Je profite de cette news pour sortir de mes archives, ma chronique du concert d’Elysian Fields le 21 mai 2011 au Café de la Danse à Paris.
C’est dans un Café de la Danse rempli comme un œuf avec une chaleur moite, que le duo Elysian Fields est venu sur scène présenter son nouvel album Last Night on Earth. Pour cette nouvelle tournée (avec un passage au Black Session sur France Inter), Jennifer Charles et Oren Blodow sont accompagnés par un batteur et une pianiste, qui joue aussi de la contrebasse.
Habitués à jouer en France, surtout depuis qu’ils sont sur le label bordelais Visious Circles, sans oublier Jean-Louis Murat qui a produit l’album A Bird On A Poire de Jennifer, Elysian Fields est ici un peu chez lui, donc très à l’aise. Certes leur style musical est plutôt sombre et littéraire, soit un genre un peu intello qui demande à être attentif, mais le public (plutôt blanc et mixte) les connait bien, il sait ce qu’il est venu voir et il ne sera pas déçu. Il repartira avec plein d’émotions dans le corps. Mais revenons-en au début.
Sur scène, tels Bonnie & Clyde, Jennifer apporte du glamour avec sa prestance sombre et mystérieuse, tandis qu’Oren, en super musicien, aime par instant déconner et tirer des notes à tout vas. La voix grave et crépusculaire de Jennifer est habitée par des fantômes inquiétants. Son phrasé, son chant à la limite du parlé laisse beaucoup d’espace à l’imaginaire. Pas besoin de comprendre l’anglais pour se faire téléporter vers les « belles » histoires qu’elle nous raconte. Habillée en noire, Jennifer serait-elle une certaine Barbara à la recherche de son Aigle Noir ? A côté de la « veuve noire », Oren joue de la guitare tantôt folk, tantôt électrique (mais là il a des problèmes de son) et du piano. Ses notes passent d’une délicatesse exquise à des solos bruts et rock. Le tout chapeauté par les deux autres excellents musiciens. Le mélange (les arrangements fignolés et les solos intenses) donne beaucoup de relief à la musique d’Elysian Fields. Le décor de la scène du Café de la Danse (un mur en pierre sur lequel est projeté un magnifique jeu de lumière nocturne) avantage délicieusement leur style musical. Leurs morceaux entre folk psyché proche de Mazzy Star et leur rock tendu non loin du Velvet Underground (sûrement du à New York, ville où ils habitent), sans oublier le blues, prennent sur scène une belle lumière, à en avoir des frissons. Leur show est au point, la complicité entre Jennifer et Oren est touchante, et donne envie de faire parti de leur famille. Après une heure de concert, le groupe revient pour deux rappels, devant un public très enthousiaste qui en redemande. La performance finie, le merchandising est dévalisé, histoire de repartir avec un petit morceau d’Elysian Fields avec soi.
Non loin de la Bastille la nuit a été étoilée…