Il y a quelques jours, je vous disais tout le bien que
je pensais du premier album de Miss
Kittin & The Hacker, sortie en 2001 (1) et voilà que j’apprends qu’un 3ème
album (le 2ème remonte à 2009) va sortir le 25 mars prochain. En
route, Kittin & The Hacker a
perdu l'abréviation Miss, mais rien perdu côté
créatif, la preuve avec le premier extrait Ostbahnhof.
Présenté avec un magnifique clip bien indus, dans l’esprit Cabaret Voltaire, Test Dept
époque fin 70, début 80 et le rythme entêtant, acid façon Dopplereffeckt, la musique cold, minimal wave et mélancolique du
duo est une véritable bénédiction. Dès les premières notes de musique avec le son de la voix
de Kittin, on est instantanément en
terrain familier, dans lequel on y est si bien. Cette mise en bouche nous
présage un bel album. Vivement le printemps 2022 !
« J’aurais beau porter des
masques et des costumes (…), il y a quelque chose qui ne changera pas, c’est le
regard qu’il y a au fond. » (Fishbach page
7)
Bienvenue
dans Persona numéro 18 !
En ce mois de février 2022, la revue/fanzine Persona n°18 est disponible, avec en
couverture la chanteuse, compositrice Fishbach.
En cette saison d’hiver 2022, une
autre revue vient de faire une apparition en kiosque, il s’agit de Best, magazine rock que les moins de 35
ans n’ont pas connu. Pas d’inquiétude de concurrence pour Persona, car le Best#1 au prix rondelet de 15 euros est juste un
fourre-tout imprimé sur du papier buvard (1). Rien à voir avec la ligne
éditoriale classieuse de Persona, à l’affut de bonnes découvertes, dans la
musique, la photographie, le graphisme et la lecture.
Stéphane Blanquet "The residents" (2019)
Le sommaire de Persona permet de rencontrer des artistes d’hier, maintenant et
demain qui nous dévoilent leur face cachée. Côté musique, il a y des
articles/interviews de Fishbach, Filip
Chretien, Stuffed Foxes, Gaspar Claus, Jean-Louis Murat, Chasseur, The Reed
Conservation Society, Julia Shapiro, Pepper White, Don Nino, Malik Djoudi, Les
Lignes Droites, Plastic Age, Brieg Guerveno, Julien Bouchard, Orchestre Tout
Puissant Marcel Duchamp, Maud Lubeck, Gontard, Aquaserge, Chloé Mons, Blumi, Edward Barrow, l’artiste, écrivain et boss du label Martyrs Of PopJean-Emmanuel Deluxe, l’équipe du festival Yearh ! et pour clore la sélection musique, une chronique de l’album
culte Virus Meadow (1986) de And Also The Trees qui vient d’être
réédité. Côté photographies, il a dans les pages glacées de Persona, une interview d’Anne Marzelière, -qu’on retrouve
régulièrement avec plaisir dans le fanzine avec ses photos de presse pour
illustrer les articles des numéros-, et Stéphane
Charpentier. Ces deux articles photo sont évidemment richement illustrés,
tout comme l’interview du graphiste Stéphane
Blanquet, qui vient d’achever une longue rétrospective à La Halle Saint Pierre (Paris), qui a
duré plus d’un an (les retards à terre n’ont aucune excuse !) à cause des
aléas du Covid-19 et ses lieux "non essentiel" comme les musées (sic). Coté lecture,
il y a une interview de l’illustrateur Maël Dupuis alias Meto et Axel Verlaine
(également guitariste dans le groupe Metro Verlaine) qui viennent de publier la
BD Motel et une interview de cinq pages de Hugo
Bienvenu qui a plusieurs casquettes : auteur de romans graphiques et
réalisateur de clips et de courts métrages. Le numéro ne serait pas complet
sans une jolie illustration pleine page d’Isabelle
Dalle. Comme vous pouvez le constater, ici pas de sujet vintage sur le VéloSoleX
(ref : le #1 Best). Ouf ! on ne sera pas en retard pour la pose photo
chez Anne Marzelière ou chez Stéphane Charpentier.
Photo @ Anne Marzelière
N° disponible dans toutes les bonnes boutiques qui
sentent le papier ou le disque vinyle et sur le site internet de Persona. Pour seulement 10 euros, vous
aurez 72 pages de lecture et le regard affuté.
The Grease Traps est un
groupe américain d’Oakland qui existe depuis 2012. Après la publication en 2013
d’un 45 tours sur le label de soul Colemide
Records (Black Pumas), il a fallu attendre novembre 2021 pour la
parution du premier album Solid Ground
sur le label Italien Record Kicks (Calibro
35). L’attente fut longue, mais le résultat est là, c’est l’essentiel. Pour
l’amateur de musique funk, soul au son groove bien old school/vintage 70, échappé
d’un film de Blaxploitation, on peut dire que The Grease Traps, ne fait
pas semblant, c’est du lourd ! Ici, le son analogique, avec l’acoustique
au service de l’hi-fi est au top des réjouissances auditives. C’est bien de se
faire un avis sur Bandcamp, Youtube, sur son téléphone portable pendant les
transports, mais c’est bien à la maison dans son salon, sur une bonne platine,
ou dans un club, une salle de concert, qu’ont écoutent le mieux la musique
funky qui pulse de ce combo cuivré, à l’aise dans ses baskets. Solid Ground a été enregistré live entre les studios Transistor Sound de
Kelly Finningan à San Francisco et Fifty Filth Studio à Oakland, le tout mixé
par les producteurs Sergio Rios et Kevin O’Dea. En plus des huit musiciens
(guitare, basse, batterie, orgue, piano électrique, Moog, trombone, tambourin, cabasa) et chanteurs qui composent la section rythmique de The Grease Traps, il y a en renfort une dizaine de musiciens de
tous bords(trompettes, saxophones,
violon, harmonica, synthétiseurs -mais pas de flûte-), pour donner aux compos
une énergie à faire valser toutes les mauvaises graines racistes.
L’album contient 11 morceaux,
dont 3 reprises en face B du vinyl : Bold Soul Sister, Bold Soul Brother de The Black on White Affair (1970), Get The Groove de The Mighty
Hannibal (1968) et Color Blind de
Maze featuring Frankie Beverly
(1977). Pendant plus de 43 minutes, on va vibrer
sur la soul, le funk, avec des chœurs, des cuivres, des synthés 70 à donner des
sueurs chaudes et des envies de passer une nuit à deux. On est ici en plein
cœur de Harlem, en train de trainer dans les rues, avec peut-être la trouvaille d'un enregistreur 70 posé sur le trottoir (voir la pochette), mais surtout, en espérant de ne pas se
faire alpagué par un junky, un mac qui a besoin de monnaie pour acheter un
froufrou à sa racoleuse. Qu’importe, on à le sourire, on est de bonne humeur,
rien ne peut entraver cette nouvelle journée qui s’annonce bonne. En effet,
comment être triste quand on entend la musique de The Grease Traps pulser dans les enceintes de son ghetto-blaster.
Avec un tel son, tout ne peut être que positif. Bref, si dans votre collection
de disques vinyle, vous avez des albums, maxi ou singles de Curtis Mayfield, The Meters, James Brown,
Marvin Gaye, Al Green, Shuggie Ottis,
War, Kool and The Gang (du début), il est clair que ce premier
album de The Grease Traps ne fera
pas tâche, tant la sincérité de ces musiciens à 90% blancs envers la musique noir "is beautiful" est
authentique et contagieuse. Solid Ground
est à écouter vite et maintenant sans modération !