dimanche 10 janvier 2021

ANDRÉEL "Tu m’apprends" (Station Anvers/Believe Music) – 15 janvier 2021


Andréel (ex Les P’tits Joueurs) est un auteur, compositeur et chanteur français qui a commencé sa carrière solo en 2011. Tu m’apprends est son 5ème album.

Andréel a grandi à Paris dans une famille d’artiste, une mère artiste peintre et un père ingénieur. Enfant il étudie le solfège, le piano à l'Ecole Normale de Musique. Quelques années plus tard il s’inscrit au Conservatoire des Hauts-de-Seine pour apprendre le théâtre. Avec cette expérience il va jouer dans une comédie musicale qui a pour titre Le Kabaret de la dernière chance, écrite par Pierre Barouh et Oscar Castro. Sans le savoir à l’époque, le style musical du compositeur Pierre Barouh (1934-2016) va influencer sa carrière solo, notamment pour le style bossa nova et chanson à texte. A la fin des années 60, après le succès planétaire de ses paroles pour le thème du film Un homme et une femme de Claude Lelouch, sur une musique de Francis Lai, Pierre Barouh va pouvoir investir dans son label Saravah et publier des artistes français de la chanson, du folk et du jazz. Le nom Saravah est le titre de son documentaire consacré au Brésil, à la musique Samba et Bossa Nova. Avec ce doc et son label, Barouth a été un passeur auprès du public français et de futurs artistes comme Andréel.

Tu m’apprends (titre inspiré après la lecture de Les Nourritures Terrestres d'Antré Gide) contient 11 chansons, dont quatre duos avec les chanteuses Amandine Bourgeois, Lucile Chriqui et les actrices Natacha Régnier et Judith Chemla. L’album a été enregistré au studio Ferber, un studio parisien (dans le 20ème arrt.) qui a vu défiler des grands artistes français (Alain Bashung, Serge Gainsbourg, Juliette Greco, Jane Birkin, Noir Désir…). Derrière la console, Guillaume Dujardin (qui a produit Nick Cave, Christophe, Daniel Darc, Fred Pallem), est là pour capter au petit soin, Andréel, les quatre chanteuses et les huit musiciens (Pianos, claviers, saxophones, contrebasse, violoncelle, flûtes, clarinette, guitare, percussions). Là, tout est en place pour nous faire écouter un album de chanson française dans les bonnes conditions acoustiques. Le timbre vocale d’Andréel nous évoque un peu Serge Gainsbourg période 60’s cabaret de Saint-Germain-des-Prés, la mélodie de Pourquoi je te veux fait penser à Bouge de là de MC Solaar, qui avait sampler le morceau The Message de Cymande. L’ambiance général de Tu m’apprends est à la  fois feutrée, jazzy et parsemé de bossa nova légère et agréable à l’oreille. Oui cet album est un bon remède pour commencer la journée, quand la tête n'est pas encore réveillée. Seule bémol, la photo de la pochette, qui ne représente pas l’atmosphère lounge, posé et raffiné de l’album. Ici l’usine où la teuf dans un entrepôt d’artiste est loin, très loin …

Je fini la chronique avec une note positive, les deux premières phrases de la chanson Les gens qui chantent avec ses paroles qui donnent, je trouve un peu de soleil dans cette époque chahuté par le virus : J’aime les gens qui chantent quelle que soit la saison. J’aime les gens qui dansent quelle qu’en soit la raison.


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samedi 9 janvier 2021

LES "ANGOISSE" DE MICHEL GOURDON AU FLEUVE NOIR (Association des Amis de Michel Gourdon) – Novembre 2020


J’ai découverts l’artiste illustrateur Michel Gourdon (1925-2011) en lisant un article sur lui écrit par Christophe Bier dans le nouveau Mad Movies n° 345 du mois de janvier 2021. Les illustrations pleine page qui embellissent les 7 pages de l’article ont éblouies instantanément mes yeux. Christophe Bier nous présence cet artiste car l’Association des Amis de Michel Gourdon a publié en novembre 2020 un livre qui regroupe toute les couvertures dessinés par Michel Gourdon pour la collection Angoisse, publiés de 1954 à 1974 chez l’éditeur Fleuve Noir, soit 261 couvertures. Comme le livre n’est édité qu’à 300 exemplaires, je me suis empressé d’aller à la boutique Hors Circuit (Paris 11ème) me l’acheter.


L’association n’a pas fait les choses à moitié, le livre format A4 (210 x 297mm) contient 218 pages en beau papier couleur qui sent si bon, protégé par une couverture en carton rigide très costaud, malgré la présence d’une jeune fille dénudé sous l’emprise d’une main aux ongles bien aiguisées. La mise en page met en valeur le travail graphique de Michel Gourdon, avec des pleines pages qui sont reproduite à partir des gouaches originales et les couvertures sont encore plus belles quand on les voit rassemblés par ordre de parution.


Né à Bordeaux en 1925, Michel Gourdon a étudié à l’Ecole des beaux-arts de Bordeaux de 1941 à 1945. Installé à Paris en 1946, il travaille dans le dessin animé chez Paul Bourgeon, le dessin industriel, réalise des devantures des salles de cinéma, quelques affiches dont La vache et le prisonnier d’Henri Verneuil avec Fernandel. Il dessine également pour les revues Nous Deux, Paris Flirt, des magazines scientifiques et à partir de 1949 pour les collections Angoisse, Espionnage, Spécial-Police, Aventurier, Anticipation, chez l’éditeur Fleuve Noir, soit jusqu’en 1978, plus de 3500 couvertures pour ses romans à suspense, d'aventure et d’anticipation. 


Son style graphique à dominance bleue marine, digne des affiches de cinéma d’horreur (c’est étonnant que le cinéma de genre n’a pas fait plus appel à ses talents) est percutant, frappe immédiatement le regard, avec ses jolies filles angoissées, ses cranes maléfiques, ses maisons hantés, ces cimetières, marécages et chemins peu fréquentables où l’on peut croiser un diable, sorcière, tueur en série, monstre, mort vivant. On y voit aussi un bestiaire effrayant (loup, araignée, chat noir, chauve sourie, aigle, faucon, serpent), sous un ciel nocturne parsemé d’éclairs et de nuages chargés. Soit tous les ingrédients visuels pour accrocher le lecteur majoritairement masculin. Ces dessins permettent aussi une mise en valeur des titres des romans/polars, dont voici quelques exemples : Cimetière de l’effroi, Hôtel de l’enfer, Le banquet des ténèbres, La marque du démon … et Les yeux sans visage qui sera adapté au cinéma par Georges Franju


La couverture du dernier livre de la série Angoisse est pour Le squelette de volupté (n°261 juillet 1974) inspiré d’une photo de l’acteur Peter Cushing qui a beaucoup joué pour la firme Hammer films. En complément de la reproduction des 261 couvertures de la collection Angoisse, l’ouvrage édité par l’association propose un échantillon des couvertures réalisées pour les séries Gore, et surtout Maniac (éd. Patrick Siry) avec des gouaches sanguinolent du meilleur effet. Le tout est complété avec une préface de Michel Bellaton, un fidèle lecteur qui a découverts ces romans en 1968, et des textes érudits écrits par Patrick Bernard et Marie-Christine de Caro, tous deux membres fondateurs de l’association.


Pour clore cette chronique, une petite précision, Alain le frère de Michel Gourdon, connu sous le pseudonyme d’Aslan est également dessinateur, illustrateur, notamment pour le mensuel Lui où il a dessiné des pin-up. L’éditeur Dynamite à publié en 2019 un livre avec L’intégralité des pin-up de Lui. L’illustration chez les Gourdon est sans aucun doute une affaire de famille.


http://michel-gourdon.blogspot.com/

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