Une fois de plus l’éditeur Le Chat qui Fume frappe fort en publiant en version intégrale remastérisé, ce film italien totalement (enfin presque) inédit en France. Réalisé en 1975 par Luigi Zampa, Les Maîtres (Gente Di Rispetto en VO) n’a pas été exploité dans les salles françaises. Il y a par contre eu une édition VHS à la location sous le titre The Masters. Il est étonnant que Les Maîtres ne soit pas sortie en salle, car côté distributions d’acteurs, on trouve le vétéran James Mason, l’incontournable du film de genre italien, le grand Franco Nero, et dans le rôle principal Jennifer O’Neill, certes moins connu, malgré sa belle filmographie érudite (Rio Lobo, Un été 42, L’emmurée vivante, Scanners…). Autre point important qui aurait pu titiller pour une sortie en salle, la B.O. est du maestro Ennio Morricone. Dans sa partition on trouve le thème Gente Ipocrita qui possède le son Morricone qui reste instantanément dans la tête. Ce morceau aurait pu sortir en single.
Recto-verso de la jaquette de l'édition française en VHS
RÉSUMÉ: Elena Bardi (Jennifer O’Neill) , jeune institutrice italienne, est mutée dans une petite localité de Sicile. Elle est harcelée par un homme dans le car qui la mène à destination, puis le lendemain dans une artère fréquentée du village. Au matin suivant, l’homme est retrouvé mort en place publique, tué de cinq balles de revolver, une fleur plantée dans sa bouche. Les habitants, craintifs et silencieux, pensent qu’Elena est protégée par la mafia, et se montrent partagés entre la crainte et le respect à son égard. Seules deux personnes semblent disposées à l’aider : un enseignant, Michele Belcore (Franco Nero), et l’homme le plus riche et le plus influent du village, Antonio Bellocampo (James Mason). Mais peut-elle leur faire réellement confiance ? (Texte extrait du Blu-ray)
Trois affiches italiennes du film
L’actrice Jeniffer O’Neill tient le film sur ses épaules, elle nous montre ici ses talents d’actrice multi situation. Le scénario lui permet de nous montrer plusieurs facettes de son talent : humour, séduction, action, humiliation… Pourtant au départ, le producteur Carlo Ponti désire donner le rôle d’Elena à sa femme Sophia Loren. Mais elle refuse le rôle, car il y a une scène de nu (pourtant soft) dans le film. (Source : Bonus Blu-ray Une Fleur à la bouche avec une interview de Franco Nero, très content de jouer avec la beauté O’Neill, ainsi qu'avec James Mason qui lui fait penser à son père). Au final, ce n’est pas plus mal, car le visage de Jennifer O’Neill est moins connu que celui de la grande star Sophia Loren, ainsi pour le spectateur, le rôle de l’institutrice qui débarque dans une petite ville où elle ne connait personne, est plus crédible. Le rôle de Franco Nero est ambigu. Son personnage est plus à l’aise quand il s’agit de faire l’amour, plutôt que de parler. Dans la "vrais" vie, il y a aussi des personnes qui ont cette attitude à préférer l’action à deux en horizontale, au lieu de bavardage interminable. Filmé en décors naturelle dans la ville sicilienne de Raguse, les images de Les Maitres sont magnifiques. Elles permettent de voir l’architecture des petites ruelles sinueuses de la ville, qui permettent de faire des belles scènes d’action. Le scénario de Les Maitres mélange thriller, fiction avec la politique liée au système de la mafia en Sicile, et ce fameux respect de l’omerta (loi du silence) qui règne dans toute la ville sicilienne, si on veut rester en vie. Si on parle, on est puni par la mort. Le réalisateur Luigi Zampa (1905-1991) est un expert en politique, le fascisme et la mafia, sont des sujets qu’il a traité dans sa longue carrière de cinéaste commencé en 1941. A noter qu’après Les Maitres, il ne réalisera plus que deux films, pour prendre une retraite bien mérité. Luigi Zampa à l’œil pour montrer le quotidien d’une ville sicilienne, avec les messieurs importants qui testent en groupe assis à discuter, regardé, épier devant la porte de leur demeure. Des pipelettes, commères ambulantes ! Quand il y a un drame dans la rue, les habitants restent à leur fenêtre regarder la scène, sans intervenir. Ces passages sont réaliste, digne d’une photo de Willy Ronis et Robert Doisneau. James Mason (1909-1984), acteur anglais qui a passé la moitié de sa carrière à Hollywood avec à la clé un beau palmarès (Charade, La Mort aux trousses, Voyage au Centre de la Terre, Lolita, Le crépuscule des aigles…), est en 1975 revenu en Europe depuis de nombreuses années. Il va jouer dans une flopée de co-production franco-italo-germano-espagnol. Âgée de 66 ans au moment du film, James Mason n’a plus rien à prouver. Il joue son rôle presque en roue libre, mais ce n’est pas choquant. Malgré qu’il soit britannique, son rôle de ponte sicilien est crédible, lui colle bien à la peau d'un homme d'expérience. Au final, Les Maîtres est un bon triller qui nous permet de mieux comprendre le rôle de la mafia d'une ville moyenne de la Sicile, dans l’Italie des années 70’s.
Le Chat qui Fume nous propose ici la version intégrale du film. Je suis curieux de savoir, qu’elles sont les scènes coupées dans la version censurée. La scène où l’on voit Franco Nero et Jennifer O’Neill, debout nu, les corps enlacés ? Malgré tout cette courte scène est très soft. Côté violence physique et psychologique, c’est également soft, pour y faire des coupes. Mais attention, si l’ensemble est soft côté violence et sexe, l’intrigue est bien prenante. La mise en scène et le jeu des acteurs permettent au spectateur d’être bien attentif au déroulé de l’intrigue. Dans les bonus du Blu-ray, il y a une fin alternative qui se trouvait dans la VHS française. Cette fin est plus explicite, plus frontale que la fin officielle. Perso, j’ai une préférence pour cette fin.
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