samedi 6 août 2022

GLOBAL CHARMING "Mediocre, brutal" (Subroutine Records) – 9 octobre 2020

Global Charming est un jeune groupe Hollandais qui nous vient de la ville du vélo et de la fumette, Amsterdam. Le titre de leur premier album Mediocre, brutal est en rapport à la banalité de leur ville qui voit défiler des hordes de touristes pour les coffee shop et trainer dans le quartier rouge (encore plus cheap que Pigalle). Fort heureusement la musique de Global Charming n’est pas médiocre, au contraire leur style post punk et lo-fi séduit dès les premiers sons, tant les quatre membres sont en totale osmose. Jilles van Kleef (voix, guitare), Sara Elzinga (guitare, synthé, voix), Sjoerd Bartlema (batterie, percussion, voix) et Fokke de Wit (basse, voix) composent des morceaux taillés au plus près de l’os, pour ne garder que l’essentiel. Ici pas une goutte de gras, pas d’effet clinquant, pas de superflue, pas de déchet. C’est comme si Young Marble Giants faisait un bœuf avec Devo sous le regard satisfait de Television, The Fall et Pylon. Dans la scène actuelle, on peut rapprocher Global Charming à Dry Cleaning, à Lithics et à leurs voisins de Rotterdam Lewsberg, pour le côté lo-fi épuré et Rats On Rafts pour le côté punk sous contrôle. Mediocre, brutal a été mixé par Mickey Young, l’australien aux mille formations  mieux connu sous le nom d’Eddy Current. Soit une belle plu valu pour mettre les neuf morceaux sur orbites. En moins de 25 minutes, le groupe nous montre un bel éventail de leur talent, en nous façonnant des compos de nature post-punk, énergique, tendu, mélodique, et surtout rempli de charme. On écoute leur musique, et instantanément on se sent bien. On est heureux d’être en leur compagnie. Le morceau Celebration (le plus long de l’album avec ses 4.29 minutes) est un pur tube punk lo-fi à écouter dès le matin pour se donner du peps pour la journée, et pour réussir une soirée quand il y a un peu de mou sur la piste de danse.

Photo @ Marc Elisabeth

C’est d’autant plus vrai en concert. Les voir s’installer tous les quatre sur la scène du Supersonic à Paris (le 5/08/22), avec un look d’étudiant pour les garçons et un look flashions 80 pour  Sara style Kim Wilde 81 (réf., pochette du 45tours Kids In America), on sait qu’on va passer un bon moment. Si la transition avec les juvéniles de Manchester Tigers & Flies (en chemises rouges), avec leur musique anglaise esprit Fun Boy Three, Orange Juice, The Pale Fountains, The Style Council qui est joyeuse et bon enfant, il a fallu deux morceaux pour Global Charming (en chemises blanches) pour se décoincer, commencer à avoir le sourire et à partir du 3ème morceau Heal, c’est partie pour une heure de rock indé comme on aime. Leur son sec et généreux, la voix de Jilles qui a le timbre parfait pour le style post-punk, et la pétillante Sara avec écrit Yes ! sur son T-shirt, qui nous sorts des sons lo-fi sur son petit synthé juste comme on aime. Au fil des morceaux, l’intensité monte sur scène et dans le public. Le groupe se lâche et le public aussi pour danser avec bon esprit.  Bref, ce concert est tout bon pour finir la semaine. Lors du set, Global Charming a interprété de nombreux nouveaux morceaux qui présagent un magnifique 2ème album. On est impatient d’écouter ça sur disque. En attendant, n’hésitez pas d’abuser d’écouter Mediocre, brutal, il n’y a aucune chance de s’en lasser.

Global Charming au Supersonic - 05/08/22 @ Photos Paskal Larsen

https://globalcharming.bandcamp.com/album/mediocre-brutal

https://www.facebook.com/globalcharming






vendredi 5 août 2022

KIKAGAKU MOYO "Kumoyo Island" (GuruGuru Brain) – 6 mai 2022


Après une belle carrière commencé en 2012, le groupe japonais Kikagaku Moyo tire sa révérence, avec une tournée d’adieu qui s’achèvera le 6 octobre 2022 à New York et la sortie de leur 5ème album, titré Kumoyo Island, soit l’album testament après une belle carrière qu’on aurais voulu voir continuer, vu la qualité de cet album posthume, qui ne broie pas du noir, mais au contraire de la lumière et de l’éclat solaire et aquatique. Ici on est téléporté sur une ile paradisiaque, sans pollution, sans pyromane, sans raciste, sans haine, sans rancœur, sans jalousie, bref une ile sans êtres humains.

Sur leur site internet, Kikagaku Moyo explique pourquoi il mette fin au groupe, du moins pour une « pause indéfinie » : "Aujourd’hui, nous avons des nouvelles importantes à partager avec vous. Après de longues discussions entre nous cinq à la fin de l’année dernière, nous avons décidé de faire une pause indéfinie après 2022. Cela signifie que 2022 sera notre dernière année en tant que Kikagaku Moyo. Nous en sommes arrivés à la conclusion que parce que nous avons vraiment accompli notre mission principale en tant que groupe, nous aimerions terminer ce projet sur la plus haute note possible. Depuis nos débuts en tant que collectif de musique dans les rues de Tokyo en 2012, nous n’avons jamais, jamais imaginé pouvoir jouer partout dans le monde pour nos publics étonnants. C’est grâce à vous que cela a toujours été possible et nous vous en sommes éternellement reconnaissants. Dans cette optique, notre tout dernier album sortira chez Guruguru Brain en mai 2022. Nous avons tellement aimé faire cet album et sommes incroyablement excités de le sortir enfin ce printemps pour vous. Après la sortie de notre dernier album, nous ferons nos toutes dernières tournées ce printemps et cet automne."

A Paris, on a pu voir au fil des concerts, l’audience de Kikagaku Moyo augmenter petit à petit avec des salles de plus en plus grande : le 9 juin 2015 à La Mécanique Ondulatoire (150 places), le 19 juin 2017 à l’Espace B (250 places), le 29 juillet 2017 au Point Ephémère (300 places), le 9 novembre 2018 au Petit Bain (450 places) et  le 6 juin 2022 au Trabendo (700 places) juste après une belle prestation à Angers au festival Levitation France le 4 juin 2022. Si l’aventure avait continuée, on aurait peut vu le nom de Kikagaku Moyo en lettres rouges éclairantes sur la façade de L’Olympia (2800 places)... à chacun sa boule de cristal.

Ainsi Kumoyo Island achève dignement la belle aventure de Kikagaku Moyo. A l’image des visuels de l’album, très solaire, très sunshine pop, aussi coloré qu’un dessin animé de Hayao Miyazaki, qu’une œuvre picturale de Takashi Mirakami, Kikagaku Moyo a fait entrer la couleur, beaucoup de couleurs dans sa musique psychédélique, krautrock et acid rock. Monaka qui veut dire "bonbon", est justement une friandise (acid)ulée qui ouvre l’album. Sa mélodie enfantine au son japonisant nous indique qu’ici l’aventure sera ludique et joyeuse, tout en gardant les fondements. Aussi aux gré des découvertes, toujours à base de psyché folk avec la présence d’une cithare et instruments traditionnels japonais, ce nouvel album procure une sérénité, comme un besoin de respirer, de se poser, de regarder la nature, après avoir joué avec l’acide, l’électricité, le fuzz, la wah-wah. Ici les fumigènes et stroboscopes ont fait place au ciel bleu, au soleil à température ambiante à l’ombre d’un arbre, pour laisser libre court à ses rêves. L’ambiance générale est celui d’un au revoir (pas un adieu), d’un départ pour aller plus loin, ou pour juste se poser face à notre monde qui va trop vite, à cause de la technologie, des réseaux sociaux qui font la pluie et le beau temps. Le morceau Maison Silk Road qui clôt l’album est une belle conclusion instrumentale, avec son atmosphère new âge ambient. Alors que les membres du groupe habitent à Amsterdam, quand ils ne sont pas en tournée, l’album a par contre été enregistré dans leur pays d’origine, au Japon à Tokyo, ainsi les paysages poétique du Japon, illustrés sur  la pochette sont présentent tout au long des 11 morceaux qui nous font voyager au pays du soleil levant. Clap de fin tout en beauté ! Salut aux artistes !


https://kikagakumoyo.com/

https://kikagakumoyoggb.bandcamp.com/album/kumoyo-island

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