TRUNKS "We Dust" (La Station Service/Il Monstro/L’Autre Distribution) – 13 octobre 2023

TRUNKS est un groupe rennais qui s’est formé en 2003 au Jardin Moderne, lieu associatif rennais dédié à l’accompagnement des artistes et organisations liés aux spectacles. Au sein de TRUNKS on trouve quelques figures connues du monde indé, à commencer par Laetitia Shériff qui vient alors également de débuter sa carrière solo, le batteur Régïs Boulard qui fera entre autre partie du trio Chien Vert, le guitariste Stéphane Fromentin alors membre du groupe Ruby Red Gun, puis également dans Chien Vert. En formation trio, TRUNKS ne publie pas de disque, mais on imagine qu’ils ont donné quelques concerts à Rennes. Il faudra attendre 2007 et la rencontre d’une grande figure rennaise, le saxophoniste Daniel Paboeuf (Marquis de Sade, Etienne Daho, Sax Pustuls, Niagara) et le guitariste Florian Marzano du groupe We Only Said pour que TRUNKS soit opérationnel. La formation au complet, c’est la réalisation de deux albums, Use Less en 2007 et On The Roof en 2011. De par l’emploi du temps du temps très serré pour chaque membre du groupe, qui travaillent sur leur projet solo, collaborations pour le spectacle vivant ou pour un artiste, le projet TRUNKS est comme la 5ème roue d’un carrosse, ainsi il faudra attendre octobre 2023 pour la publication du 3ème album titré We Dust.

Les compos de l’album ont commencé en 2021 sous l’impulsion de Laetitia Shériff (qui a entre-temps construit une belle carrière solo, avec notamment la publication du bel album Pandemonium, Solace and Stars) qui désire que le groupe reste vivant. Elle a eu bien raison, car le résultat est bluffant. Il y a ici une unité de groupe qui donne aux huit compositions une grandeur céleste. Il y a évidemment la voix de Laetitia Shériff toujours aussi magistrale, mais aussi les instrumentaux qui font voyager notre mental vers des brumes chargées d’électricité. L’album est rock, tendu, coupé dans la chair… fraiche. On est ici au croisement de la no-wave (Lydia Lunch), de la noise (Sonic Youth), de la new wave européenne (Tuxedomoon, Minimal Compact, label Crammed Discs, Marquis de Sade, Mecano), d’une B.O. imaginaire pour Wim Wenders, Jim Jarmusch ou David Lynch. Oui notre esprit travaille à l’écoute des compos à tiroirs de TRUNKS. Chaque morceau est un court-métrage qui réserve ses surprises sonores, arrangements audacieux au service du rock pas sage, du jazz pas jazz, du contemporain pas trop arty. Il y a ici du hurlement en sourdine, une envie d’exploser sans faire de la casse. Il y a ici du solaire, une ouverture sans frontière qui permet de voir loin. Le titre We Dust peut se traduire par "Nous dépoussiérons", ce que fait bien TRUNKS dans la façon de faire du rock qui conserve encore en 2023 une certaine insolence en restant classieux et novateur. Rennes reste une ville importante pour le rock de qualité, on pense aussi à Tchewsky & Wood et 100 km plus à l’Ouest, à Saint-Brieuc avec Broken Waltz.

TRUNKS est actuellement en tournée : au Chato’do à Blois le 12 octobre, à l’Aéronef à Lilles le 13 octobre, au Pannonica à Nantes le 3 novembre 2023, au Jardin Moderne à Rennes le 18 novembre et à La Maroquinerie à Paris le 17 janvier 2024.

https://trunks.bandcamp.com/album/we-dust

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SARAKINIKO "Dehors" (La Maison des Corbeaux) – 13 octobre 2023

Après avoir joué dans les groupes Future et Venera 4, le compositeur breton Yann Canevet a démarré en 2020 une aventure en solo sous le nom de Sarakiniko (nom d’une plage de Milos en Grèce) avec en 2022, la publication d’un premier album titré Red Forest (1). Sarakiniko compose une musique shoegaze, dream pop à l’atmosphère à la fois saturé et mélancolique. Pour produire son nouvel album titré Dehors, Sarakiniki a une nouvelle fois fait appel à James Aparicio, un producteur anglais qui connait bien le son shoegaze qui grésille des mélodies (Spiritualized, Throw Down Bones, Black Doldrums). Ce qu’il y a d’étonnant dans les compos de Sarakiniko, c’est qu’on a l’impression d’entendre un groupe, tant le son est ample. A la différence du premier album, ici certains textes sont écrits en français. Le chant dans la langue de Christophe réussi plutôt bien à Sarakiniko. Autre nouveauté, une voix féminine vient sur quelques morceaux seconder la voix de Sarakiniko, donnant une couleur pop aérienne des plus agréables. Au croisement de The Cure époque The Head On The Door, Ride époque Nowhere, de Boo Radleys, de Primal Scream, de Brian Jonestown Massacre (notamment sur Strange Breeds), les 10 nouvelles compos ont de la gueule. Si le titre de l’album est Dehors, il ne faut pas pour autant oublier l’intérieur, qui appartient à chacun de nous, sans aucune obligation de le dévoiler aux autres, sauf sous la torture d’un ennemi. Le deuxième single extrait de l’album a pour titre L’avenir la fin, autant dire qu’en trois mots, Sarakiniko nous montre son état d’esprit. Par contre le texte de la chanson est assez mystérieux : "Gouter à tout, Tout le temps, C’est risqué, c’est fou, Mais c’est tentant." Dehors prolonge sans redite, la belle surprise d’écoute de Red Forest, en apportant avec goût et talent sa pierre à l’édifice shoegaze.

(1): Chronique de l’album Red Forest ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2022/04/sarakiniko-red-forest-la-maison-des.html

https://sarakiniko.bandcamp.com/album/dehors

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