vendredi 16 février 2024

ECHO & THE BUNNYMEN "Evergreen" (London Records) – 14 juillet 1997

Comme pour l’album Mother Juno du Gun Club que j’ai chroniqué il y a quelques jours, l’album Evergreen d’Echo & the Bunnymen est aussi un disque qu’on a tendance à sous-estimer, moi le premier. Vu que je le l’ai pas acheté à sa sortie en juillet 1997, et juste découverts en 2001, quelques morceaux dans le coffret Christal Days 1979-1999, et encore plus tard sur le CD trouvé d’occas à la boutique Parallèles. En 1997, j’avais délaissé Echo & The Bunnymen (pourtant un de mes groupes préférés dans les années 80), plus préoccupé à découvrir le répertoire de François de Roubaix, Isaac Hayes et les B.O. Blaxploitation, Plaid et le label Warp Records, les trouvailles-samples étonnants de David Holmes sur l'album Lets Get Killed, danser sur la musique de Stereo Total qui vient de sortir Monokini avec le tube Supergirl. Etre en admiration par le talent sans faille de Jason Pierce, qui continu de faire des merveilles avec son groupe Spiritualized, d’autant qu’en 1997 il sort le chef d’œuvre Ladies and Gentlemen We are Floting in Stace (donc la pochette/packaging du CD  était une imitation d’une boite de médicament), à écouter en boucle le tube Bitter Sweet Symphony de The Verve qui me permettra de découvrir The Andrew Oldham Orchestra, le tube Brimful of Asha de mon ami Tjinder (coucou Marie) et son groupe Cornershop. Ce morceau extrait de l’excellent album  When I Was Born for the 7th Time est le meilleur remède pour se mettre de bonne humeur. Comment résister au son de la cithare à la rencontre de l’indi (sans jeu de mot) rock. Oui en 1997, Echo est un lointain écho, mais il n’est pas oublié, je sais qu’il reviendra un jour.

Le jour, -concernant Evergreen- est venu finalement il n’y a pas très longtemps, en décembre 2022, lors de la réédition de l’album en vinyle pour les 25 ans de sa sortie. En 1997, il n’y avait eu que les éditions CD et cassette. C’est ainsi que j’ai réellement découvert cet album, mon achat CD du début 2000 étant noyé dans d’autres nouveautés plus en phase avec mes écoutes du moment. Pourtant la photo de la pochette aurait dû m’alerter, car elle est dans l’esprit des pochettes des quatre premiers albums d’Echo : Crocodiles (1980), Heaven Up Here (1981), Porcupine (1983) et le classique Ocean Rain (1984). Mais c’est clair, le fait que la pochette d’Evergreen n’ai trouvé son vrai format taille vinyle 33 tours qu’en 2022, alors qu’on peut passer à côté du format CD nettement plus petit, a donné le coup de pousse qui manquais en 1997. Ainsi le photographe Norman Watson poursuit le travail de Brian Griffin (qui vient d’ailleurs de nous quitter le 29 janvier 2024 à l’âge de 75 ans), responsable des quatre premières pochettes. Pour Evergreen, Norman Watson rend hommage à la pochette de Crocodiles, où l’on voit aussi des arbres et McCalloch assit. Le tout avec une lumière qui se fait écho. A noter que la réédition 2 CD de 2022 contient de nombreux bonus : face B, live, sessions et inédits.

Entre Ocean Rain (1984) et Evergreen, il y a les albums Echo & the Bunnymen (1987-sympathique, malgré un son trop produit) et l’imbuvable Reverberation (1990), avec en prime une pochette hideuse. Cet album a été réalisé par Will Sergeant et Lee Pattinson sans la présence de Ian McCulloch qui a commencé en 1988 une carrière solo avec le magnifique Candleland. Un album d’Echo sans la voix de McCulloch, c’est juste une hérésie qui a donc pris la forme de Reverberation avec au chant Noel Burke qui aurait dû décliner l’invitation. Évidemment McCulloch est furieux de voir apparaitre un album d’Echo sans sa présence. En 1993 le groupe splitte officiellement. Heureusement le temps fait son deuil, en 1996, Echo & the Bunnymen ressort de son terrier. En 1997, cet accident de parcourt oublié avec Will et Lee qui retrouvent Ian qui a entretemps sorti deux albums de bonne facture, qui lui ont permis de mettre à jour sa passion pour Leonard Cohen. A noter aussi l’interlude Electrafixion, avec McCulloch, Sergeant, plus trois musiciens pour l’unique album Burned (1995) et quelques EP. Un projet qui n’aura pas de suite, inutile de s’éparpiller !

Évidemment sur Evergreen on a plus la frappe unique de Peter De Fretas qui a eu une mort malheureuse suite à un accident de moto en 1989 à seulement 27 ans, mais Michael Lee tient bien le poste. Malgré qu’il vient du hard rock (il est notamment le batteur de Robert Plant), ici pas de tic hardos. Nos trois survivants, une fois réunis dans la même pièce, la magie opère immédiatement. On retrouve le son unique d’Echo avec ses arrangements, mélodies de velours, pulsées par une bonne énergie pop rock d’une classe redoutable au raffinement exemplaire soufflé jusqu’à l’extase, avec la présence aux cordes, tout au long de l’album du London Metropolitan Orchestra. Le morceau Altramont aurait pu figurer sur l’album Porcupine avec son riff de guitare héroïque, dosé juste à point en contre chant avec le son cristallin si caractéristique du groupe. En live, ce morceau doit bien remuer le public. Idem pour In My Time qui lui aurait pu figurer sur la tracklist de Ocean Rain. Ce qui n’est pas étonnant, car aux arrangements des cordes, on trouve Adam Peters déjà présent sur Ocean Rain. Tout au long d’Evergreen, la voix de McCulloch fait des merveilles. Sur In My Time avec la grâce du London Metropolitan Orchestra on touche direct les étoiles. Nos trois lapins accompagnés par le London Metropolitan Orchestra agencent avec merveilles, morceaux orchestrés et d’autres plus rock, plus nerveux. Le mix se mari à merveille. Aucun n’écrase l’autre. Les 12 morceaux (d’une durée de 50 minutes, même sur l’édition vinyle) sont bien agencés pour faire un album homogène entre l’électricité et les harmonies cristallines des cordes étoilées.

Ce retour inspiré en 1997 aura eu un bon accueil dans le TOP 10 anglais. L’album atteint la 8ème place, ainsi que le single Nothing Lasts Forever. A noter sur le single, la présence de Liam Gallagher (Oasis) dans les chœurs. Mais cet instant de grâce sera de courte durée. Lee Patterson quitte de nouveau le groupe. Ainsi, sur l’album Whate are you going to do with your life ? (1999) -avec sur la pochette McCulloch seul de dos qui marche sur une route déserte-, malgré de nouveau la présence London Metropolitan Orchestra, on ne retrouve pas l’éclat harmonique et emportée de Evergreen. En 2024, Echo & the Bunnymen sont toujours sur les rails. Depuis 1999, ils ont publiés six albums, que je n’ai pas écoutés. Peut-être que là aussi il y a des perles à découvrir, mais j’ai des doutes, d’autant que pour leur nouvelle tournée (la date au Trianon à Paris le 2 avril 2024 est complet) reprend en parti, le visuel de la pochette de la compilation Songs To Learn & Sing qui date de 1985. Bref, si vous aussi en 1997 l’album Evergreen vous a échappé, donnez-lui une seconde chance en 2024.

Chronique de l’album Heaven Up Here ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2021/04/echo-and-bunnymen-heaven-up-here.html

https://www.bunnymen.com/

http://www.villiersterrace.com/






mardi 13 février 2024

LOUIS ARLETTE "Chrysalide" (Autoproduction) – Février 2024


Louis Arlette est un poète troubadour céleste qui compose musique lo-fi bricolé d’instruments qu’on imagine sortis d’une male à jouets. Sur sa musique, -mélange de folk électro cabossé-, Louis Arlette porte avec un chant parlé, ses textes en français tel un conteur installé au milieu d’une petite scène d’un théâtre de poche, où juste une petite lumière vient l’éclairer. Autant dire que les chansons de Louis Arlette sont comme des accidents dans le monde musical actuel de la chanson française, bien loin des flon-flon des Victoires de la musique. Il est inclassable. Pour composer sa musique fragile, amusante, Louis Arlette a dut faire table rase sur ses années au Conservatoire de musique, sections violon et piano pour venir après trois albums pop, à une musique et texte épuré jusqu’à l’os. Le souffle de sa voix fait partir du timbre sonore. Ici on est dans la « petite » chanson qui se cueille au petit matin, et non pas dans la chanson aux arrangements de velours. On trouve chez lui du Bobby Lapointe, Pierre Vassiliu, Louis Chedid, Mathieu Boogaerts, mais au final difficile de raccrocher l’univers de Louis Arlette à un genre musical. Il est un électron, funambule libre qui gesticule dans ses créations poétiques où les papillons vivent plus qu’une journée.


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