mercredi 20 juillet 2022

ABRONIA "Map Of Dawn" (Cardinal Fuzz/Feeding Tube Records) – 20 mai 2022


Lors du concert du groupe Lewsberg au Point Éphémère (le 6 juillet dernier), l’ami Gaël D. me conseille d’écouter le groupe de Portland, Abronia et d’aller les voir en concert le 14 juillet à l’Olympic Café situé dans le quartier de la Goutte D’or. J’écoute les trois albums, dont le dernier Map Of Dawn qui vient de sortir. Dans le style psyché rock, art folk, son du désert, légèrement celtique, médiéval, ça me plait beaucoup. Bref, la date du 14 juillet est calé dans mon agenda.

Et bien, en cette soirée du 14 juillet, ce n’est pas le feu d’artifice côté public, on est juste une quinzaine de personnes dans une salle qui peut en recevoir 200. D’autant que dans Abronia, il y a six musiciens, soit la moitié du public. Bon, le groupe est là, ils ne vont pas se démonter, et vont nous faire une belle prestation live d’une heure, avec au centre de la scène, la chanteuse saxophoniste, Keelin Mayer. Parmi les musiciens (guitares, basse, pedal steel guitar), le batteur barbu Shaver tape sur une grosse caisse claire/tambour de près d’un mètre (32 pouces pour être précis) de circonférence. Je verrais bien cet instrument volumineux dans un groupe industriel du style Test Dept.

Abronia à l’Olympic Café @ Paskal Larsen

La fleur du désert Abronia c’est formé en 2014 sous l’impulsion du guitariste Eric Crespo. Après quelques improvisations qui ont débouchées sur des morceaux psyché un peu perché, où le free rock, le krautrock et les rythmes ésotériques prennent forme, Abronia donne son premier concert le 15 avril 2015. Ces morceaux se retrouvent sur le premier album Obsidian Visions/Shadowed Lands, pratiquement instrumental. L’album est publié en 2017 sur le label indé de Portland Resurrection Records. En 2019, Abronia passe à l’étape supérieur en signant sur deux labels indé importants, l’américain Feeding Tube Records et surtout l’anglais Cardinal Fuzz qui nous fait découvrir d’excellents groupes psyché rock (Hills, The Cosmic Dead, The Oscillation, The Asteroid N°4, The Myrrors, Minami Deutch). 

Leur 2ème album, The Whole of Each Eye (2019) sent moins l’improvisation perché, les morceaux sont mieux construit, plus complexe, montrent le talent, la communion des six musiciens qui apportent chacun leur talent. Ici, le groupe nous invite à un voyage mystique, un peu tribal, entre ciel, terre, sable, en compagnie d’un grand chef indien ou un druide irlandais. C’est clair, il va falloir suivre les aventures musicales de ce groupe psyché avec ses rythmes envoutants et la voix féminine qui évoque la chanteuse Nico sous la lune d’Ibiza. La pochette de l’album est réalisée à partir de collages de photos découpées dans des revues. Abronia va poursuivre cette technique sur la pochette du 3ème album Map Of Dawn. Ce nouvel opus contient 7 morceaux qui confirment le chemin non balisé du psyché rock sous acide, en apportant leur touche personnelle puisé au plus profond de la terre, des traditions. On sent chez eux, la transmission des anciens traverser leur âme pour se faire entendre à travers la musique. Mais ici le côté mystique n’est pas pesant, au contraire, on y adhère instantanément. Le morceau Night Hoarders ouvre le voyage et résume bien la richesse sonore d’Abronia. Ne trouvant plus les mots pour décrire ce que j’entends, je ne peux que vous invitez à écouter la musique d’Abronia, qui apporte une belle pierre, non poreuse à l’édifice du genre "rock psychédélique", créé au milieu des années 60.

https://abronia.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/AbroniaPDX/




mardi 19 juillet 2022

DANI: 1944 - 2022


Danièle Graule, connu sous le nom d’artiste de Dani est décédée à Tours dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 juillet 2022, d’un arrêt cardiaque, à l’âge de 77 ans. Elle venait d’achever la tournée de son bel album Horizons Dorés (1), commencée le 30 septembre 2021 dans la salle devenue tristement mortuaire le 13 novembre 2015, le Bataclan. Pour cette tournée et l’enregistrement de son dernier album, Dani avait retrouvée toute son énergie, sa création artistique, grâce notamment à la jeune artiste Émilie Marsh qui l’accompagnait seule à la guitare électrique sur scène. Le duo Dani et Émilie était comme une transmission de passion pour le rock et la poésie noir entre deux générations. Sur scène l’émotion était au rendez-vous, d’autant qu’il n’y avait pas d’autres musiciens, juste Émilie à la guitare, effets et Dani au chant.

Dani fait partie des chanteuses françaises, mais aussi actrice, qu’on aime pour son style, sa classe, sa gentillesse, sa façon d’être libre, de mener sa vie "comme un boomerang". Ex vendeuse de roses, cette fleur représente le signe de l’amour pour celui ou celle qu’on est prêt à suivre pour la vie. Dani était une rose à la fois noir (ses moments perdus avec la drogue et sa couleur vestimentaire) et blanche (tous les autres moments qui sont plus nombreux). Avec Zouzou et Anna Karina (son tube Roller Girl), la chanteuse Dani représente un style pop rock au charme français, qui traverse les décennies et les frontières. En 2001, Étienne Daho en bon ambassadeur, passeur de musique stylé avait remis à la lumière Dani en sortant des tiroirs le morceau inédit Comme un Boomerang écrit par Serge Gainsbourg, pour la participation de Dani au Concours Eurovision de la chanson 1975, dans l’espoir de faire aussi bien que le tube Poupée de cire, poupée de son, chantée par France Gall qui remporte avec ce morceau, le Concours Eurovision de la chanson 1965 pour non pas la France, mais le Luxembourg. Mais la chaine Antenne 2 qui diffuse ce programme refuse le morceau qu’il trouve agressif et trop sexuel (sic !), pas d’Eurovision en 1975 pour Dani, mais une découverte de ce morceau en 2001, interprété en duo avec Étienne Daho.


Coté cinéma, Dani a jouée pour de grands réalisateurs : La Ronde de Roger Vadim (1964), Quelques messieurs trop tranquilles de Georges Lautner (1973), La nuit américaine (1973) et L’amour en fuite (1979) de François Truffaut, Une affaire de femmes de Claude Chabrol (1988). Notons aussi ce petit polar à la française, Un officier de police sans importance de Jean Larriaga avec Robert Hossein et Charles Denner. Ce film est édité en DVD chez René Château.


Dani nous a quittés, mais les roses et ses chansons resteront là pour toujours.

Dani et Émilie Marsh au Bataclan le 30 septembre 2021 @ Ph :Paskal Larsen

(1): Chronique de l’album Horizons Dorés ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/10/dani-horizons-dores-washi-washa-25.html




NASTY S and THE GHOST CHASERS "Wainting for the Last Gasp of my Generation" (Twenty Something) – 31 Mai 2022


Je viens de lire le dossier de presse de Nasty Samy, et ça donne le tournis, tant ce bonhomme porte plusieurs casquettes pour défendre la cause du rock alternatif (punk, HC, métal, noise, power pop…). Je ne vais pas entrer dans le détail, juste signaler quelques activées liés à la musique : guitariste et bassiste dans une flopée de groupes qui aiment les décibels (Second Hate, The Black Zombie Precession, Hellbats, Demone Vendetta, Teenage Renegade…), écrivain (Hey You-Une histoire orale des Burning Heads, Enjoy the violence-Une histoire orale des origine des scènes Trash et Death en France…), fanzineux (Still ill, Maladjusted…), pigiste (New Noise), organisateur de concerts, co-programmateur de ciné-club, animateur de podcasts. Finalement, après 25 ans d’activités non-stop, un truc que Nasty S n’avait pas encore fait, c’est un album solo. Le voici en bac en format CD, sous le titre Wainting for the Last Gasp of my Generation. L’échappé solo de Nasty S a la particularité de n’avoir que des reprises. Il y en a 15, -plus en intro un extrait de dialogue tiré du film Un feu follet de Louis Malle (1963) avec Maurice Roney-, avec un choix de groupes éclectiques, qui devrait surprendre -en partie- les amateurs de punk HC et autres nuisances sonores. Si on trouve des morceaux de groupes qui aiment jouer avec des riffs,  Supersuckers, The Hard-Ons, Therapy ?, Dag Nasty, Pegboy, Jawbreaker, Samhain, Agent Orange, Tumbleweed, on trouve aussi des figures comme Gun Club (avec le classique Sex Beat), Joy Division (avec le classique Transmission), Lemonheads, Dramarama, et plus surprenant, la reprise The Last of the Famous International Playboy de Morrisey et le tube pop indé Shine On de House of Love, chanté ici par François Patin, nouveau chanteur des Burning Heads. Les morceaux originaux datent de la décennie 1985-1995. La partie 90-95, est la période adolescente de Nasty S. Si tous ses groupes ont un style bien à eux, Nasty S, les reprend à la sauce HC mélodique qui appui bien sur l’électricité, sauf Transmission en version instrumental avec une guitare surf.


A côté de Nasty S, il y a le nom The Ghost Chasers. Certes en solo, mais avec des amis ! Ainsi sur chaque reprise, il y a un chanteur ou une chanteuse. Des musiciens (notamment batteurs) sont également de la "party" pour seconder notre guitariste et bassiste. A l’image de la pochette qui montre une fille en train de cuver, suite à une soirée bien arrosé et bien festive, ici pas de temps morts, le punk rock HC, parfois classic rock, qui percute l’estomac est bien en place. Dès Sex Beat, on slamme dans la cuisine (là où se trouve le frigo avec les victuailles liquides), avec le son bien rock des voix et les riffs saignants qui donnent des fourmis aux jambes et aux bras. Ici, on est immédiatement plongé dans nos 20 ans, qui remontent à loin pour certains rockers devenues grand père, mais qu’importe, il y a de la place pour tout le monde, la cuisine est grande et le frigo ne désemplis pas, car une partie des invités, proche de la retraite a réussi à avoir au fil du temps, un salaire confortable.

Le CD est accompagné d’un livre/livret (format CD) de 48 pages, titré En attendant le dernier soupir de ma génération. Nasty S nous raconte sa découverte de la musique, aidé par son père qui a une belle collection de disques, son apprentissage à la guitare et surtout son rapport à la reprise, a la musique de son adolescence. Avec tous les groupes dans lequel il a joué, la reprise n’est jamais absente, que cela soit sur disque avec Hawaii Samurai, en live avec Teenage Mixtape ou en répète. Il nous donne aussi la liste de tous les disques qu’il a, avec des reprises. Il nous raconte son parcours musical jusqu’à aujourd’hui, âgé de 40 ans. Avec cet album de reprises, Nasty S se voit comme un passeur. Le 2ème volet de son livret est consacré au choix des morceaux. Chaque reprise a un texte détaillé avec le commentaire de Nasty S. C’est là qu’on apprend qu’il est un fan absolu de Morrissey et des Smiths. En intro de son livret, il y a une phrase extraite du morceau Panic (Hang The Dj !) des Smiths. Dans le livret, on apprend aussi qu’il n’aime pas Joy Division, ni New Order. Ainsi la version surf music de Transmission est partie d’une blague d’un pote, qui s’est retrouvé malgré tout sur l’album Guardians Of The Bitter Sea de Demon Vendetta (2013). Bon, qu’il n’aime pas Joy Division et qu’il aime Guns N’ Roses, on ne va pas blâmer Nasty S, car on a tous au moins un groupe qui fait partie des références, et auquel on n’adhère pas. Moi, perso c’est Radiohead et la voix de Thom Yorke. Allez, on teste ses nouvelles baskets sur la compilation, sélection rock de Nasty S !


https://nineteensomething.bandcamp.com/album/waiting-for-the-last-gasp-of-my-generation

https://nineteensomething.fr/2018/02/19/nasty-s-and-the-ghost-chasers-waiting-for-the-last-gasp-of-my-generation/

https://www.facebook.com/NastySamy