Comme actuellement il n’y a plus de concerts de groupes anglo-saxon, parties en tournée sillonner les villes d’Europe, j’en profite de sortir de mon chapeau de paille, la chronique que j’avais écrite au sujet du concert de Tess Parks & Anton Newcombe, lors de leur passage à La Maroquinerie à Paris pour célébrer l’album I Declare Nothing. Ce concert fait partie des moments les plus intenses et merveilleux de ce que peu nous proposer un moment live en contact direct avec le groupe, l’artiste. Pour ce type d’échange, la salle La Maroquinerie avec sa petite fosse en forme d’arène et d’une capacité de 450 places est juste le lieu idéal pour échanger nos émotions avec la rencontre qui se passe, se vit sur scène. Les amis qui étaient avec moi (Spear, Christophe, Véro…) en garde eux aussi un souvenir vivace de ce moment live, que n’importe quel progrès numérique ne pourra faire vivre. Depuis mi-mars, La Maroquinerie affiche porte close. Plus de concerts, plus de resto, plus de partage entre fumeurs et gens tolérants dans la petite court privé, plus un salut au mec sympa du guichet qui reconnait les spectateurs réguliers et plus un salut de départ au videur souriant qui fait juste son boulot honnêtement. Vivement le retours au monde d’avant !
Ma chronique a été mise en ligne le 24 juillet 2015 sur le site foutraque.com, site aujourd’hui disparue, suite à la mise à jour de l’hébergeur.
A peine 3 mois après la sortie de l’album Musique de film imaginé, Anton Newcombe (du BJM) revient dans l’actualité musicale avec I Declare Nothing , un album qu’il a composé avec la canadienne Tess Parks. Pour célébrer cette sortie, nos deux « grands » artistes sont partis en tournée avec 4 jeunes musiciens chevronnés. Cette tournée (sans le BJM) permet à Anton Newcombe de jouer dans des plus petites salles, à proximité du public. La halte parisienne se fera à La Maroquinerie, une salle de 450 places, située non loin du Père Lachaise. A noter que sur sa page Facebook, Tess a posté une photo où elle pose devant la tombe de… James Douglas Morrison (1943-1971).
Photo @ Ruari Meehan
Pour les parisiens qui ne sont pas allés faire trempette à la mer, et pour les
touristes de passage dans la capitale, cette date est un rayon de soleil qui va
se transformer en feu d’artifice ou en éclipse lunaire. En effet, Tess
et Anton vont nous offrir pendant plus d’une heure, un concert de rock
qui restera gravé dans tous les esprits. Certes le style musical est bien
balisé : quelque part entre Mazzy Star, le Velvet Underground
tendance Stephanie Says, le Melody Nelson du trio Gainsbourg/Birkin/Vannier,
les Doors et la voix de Marianne Faithfull, mais le « couple »
dégage une telle alchimie, qu’il est impossible de résister à leur union
musicale. La fragile Tess a une présence gracieuse à faire tomber tout «
Homme » en âge d’apprécier le charme féminin. Il suffit de la regarder boire
sur scène un verre de rosé, pour comprendre que ce simple geste n’est pas à la
portée de tous, surtout si on a des grosses paluches. Ensuite, il y a le plus
important, c’est sa voix. C’est un cadeau qu’elle a reçu d’une personne divine,
tant sa voix « roque » contient un timbre céleste. Sans forcer, elle chante à
la fois avec une émotion et une rage (certes mesurée) qui font plaisir à
entendre. A côté d’elle, installé sur un tabouret (du moins pendant une partie
du concert), Anton, avec un look hippie 68/San Francisco est très
décontracté. Il semble content d’être là. Cette cool attitude (la clope au
bec), va lui donner des ailes. Ainsi d’une façon posée, il va montrer comme si
de rien n’était, toute l’étendue de son talent de guitariste et de compositeur.
Il reste discret, comme pour mieux mettre en valeur la prestation de Tess.
La façon de jouer d’Anton est étonnante. Il touche à peine quelques
cordes de guitare, que déjà c’est de la haute voltige qui nous ramène aux
meilleures années du Velvet à rendre jaloux Dean & Britta. Il
pourrait jouer de la guitare en étant aveugle, ou en faisant une partie de
poker, tant il est très à l’aise avec son instrument. Du grand art, quel sacré
musicos ! Derrière eux, les 4 musiciens (synthé vintage, guitare, basse,
batterie), vont jouer leur musique avec une telle maitrise, une fluidité
sonore, qu’au final, tout ce petit monde va accomplir ensemble (sous un jeu de
lumière très rouge), un concert qui restera dans les annales. L’album I
Declare Nothing est joué en intégralité, dans l’ordre des titres gravés sur
le disque. Les versions live ont plus de coffre, sont plus psyché et plus longs
que sur l'album. L’effet groupe donne du volume aux titres. Le set s’achève, avec
en rappel une reprise des Doors, le titre Five To One (qui
clôture l’album Waiting For The Sun). Inutile de vous préciser que cette
reprise va faire des heureux dans le public.
Perso, cette soirée, je la mets sur le même plan que les concerts de My Bloody
Valentine au New Morning, Nirvana
au Fahrenheit, Mudhoney et Jesus
Lizard au Gibus, Black Angels
à la Cigale, Loop à Villette Sonique, Marissa Nadler
au Pt Ephémère, Kraftwerk à La Fondation Louis Vuitton. D’ailleurs,
je ne trouve plus de mots à rajouter pour retracer ce grand moment de live,
tellement j’étais occupé à danser pendant tout le concert. J’étais possédé par
leur musique qui a parlé à tout mon corps. Tess l’a d’ailleurs remarqué
(sic). Désolé si j’ai perturbé quelques voisins dans la petite fosse de la
Maroq.
Le concert terminé, toute l’équipe se promène dans le bar/resto de la Maroq. Anton
et Tess restent très dispo avec les fans. Ils discutent, signent des
autographes, se laissent prendre en photos… Bref depuis qu’il habite à Berlin,
l’ami Anton est devenu une personne des plus sympathiques. Comme quoi,
quand on arrête les drogues dures, cela a des bons côtés.
Photos prise par Paskal Larsen entre 2 danses.
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