vendredi 22 décembre 2023

"POLAR80" de Rod Glacial (Le Chat qui fume) – Décembre 2023

Aussi étonnant que cela puisse paraitre, le sujet sur les films français dans le registre policier, polar, réalisés dans les années 80, n’a pas été traité dans le domaine du livre. Ainsi Polar80 est le premier ouvrage consacré à ce sujet. Il prend en quelque sorte, la suite du livre Le cinéma policier français de François Guérif (interviewé dans Polar80) sorti en 1981.

Rod Glacial est trop jeune pour avoir vu les films en salle (il est né en 1986), mais les nombreuses rediffusions à la télévision, les découvertes en VHS, DVD, lui ont donnés envie de créer en 2010 avec des amis un ciné-club consacré aux polars sortis dans des années 80. Ensuite, il a créé le groupe Facebook Polar80. Et maintenant, l’aboutissement de 13 années de découvertes avec son livre tout simplement titré Polar80. Dans un format facile à manipuler, (idéal dans métro parisien ou dans le train pour quitter Paris), Polar80 se dévore comme une course poursuite dans les rues de Belleville ou de Pigalle, comme un sandwich jambon-beurre-pression 1664, grâce à sa mise en forme dynamique et ludique dominé par la couleur jaune en référence aux livres de la Série noire chez Gallimard. Après une présentation du film Peur sur la ville d’Henri Verneuil -film de 1975 qui présage avec Le Pacha de Georges Lautner, le cinéma policier des années 80-, quelques pages sur les polars français à la fin des années 70, histoire de situer  le contexte, les films "génération 80", sont présentés par année (de 1979 à 1990) et par ordre de sortie en salle, ou passage à la TV pour les téléfilms.

 

Les films sont renseignés sous forme de petite critique (plus ou moins longue selon les films), avec des anecdotes, parfois un cour synopsis, mais toujours un texte ludique avec le regard pertinent et pince sans rire de l’auteur. Avant chaque année, il y a 2-3 pages qui mettent en mémoire les évènements qui ont occupés l’actualité, mois par mois. A la fin de chaque année, il y a une interview (réalisateur, comédien). Il y a quelques photos pleines pages et en petite vignette, l’image titre du générique du film chroniqué. Grâce au répertoriage des films, on constate que les sorties polar pendant la décennie 80 était dance. On y trouve des films populaires, qui ont fait un nombre important d’entrée, des films d’auteur et des films obscurs. Juste quelques titres qui ont marqués les esprits : Série Noire d’Alain Corneau, La Balance de Bob Swaim (qui a reçu le César du meilleur film, meilleur acteur pour Philippe Léotard, meilleur actrice pour Nathalie Baye), Tchao Pantin de Claude Berri (film qui a reçu cinq Césars, dont meilleur acteur pour Coluche), La Femme flic d’Yves Boisset, Garde à vue de Claude Miller, Rue Barbare de Gilles Béhat, L’Addition de Denis Amar, Police de Maurice Pialat, L’été en pente douce de Gérard Krawczyk, Subway de Luc Besson, L’été meurtrier de Jean Becker. Il y a évidemment au menu du livre, les films très populaires avec Jean-Paul Belmondo et Alain Delon, des comédies policières tout terrain (Inspecteur la bavure, Ripoux contre ripoux, Les ripoux -n°1 du box-office de la décennie 80-, Les frères Pétard, Pino simple flic), mais évidemment, l’attrait de Polar80 est de découvrir les films oubliés, les films restés seulement une semaine à l’affiche, les films à réévaluer -dont Neige sortie récemment en Blu-ray (1), en espérant qu’on pourra revoir ceux qui ont eu une bonne chronique de Rod Glacial.

Dans les polars, il y a des flics et des voyous (pour faire court). Ce qui change des flics des années 80 aux années précédentes (prenons Jean Gabin qui a couvert toutes les périodes avant les années 80), c’est qu’ils sont jeunes, portent des jeans, baskets, écoutent du rock, du punk, et font des courses poursuites à la Inspecteur Harry, Un Justicier dans la ville, Le flic de Beverly Hills. Fini le costume et l’imperméable à papa. Autre particularité, les scènes sont souvent en extérieurs, ce qui permet d’avoir le témoignage visuel des villes, banlieues, notamment à Paris et Marseille. Il y a des scènes qui montrent des lieux qui n’existent plus, comme les clubs, bars. Là on peut voir les looks bien 80 qui dansent sur la musique qui nous rend aujourd’hui nostalgique. Sortez vos walkmans! Autre particularité du livre, revoir à travers les pages les acteurs, actrices récurant qui traversent les films comme une « boule de flipper » avec style. Quelques noms, quelques gueules : Richard Bohringer, Christophe Lambert, Daniel Auteuil, Nathalie Baye, Richard Berry, Jacques Dutronc, Philippe Léotard, Fanny Cottençon, Gérard Lanvin, Isabelle Adjani, Claude Brasseur, Miou-Miou, Gérard Depardieu, Victor Lanoux, Annie Girardot, Richard Anconina, Isabelle Huppert, Francis Huster, François Cluzet, Dominique Pinon (ici en interview), Jean-François Balmer (ici en interview), Thierry Lhermitte (ici en interview) qui fait des infidélités à la comédie pour le polar -malgré tout réunis dans Les Ripoux-.

Entre les  découvertes et remise en mémoire des films chroniqués, il est clair qu’on est tenté d’en revoir certains et de partir à la recherche des pépites dont on ne connaissait pas l’existence. Mieux qu’un roman, Polar80 sera rangé à porter de main, en cas de trouvaille d’un DVD sur le net, ou la rediffusion d’un film à la télévision. Première piste, Le Chat qui fume a édité en Blu-ray plusieurs polars: A coups de crosse de Vicente Aranda, Le bar du téléphone de Claude Barrois, L'Exécutrice de Michel Caputo, Les Fauves de Jean-Louis Daniel, Haine de Dominique Goult, Brigade des moeurs de Max Pécas, Le Couteau sous la gorge de Claude Mulot et La Balance de Bob Swaim.

(1): Chronique du film Neige ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2022/03/neige-de-juliet-berto-et-jean-henri.html

https://lechatquifume.myshopify.com/products/polar80

https://www.facebook.com/FRANCE80OFFICIEL

https://vimeo.com/channels/club80






mercredi 20 décembre 2023

FILM SCHOOL "Field" (Felte) – 23 août 2023

Pour ainsi dire totalement inconnu en France, le groupe américain de Los Angeles et San Francisco Film School existe pourtant depuis 1998 et à publier à ce jour sept albums, dont Field en vente depuis le 23 août 2023. A noter qu’ils étaient venus défendre l’album au Supersonic à Paris le 19 septembre 2023. Évidemment avec une longévité de 25 ans, il y a eu pas mal de changements dans la composition du groupe, par contre leur style musical est resté fidèle au genre shoegaze, avec au début (époque oblige) un son college indie bien américain, dans la famille Pavement et Sebadoh. Au départ, Film School est un duo : Greg Bertens aux compos, guitare, claviers, chant et Paige Weber à la batterie. Mais lors de la réalisation du premier album, Paige a déjà quitté le navire. L’album titré Brilliant Career (2001) sera réalisé avec Jason Ruck aux claviers, le guitariste, chanteur Nyles Lannon (tous les deux toujours présent dans la formation de 2023) et le bassiste Scott Kannberg de… Pavement. Sans oublier des invitées pour les chœurs. Dans le parcours de Film School, qui ne réussira pas à sortir de la scène indé pour atteindre un plus large public, notons qu’en 2005, ils signent sur le célèbre label anglais Beggars Banquet (Cocteau Twins, Gary Newman, Bauhaus…). Aussi, en 2009, Film School participe (avec Flaming Lips, The Dandy Warhols, A Place To Bury Stranger…) à l’album Tribute To Love and Rockets. Film School reprend le morceau An American Dream extrait de l’album Express (1986). Love and Rockets (constitué des trois ex membres de Bauhaus) est également sur Beggars Banquet, ce qui explique cet échange de bon procédé. Malgré tout, l’aventure avec ce label ne se poursuivra qu’avec l’album suivant, Hideout sorti en 2007. Ensuite, chaque nouvel album sera édité sur un label différent, les joies d’un petit groupe indé. Le petit dernier est sur Felte, un label de Brooklyn, dont leur catalogue est très pointu.

On en arrive à Field. Déjà au chant notons la présence de Noel Brydebell (dans le groupe depuis 2019) qui apporte beaucoup à l’ambiance cotonneuse de l’album. Fidèle au poste, quand il s’agit de composer des morceaux shoegaze, mâtiné de dreampop, les membres de Film School avec 25 années au compteur, sont très a l’aise pour nous concocter des morceaux brumeux, aériens, cristallins, teinté de new wave vaporeuse. Les amateurs de Slowdive, Ride (époque Nowhere), Chapterhouse, Lush, Pale Saints, Cocteau Twins, voir Cure dans quelques sons de guitare, seront ici en famille. Field est un petit cocoon, dans lequel on aime se perdre. 2023, 1992, qu’importe, le temps passe si vite qu’il est agréable de se perdre dans ce qui nous a formé dans l’éducation musicale. Pour certains, le shoegaze sera une découverte, pour d’autres, se sera un refuge qui ramène à une époque de sa vie en tant qu’amateur de rock indé. Les compos de Film School sont soignées, agréable à écouter, que demander de plus dans le monde parfais du shoegaze ?

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