Née en 1940 à
Hanceville en Alabama, Candi Staton publie son premier 45 tours en 1969.
Toujours en activité, son dernier album Unstoppable est sortie en 2018, Candi
Staton a touché à divers styles : country, gospel, soul, R&B, disco.
L’album qui nous
intéresse ici (édité lors du Disquaire Day du 17 juillet 2021) est une
compilation qui regroupe 12 titres inédits enregistrés entre 1971 et 1974 dans le studio FAME
Records (situé dans l’Alabama). Ce label créé en 1959 par Rick Hall, a produit
avec ses musiciens maison nommés The Swampers, une quantité impressionnante
d’artistes soul : Percy Sledge, Wilson Pickett, Aretha
Franklin, Cher, Bobby Womack mais aussi pop rock : TheRolling
Stones, J.J. Cale, Bob Dylan, Dire Straits et Primal
Scream via le label Vialaco. Sur FAME, Candi Staton a publié
entre 1969 et 1974 ses premiers 45 tours et albums. Ensuite elle a signé chez Warner
et Beracah. A noter qu’en 1982 elle a publié l’album Nightlites
sur le célèbre label hip-hop Sugarhill Records.
A l’écoute du SON
de l’album d’inédits (qui n’étaient disponibles que dans le double CD Evidence
publié en 2011 par Ace), impossible de ne pas penser au jeune Bobby
Gillespie du groupe Primal Scream, qui en plus d’avoir bien absorbé
l’album Exile on Main St (1972) des Rolling Stones, a dû aussi
passer sur sa platine des disques de Candi Staton, du moins des disques
de sa période FAME. Idem pour Jason
Pearce pour certains albums de Spiritualized.
Car ici, la voix chaude et emportée (mais sans tomber dans l’excès vocal de Tina
Turner) de Candi Staton fait des miracles et pas seulement sur la 34ème
rue. Il y a tant de force, de foi, de générosité dans son timbre vocal, qu’on
ne peut pas rester de marbre. A travers la voix de Candi Santon, le mot
« Freedom » résonne avec force et conviction. Pour donner encore plus
de coffre, la musique « cuivré » est au taquet avec ce mix R&B,
soul, rock engagé et trempé dans de la chair abimé par les chaines. Ce disque
est un brulot d’énergie, de liberté, d’émancipation de la femme qui fait
plaisir à écouter, surtout en vinyle. Le contact du diamant sur les sillons
traverse les murs du salon pour le transformer en boite de nuit. Si le son
du vinyle est plus chaleureux que celui du CD, par contre pour moins cher, le double
CD Evidence contient 48 morceaux, dont les 12 du vinyle. A bon
entendeur !
Sortie au cinéma le
25 juillet 1973 à New York et le 20 septembre 1973 en France, Police
Connection (Badge 373 en VO) n’avait à ce jour pas eu d’édition française
en vidéo. A part des diffusions dans des festivals, la cinémathèque de Paris et
sur Paramount Channel, il n’était pas possible de voir ou revoir ce film. Ce
handicap pour le cinéphile et plus particulièrement pour l’amateur de polar
urbain est réparé avec la publication en Blu-ray et en DVD par BQHL Éditions. A
noter que l’éditeur a aussi publié simultanément le film La Mutinerie (Riot
en VO) de Buzz Kulik avec Gene Hackman et Jim Brown.
A la fin des
années 60 jusqu’à mi-70, on voit apparaitre dans le cinéma américain un nouveau
genre de polar, nettement plus frontal que le polar/film noir des années 40/50.
Dans le polar des sixties/seventies, le policier est amené à faire justice lui-même.
Les scènes de violence et de sexe sont plus explicites. La caméra se promène
dans la rue, sur le trottoir pour être au plus près des personnages, des seconds
rôles, souvent mélangés à la foule grâce à des images volées, car la demande
aux autorités de pouvoir filmer n’a pas été faite. Cette façon de filmer permet
au spectateur d’avoir l’impression d’être dans l’action, voir dans le lit quand
la scène le permet. Aussi, après la musique jazz des films noirs, place aux
groove, au funk, à la soul pour illustrer ses films en couleurs poisseuses et
grisonnantes, pour accompagner les scènes de poursuites entre les policiers et les
voleurs, trafiquants en tout genre. Par contre si le politicier est tranquille dans
les 3/4 du film pour faire ses magouilles pour accéder au pouvoir, souvent
dans le dernier quart, il prend cher. Ces fameux films sont réalisés par Peter Yates (Bullitt), Michael Winner
(Un Justicier dans la ville, Le flingueur, Le Cercle noir, Scorpio),
Richard Fleischer (L’Etrangleur de Boston, Les Flics ne dorment pas nuit), Don Siegel (L’Inspecteur Harry), John
Flynn (Échec à l’organisation), Sidney Lumet (Serpico), Stuart Rosenberg, (Le flic ricanant), Philip D’Antoni(Police puissance 7). Sans
oublier les séries TV, Les rues de San Francisco,
Kojak, Starsky et Hutch.
On en arrive à Police Connection.
Déjà le réalisateur Howard W. Kock (1916-2001) est avant tout un
producteur. Il n’a pas le même aura que Michael Winner, Richard
Fleischer et Don Siegel. Par contre, il faut reconnaitre que son
incursion dans le polar urbain avec Police Connection est une petite
réussite, notamment grâce à la présence du charismatique Robert Duvall qui tient là un premier rôle solide qu’il interprète
avec brio. A noter qu’avant ce polar, en 1968 il a joué dans Bullitt de Peter
Yates et Le Détective de Gordon Douglas, en 1972 dans Le
Parrain de Francis Ford Coppola et en 1973 il sera aussi à l’affiche
de Échec à l’organisation de John Flinn. Soit que du bon !
En 1971 le film French Connection
de William Friedkin fait un carton au box-office. Ce film c’est inspiré
de la carrière du policier new-yorkais Eddie Egan, qui a tout au long de
sa carrière mi en prison de nombreux malfrats. Gene Hackman (Popeye Doyle)reprend son rôle dans French Connection. C’est ce même policier qui
va inspirer le personnage Eddy Ryan que joue Robert Duvall. D'où le choix du titre en français qui reprend le mot "Connection", surement plus vendeur que Badge 373. A noter
qu’Eddie Egan, en plus d’avoir donné de nombreuses infos aux scénaristes
et réalisateurs, joue également un rôle dans ses deux films. Dans Police Connection il joue le rôle du lieutenant
Scanlon, le supérieur à Robert Duvall, coincé entre son amitié
envers le policier et ses responsabilités pour la hiérarchie.
Synopsis :
« Un flic, suspendu après une bavure sur un petit
truand, se remet rapidement après que l'on a retrouvé son coéquipier égorgé
dans sa voiture. Très vite, il découvre qu'il était mêlé à un trafic d'armes.
Poursuivi par les trafiquants qui veulent le tuer, il remonte à leur source
jusqu'au chef qui est un Portoricain diplômé de Harvard qui prépare une
révolution. »
Le film durant près de deux heures, cela
laisse le temps pour les nombreux rebondissements. Enquête, vie de couple,
misère humaine et gros bonnets, bref New-York c’est la jungle avec ses malfrats,
ses politiques, ses coups tordus. Le film alterne actions et pauses avec tenue.
Le tout sous une musique jazz et soul rythmé de J.J. Johnson, malheureusement
pas disponible en CD n’y en vinyle. Parmi les scènes d’actions, il y a celui
avec le bus conduit par Robert Duvall livré
à toute berzingue pour s’échapper de ses poursuivants, le tout avec une dizaine
de passagers. Très belle séquence.
Pour le rendu Blu-ray, à par le
format 4/3 destiné à la télé carré des années 70 (le format original est 16/9, 1.85:1, format respecté dans le Blu-ray américain - merci à Bloodi pour cette précision-), l’image qui reprend le grain
de la pellicule donne à l’ambiance du film le côté vintage des séries et films
urbains (dont les blaxploitations) des années 70. Bref un bon polar pour se
faire la séance ciné du dimanche soir. Enfin en bonus il y a une
présentation du film par le journaliste et éditeur François Guérif. Il donne de nombreuses infos.
2020 a été année
particulière pour les artistes. Une année soit disant pour se réinventer, vu qu’il
n’y avait plus de contact physique entre les musiciens, avec le public et les
médiats. C’est dans ce contexte, qu’Arthur
Satan du groupe JC Satan, a
composé son premier album solo. Seul à bord, on aurait pu penser qu’il nous
fasse un album lo-fi bidouillé avec les moyens du bord, et pour arrondir les
angles, quelques effets noise, fuzz, wah-wah, dans une tonalité brut dérivé du
garage punk rock. Et bien c’est tout l’inverse. L’album solo d’Arthur Satan est délicieusement pop
sixties, avec des mélodies chiadées et une production au petit soin. Ici on n’est
pas dans le langage des Seeds, Sonics, Pretty Things, mais dans celui classieux des Beatles, Kinks, Love, Brian Wilson et parfois une touche de glam rock à la T-Rex et de Library Music.
Difficile, à l’écoute de l’album, d’imaginer qu’Arthur Satan ait tout fait (même le dessin de la pochette), tant l’instrumentation, les voix sont
dignes d’un groupe soudé, installé confortablement dans un studio à l’acoustique
exemplaire, le tout sous l’œil d’un producteur de talent, comme George
Martin, Lee Hazlewood ou Quincy Jones. Le son de So Far So Good dégage une pureté, une
liberté totale face à la pop des sixties, en n’hésitant pas sur les chœurs, sur
l’excès de piano et les arrangements sans retenu qui frisent l’exubérance baroque
"assumé" des mélodies. Dans cet essai de zèle qui donne au final du bonheur à l’écoute,
on pense à XTC et son chanteur Andy Partridge. Après le fantastique Once de Maxwell Farrington & Le Superhomard, sortie il y a quelques
mois, voici So Far So Good qui nous
gâte d’une relecture de la pop classieuse et stylé, et tout ça sous l’oreille d’artistes
français très inspirés. Bref ici Satan
copule, drague avec les anges, et c’est parfait !