En France, dans les années 80, les fans de rock
gothique et plus particulièrement du groupe TheCure étaient
surnommés « les corbacs » à cause de leur look habillé de noir
corbeau. C’est cet animal (de mauvaise augure ?) qui se retrouve dans le
titre du deuxième album du jeune groupe bordelais Order 89. Ce n’est évidemment pas un hasard, sauf le choix de la
saison, on aurait vu soit l’automne ou l’hiver au lieu de l’été, car le style
musical du groupe est un mélange de cold wave et de musique goth. Mais
finalement des corbeaux en été, sa fait plus classe !
Le groupe c’est formé en 2019 avec rapidement la
publication d’un premier album nommé Bleu
Acier (déjà le sens du jeu de mot entre deux éléments contradictoires) édité
sur le label parisien Icy Cold Records,
spécialisé dans les groupes musicaux qui malaxent des idées noires pendant les
nuits blanches (Dead, Visions in Clouds, Double Echo, Joy Disaster,
compilation des Tétines Noires …). Au
départ trio, Order 89 est
actuellement un quatuor (voix, guitares, basse, synthés) qui poursuit son
chemin de croix dans la brume éclairé du rock gothique version française, soit
la relève des groupes tels que Guerre
Froide, Seconde Chambre, Trop Tard, Indochine du début et l’esprit des groupes « jeunes gens
modernes ». Pour les groupes actuels, on pense un peu à Rendez-Vous et à Lebanon Hanover. Le chant est en français, les titres des morceaux
parlent d’eux-mêmes : Vertige, Ici la Nuit, La Chasse aux Sorcières, Les
Nuits Sauvages, Pays Sacrifié. Le
timbre de la voix de Jordi Rodriguez
est à la fois sombre et clair, selon l’atmosphère du morceau. Entre l’ambiance électrique
d’un club berlinois, une zone abandonnée en friche, un cimetière sous un soleil
de plomb, un after après un concert de Sisters
Of Mercy, les mélodies des compos d’Order
89 ont de la résonance positive qui donne de la joie sans diviser. C’est
clair, dans le style new wave goth, la musique d’Order 89 a du charisme et de l’ardeur qui fait plaisir à écouter.
Vivement l’été en compagnie des corbeaux !
Tous les groupes qui ont apporté une valeur rajouté à
la pop culture, ont droit aux publications non officielles, soit des produits
dérivés (disque, T-shirt, poster, livre…) qui ne leurs rapporte pas un centime.
Si certains margoulins sans scrupules font des « produits » disons
de merde, sans aucun respect envers l’artiste et son public, en espérant plumer
le maximum de badauds en peu de temps avec des disques au son pitoyable,
inaudible, un packaging qui pue la contrefaçon, d’autres éditeurs fan de
l’artiste arrivent à publier un disque avec un son correct, des morceaux en
versions inédits, le tout dans une belle pochette. Ces éditeurs savent qu’en
demandant la permission à l’artiste, au label à l’ayant droit, soit cela va
couter une fortune, soit la publication sera refusé sans aucun moyen de
discuter pour arriver à un accord. Ainsi, tel des messagers, ces éditeurs sans
nom, ni adresse pressent des albums destiné aux fans assoiffés d’écouter les
perles rares qui n’auraient jamais vu le jour sur une platine disque.
Pour cette petite chronique, j’ai choisi de vous
présenter une sélection d’albums non officiels du groupe Kraftwerk. Le point commun de tous ses disques est le soin apporté
au pressage, le son est très correct, voir excellent, les versions des morceaux
sont différentes des versions officielles.
Live In Koeln Sartory Saal, March 22nd, 1975
Ce live « pirate » contient 3 morceaux, Autobahn, Ruckzuck et Kometenmelodie.
Ce live a connu plusieurs versions non officielles, mais celui de 2018 possède
un excellent pressage et une belle pochette. Lors de sa sortie, on le trouvait
facilement chez les disquaires. Les versions des morceaux sont très
intéressantes, avec ici et là d’autres sons et mélodies électroniques, notamment
ce rythme monotronic qui va inspirer de nombreux futurs musiciens électro. Les
versions studio d’Autobahn et Kometenmelodie sont publiés sur l’album Autobahn (1974) produit par Conny Plank et la version studio de Ruckzuck a été publié sur le premier
album Kraftwerk (1970), album qui ne
fait pas partie du « catalogue », rendant ainsi « non
officiel » toutes les publications de cet album studio.
Frankfurt, West Germany, January 25,1974. Radio Broadcast
Ici, même pas peur, avec carrément l’impression des
logos des labels Philips et Kling Klan. La rondelle du vinyle a droit a une
imitation des vinyles Philips et en prime le logo du "pylone" rouge qui est
dessiné sur la pochette du premier album de Kraftwerk. Mais voilà, si on est amateur de la première période
plus expérimental de Kraftwerk, cet
enregistrement radio est une petite perle sonore, et surtout le témoignage
d’une époque d’avant Autobahn. Les 6
morceaux de l’album interprétés pour cette séance radio proviennent des 3
premiers albums, Kraftwerk 1 et 2, Ralf
& Florian et le single Kohoutek-Kometenmelodie
dans une belle version longue de près de 15 minutes, qui montre la couleur
krautrock ambient du groupe, style musical qui se fera plus rare par la suite. Le
son est magnifique et les versions sont à tomber. Voilà le style de disque non
officiel, qui apporte un plus musical pour l’amateur du groupe. Avec cet
enregistrement radio, on se rend bien compte que les musiciens de Kraftwerk sont des pionniers dans l’art
musical à base d’électronique. Par contre si vous rechercher le tube mélodique
et dansant styleThe Model, ce n’est
pas ici que vous allez le trouver.
Soest Live
Pour cet enregistrement, il
existe de nombreuses versions en vinyle, CD et DVD. La dernière en date est
sortie en juillet 2020 en édition numéroté vinyle jaune sur le label italien
Inner Space, qui a aussi réédité sans l’accord du groupe l’album Tone Float d’Organisation, la première formation d’Half et Florian avant qu’ils ne crées Kraftwerk.
A noter que sur l’album il y a une adresse internet (www.odmcy.com) qui compile des labels qui ne publient que des bootleg d’artistes rock. Soest Live a été enregistré lors du Soest’s Winter Festival en Allemagne en
novembre 1970. Ce concert a été diffusé à la télévision sur la chaine publique allemande
WDR. Krafwerk vient à peine de publier son premier album studio, cet
enregistrement reprend les 4 morceaux de l’album dans des versions différentes.
Ce qui est logique, vu que les trois musiciens du groupe (Florian Scheinder,
Ralf Hutter, Klaus Dinger) sont des explorateurs du son et des
performeurs avant-gardiste. Ici la musique est perchée, trans mental et allumée. En 1970, Klaus
Dinger n’avais pas encore créé avec Michael Rother le duo NEU !.
Ce live est un témoignage précieux des premiers pas de Kraftwerk, qui joue
a cette époque, du vibraphone, de la flute et du violon. Il est clair, qu’en
1970, Kraftwerk était un groupe de musique expérimentale et d’improvisation,
limite free. On pense à Can. Il faudra attendre quelques années pour danser avec eux sur les
autoroutes allemandes !
Live Paris 76 & Ultrecht 81
Radio
Looploop a publié près d’une cinquantaine de bootleg d’artistes mainstream et
vendeurs. Ils ne sont pas là pour repérer les groupes émergeant, mais plutôt pour
se frotter les mains avec les groupes rock des années 70. Ce live avait été
publié en 2001 sous une autre pochette, nettement moins accrocheuse que
celui-ci. Le live in Paris est en fait un enregistrement radio réalisé avant le
passage du groupe à l’Olympia le 28 février 1976. La voix du présentateur radio
est apparemment de Claude Villers sur France Inter. Sachant qu’il a fait
partie de l’équipe Pop-Club de José
Artur, autant dire qu’il connait un rayon sur la « bonne »
musique. Avec une face Paris 76 et une face Utrecht 81, soit un espace de 5 ans
avec la publication de trois albums majeurs, Trans Europe Express (1977), Man
Machine (1978), Computer World (1981),
la conception de ce vinyle est bizarre. Coté
Paris 76 il y a les morceaux Kometenmelodie Eins et Kometenmelodie Zwei, dont les originaux date d’Autobahn,
et sur la face Utrecht 81 il y a les morceaux Nummern, Computerwelt,
Metropolis, The Model, Computerliebe et Pocket Calculator, soit un mix des
morceaux publiés sur Man Machine et surtout sur Computer World qui vient d’être publié lors de cette tournée de
1981. L’attrait de cet album est surtout intéressant pour l’enregistrement
radio à Paris (joli témoignage sonore), ainsi que pour le visuel de la pochette qui montre les quatre
membres de Kraftwerk avec leur chemise rouge et cravate noir du visuel iconique
de Man Machine.
Oscillator
On finit notre petit tour d’horizon
des albums qui apportent un plus aux albums officiels du groupe avec Oscillator, Non-album Tracks Compilation.
Par contre désoler pour le portefeuille de Kraftwerk. C’est clair, cette
compilation n’est pas là pour plaire au groupe, car elle reprend des remix, dub
mix, des versions alternatives, le single Kohoutek
(1973) devenu collector depuis sa sortie, la version française du morceau Showroom Dummies qui devient Les Mannequins. Notons aussi deux
versions (allemand et italien) du
morceau The Telephone Call dont l’original
est sur l’album Electric Cafe (1986),
et divers remix de morceaux extraits de l’album Computer World (1981). Au final cette compilation est très plaisante
a écouter, de plus le son est nickel. Voilà, vous avez une petite liste pour vos prochains passages chez les disquaires, au rayon Kraftwerk, krautrock ou électro.