lundi 18 juillet 2022

"MEURTRE PAR INTÉRIM" d’Umberto Lenzi (Le Chat qui fume) – Juillet 2022


Le Chat qui fume vient de publier en Blu-ray, un film rare, qui n’avait eu droit en France qu’à une édition VHS, il s’agit de Meurtre par Intérim (Un Posto Ideale Per Uccidere en VO) d’Umberto Lenzi, sortie en salles en Italie en 1971, en France en février 1975. Après avoir réalisé Si douces, si perverses avec Jean-Louis Trintignant (1969), Paranoïa (1970), Umberto Lenzi poursuit avec Meurtre par Intérim, ses films giallo/thriller psychologique, suivi de Le tueur à l’orchidée (1972) et Spasmo (1974) devenu un classique du giallo, ainsi que sa B.O. composée par Ennio Morricone.

Voici le synopsis du film : "À Copenhague, Ingrid Sjoman et Dick Butler forment un jeune couple de marginaux qui subsiste tant bien que mal en vendant à la sauvette des revues et photos pornographiques. Ils décident de partir en Italie, dans l’espoir de gagner plus d’argent. Là-bas, en Toscane, recherchés par la police, ils trouvent refuge dans une vaste villa isolée, près de Florence, où vit Barbara Slater, femme issue d’un milieu aisé. Si, dans un premier temps, celle-ci se montre hostile à leur égard, ils finissent par se faire accepter d'elle sans imaginer dans quel traquenard ils sont tombés…". (Texte extrait de la jaquette du Chat qui fume)

 


Il est étonnant que Meurtre par Intérim soit resté aussi longtemps invisible (peut être par ce qu'on ne retrouve pas ici les codes du giallo -tueur masqué, meurtres a répétition avec lame tranchante), car la distribution est portant de haut niveau, avec dans les rôles principaux Irène Papas (Zorba le Grec, Z), Ray Lovelock (Tire encore si tu peux, La rançon de la peur, Frisson d’horreur) et la toute jeune Ornella Muti, alors âgé de 17 ans et demi, dont c’est ici son troisième rôle au cinéma, le premier étant Francesca dans Seule contre la mafia de Damiano Damiani (1970). Dans les bonus du Blu-ray, on apprend avec l’interview d’Umberto Lenzi, qu’il a vu la première fois Ornella Muti quand elle avait 13 ans, lors d’une soirée de la Saint-Sylvestre chez son producteur de la PEA, qui est le cousin d’Ornella Muti. Mais c'est sa prestation dans le film de Damiani qui l’a convaincu pour le rôle d’Ingrid dans Meurtre par intérim. Très bon choix, car elle illumine l’écran, tant elle est rayonnante, tant son jeu est parfait. Avec son partenaire Ray Lovelock (Dick Butler), tous les deux, ils forment un joli jeune couple libre, prêt à tout pour trouver de l’argent facile, pour passer du bon temps ensemble au volant d’une voiture jaune aux dessins hippie, Flower power. Umberto Lenzi aurait voulu que le jeune couple deale de la drogue pour se faire de l’argent, mais le producteur Carlo Ponti (mari de Sofia Loren) à refusé. Ainsi Umberto Lenzi se retrouve avec deux scénaristes, Lucia Drudi Demby et Antonio Altoviti pour modifier le scénario, le deale de drogue va passer à la vente sous le manteau de revues pornographiques. Nous sommes au début des années 70, la jeunesse écoute de la pop, du rock, vie en communauté, s’éclate en boite, et surtout veut vivre à fond et profiter du temps présent. On fait du petit trafic, on a des soucis avec la police, on emmerde les bourgeois, on fonce jusqu’au jour où on se fait embourber dans une salle histoire, rondement mené par justement une bourgeoise joué ici par Irène Papas (Barbara Slater). Les trois quart du film se passent dans sa grande villa, avec un grand jardin/parc, une volière. Pas d’inquiétude, ici pas d’effet décors de théâtre, la mise en scène est dynamique et permet aux acteurs d’avoir des scènes extérieures et surtout, l’action est toujours présente, en gestation. En prime, pour être bien imprégner par l'histoire, la qualité de l’image du Blu-ray permet de profiter de la belle mise en scène, de la beauté des acteurs et du décor.

Pochette du 45 tours (2020)

La B.O. est composé par le chanteur italien Bruno Lauzy (1937-2006). La B.O. se tient sur un morceau de pop music qu’on entend dans le générique et qui revient régulièrement à l’écran. Il n’y a pas eu de disque à l’époque de la sortie du film. C’est seulement en 2020 que le label italien Four Flies Records publie un 45 tours avec les morceaux Babadaba et Incontro. Ici la musique colle bien à l’air du temps, on est à la fin des sixties, début des seventies. Dans le film il y a le passage en club, qui permet d’entendre la musique jouer par un groupe et de voir les jeunes danser. Ce passage est bien filmé, avec les contres plongés et des effets psyché pop.


Dans le bonus du Blu-ray, Umberto Lenzi dit au journaliste qu’il n’aime pas le film. Il n’apprécie que la fin, le fameux twist final. Umberto Lenzi avait en tête un film agressif, dans l’esprit d’Easy Rider de Dennis Hopper (1969), avec deux jeunes qui dealent de la drogue pour financer leurs vacances. Le fait d’avoir changé le bizness de la drogue en bizness des revues et photos pornos, ne lui convient pas. L’un ou l’autre, le pitch du film tient malgré tout la route… des vacances. La photo (d’Alfio Contini) et la mise en scène sont soignées, on est captivé par l’intrigue. Les rebondissements sont nombreux, il y a même quelques scènes "soft" de nu et surtout, au risque de se répéter, la présence de la jeune et rayonnante Ornella Muti, présente à chaque instant sur l’écran, est un atout incontournable de ce Meurtre par intérim, qui mérite d’apparaitre sur votre écran large de télévision. Bonne séance !

https://www.lechatquifume.com/collections/precommandes/products/meurtre-par-interim








dimanche 17 juillet 2022

THE SHIVAS "Feels So Good//Feels So Bad" (Tender Loving Empire) – 24 septembre 2021


The Shivas est un groupe américain de Portland qui s’est formé en 2006. Feels So Good//Feels So Bad est leur 7ème album studio, et pas d’inquiétude, The Shivas est plus inspiré que jamais. Aucune baisse de régime, que cela soit sur la face Feels So Good ou sur la face Feels So Bad, les 13 nouvelles compos sont solaires et magiques, tant ici les mélodies sont pop, les refrains sont éclatants de naturels. La complicité/union entre les quatre membres de The Shivas, traverse les sillons du vinyle 33 tours pour notre bonheur. Le groupe nous transmet son énergie, sa bonne humeur avec sa musique indé, qui fleure bon les sixties.

Depuis ses débuts, The Shivas fait beaucoup de concerts, car c’est là qu’ils sont heureux. Pouvoir partager sa musique avec le public est leur moteur artistique. Autant dire que les deux années Covid-19 sans concerts, ont perturbées leur ADN, jusqu’à se demander s’ils n’allaient pas faire autre choses. D’ailleurs, trois des membres du groupe ont trouvés du travail dans un organisme à but non lucratif, dans un service social pour aider les plus démunis. Ils ont découverts la vie en communauté, d’où le visuel de la pochette de leur nouvel album car, fort heureusement, The Shivas n’a pas abandonné la musique, n’y les concerts. C’est un soulagement, car sur scène, ce groupe est ÉNORME, tant leur énergie et leur générosité communicative sont adapté pour le live (dont un passage à Paris au Supersonic le 24 juin dernier), notamment pour défendre les nouvelles compos qui sont parfaites, du moins pour l’amateur d’indie rock, teinté de garage, de pop, de psyché, le tout  au son fleurie et boisé. Les voix sont claires, le mariage vocal entre Kristin Leonard et Jared Moyneux est le miracle de The Shivas, sans oublier les riffs biens senties, idéals pour marier mélodie pop et énergie rock garage. Le morceau Undone résume bien les qualités du groupe, avec sa mélodie qui en ferait un bon tube d’été. On est ici dans le voisinage de Woods, Allah-Las, La Luz, Night Beats, The Smoking Trees, The Paperhead, The Feelies et une touche de Darklands de Jesus & Mary Chain meet The Soup Dragons. Oui, la vie en communauté donne à The Shivas de nouvelles perspectives artistiques plus qu’inspirante. Du titre de l’album, on va garder Feels So Good (Se sent si bien) qui correspond à notre état après l’écoute de ses 43 minutes de musique au son live.


https://theshivas.bandcamp.com/album/feels-so-good-feels-so-bad

https://www.theshivas.org/

https://www.facebook.com/theshivas




samedi 16 juillet 2022

THE ROUTES "The Twang Machine" (Topsy-Turvy Rds/Double Crown Rds/Otitis Media Rds) – 5 juin 2022


Depuis des décennies, Kraftwerk, le célèbre groupe électro de Dübendorf  est vénéré à travers le monde. La preuve flagrante, leurs musiques sont reprises par les artistes du monde entier. On ne va pas tous les énumérer, juste citer trois noms : le groupe Señor Coconut mené par l'allemand-mais installé à Santiago du Chili-  Uwe Schmidt aka Atom Heart-Atom TM, avec l’album El Baile Alemán qui ne contient que des reprises de Kraftwerk en mode cha cha cha, cumbia et merengue, le groupe anglais The Balanescu Quartet avec l’album Possessed, où là les reprises de Kraftwerk sont en version musique contemporaine, le groupe français Tristesse Contemporaine et leurs concerts sous l’entité L’Homme Machine, avec des reprises en mode électro deep B.O. de film. Par contre ils n’ont pas publié d’album avec ses reprises live.

En me baladant sur le blog Voix de Garage Grenoble de l’ami Bertrand Tappaz, je tombe sur une pochette qui pastiche le célèbre The Man Machine de Kraftwerk. Le groupe, en formation trio, japonais d’Oita, a pour nom The Routes (qui fait le lien avec Autobahn).  Étant fan de tout ce qui touche de près ou de loin, les pionniers de l’électro, je m’empresse d’écouter sur Bandcamp. Et bien avec The Routes, la musique électro de Kraftwerk est passée à la sauce surf, et ça le fait ! Leur album ne reprend pas la totalité de la tracklist de The Man Machine, mais revisite la discographie de Kraftwerk en sorte de best of : The Model, Pocket Calculator, Showroom Dummies, Tour de France, The Robots, Autobahn, Radioactivity, Trans Europe Express, Neon Light. Je n’avais jamais entendu causer de ce groupe, qui existe depuis 2007. The Twang Machine est leur 11ème album studio. The Routes est un trio de garage rock sixties, qui mélange, selon les albums, les styles psyché -Nuggets-, punk rock et surf music, un style instrumental qui montre son adaptation à tous les genres de musique. Les versions de The Routes ne tombent pas dans la caricature, on sent qu’ils aiment la musique de Kraftwerk, c’est un hommage sérieux qui nous propose des versions en mode surf, bien travaillés, bien arrangés. Les sons électro pop qui viennent du gris de Dübendorf, passés au rayon du soleil de la Californie, mais vue du Japon, on peut dire que la musique, quand elle est bonne, fait des miracles. Du Kraftwerk surf instrumental à la sauce japonaise, au menu de l’été 2022, cela ne se refuse pas !


https://theroutesjapan.bandcamp.com/album/the-twang-machine

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