jeudi 11 mai 2023

TELEX: Coffret avec l’intégral des albums parus entre 1979 et 2006 (Mute Records) – 14 avril 2023

Le label anglais Mute Records vient de rééditer les six albums du groupe belge Telex, dans un coffret CD ou coffret vinyles. Pour les moins fortunés, le coffret CD est moins cher et prend moins de place. Les rééditions CD reprennent la track-list des albums originaux, sans titres bonus, à l’inverse des versions CD des trois premiers albums (Looking For Saint-Tropez, Neurovision, Sex) sorties en 2003 sur le label parisien Le Maquis. Le coffret ne contient pas les deux albums de remix sorties en 1998 et 1999 sur SSR, mais les albums Wonderful World (1984) et Looney Tunes (1988), non réédités depuis leur sortie initiale, retrouvent ici leurs belles couleurs. Les coffrets ont soignés du point de vue packaging, avec vinyles en couleurs pop,  les CD sont en double digipak au design stylé, qui évoque Kraftwerk. En prime, un livret de 24 pages avec les paroles, mais surtout Dan Lacksman et Michael Moers (Marc Moulin, 3ème membre de Telex nous as quitté le 26 septembre 2008) ont mixés et remastérisés les morceaux à partir des bandes master originaux.   

Coffret disques vinyles (Mute Records) - 2023

Coffret CD (Mute Records) - 2023

Entre 1978 et 1988, le trio électro pop Telex apporte de la légèreté dans la musique synthétique. Ils mélangent avec style, la sunshine pop des Beach Boys, la musique électronique de Kraftwerk, le sixties yé-yé à la française. Le résultat donne une musique unique, qui reste moderne, 45 ans après sa création. En prime à notre époque Internet, le tout numérique, le mot "Telex", renvoie à une époque lointaine de la communication, donnant une patine vintage rétro des plus sympathiques. Dans la discographie de Telex, on trouve de nombreuses reprises, dont le merveilleux Twist à St Tropez interprété en 1961 par Les Chats Sauvages. Cette reprise résume bien le style sonore de Telex : un rythme pop motorik joué sur des synthétiseurs de poche (ici on n’est pas chez Tangerine Dream), un chant en mode décontracté façon Etienne Daho album époque Mythomane. En prime, pleins de petits sons rigolos, enfantin, jeux Game Boy, viennent chahuter la mélodie motorik entêtante. C’est juste parfais !

En 1998, avec l’électro qui a le vent en poupe, Telex réapparait avec deux albums remixés par la fine fleur de l’électro : Carl Craig, Le Tone, I :Cube, Juan Atkins… Mais il faudra attendre 2006, pour que Telex revienne avec un nouvel album titré How Do You Dance ?. La mort de Marc Collin en 2008, mettra fin au trio Telex.

Lors de la sortie de l’album How Do You Dance ? j’ai fait une interview de Telex pour le fanzine Abus Dangereux. Elle a été publié dans la numéro 98, été 2006. Je l’ai sortie de mes archives rien que pour vous ! Aller, on fait un rétro pédalage temporelle, nous sommes en 2006 :

 Couverture et article Telex dans Abus Dangereux face 98 été 2006

"Daft Punk, Jeff Mills et Moby les citent comme influence" énonce le sticker collé sur "How Do You Dance ?", le nouvel album de Telex... pour rappeler, malgré une absence de vingt ans dans les bacs, que Telex n’a pas été oublié par tous.

Enfants de J.J. Perrey, frères de Krafwerk et de Sparks, cousins de New Order, Devo, OMD, Jacno et Yello, pères de Vive La Fête, Stereo Total, Dmx Krew et Dopplereffekt, les trois bruxellois de Telex réalisent de l’électro pop dansante et légère du meilleur effet depuis 1978. En 2006, leur musique n’a pas pris une ride et garde toute sa spontanéité ludique et décalée. Pour preuve, Telex a utilisé sur son nouvel album, de vieilles séquences et chutes de studio pour créer de nouveaux titres, comme le font les DJ en recyclant les morceaux existants. Autre particularité de Telex, c'est sa capacité à réviser les standards aussi typés que "Rock Around The Clock", "Look Of Love" ou "Dance to the Music", sans oublier le "ça plane pour moi" de leur compatriote Plastic Bertrand. Le dernier album ne déroge pas à cette règle en détournant "On the road Again", "Jaihouse rock", " La Bamba" ou encore "I Song in Heaven” des Sparks. Rencontre avec des hommes de l’ombre que vous ne verrez ni en concert, ni à la télé, preuve s'il en est besoin qu'ils ont gardé leur intégrité et leur originalité intactes.

How Do You Dance ? (Virgin/Labels) - 2006

J’ai l’impression qu’à vos débuts, votre musique était prise à la légère, comme un gag. Aujourd’hui, votre musique est devenue une référence dans le domaine de l’électro. Etiez-vous conscients que vous étiez en avance sur votre époque?

Conscients, non. Nous avons fait la musique que nous avions envie d’entendre, pensant qu’elle serait sans doute jetée six mois plus tard. Nous avons l’impression que notre musique reposait sur la même "révolte musicale" que le punk, en opposition à la sur-production et au dégoulinant de l'époque. Nous avons essayé d’y mettre un peu d’humour. Mais c’est avant tout la musique et ses incroyables possibilités qui nous ont donnée envie d’en faire.

Avec la technologie actuelle, est-il plus facile de composer un titre que dans les années 70 ?

Il ne faut plus noter sur des fiches tous les réglages de tous les boutons et fils des synthés. Les copier-coller sont plus rapides que les morceaux de bandes qu’il fallait assembler, mais finalement ce qui compte, ce sont les idées.

Pourquoi avez-vous fait le choix exclusif du synthétiseur comme instrument ?

Nous avons choisi les synthés parce que ça nous semblait pouvoir caractériser la musique européenne continentale par opposition au rock ou au blues venant d’ailleurs. Ces instruments, simples à l’époque et pour la plupart monophoniques, correspondaient à nos goûts en matière de bandes dessinées (en référence à la ligne claire de Hergé). Les sons des synthés analogiques sont bien plus chauds que ceux des synthés digitaux. Ils vivent, créés directement par les différentes phases de l’électricité, même si en 1980, pour la plupart des gens, les synthés sonnaient ’froid’. Le son fun et easy, c’est sans doute la conjonction de nos envies et de la simplicité des machines.


Neurovision (Vogue) – 1980

Pochette du 45 tours Euro-vision (Vogue) - 1980

Vous avez représenté la Belgique à l’Eurovision en 1980. Le titre "Euro-Vision" finira avant dernier juste devant la Turquie  mais vous êtes un des seuls noms avec Abba qui soit resté dans la conscience collective ! Est-ce que c’était un pied de nez au système musical ?

C’était un peu situationniste que de participer à cet évènement avec une chanson ironique sur le concours et son image européenne. Nous venions tous les trois d’horizons musicaux très différents (NDLR: jazz, avant garde..., Marc Moulin a fait partie du groupe culte jazz funk Placebo, dont l'album éponyme sorti en 1974 est une tuerie) et Telex était une volonté de rendre notre musique pop. Quand on nous a proposé l’Eurovision, nous avons pensé (à tort?) que c’était le sommet de cette ambition pop. (NDLR : Sur la réédition en 2003 du CD Neurovision le titre Belgium, One Point, montre bien l’humour du groupe en seulement 3 secondes, la durée du morceau).

Pochette du 45 tours Twist à St-Tropez (Sire) - 1978

Une des particularités de Telex est de faire beaucoup de reprises, notamment dans des versions très lentes. Que trouvez-vous dans ce format ?

C’est principalement la production qui intéresse Telex. Les reprises permettent de marquer sa différence, c’est pourquoi la plupart de nos reprises sont des archétypes de leur genre musical. Par exemple "Twist à St Tropez", une chanson emblématique et légère des années 60, est notre première reprise à partir de laquelle nous avons construit notre vocabulaire. Nous avons aussi repris ‘’Ça plane pour moi’’ sur notre 1er album,en 1980. C’était un tube à l’époque et Plastic Bertrand était dans la même firme de disque que nous. Un clin d’œil de notre part !

Les années 90 ont été très électro grâce à des DJ et à l’évolution de la technologie. Comment avez-vous vécu cette période ? Parmi les groupes et courants musicaux, lesquels vous ont le plus intéressés?

L’époque DJ semble correspondre à une époque de recyclage, sans véritable courant musical fort. Ce qui ne nous empêche pas d’aimer des groupes ou individus comme Tiga ou Vitalic entre autres.

Pochette du 45 tours Moskow Diskow (Vogue) - 1979

"Moskow Diskow" est votre tube incontournable. Il a été repris par de nombreux artistes. D’où vous est venue l’idée de ce morceau?

C’était une époque disco et les textes américains étaient truffés de mots français comme ‘chic’, ‘fantastique’. D’autre part, le courant graphique des nouveaux groupes anglais était inspiré du constructivisme, courant russe du début du 20e siècle (comme Franz Ferdinand actuellement). Tout ça mis dans notre shaker mental et dérisoire a donné "Moskow Diskow".

Aimez-vous danser ? Si oui sur quel style ?

La plupart des musiciens ne dansent pas. Nous ne dérogeons pas à la règle.

https://www.facebook.com/ThisIsTelex/?locale=fr_FR

https://thisistelex.bandcamp.com/album/how-do-you-dance






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