J’ai découverts la chanteuse Sammi Smith dans Rock & Folk n°655 mars 2022, rubrique Rééditions signée par Nicolas Ungemuth. La pochette de cette compilation m’avait déjà interpelé chez Gibert Joseph St Michel à Paris. J’aime ce style de photo en noir et blanc qui respire les années 60. La chronique de Nicolas Ungemuth est dithyrambique : « une anthologie de vingt-quatre titres. Rien à jeter, ton est bon ». Avec un tel enthousiasme, l’achat du CD s’impose, d’autant que le prix de 13 euros et quelques centimes est très correct, surtout que la compilation dure plus de 77 minutes. Comme le label londonien Ace Records fait bien les choses, à l’intérieur du boitier CD il y a un livret de 12 pages couleurs, rédigé par Bob Stanley, membre de l’excellent groupe indie pop Saint Etienne.
Sammi Smith (1943-2005) est une chanteuse de country music stylée à point. Avec elle, on n’est pas dans la country plan-plan destiné aux cowboys lambda. Non, son style musical est joliment orchestré et classieux comme il faut. Avec elle on est dans la lignée de Bobbie Gentry, Dusty Springfield époque Dusty In Memphis, Lee Hazlewood & Ann-Margret, Burt Bacharach, The Carpenters et Johnny Cash. C’est d’ailleurs Marshall Grant le bassiste de Johnny Cash qui découvre en 1967 Sammi Smith en train de chanter au Someplace Else Night Club du centre-ville d’Oklahoma. Ce qui l’amène à rencontrer Johnny Cash qui va l’aider à signer sur le label Columbia Records, où elle va faire la connaissance d’un certain Kris Kristofferson qui n’a alors composé qu’un single publié par Epic. Il publie son premier album en 1970 et son premier rôle au cinéma est dans le magnifique The Last Movie (1971) de Dennis Hopper, film découverts en France en 2018.
Sammi Smith va publier sur Columbia ses quatre premiers singles, dont le magnifique morceau Brownville Lumbery Ard (1969), ensuite elle signe sur le jeune label de Nashville Mega. Son single He’s Everywhere/This Room For Rent (1970) est la première publication de Mega. En 1970 elle obtient deux succès dans les charts country avec He’s Everywhere et surtout avec Help Me Make It Through the Night, chanson composé par Kris Kristofferson qui lui vaut un disque d’or. Ces deux morceaux sont évidemment dans la compilation. Help Me Make It Through the Night est une ballade mélancolique qui donne la chair de poule. Les arrangements avec les violons tout en velours permettes à la voix de Sammi Smith d’entrer dans la baie des anges, l’âme portée vers les étoiles. Jusqu’en 1976 elle va avoir de nombreux morceaux classés au Top 40 des hits country. Après quelques changements de labels (Mega c’est arrêté en 1976), les années 80 seront moins glorieuses. La musique sera en second plan pour une cause qui lui tient à cœur de par ses origines. Car, petite particularité, son père est blanc et sa mère est apache. Après avoir eu quatre enfants avec deux maris, elle adopte deux fils apaches. En 1979 elle déménage en Arizona et s’implique dans les causes amérindiennes et travaille pour les Apaches.
Découvrir
en février 2022 la musique de Sammi Smith
est un cadeau tombé du ciel. C’est mieux que les bombes, -une pensé aux
habitants, aux civils de l’Ukraine, actuellement mit à rude épreuve face à l’invasion
Russe-. Sa voix, sa musique ont une dimension cinématographique qui vous envoie
à une certaine idée de l’Amérique qu’on aime, celle où l’art (cinéma, musique,
littérature, photographie, peinture) nous aide à mieux vivre sur terre, sans
haine, sans mots vulgaires tels que, "Nationalisme", "Le grand remplacement". Sammi Smith, ayant à moitié le sang
apache, savait, comprenait ce que c’était l’exclusion, le racisme, voler, posséder la terre. Avec en mémoire
ses réserves indiens créé par les hommes blancs. Ainsi, pour aider à donner un peu de
paix dans son quotidien, la musique et la voix de Sammi Smith est un bon remède.
Sa musique country est classieuse, pas l’ombre d’un son, d’un riff ringard, c’est juste l’excellence des grands compositeurs pour l’art de faire des
arrangements soignés aux mélodies imparables. Mais surtout, c’est la voix de Sammi Smith qui fait des étincelles, que la magie fait son effet. Elle est digne d’entrer au panthéon
des voix célestes. Sa voix a un côté soul rural, a du blues,
auquel on tombe immédiatement sous le charme. J’espère qu’il en sera de même
pour vous. Du moins après Nicolas Ungemuth, je fais à mon tour le passage de relais...
https://acerecords.co.uk/looks-like-stormy-weather-1969-1975
https://www.discogs.com/fr/artist/444574-Sammi-Smith?type=Releases&filter_anv=0