La pochette du 5ème
album de l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp (dans le TOP du bon choix de nom de groupe, celui-ci
a une bonne place) est aussi épurée et conceptuelle qu’une œuvre de l’artiste
dada surréaliste Marcel Duchamp. Par contre si la musique est Dada, elle n’est
pas épurée et bien loin du concept « ready-made » (tout objet usuel du
quotidien retiré de son utilité peut devenir une œuvre). Ici la musique est festive,
remplit d’adrénaline, de sueur. Elle est communicative et abordable dès la première
écoute, sans évidemment tomber dans le commercial conventionnel. Dans le nom du
groupe (créé en 2006 par Vincent Bertholet) il y a le mot « orchestre ».
Ce n’est pas anodin, car le groupe à géométrie variable, est au nombre de 12
musiciens, musiciennes, chanteurs, chanteuses (avec des cordes, cuivres, percussions
et guitare) sur les 9 morceaux de We’re
OK. But We’re Lost Anyway.
Chaque compo est une belle aventure qui possède sa couleur sonore. Telle une
fanfare qui n’en fait qu’à sa tête, une troupe de théâtre de rue qui arpente l’espace,
les chemins parsemés de bosses en invitant
toutes les personnes qu’elle croise à la suivre, la musique multi couleurs de l’OTPMD
est un voyage universelle qui relie les mainsde tous les bipèdes qui n’ont pas la haine comme moteur de vie.
La musique de l’OTPMD est une sorte de sono mondiale (avec l’Afrique en avant-poste) où les frontières n’existent pas. Transe, afrobeat, jazz, punk, pop, free, dada,
échappé de plusieurs cerveaux en ébullition,
l’OTPMD est une formation musicale où tout peut arriver. Les morceaux
durent en moyenne 5 minutes, mais vu la rythmique libre (free en anglais) sans filet,
la voix féminine qui porte la troupe/l’orchestre, chaque morceau pourrait durer
20 minutes sans aucune lassitude à l’arrivé. On pense à The Ex, Dog Faced Hermans (ex groupe
du batteur de OTPMD), Tuxedomoon, Frank Zappa, Konono n°1, Aksak Maboul, Fela,
Talking Heads, Lizzy Mercier Descloux. Que cela soit sur la
route des vacances, dans une manifestation, dans le salon de son appart ou dans
un bar, la musique de l’OTPMD raisonnera
toujours avec une force positive. Bonne écoute !
L’année 2021
serait-elle l’année nostalgie pour la cassette vidéo ? Après le dossier
« 50 ans de VHS » réalisé par le mensuel Mad Movies
(n°346-février 2021), voici un livre de 192 pages (au format K7) consacré à ce
support d’un autre temps, mais pas encore vintage, sauf les visuels de
certaines jaquettes.
En 192 pages, Lucas Balbo raconte la fabuleuse histoire de la VHS.
Le premier chapitre est consacré à l’historique de la vidéocassette avec ses
divers formats, le marché des vidéoclubs, avec la presse spécialisé dont Télé
K7 avec ses jaquettes qui permettaient d’illustrer les films qu’on enregistrait
à la télévision. Gilles Gressard a
écrit dans Télé K7 et revient sur cette époque, en signalant que certains
lecteurs achetaient deux numéros, un pour le découper, l’autre pour le garder
intact.Le roi, le prince de la jaquette
vidéo Laurent Melki est également
interviewé. Son styleréaliste, angoissant
avec des filles enchainées et des hommes violant ont marqués des générations d’ados.
Coté interviews, il y aussi l’équipe de Haxan Films (Nekromantik, Hardcore de Richard Kern, GG Allin le punk trash) et Jean-Marc
Toussain qui a bossé à Vidéo Virgin.
Au sommaire on trouve également trois films où la cassette vidéo est traitée
dans le sujet : Clerks les employés
modèles (1994) de Kevin Smith, Vidéodrome (1982) de David Cronenberg et Ring (1991) de Koji Suzuki. Et n'oublions pas "les confessions d'un vidéophile" en roman photos de 3 pages.
Jaquette vidéo de Laurent Melki
Le sujet central
du livre est la présentation les principaux éditeurs français (petits et
grands) soit une cinquantaine d’éditeurs, dont : Carrère Vidéo, Alpha
Vidéo, Colombus, Concorde, Fil à film (géré par Jean-François Davy, le réalisateur du doc Exhibition), HK Vidéo (géré par Christophe Gans), Hollywood Vidéo, Melisa Vidéo, RCV et le mastodonte
de "la mémoire du cinéma français" et "les films que vous ne verrez jamais à la télévision", soit René Château Vidéo et son célèbre logo avec
une panthère noire.
Le prix
d’une cassette VHS était dans un premier temps assez cher (en moyenne
l’équivalent de 100 euros), c’était le prix à payer pour regarder un film chez
soi, quand on le désire, avec la possibilité de faire « arrêt sur
image », le temps d’allez à la cuisine cherchez un petit adoucissant. Par
la suite, certaines VHS sont disponibles dans les centres commerciaux, avec des
prix plus doux, car les droits de certains films sont dans le domaine public. Les
films d’horreurs et les films érotiques et X sont les plus achalandé. Mi 80,
début 90, les films grand public, les classiques, les dessins animés, les séries TV, les
compilations de clips musicaux des groupes/chanteurs pop, remplissent bien les rayons. A noter qu’il y
avait deux types de VHS, ceux destinées à la location et ceux destinées à la
vente. Toute une époque !
Le livre
de Lucas Balbo est très agréable à lire,
car ludique. Avec sa couverture rigide, le format du livre est parfait (16x24),
n’y trop petit, n’y trop grand et surtout n’y trop lourd. Le sommaire est
fluide, et la mise en page est clair, avec évidemment de nombreuses
illustrations, dont des publicités. Cela aurait dommage de zapper les jaquettes, éléments qui
poussaient souvent à l’achat du « produit ». D’autant que souvent (du
moins pour les films classés bis) le visuel de la jaquette trichait, en
montrant des éléments qui ne figuraient pas dans le film. Chez Colombus, en plus des jaquettes qui sont loin d’être fidèle au scénario du
film, l'éditeur changeait carrément le titre du film. Ainsi Le Corps et le fouet de Mario Bava est devenu Rêves macabres, Les Monstres du continent perdu de Ishiro Honda en After Holocauste et un dernier pour la
route avec Supers femmes contre chiens
jaunes de Cesar Gallardo devenu chez Colombus American Army. Oui toute une époque, qu’on prend plaisir à revivre
grâce à ce livre. Par contre de là, a ressortir des cassettes VHS, il ne faut
pas pousser.
A noter
que dans la collection Atomic Future
édité chez Pulse Vidéo (Atomic Cyborg,
Les Exterminateurs de l’an 3000, 2072 Les Mercenaires du futur, Les Prédateurs du futur,Le Gladiateur du futur), les 5 combos
Blu-ray/DVD contiennent dans les bonus une version VHS-vision du film. Autant
dire que ce bonus est une petite gâterie qui rappellera le bon temps pour ceux
qui ont connu les années 80, et pour les plus jeunes, cela leur donnera une
idée de la « qualité » VHS, sans avoir besoin du magnétoscope de
papi. A défaut d’un bon visionnage en VHS, bonne lecture !
Nota mai 2022: Ré-édition du livre avec une nouvelle couverture souple. Toujours chez Luca Baldo Édition, aidé par Metaluna Store.