Boris Maurussane vient de publier son premier album titré Social Kaleidoscope (1). Dans le style pop de luxe, avec des arrangements délicieux, des mélodies lumineuses, on peut dire que Boris Maurussane a mis les petits plats dans les grands, pour le bonheur des gourmets et des oreilles les plus exigeantes. Pour composer des morceaux à la fois aérés et complexes, judicieusement orchestrés (il y a 19 musiciens qui ont répondus à l’appel du maestro), on peut imaginer que Boris Maurussane a un bon bagage musical du point de vue références discographiques. Avec son Top 10, on va découvrir ce qu’il écoute chez lui.
Ton morceau intemporel ?
Pendant longtemps je revenais sans cesse aux Kinks ou à Left Banke et Montage, mais en ce moment j’essaie de me détacher un peu de cette idée d’intemporalité, peut-être que tout est temporel. Un morceau qui a fait très forte impression sur moi ces dernières années, c’est Children Games d’Antonio Carlos Jobim (CTI Records - 1970). Merveille d’orchestration et d’enregistrement d’une mélodie céleste.
Ton album culte de tous les temps ?
A Love Supreme de John Coltrane (Impulse ! Records - 1965). J’ai découvert ça à 17 ou 18 ans, tout est géant : le son, ce saxophone-voix, ces mélodies en mouvement perpétuel, le piano de Mc Coy Tyner, la batterie d’Elvin Jones, d’une grande agilité rythmique et qui déploie à elle toute seule un tel espace sonore.
Le single parfait de tous les temps ?
Waterloo Sunset des Kinks (Pye Records - 1967). Éternelle grâce (c’est en parfaite contradiction avec ce que j’ai dit plus haut !)
Le morceau « sunshine » pop parfait ?
Where do I go ? de The Free Design (Projet 3 Total Sound - 1969) : voix aérienne et quatuor à cordes !
L’album/single d’un artiste/groupe français qui t’émerveille ?
Dur, dur, je trouve qu’il y a beaucoup de très bonne musique en ce moment.
Bon, en laissant de côté beaucoup de bien belles choses (Domotic, Olivier Rocabois, Serieyx, Dorian Pimpernel, Ricky Hollywood, Julien Gasc, Nicolas Paugam, Chassol, Nina Savary, Astrobal, Fleur Offwood, Pearl and the Oysters, OE, Laure Briard…) pour n’en garder qu’une :
L’Opium d’Athanase Granson (WeWant2Wecord - 2022), disque d’une grâce folle. Des chansons pop merveilleusement mélodiques, qui baignent dans une luxuriance de rêveries synthétiques. Mon seul reproche est qu’il est trop court, je suis sûr qu’il l’a fait exprès pour avoir plus d’écoutes ! Plaisanterie à part, il est clair qu’il n’y a rien à jeter.
Ton album a été commencé en 2014 soit il y 8 ans. Ton disque fresque
accouché dans la douleur qui porte au respect ?
Smile des Beach Boys ! (Capitol Records - 2011)
Sur ton album il y a 19 musiciens et choristes. Ton disque orchestral préféré ?
Pour rester dans un registre pop (malgré tout), je dirais Jobim de Antonio Carlos Jobim (MCA Records - 1973), édité aussi sous le nom Matita Perê avec une autre pochette. A mesure qu’on avance dans l’album c’est une plongée dans l’orchestral, très profonde. Et sous une forte influence impressionniste. Les orchestrations sont somptueuses. Une bonne partie de la seconde moitié du disque est instrumentale, mais la chanson Matita Perê est un peu un condensé de tous ces aspects du disque : changements de tonalité, changements de tempo, rebondissements, enluminures de vents, envolées de cordes… à couper le souffle. Même chose pour les pièces orchestrales qui suivent. Évidemment, je pourrais citer à peu près n’importe quelle œuvre orchestrale de Ravel, Debussy, Stravinsky, Bartók (au hasard le Concerto pour orchestre) ou Messiaen, pour rester dans mes favoris, mais je restreins ma réponse aux « disques » au sens, pop, d’album.
Ta musique évoque les BO de films des années 60-70, ta BOF préférée ?
Peut-être Giu La Testa d’Ennio Morricone (Cinevox - 1971)
La pochette de disque la plus classieuse ?
C’est dur de considérer une pochette pour elle-même. C’est vraiment un continuum avec la musique. « Classieuse » : peut-être la pochette de Scott 3 de Scott Walker (Philips - 1969). Cet œil, ce bleu !
Le morceau parfais pour passer un agréable moment avec la personne qu’on chérie le plus ?
Com Mais de 30 de Marcos Valle (Odeon - 1971)
(1): Chronique de l’album Social Kaleidocope ici: https://paskallarsen.blogspot.com/2022/05/boris-maurussane-social-kaleidoscope.html
https://borismaurussane.bandcamp.com/releases
https://www.facebook.com/b.maurussane