Electric Blue Cats est un nouveau
trio qui s’est formé en 2020. Ces chats bleues ont vu le jour (et la nuit) grâce
à la rencontre entre le batteur, percussionnistes Salah Khailli, le
guitariste Christophe Taddei suivi du bassiste Emmanuel Sunee. Au
premier abord, ne vous fier pas à la pochette cheap, typé compilation NRJ et
autre Star Academy, Electric Blue
Cats ne joue pas de la variété pop FM Auto-Tune, mais du funk groovy 70,
teinté de jazz, de hip hop downtempo, de world psyché échappé de la sono
mondiale. Principalement instrumentaux, les 12 morceaux de se live session enregistrés
en mars 2021 au studio de la Seine par Fred Lagage, s’enchainent très
bien, comme si on assistait à un concert au New
Morning ou aux Banlieue Bleues, la
couleur de nos chats. Si Electric Blue Cats est un jeune trio, son
leader le batteur Salah Khailli à pas mal roulé sa bosse en tant que
producteur, interprète avec notamment Salator Experience, S.K Cool Jazz Edition et Rock Da
House. Cette expérience de plus de 30 ans à apprivoiser sa batterie sous divers
forme de musique (funk, jazz, soul, rock) est 100% bénéfique pour valider la
qualité musicale et artistique de Electric Blue Cats. Pendant 41
minutes, on se balade dans l’afro jazz funk 70 avec quelques envolées de cosmic
music bien senties. Juste dommage que le visuel de la pochette de Live Session ne reflète pas mieux leur style musical,
comme celui de Thrust pour Herbie
Hancock ou Visions Of A New World
pour Lonnie Liston Smith.
Formé en
1985, le groupe Loop a publié entre 1987 et 1989 trois albums essentiels,
du moins pour les amateurs de psyché noise parfumé de fuzz, de wah-wah, de
vocoder, de LSD, de troboscope et de fumigène à faire pleurer les yeux. Parmi leurs nombreux
EP, notons le 3 titres Black Sun avec
en face B la magnifique reprise de Can, Mother Sky, qui a permis à l’époque (1988) pour de nombreux jeunes de
découvrir ce groupe culte du krautrock. Dans l'indie rock psyché, Loop est un groupe aussi important
que Spacemen 3 et The Telescopes avec lequel ils ont fait en 1988
un split 7’ en flexi-disc pour le fanzine Sowing
Seeds. En 1991 Loop jette l’éponge, laissant sur le bas-côté
quelques fans, dont votre serviteur et l’ami Phil Spear. On gardera dans nos
mémoires leur première partie du groupe glam Jane’s Addition le 9
octobre 1990 à l’Elysée Montmartre à Paris. On était une petite cinquantaine de
personnes venues exclusivement pour eux (rien à battre des bâtards de Jane’s
Addition !). Pendant 30 minutes, on a été noyé dans des fumigènes. Sisters
Of Mercy en live à côté, ce sont des enfants de cœurs. En 2013, Loop se
reforme pour quelques concerts. Ils feront une halte le 7 juin 2014 (avec Slowdive)
au festival Villette Sonique. Autant
dire qu’ils étaient revenus aux affaires pour un concert mémorable, avec là un
peu moins de fumigène. On a pu voir les cheveux court et grisonnant de Robert
Hampson. A noter que suite au split du groupe, Robert Hampson n’a
pas chômé, il a publié de nombreux albums solo dans le registre, musique
ambient, concrète, minimaliste, parsemé de drones avec peu ou pas de guitares
fuzz et psychédéliques. Pour cette série de concerts avec dans la formation,
deux membres originaux, Loop enregistre en 2015 un nouvel album titré Array 1 soit 24 ans après A Gilded Eternity.
Magnifique pochette de l’EP "Black Sun" (1988)
On pensait
l’affaire Loop classé une fois pour toute et voilà qu’un nouvel album
arrive par surprise. De plus, par rapport à Array
1, cet album titré Sonancy a 10
morceaux et non pas quatre, avec un qui dure plus de 17 minutes. On est ici dans
un format plus pop, avec des titres de 4 minutes en moyenne et non pas des
morceaux à rallonge remplis de larsen. Dans Loop 2022,
il ne reste que le leader Robert Hampson de la formation original. Il
est entouré du bassiste H.O. Morgan (de The Heads), du guitariste
Dan Boyd présent depuis la tournée 2017, du batteur Wayne Maskell
(également de The Heads) présent depuis la tournée 2013. Il est clair
que ses tournées ont permis à cette nouvelle formation de bien s’apprivoiser et
devenir un bloc compact rodé à point. Cela se ressent sur les nouveaux
morceaux, notamment sur Halo et Fermion qui ont toutes les qualités
sonores des premiers albums. Les amateurs de psyché noise, avec ses effets de
fuzz, de wah-wah, de larsens brumeux, de voix sous vocoder, tout en gardant
une trame pop sans tomber dans l’expérimental avec une note coincé sur la
pédale d’effet, en auront ici pour leur argent. On est dans l’esprit des
premiers albums de Black Angels, qui ont repris en 2005 le relais du
style psyché, jusqu’à enclencher en 2008 le festival Austin Psych Fest, devenue Levitation.
Comme il se doit, rendons à césar ce qui lui appartient,Loop a joué en 2014 à ce festival
d’Austin, ainsi qu’à la déclinaison française de l’édition Levitation France à Angers en septembre 2014. Bref, ce Sonancy est une belle surprise qui s’écoute
avec beaucoup de plaisir. Les fans de la première heure ne seront pas déçu. Pour clore la chronique, notons que l’album est
publié sur Reactor, label que Loop
a créé en 2008 pour rééditer ses albums et publier ses nouvelles compos.