lundi 19 juillet 2021

POLICE CONNECTION de Howard W. Koch (BQHL) – 15 juin 2021

Sortie au cinéma le 25 juillet 1973 à New York et le 20 septembre 1973 en France, Police Connection (Badge 373 en VO) n’avait à ce jour pas eu d’édition française en vidéo. A part des diffusions dans des festivals, la cinémathèque de Paris et sur Paramount Channel, il n’était pas possible de voir ou revoir ce film. Ce handicap pour le cinéphile et plus particulièrement pour l’amateur de polar urbain est réparé avec la publication en Blu-ray et en DVD par BQHL Éditions. A noter que l’éditeur a aussi publié simultanément le film La Mutinerie (Riot en VO) de Buzz Kulik avec Gene Hackman et Jim Brown.


A la fin des années 60 jusqu’à mi-70, on voit apparaitre dans le cinéma américain un nouveau genre de polar, nettement plus frontal que le polar/film noir des années 40/50. Dans le polar des sixties/seventies, le policier est amené à faire justice lui-même. Les scènes de violence et de sexe sont plus explicites. La caméra se promène dans la rue, sur le trottoir pour être au plus près des personnages, des seconds rôles, souvent mélangés à la foule grâce à des images volées, car la demande aux autorités de pouvoir filmer n’a pas été faite. Cette façon de filmer permet au spectateur d’avoir l’impression d’être dans l’action, voir dans le lit quand la scène le permet. Aussi, après la musique jazz des films noirs, place aux groove, au funk, à la soul pour illustrer ses films en couleurs poisseuses et grisonnantes, pour accompagner les scènes de poursuites entre les policiers et les voleurs, trafiquants en tout genre. Par contre si le politicier est tranquille dans les 3/4 du film pour faire ses magouilles pour accéder au pouvoir, souvent dans le dernier quart, il prend cher. Ces fameux films sont réalisés par Peter Yates (Bullitt), Michael Winner (Un Justicier dans la ville, Le flingueur, Le Cercle noir, Scorpio), Richard Fleischer (L’Etrangleur de Boston, Les Flics ne dorment pas nuit), Don Siegel (L’Inspecteur Harry), John Flynn (Échec à l’organisation), Sidney Lumet (Serpico), Stuart Rosenberg, (Le flic ricanant), Philip D’Antoni (Police puissance 7). Sans oublier les séries TV, Les rues de San Francisco, Kojak, Starsky et Hutch.


On en arrive à Police Connection. Déjà le réalisateur Howard W. Kock (1916-2001) est avant tout un producteur. Il n’a pas le même aura que Michael Winner, Richard Fleischer et Don Siegel. Par contre, il faut reconnaitre que son incursion dans le polar urbain avec Police Connection est une petite réussite, notamment grâce à la présence du charismatique Robert Duvall qui tient là un premier rôle solide qu’il interprète avec brio. A noter qu’avant ce polar, en 1968 il a joué dans Bullitt de Peter Yates et Le Détective de Gordon Douglas, en 1972 dans Le Parrain de Francis Ford Coppola et en 1973 il sera aussi à l’affiche de Échec à l’organisation de John Flinn. Soit que du bon !


En 1971 le film French Connection de William Friedkin fait un carton au box-office. Ce film c’est inspiré de la carrière du policier new-yorkais Eddie Egan, qui a tout au long de sa carrière mi en prison de nombreux malfrats. Gene Hackman (Popeye Doyle) reprend son rôle dans French Connection. C’est ce même policier qui va inspirer le personnage Eddy Ryan que joue Robert Duvall. D'où le choix du titre en français qui reprend le mot "Connection", surement plus vendeur que Badge 373.  A noter qu’Eddie Egan, en plus d’avoir donné de nombreuses infos aux scénaristes et réalisateurs, joue également un rôle dans ses deux films. Dans Police Connection il joue le rôle du lieutenant Scanlon, le supérieur à Robert Duvall, coincé entre son amitié envers le policier et ses responsabilités pour la hiérarchie.


Synopsis :

« Un flic, suspendu après une bavure sur un petit truand, se remet rapidement après que l'on a retrouvé son coéquipier égorgé dans sa voiture. Très vite, il découvre qu'il était mêlé à un trafic d'armes. Poursuivi par les trafiquants qui veulent le tuer, il remonte à leur source jusqu'au chef qui est un Portoricain diplômé de Harvard qui prépare une révolution. »

Le film durant près de deux heures, cela laisse le temps pour les nombreux rebondissements. Enquête, vie de couple, misère humaine et gros bonnets, bref New-York c’est la jungle avec ses malfrats, ses politiques, ses coups tordus. Le film alterne actions et pauses avec tenue. Le tout sous une musique jazz et soul rythmé de J.J. Johnson, malheureusement pas disponible en CD n’y en vinyle. Parmi les scènes d’actions, il y a celui avec le bus conduit par Robert Duvall livré à toute berzingue pour s’échapper de ses poursuivants, le tout avec une dizaine de passagers. Très belle séquence.


Pour le rendu Blu-ray, à par le format 4/3 destiné à la télé carré des années 70 (le format original est 16/9, 1.85:1, format respecté dans le Blu-ray américain - merci à Bloodi pour cette précision-), l’image qui reprend le grain de la pellicule donne à l’ambiance du film le côté vintage des séries et films urbains (dont les blaxploitations) des années 70. Bref un bon polar pour se faire la séance ciné du dimanche soir. Enfin en bonus il y a une présentation du film par le journaliste et éditeur François Guérif. Il donne de nombreuses infos.


dimanche 18 juillet 2021

ARTHUR SATAN "So Far So Good" (Born Bad Records/L’Autre Distribution) – 25 juin 2021


2020 a été année particulière pour les artistes. Une année soit disant pour se réinventer, vu qu’il n’y avait plus de contact physique entre les musiciens, avec le public et les médiats. C’est dans ce contexte, qu’Arthur Satan du groupe JC Satan, a composé son premier album solo. Seul à bord, on aurait pu penser qu’il nous fasse un album lo-fi bidouillé avec les moyens du bord, et pour arrondir les angles, quelques effets noise, fuzz, wah-wah, dans une tonalité brut dérivé du garage punk rock. Et bien c’est tout l’inverse. L’album solo d’Arthur Satan est délicieusement pop sixties, avec des mélodies chiadées et une production au petit soin. Ici on n’est pas dans le langage des Seeds, Sonics, Pretty Things, mais dans celui classieux des Beatles, Kinks, Love, Brian Wilson et parfois une touche de glam rock à la T-Rex et de Library Music. Difficile, à l’écoute de l’album, d’imaginer qu’Arthur Satan ait tout fait (même le dessin de la pochette), tant l’instrumentation, les voix sont dignes d’un groupe soudé, installé confortablement dans un studio à l’acoustique exemplaire, le tout sous l’œil d’un producteur de talent, comme  George Martin, Lee Hazlewood ou Quincy Jones. Le son de So Far So Good dégage une pureté, une liberté totale face à la pop des sixties, en n’hésitant pas sur les chœurs, sur l’excès de piano et les arrangements sans retenu qui frisent l’exubérance baroque "assumé" des mélodies. Dans cet essai de zèle qui donne au final du bonheur à l’écoute, on pense à XTC et son chanteur Andy Partridge. Après le fantastique Once de Maxwell Farrington & Le Superhomard, sortie il y a quelques mois, voici So Far So Good qui nous gâte d’une relecture de la pop classieuse et stylé, et tout ça sous l’oreille d’artistes français très inspirés. Bref ici Satan copule, drague avec les anges, et c’est parfait !


https://www.bornbadrecords.net/artists/arthur-satan/

https://www.facebook.com/ArthurSATAN/


samedi 17 juillet 2021

FLOWERTOWN "S/T" (Mt.St.Mtn.) – 25 juin 2021


 

La semaine dernière, lors de ma chronique au sujet du groupe hollandais Lewsberg, j’évoquais l’influence du groupe The Velvet Underground sur de nombreuses formations, et cela depuis la séparation du Velvet en 1973. Nous sommes en juillet 2021, à peine remit de l’album In This House de Lewsberg, voici encore un nouvel exemple « d’enfant du Velvet » épanouie et de première classe avec le duo de San Francisco Flowertown, qui a repris le côté lo-fi fragile du Velvet, quand Maureen Tucker passe au chant. Ainsi ce premier album s’inscrit dans la continuité des groupes tels que Galaxie 500, Opal/Mazzy Star, Yo La Tengo, Young Marble Giant, The Proper Ornaments/Utimate Painting/ et le Darkland de The Jesus & Mary Chain.


Au sein du duo, il y a au chant et guitare Karina Gill (du groupe Cindy), à la guitare et voix Michael Ramos (du groupe Tony Jay). Flowertown est à la base une petite récréation pour récolter des fonds pour la Hit Gallery/Hit Factory Pop City tenu par Peter Hurley. Ce lieu culturel communautaire (expositions, concerts, spectacles, projections, conférences) situé à San-Francisco est fragile et ce n’est pas la pénible année 2020 qui a arrangé les choses. Vu le tirage confidentiel de leur musique, pas sûr qu’ils aient récoltés beaucoup d’argent, toujours est-il, les compos sont là, et c’est déjà beaucoup. A l’origine, les morceaux sont publiés sur deux K7 éditées en mai et août 2020 par le label Paisley Shirt Records. Le tirage étant riquiqui (20 exemplaires ?), les K7 sont épuisés. 


Et miracle, les voici remasterisés et publié en vinyle par le label Mt.St.Mtn. L’album contient 12 morceaux qui vont ravir l’amateur du style lo-fi, avec un son, des mélodies épurées jusqu’à l’os, pour ne garder qu’une voix mono et quelques notes de guitare, un soupçon de rythme échappé d’une mini batterie posé dans le coin de la chambre, quelques effets avec des pédales achetés dans un vide grenier qui donne un grain, une patine du meilleur effet. Écouter la musique fragile de Flowertown est jouissif. Ici c’est l’anti thèse des studios d’enregistrement avec plusieurs tables de mixages. Ici on est dans de l’artisanat, dans du « fait maison » destiné à être vendu main à la main et non pas par une multinationale géré par des financiers qui ont fait une école de commerce et qui n’ont comme objectif que de satisfaire leurs actionnaires. Ainsi bien loin du système de consommation massive, il y a la musique de poche de Flowertown qui vient droit au cœur, avec juste une voix, une guitare et un savoir-faire musical. Bref, à écouter au plus vite !

 


https://flowertownsf.bandcamp.com/album/s-t