mardi 20 juillet 2021

CANDI STATON "Trouble Heartaches And Sadness -The Complete Fame Sessions Masters" (Stateside) – 17 juillet 2021


Née en 1940 à Hanceville en Alabama, Candi Staton publie son premier 45 tours en 1969. Toujours en activité, son dernier album Unstoppable est sortie en 2018, Candi Staton a touché à divers styles : country, gospel, soul, R&B, disco.

L’album qui nous intéresse ici (édité lors du Disquaire Day du 17 juillet 2021) est une compilation qui regroupe 12 titres inédits enregistrés entre 1971 et 1974 dans le studio FAME Records (situé dans l’Alabama). Ce label créé en 1959 par Rick Hall, a produit avec ses musiciens maison nommés The Swampers, une quantité impressionnante d’artistes soul : Percy Sledge, Wilson Pickett, Aretha Franklin, Cher, Bobby Womack mais aussi pop rock : The Rolling Stones, J.J. Cale, Bob Dylan, Dire Straits et Primal Scream via le label Vialaco. Sur FAME, Candi Staton a publié entre 1969 et 1974 ses premiers 45 tours et albums. Ensuite elle a signé chez Warner et Beracah. A noter qu’en 1982 elle a publié l’album Nightlites sur le célèbre label hip-hop Sugarhill Records.

A l’écoute du SON de l’album d’inédits (qui n’étaient disponibles que dans le double CD Evidence publié en 2011 par Ace), impossible de ne pas penser au jeune Bobby Gillespie du groupe Primal Scream, qui en plus d’avoir bien absorbé l’album Exile on Main St (1972) des Rolling Stones, a dû aussi passer sur sa platine des disques de Candi Staton, du moins des disques de sa période FAME. Idem pour Jason Pearce pour certains albums de Spiritualized. Car ici, la voix chaude et emportée (mais sans tomber dans l’excès vocal de Tina Turner) de Candi Staton fait des miracles et pas seulement sur la 34ème rue. Il y a tant de force, de foi, de générosité dans son timbre vocal, qu’on ne peut pas rester de marbre. A travers la voix de Candi Santon, le mot « Freedom » résonne avec force et conviction. Pour donner encore plus de coffre, la musique « cuivré » est au taquet avec ce mix R&B, soul, rock engagé et trempé dans de la chair abimé par les chaines. Ce disque est un brulot d’énergie, de liberté, d’émancipation de la femme qui fait plaisir à écouter, surtout en vinyle. Le contact du diamant sur les sillons traverse les murs du salon pour le transformer en boite de nuit. Si le son du vinyle est plus chaleureux que celui du CD, par contre pour moins cher, le double CD Evidence contient 48 morceaux, dont les 12 du vinyle. A bon entendeur ! 




https://www.candi-staton.com/

https://www.discogs.com/fr/sell/item/1553939266?ev=bp_img






lundi 19 juillet 2021

POLICE CONNECTION de Howard W. Koch (BQHL) – 15 juin 2021

Sortie au cinéma le 25 juillet 1973 à New York et le 20 septembre 1973 en France, Police Connection (Badge 373 en VO) n’avait à ce jour pas eu d’édition française en vidéo. A part des diffusions dans des festivals, la cinémathèque de Paris et sur Paramount Channel, il n’était pas possible de voir ou revoir ce film. Ce handicap pour le cinéphile et plus particulièrement pour l’amateur de polar urbain est réparé avec la publication en Blu-ray et en DVD par BQHL Éditions. A noter que l’éditeur a aussi publié simultanément le film La Mutinerie (Riot en VO) de Buzz Kulik avec Gene Hackman et Jim Brown.


A la fin des années 60 jusqu’à mi-70, on voit apparaitre dans le cinéma américain un nouveau genre de polar, nettement plus frontal que le polar/film noir des années 40/50. Dans le polar des sixties/seventies, le policier est amené à faire justice lui-même. Les scènes de violence et de sexe sont plus explicites. La caméra se promène dans la rue, sur le trottoir pour être au plus près des personnages, des seconds rôles, souvent mélangés à la foule grâce à des images volées, car la demande aux autorités de pouvoir filmer n’a pas été faite. Cette façon de filmer permet au spectateur d’avoir l’impression d’être dans l’action, voir dans le lit quand la scène le permet. Aussi, après la musique jazz des films noirs, place aux groove, au funk, à la soul pour illustrer ses films en couleurs poisseuses et grisonnantes, pour accompagner les scènes de poursuites entre les policiers et les voleurs, trafiquants en tout genre. Par contre si le politicier est tranquille dans les 3/4 du film pour faire ses magouilles pour accéder au pouvoir, souvent dans le dernier quart, il prend cher. Ces fameux films sont réalisés par Peter Yates (Bullitt), Michael Winner (Un Justicier dans la ville, Le flingueur, Le Cercle noir, Scorpio), Richard Fleischer (L’Etrangleur de Boston, Les Flics ne dorment pas nuit), Don Siegel (L’Inspecteur Harry), John Flynn (Échec à l’organisation), Sidney Lumet (Serpico), Stuart Rosenberg, (Le flic ricanant), Philip D’Antoni (Police puissance 7). Sans oublier les séries TV, Les rues de San Francisco, Kojak, Starsky et Hutch.


On en arrive à Police Connection. Déjà le réalisateur Howard W. Kock (1916-2001) est avant tout un producteur. Il n’a pas le même aura que Michael Winner, Richard Fleischer et Don Siegel. Par contre, il faut reconnaitre que son incursion dans le polar urbain avec Police Connection est une petite réussite, notamment grâce à la présence du charismatique Robert Duvall qui tient là un premier rôle solide qu’il interprète avec brio. A noter qu’avant ce polar, en 1968 il a joué dans Bullitt de Peter Yates et Le Détective de Gordon Douglas, en 1972 dans Le Parrain de Francis Ford Coppola et en 1973 il sera aussi à l’affiche de Échec à l’organisation de John Flinn. Soit que du bon !


En 1971 le film French Connection de William Friedkin fait un carton au box-office. Ce film c’est inspiré de la carrière du policier new-yorkais Eddie Egan, qui a tout au long de sa carrière mi en prison de nombreux malfrats. Gene Hackman (Popeye Doyle) reprend son rôle dans French Connection. C’est ce même policier qui va inspirer le personnage Eddy Ryan que joue Robert Duvall. D'où le choix du titre en français qui reprend le mot "Connection", surement plus vendeur que Badge 373.  A noter qu’Eddie Egan, en plus d’avoir donné de nombreuses infos aux scénaristes et réalisateurs, joue également un rôle dans ses deux films. Dans Police Connection il joue le rôle du lieutenant Scanlon, le supérieur à Robert Duvall, coincé entre son amitié envers le policier et ses responsabilités pour la hiérarchie.


Synopsis :

« Un flic, suspendu après une bavure sur un petit truand, se remet rapidement après que l'on a retrouvé son coéquipier égorgé dans sa voiture. Très vite, il découvre qu'il était mêlé à un trafic d'armes. Poursuivi par les trafiquants qui veulent le tuer, il remonte à leur source jusqu'au chef qui est un Portoricain diplômé de Harvard qui prépare une révolution. »

Le film durant près de deux heures, cela laisse le temps pour les nombreux rebondissements. Enquête, vie de couple, misère humaine et gros bonnets, bref New-York c’est la jungle avec ses malfrats, ses politiques, ses coups tordus. Le film alterne actions et pauses avec tenue. Le tout sous une musique jazz et soul rythmé de J.J. Johnson, malheureusement pas disponible en CD n’y en vinyle. Parmi les scènes d’actions, il y a celui avec le bus conduit par Robert Duvall livré à toute berzingue pour s’échapper de ses poursuivants, le tout avec une dizaine de passagers. Très belle séquence.


Pour le rendu Blu-ray, à par le format 4/3 destiné à la télé carré des années 70 (le format original est 16/9, 1.85:1, format respecté dans le Blu-ray américain - merci à Bloodi pour cette précision-), l’image qui reprend le grain de la pellicule donne à l’ambiance du film le côté vintage des séries et films urbains (dont les blaxploitations) des années 70. Bref un bon polar pour se faire la séance ciné du dimanche soir. Enfin en bonus il y a une présentation du film par le journaliste et éditeur François Guérif. Il donne de nombreuses infos.


dimanche 18 juillet 2021

ARTHUR SATAN "So Far So Good" (Born Bad Records/L’Autre Distribution) – 25 juin 2021


2020 a été année particulière pour les artistes. Une année soit disant pour se réinventer, vu qu’il n’y avait plus de contact physique entre les musiciens, avec le public et les médiats. C’est dans ce contexte, qu’Arthur Satan du groupe JC Satan, a composé son premier album solo. Seul à bord, on aurait pu penser qu’il nous fasse un album lo-fi bidouillé avec les moyens du bord, et pour arrondir les angles, quelques effets noise, fuzz, wah-wah, dans une tonalité brut dérivé du garage punk rock. Et bien c’est tout l’inverse. L’album solo d’Arthur Satan est délicieusement pop sixties, avec des mélodies chiadées et une production au petit soin. Ici on n’est pas dans le langage des Seeds, Sonics, Pretty Things, mais dans celui classieux des Beatles, Kinks, Love, Brian Wilson et parfois une touche de glam rock à la T-Rex et de Library Music. Difficile, à l’écoute de l’album, d’imaginer qu’Arthur Satan ait tout fait (même le dessin de la pochette), tant l’instrumentation, les voix sont dignes d’un groupe soudé, installé confortablement dans un studio à l’acoustique exemplaire, le tout sous l’œil d’un producteur de talent, comme  George Martin, Lee Hazlewood ou Quincy Jones. Le son de So Far So Good dégage une pureté, une liberté totale face à la pop des sixties, en n’hésitant pas sur les chœurs, sur l’excès de piano et les arrangements sans retenu qui frisent l’exubérance baroque "assumé" des mélodies. Dans cet essai de zèle qui donne au final du bonheur à l’écoute, on pense à XTC et son chanteur Andy Partridge. Après le fantastique Once de Maxwell Farrington & Le Superhomard, sortie il y a quelques mois, voici So Far So Good qui nous gâte d’une relecture de la pop classieuse et stylé, et tout ça sous l’oreille d’artistes français très inspirés. Bref ici Satan copule, drague avec les anges, et c’est parfait !


https://www.bornbadrecords.net/artists/arthur-satan/

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