totale couple sauvage tout en fusion. Ce nouvel album de Hyperculte est la belle surprise sonore de la fin d’année 2023.

(1): Chronique de l’album Kratt de Massicot ici: https://paskallarsen.blogspot.com/2020/06/massicot-kratt-les-disques-bongo.html

(2): Chronique de l’album Otium de Tout Bleu ici:https://paskallarsen.blogspot.com/2021/12/tout-bleu-otium-les-disques-bongo.html

(3): Chronique de l’album We' re OK de l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp ici:https://paskallarsen.blogspot.com/2021/07/orchestre-tout-puissant-marcel-duchamp.html

https://hyperculteband.bandcamp.com/album/la-pang-e

https://www.facebook.com/hyperculte