lundi 26 juillet 2021

REVUE TRAKT "Brute et singulière"

Couverture du n°14 (juin 2021)

Il y a quelques mois, en parlant de la revue White Rabbit Dream (chroniqué ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2021/05/white-rabbit-dream-la-violence-volume-4.html ) à l’ami Jean-Michel Chesné, il me dit en voyant la mise en page que ça lui évoque la Revue Trakt. Le temps est passé, et je n’ai plus pensé à cette revue. En allant à La Halle Saint Pierre à Paris, situé juste à côté du Sacré Cœur, voir l’excellente exposition sur Stéphane Blanquet, avec en prime une sélection d’artistes qu’il aime, je découvre à la librairie du musée (tenu par Laurence et Pascal) cette revue papier. J’achète le numéro 11 sorti en juillet 2020. Je n’ai pas trouvé le n°14 daté de juin 2021.

Ody Saban au sommaire du n°14

Revue Trakt est consacrée à l’art brut, l’art singulier et outsider. Le premier numéro (aujourd’hui épuisé) est sorti en mars 2017. La revue est gérée par Bernadett Mary Gridelet (directrice de la publication et communication) et Sébastien Russo (mise en page, concepteur et rédacteur en chef). Parmi les contributeurs extérieurs, notons la présence de Bruno Montpied (1) avec ses articles érudits consacrés aux environnements et aux « artistes » bruts et populaires. La revue se veut être en marge des revues d’arts officiels, surement Art Press, Beaux Art, mais impossible de ne pas faire de rapprochement avec Artension et Hey ! disponibles en kiosques et musées. Revue Trakt est voisine des publications du musée de La Création Franche (à Bègles) avec sa revue Création Franche, dont le n°52 date de juin 2020.

Le papier de Revue Trakt est épais, glacé et brillant, l’impression est en couleur. Le texte est écrit en gros caractères, la revue pense aux lecteurs de plus de 50 ans qui n’ont pas encore changé leur paire de lunette. La mise en page est aérée, ce qui permets aux photos, illustrations d’être mi en avant, ce qui est bien pour une revue sur l’art et les artistes. Juste pour pinailler un peu, je trouve qu’on sent trop le logiciel informatique (avec ses gadgets dans son menu) dans la mise en page impression offset. Cela me fait le même effet qu’avec les trucages numériques dans un film. Ainsi la patine, la main, le bricolage artisanal me manque dans ce papier chic et glacé. Ici on n’est pas dans le fanzine du style Gazogène


Couverture du n°11 (juillet 2020)

Mais le plus important reste le sommaire avec ses articles, interviews et news sur les expos (galeries, musées) et lieux de culte (environnements du bord des routes). Le sommaire donne une grande place aux artistes d’art singulier (= artistes qui sont inspirés par l’art brut, ou du moins ont de bonnes connaissances dans ce domaine) qui exposent dans des galeries pour vendre leurs œuvres. Mais la vente n’est pas évidente, car il y a beaucoup d’artistes dans le créneau (fourre-tout ?). 

Les sculptures naïves de Bernard Javoy

Dans ce numéro 11, que je viens de finir de lire, il y a au sommaire : Danielle Jacqui (La maison de celle qui peint à visiter du coter de Roquevaire -13-), Le musée des bouteilles décorées par les époux Beynet, les figures de papiers de Joël Bastard, un retour en flyers sur l’atelier Jacob, le DVD du documentaire André et les Martiens réalisé par Philippe Lespinasse, l’artiste naïf Bernard Javoy (1925-2010), une archive de 1995 d’une interview de Jean-Claude Caire qui publiait avec son épouse Le bulletin de l’association des amis de François Ozenda, disponible uniquement par abonnement. Puis place à l’art figuratif avec un article sur Robert Combas écrit par sa femme Geneviève, une interview du peintre Jean-Noël Laporte, un article en forme de poésie sur le peintre et sculpteur Loren, et pêle-mêle : Lola Rastaquouere, Gilles Lizanet, Manou, Philipp Hugues Bonan, Shaman, Miss Paillette. Le tout sur 84 pages pour la somme rondelette de 10 euros.

La revue est disponible sur le site internet (lien ci-dessous) et dans quelques lieux dédiés à l’art singulier. Soutenons le support papier !

Les bouteilles décorées des époux Beynet @ ph Bruno Montpied

(1) : Interview de Bruno Montpied ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/10/bruno-montpied-lexplorateur-des-jardins.html

https://www.revue-trakt.com/

https://www.facebook.com/revuetrakt/




dimanche 25 juillet 2021

LE GOUX ACIDE DES CONSERVATEURS "Iskachrome" (ERR : REC) – 18 avril 2020


Formé en 2016, Le Goût Acides des Conservateurs est un duo (après avoir été trio) synth-wave et cold d’Evreux, avec aux commandes Frédérique Louvat (voix, basse, percussions) et Yann Lélias (synthétiseurs analogiques, boite à rythmes). Iskachrome est leur premier album, il fait suite à un CDR 4 titres et une K7 2 titres. L’album étant sorti pendant le premier confinement, avec aucuns concerts pour le soutenir, autant dire que ce premier rendez-vous avait comme un arrière-goût « manqué » qu’on va essayer de rétablir. Car, si vous êtes amateurs de musique synthétique, électronique dans un style new/cold wave/indus minimale, avec un chant posé en anglais à l’accent français charmant et parfois des textes en français, vous allez entrer immédiatement en relation avec les 8 compos gravés sur l’album. 

Ici il n’y a pas un florilège de sons et d’effets, non, juste le nécessaire lo-fi pour percuter nos oreilles éveillées. La patine sonore du duo est au top. On se croirait dans le nord, quelque part perdu la nuit dans le parking d’un centre commercial, ou au bord d’une zone en friche. Il y a une forme de mélancolie brumeuse qui s’installe lentement pour finir en apothéose dans les 9 minutes de l’instrumental Oubliette. Quelque part en périphérie de Grauzone, Deux, Kas Product, Moderne, Dopplereffekt, The Hacker, Artpanet, The Cure (période Faith) la musique robotique et mélancolique de Le Goût Acides des Conservateurs donne le pas sans se retourner. Nous sommes en 2021, la musique synth-wave du duo est jeune, moderne et magnifique. A bon entendeur ! A oui, pour clore la chronique, notons le magnifique visuel très graphique de la pochette réalisée par Bolanile Maté qui gère avec Gilles Maté depuis 2015 le label ERR : REC.


https://err-rec.bandcamp.com/album/iskachrome

https://www.facebook.com/legoutacidedesconservateurs/

https://www.err-rec.com/




NICHOLAS CARRAS "The Doll Squad" (Modern Harmonic) – 30 juillet 2020


The Doll Squad (Superflics en jupons en VF) est un film américain de Ted V. Mikels (1929-2016) sorti sur les écrans en 1973. Parmi la trentaine de films réalisée par Ted V. Mikels, son plus célèbre est le film The Astro-Zombies (1968) avec John Carradine (1906-1988).

The Doll Squad est un film d’action mené par des séduisantes actrices qu’on imagine sorties d’un James Bond non officiel (comme un bootleg dans l’édition du disque) ou d’une BD sexy pop. Ce film a surement inspiré la série TV Drôles de Dames (Charlie’s Angels en VO) et, évidemment le cinéphile du bis, Quentin Tarantino, notamment pour son film Boulevard de la mort (2007). The Doll Squad, réalisé avec un petit budget, destiné au double programme des drive-in est à classer dans la zone du nanar et du défoulement visuel qui ne demande aucune réflexion.  



Synopsie :

L’agent de la CIA Connolly (Eisley) nomme Sabrina (York), chef d’un groupe de cinq femmes galbées choisies individuellement par ordinateur. Code a nommé The Doll Squad, ils contrecarrent les efforts d’un fou qui travaillait autrefois aux côtés de Sabrina comme un agent de la CIA qui est devenu un entrepreneur pour renverser les gouvernements mondiaux. Son plan est de libérer les rats infectés par la peste bubonique.


Cette chronique n’est pas destinée à donner une critique du film, le site Nanarland l’a fait. Voir le lien plus bas. Le film est visible sur YouTube et en DVD, inclut notamment en bonus dans la réédition en vinyle de la B.O. composée par Nicholas Carras (1922-2006). C’est la musique qui nous intéresse ici. 


 

Sur l’insert extérieur du vinyle publié par le label de Nashville Modern Harmonic, il est écrit en grosses lettres : "Bass, organ, wah wah, va-va-voom !". C’est un bon slogan qui résume la musique de Nicholas Carras. Ici, sa partition pulse, groove en mélangeant jazz et pop funky. On est dans l’esprit de Lalo Schifrin, Roy Budd, Quincy Jones et d’un générique d’une série TV anglo-saxonne des années 70. Le compositeur américain d’origine grec Nicholas Carras est inconnu des radars. Il y a fait une dizaine de B.O. de films bis, édités sur Modern Harmonic (She-Demons, High School Caesar, Missile To The Moon), quelques musiques pour des séries TV (Le Fugitif, Cannon, The F.B.I., Lassie). Il a créé la société La Ronde pour vendre ses compositions  de Library Music aux entreprises hollywoodienne, bref Nicholas Carras travaillait sur commande tout en gérant son bizness. Pour le score de The Doll Squad, le compositeur est accompagné d’un orchestre de jazz composé de cuivres, de bois, de percussions, piano, orgue, saxophone, flute et guitare électrique avec pédale fuzz et wah-wah, le tout avec des éléments électroniques, donnant ainsi à l’ensemble des titres beaucoup de coffre et une couleur pop et fun juste irrésistible. La musique est bien relevée pour suivre les scènes d’actions de nos jolies héroïnes qui préfère manier le flingue que le sèche-cheveux. A noter qu’entre quelques morceaux il y a de courts extraits de dialogues du film.


Pour résumer le CV de Nicholas Carras, notons qu’il a étudié le violon, l’orchestration, la composition et la direction d’orchestre au Los Angeles Conservatory of Music. Il a fréquenté le Los Angeles City College, le Washington & Lee Univerity et à l’armé il apprend la trompette et le piano. Dans les années 50, il a travaillé pour le compositeur David Rose (1910-1990), connu pour ses B.O. pour les films Opération Jupons (1959) de Blake Edwards avec Gary Grant et Tony Curtis et le western Hombre (1967) de Martin Ritt avec Paul Newman. Nicholas Carras a également travaillé pour le compositeur Georges Antheil (1900-1959).

Pour la petite et longue histoire, il a été marié à Lois Ray Solloway, une marionnettiste et danseuse de claquettes qui a tournée à travers le monde avec Spike Jones, Dean Martin, Jerry Lewis et Frank Sinatra. Aujourd’hui elle est complètement oubliée, il n’y a aucune info à son sujet sur le net.


Comme toutes les sorties vinyles sur le label Modern Harmonic, notons un soin pour l’objet vinyle en impression couleur vive, une belle pochette protégée dans un plastique avec à l’intérieur, soit un poster, un incert avec des photos d’exploitation, un texte explicatif et parfois le DVD du film. Évidemment avec un tel soin, le prix est un peu plus élevé qu’un vinyle simple (environ 32 euros). A noter que toutes les B.O. sont en écoute sur le Bandcamp du label. Bonne écoute !




https://nicholascarras.bandcamp.com/

http://www.modernharmonic.com/carras-nicholas-the-doll-squad-lp-.aspx

http://www.modernharmonic.com/lp-dvd.aspx

https://www.nanarland.com/chroniques/nanars-d-action/pur-et-dur/super-flics-en-jupons.html