Luje est un groupe lyonnais qui s’est
formé en 2016. Après l’EP Pablo 406
sorti en 2018, voici près de cinq années plus tard, le premier album titré Raving Track. L’accouchement fut long,
mais le résultat a mérité l’attente. Luje
compose une musique dream-pop, shoegaze mélancolique et aérienne. Quelques
fracas de larsen viennent de temps à autre percuter le ciel cotonneux des
mélodies, donnant ainsi une température moite à l’atmosphère. Dans le style, on
pense à Temples, Elephant Stones, Chapterhouse, Slowdive.
Le morceau Motorik Drumming &
Sizzling Landscape porte bien son titre, car effectivement il y a une
petite sonorité "motorik" (rythme entêtant inventé par NEU !) qui vient
embêter (mais on aime ça !) la mélodie électro pop. Luje n’est pas là pour froisser nos oreilles, au contraire, les cinq
musiciens du groupe préfèrent nous charmer avec leurs mélodies cotonneuses,
légèrement psyché, qui caressent agréablement notre écoute. Les voix sont sucrées
et vaporeuses, les riffs sont glissés dans de la soie haute couture. Avec la
musique de Luje dans le casque, la
journée est encore plus belle, du moins si on est en manque d’évasion
mélancolique et amoureuse.
22, voilà non pas les flics, mais le nouveau n° de Persona,
le fanzine où "les artistes nous dévoilent leur face cachée."
En couverture "effet psyché", le groupe The Psychotic Monks,
qui vient de sortir un nouvel album, double en prime, titré Pink Colour Surgery
(Vicious Circle Records), juste étonnant, car différent du précédent Private
MeaningFirst (2019). Vous en saurez plus en lisant le bel
article-interview de 6 pages où la couleur rose s’impose avec fierté.
Hasard du sommaire, on trouve de nombreux artistes où "l’identité"
est floue, ce qui fait la richesse du "genre" humain. Ça commence avec Nina Hagen qui a marqué plus d’un ado,
lors de ses prestations scéniques, tant sur scène qu’à la télévision. Elle fait
son retour avec un nouvel album titré … Unity.
Jean-Luc Revol, metteur en scène et
directeur de la Maison à Nevers traite de l’homophobie dans ses spectacles. Romy Alizée photographie des personnes
qui n’ont pas des corps de mannequins, pour magazines glamour. Ses modèles
féminins montrent le corps que Dieu leur a donné.
Daniel Darc, Casino de Paris le 17 mai 1982 @ Banjee
Banjee
Moment fort du zine, l’hommage à Daniel Darc
qui nous a quittés il y a déjà 10 ans. De nombreux témoignages (Renaud de Foville, Phil. K, Marie Le Mauff)
avec une bel écriture émouvante, et une interview réalisée le 12 décembre 2008 à
Arras par l’équipe de Rose Ciron, nous
rappelle que Daniel Darc nous manque.
Philippe Druillet - "Carthage" - 1985
Autre figure importante, mais là bien vivant, le GRAND
Philippe Druillet pour une interview
de 5 pages avec Vincent Rouen. Quand
Druillet dit : "Moi je ne suis pas un immense dessinateur, j’ai
inventé un monde". Rien à rajouter, on s'incline, tant c’est vrai.
Pèle mêle, d’autres belles figures au sommaire : Suzy
Levoid aka Miët (musique), Clémence
Léauté aka Cléo T (musique), Hervé Baudat (photographie), Daniel Carlson (musique), Nina Childress (peinture), Régis Perrot (photographie), Elastocat (musique), Oiseaux-Tempête (musique), Hervé & Thierry Mazurel (historien
et photographe), Rose Mercie
(musique -ma contribution à ce numéro-), Elysian
Fields (musique). Plus, des dessins pleine page d’Isabelle Dalle, Joël Person
et demi-page de Nina Lemaître.
N° 22 disponible dans toutes les bonnes boutiques qui
sentent le papier ou le disque vinyle et sur le site internet de Persona. Pour seulement 12 euros, vous
aurez 74 pages de belle lecture et le regard affuté.
Aujourd’hui, pas de chronique d’une nouveauté. Non,
j’ai extrait de ma collection de vinyles, le 5ème album du groupe
anglais Eyeless In Gaza, titré Rust Red September. Formé en 1980, Eyeless In Gaza (titre du roman Eyeless In Gaza -La Paix des profondeurs en VF- d’AldousHuxley) est un
duo avec Martyn Bates (voix,
instruments, ex Reluctant Stereotypes)
et Pete Becker (instruments). A
noter qu’à cette époque, Martyn
travaille dans un hôpital, et Pete
dans un laboratoire. Après quatre magnifiques albums qui mélangent post punk,
expérimental indus, cold, new wave, en 1983, Eyeless In Gaza rajoute de la pop classieuse sur Rust Red September, qui marque un
tournant dans leur style musical. Certes le son synth wave des années 80 est
toujours là, mais avec plus de mélodies, d’arrangements et surtout la voix de Martyn Bates est magnifique et unique,
même si par moment on pense un peu à la voix Curt Smith de Tears For
Fears età Andy McCluskey d’Orchestral
Manœuvres in the Dark. Le timbre vocal de Martyn Bartes à une classe folle, encore plus belle quand on l’a réécoute
en 2023. On sent qu’il a du plaisir à chanter, sa voix est profonde et
cristalline.
Pour la première fois, les textes sont 100% en anglais
et non pas dans une langue imagé mélangé à de l’anglais où la sonorité des mots
est importante. D’ailleurs les textes des chansons sont reproduite sur le verso
de la pochette du disque 33 tours. New
Risen sorti le 27 mai 1983, est le seul single de l’album, mais il ne
laissera pas de trace dans les charts anglais. Pourtant sa mélodie indie pop à
la Prebab Sprout, Orange Juice a beaucoup de charme. En
1983, Martyn et Pete sont heureux, ne brassent pas du noir. Ils ont quittés leur
travail « alimentaire » pour s’investir à 100% dans leur musique.
Cette joie transparait tout au long de l’album, qui ne contient que des
morceaux pop et solaires. Ils ont mis de côté le style arty avec une touche
expérimental ambient. Les 11 morceaux de Rust
Red September sont des splendeurs intemporelles de la pop anglaise des
années 80. Tout comme Japan, Felt, The Sound, The Smiths, The Monochrome Set, les
compos de Eyeless In Gaza ont marqués de leur
empreinte, une certaine idée de la pop "so british", qu’on ne se lassera pas d’écouter
au fil de notre passage sur terre.