samedi 24 avril 2021

PUNKULTURE n° 8 – 15 avril 2021


Aujourd’hui Saint Fidèle, je vous propose la lecture du fanzine Punkulture qui cause de… punk et un peu de Oi !. A l’image du dessin de la couverture (chapeau Melvin !), ici le punk n’est pas dans le registre du spécial Punk Français du Gonzaï n°36, avec les habitués du genre (Marc Zermati, Alain Pacadis, Stinky Toys, Patrick Eudeline …), mais plutôt dans le punk anar, avec des énervés, des looks avec une coupe de cheveux en forme de crête iroquoise, du moins quelques uns des punks, car certains ont la boule à zéro. Dans l’édito, Redj écrit (à cause de la pandémie et ses confinements à répétitions) « plus de concerts, plus d’échanges, plus de partage… Plus de franche rigolade légèrement potache, plus de bières renversées sur nos pompes, plus de discussions endiablées accoudés aux bacs de disques d’un stand à discutailler sur l’histoire d’un groupe punk polonais éphémère… Plus d’oreilles qui sifflent le lendemain, aussi ». Redj n’a pas tort, ne plus retrouver des potes aux concerts, sa manque terriblement.

Pages 40-41, extrait interview des Cadavres

Si je chronique ce fanzine, ce n’est pas parce qu’il y a au sommaire, Vlad du groupe The Brigades, Excluded, Starving Wolves, Samiam, Stygmate, Vérole des Cadavres (interview 6 pages), Banane Metalik, Bromure, car trop punk « carré » ou Oi ! pour moi, mais pour le reste : The Damned, Peter Hook, Cyclope, les dessins de Melvin et BB Coyote, Manu Castillo qui vient de publier un album avec son nouveau groupe Crocodile Candy, Manon Labry qui nous parle des riot grrrrls, le spécial punk en Russie (article/interviews 15 pages), quelques groupes punks français actuels Argent Argent, Noiss, 2 Headed Dog, The K, The Scaners) et de nombreuses chroniques de disques, livres, fanzines et news, dont un papier sur la mort de Vincent Denis (1954-2021), guitariste des Olivensteins (1). Surtout, ce que j’apprécie, c’est le professionnalisme des rédacteurs pour l'écriture des articles, les longues interviews, les divers sujets traités (groupes, labels, assos, radio…), le tout dans une mise en page impeccable, avec pleins de photos, flyers, dessins, affiches, pochettes de disques imprimés en couleurs sur du papier glacé, digne d’un magazine, là où Gonzaï imprime sur du papier recyclé récupéré des bottins de la Poste, le tout en 100 pages format A4 pour seulement 5 euros. Soit du bon boulot, digne d'un artisan. Aussi, défendre une assos (créé en 2013) qui réalise en 2021 un fanzine papier, là où l'Internet prend de plus en plus de place, c'est juste la classe. Chapeau les bretons ! (le zine est édité par l’assos Mass Productions à Rennes). Les 8 numéros de Punkulture sont disponibles sur le site de l’assos, chez les bons disquaires et autres shops alternatifs.



Couverture du livre Riot Grrrls de Manon Labry aux Éditions de La Découverte

Mass Productions, 11 rue du Manoir de Servigné, 35000 Rennes.

Ici une interview d’Eric Tandy, le parolier des Olivensteins que j’ai réalisé en 2011 pour le fanzine Abus Dangereux : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/08/les-olivensteins-docteur-punk.html

https://www.massprod.com/

https://www.massprod.com/boutique/product_info.php?products_id=4160

https://www.facebook.com/Mass-Prod-726052170780229/




vendredi 23 avril 2021

FEMALE SPECIES "Tale Of My Lost Love" (Numero Group) – 9 avril 2021


Dans le registre de la réédition et de la mise en lumière de groupes et artistes obscurs des années 60 aux années 80, le label américain de Chicago Numero Group fait un travail exceptionnel. Le choix des artistes, les thèmes des compilations sont de qualité, l’édition vinyle et CD est très soignée. Les morceaux sont remastérisés, le pressage vinyle est au top, on y retrouve le grain des originaux, chaque publication a droit à son insert, son livret avec un texte richement illustré de photos pour raconter l’histoire du groupe, de l’artiste, du style musical, avec des détails et anecdotes. Certains artistes ont même droit à une édition en coffret avec plusieurs disques et un livre. Par exemple la référence 033 avec la compilation Light On The South Side remplie sur 4 faces de soul funk 70 de Chicago, avec un magnifique livre de photos en noir et blanc sur 132 pages. Côté publications sur Numero Group, juste quelques noms d’artistes issus de divers styles de musiques, soul, R&B, rock sixties garage, country, exotica, jazz, electronic, ambient, Rap old shool, rock, reggae… : Rupa, Willie Wright, Charlie Megira, Sue & Sonny, Dogfeet, The Ruins, The Belles, The Shades, The Creation… 


On arrive à la nouvelle publication, numéroté 073, il s’agit du girl group Female Species. Là on touche du lourd, car avant la parution du disque sur Numero Group, il n’y avait pratique rien eu de publié, à part un single sans pochette autoproduit. Il n’y a même pas eu de morceaux sur des compilations comme la série Girls in the Garage. Oui côté disque, Female Species c’est du total obscur, ainsi cet album compilation est une bénédiction !


Female Species est un groupe formé en 1966 à Whittier, en Californie par les sœurs Vicki et Ronni Gosset, à cette époque encore adolescente. Ce qui est étonnant, c’est que les sœurs Gosset vont continuer à composer jusqu’au milieu des années 80 sous le nom Female Species avec des amies musiciennes qui vont changer au fil du temps et des styles de musiques. Avec cette compilation de 17 morceaux, on constate que le style du début au son garage rock sixties, et pop folk va « déraper » vers le lounge, puis la country FM.  Le vinyle permet de se rendre compte du changement de style. La face A, avec des morceaux composés de 1966 à 1970, et la face B avec des morceaux composés de 1981 à 1984. Entre 1970 et 1981 ? Ainsi sur la face A, les voix adolescentes sont pop sucrées, garage, folk/psyché styles productions Phil Spector, Burt Bacharach et sur la face B, les voix sont c’elles d’adultes et la musique est dans l’esprit d’un groupe comme The Carpenters, soit de la variété américaine de salon, parfois sirupeuse, mais qui reste malgré tout agréable à écouter. C’est étonnant que le groupe n’ai pas publié de disques à grande échelle dans les années 60, car la compilation (face A) contient de nombreux morceaux qui auraient pu être des tubes, par exemple Peace Of Mind et  Tale Of My Lost Love. Les voix des sœurs Gosset sont harmonieuses, l’instrumentation est soignée, notamment l’orgue bien sixties, les photos de l’époque sont sexy, bref tous les ingrédients pour ne pas rester dans l’ombre, et pourtant c’est le cas. Ainsi mieux vaut tard que jamais, régalez-vous avec la musique de Female Species gravée pour l’éternité sur Tale Of My Lost Love.


https://daily.bandcamp.com/album-of-the-day/female-species-tale-of-my-lost-love-review

http://www.numerogroup.com/products/female-species-tale-of-my-lost-love

https://www.facebook.com/numerogroup/






jeudi 22 avril 2021

LES INROCKUPTIBLES Spécial My Bloody Valentine n° 1325/1326 – 21 avril 2021


Cela fait bien longtemps que le mensuel Les Inrockuptibles n’avait pas eu une belle couverture, dans l’esprit des premier numéros qui remontent à… 1986-1995, époque où il n’y avait que la culture (musique, ciné, livre, théâtre) au sommaire, et pas (ou très peu) des articles sur les politiques et les problèmes de notre société. Pour ces sujets, les journaux Libération, Le Monde, Le Canard Enchainé et Télérama nous suffisaient amplement. Ainsi c’est le groupe culte My Bloody Valentine qui se retrouve en couverture des Inrocks, avec une photo prise par Steve Double lors de leur époque glorieuse du début des années 90. L’actualité du groupe n’est pas la sortie d’un nouvel album, mais la réédition sur le label Domino des albums Isn’t Anything (1988), Loveless (1991), m b v (2012) et la compilation EP’s 1988-1991 (2012) en support physique et en streaming sur les plateformes.

Ce n° spécial contient 20 pages liés au groupe. Un article sur l’incontournable album Loveless, qui aura marqué d’une empreinte profonde le genre noise, noisy pop et le fondement du style shoegaze. 25 instantanés sur l’année 1991, pour voir l’actualité cultuelle et sociétale lors de la parution de Loveless. C’est un article fourre tout (la mort de Freddie Mercury, la fin de la guerre du golfe…). Plus intéressant, une longue interview de 10 pages de la tête pensante Kevin Shields réalisée à distance par la rédactrice en chef adjointe Carole Boinet. Allez juste trois courts extraits de l’entretient : "La musique noise est simplement une musique très riche harmoniquement parlant." (…) "Quand j’entends quelque chose, par exemple la batterie, je la vois." (…) "Je n’entends pas vraiment la mélodie. Je vois un éclat, une netteté." (…). Par contre pas cool, l'intégralité de l'interview est sur le site internet des Inrocks, alors qu'un n° double de 84 pages sa fait léger, 2-3 pages de plus pour inclure l'intégrale, sa n'aurais pas dérangé. A noter que dans la mise en page, il y a une erreur de légende pour le ticket du concert du groupe au New Morning avec Happy Mondays le 22 mars 1989. Ce concert n’était pas issu du Festival des Inrocks qui a eu lieu le 7 octobre 1991 avec The Stone Roses, The La’s et Felt, mais "juste" un concert avec comme sponsors Les Inrocks et Oui FMCe concert reste une bénédiction pour tous les spectateurs (dont bibi) qui étaient présent. 


Enfin pour clore le dossier, un article pour expliquer le style shoegaze. Pour les courageux, vous pourrez poursuivre vos connaissances avec la lecture du livre Shoegaze écrit par Victor Provis et publié en avril 2018 aux éditions Le Mot et le Reste. Enfin, à noter que l’ex collaborateur, pilier historique des Inrocks, Jean-Daniel Beauvallet a écrit un article dans la revue chic Vanity Fair n° 89 de mai 2021. L’article revient sur l’histoire de l’album Loveless.

Dans le reste du sommaire de ce numéro double (?) accompagné d’un CD sampler de 14 titres, avec des morceaux de My Bloody Valentine, Telex, Metronomy, Requin Chagrin…, il y a un papier sur le film Judas and the Black Messiah de Shaka King consacré au militant Fred Hampson (interprété par l’acteur Daniel Kaluuya), membre du Black Panther Party, sur le commissaire d’exposition et critique d’art Nicolas Bourriaud, sur le DJ pop house balearic Myd, et divers chroniques (musique, livre, ciné, art) dont la chronique de l’album posthume d’Alan Vega nommé Mutador (Sacred Bones Records/Modulor).

https://www.lesinrocks.com/