samedi 3 juin 2023

PARANOID VOID "Travels In My Universe" (Autoproduction) – 26 août 2022


Paranoid Void est un trio japonais d’Osaka qui s’est formé en 2013. Travels In My Universe est leur deuxième album. Le premier, Literary Math est sorti en novembre 2017, juste après le mini album Pop Music (2016). Avant leur premier passage en France au Consulat à Paris le 30 mai 2023, je n’avais jamais entendu parler de ce groupe. Mais il n’est jamais trop tard pour les découvrir. Paranoid Void compose une musique instrumentale qui mélange post-math rock, noise, électro, ambient, prog, jazz. Pour composer ce jolie cocktail musical, il y a la guitariste Meguri, la bassiste Yu-Ki et Mipow à la batterie. Quand on est amateur de post rock, la musique de Paranoid Void fonctionne instantanément. Leurs mélodies aériennes, perturbés par des cassures de rythme, des effets sonores, donnent des magnifiques compos à la fois complexes, ludiques et accessibles. Chez elles, le voyage intérieur prend tout son sens. Leur musique est à la fois sonore et visuelle. On ferme les yeux, on ouvre bien les oreilles et on se laisse porter par la grâce musicale du trio. Une guitare cristalline qui peut virer au rouge, une basse tout en douceur qui peut se développer vers un rythme groovy, une batterie qui n’a pas peur de passer d’un jeu minimal, à un jeu jazz, plus technique, le tout avec des incursions de sons électro ambient, parfois échappés d’un jeu vidéo. Leur musique fait penser à The Durutti Column, Cocteau Twins, Codeine, Tortoise, Plaid, Boards of Canada. A l’intérieur du CD, il y a cette phrase : Go to your travels. Elle complète le titre de l’album : Travels on my universe, qui résume bien ce que l’on va écouter pendant 36 minutes.

En concert, ce voyage est encore plus beau, car les morceaux débordent sur la longueur, avec encore plus d’effets sonores. C’est souvent la guitare qui guide la trame des compos, qu’on voit se développer sous nos yeux. En live, les trois musiciennes de Paranoid Void sont touchantes à voir. Entre les morceaux, Meguri essais de dire quelques mots en français, mais c’est du yaourt franglais qui finis avec un joli sourire. A noter que dans l’album, le 2ème morceau a un titre français, Jamais vu.  Au merch, nos trois musiciennes sont également très touchantes. Elles sont heureuses de vendre leurs deux CD, t-shirts, goodies qui rencontrent un bon succès. Il y a la queue pour faire son achat. Elles dédicacent avec le sourire, -tout en prenant des photos-, les CD et t-shirts. Paranoid Void est la belle découverte du moment.

Paranoid Void au Consulat à Paris le 30 mai 2023 @ Paskal Larsen

https://paranoidvoid.bandcamp.com/music

https://www.paranoidvoid.com/

https://www.facebook.com/paranoidvoid/




vendredi 2 juin 2023

MAGON "Did You Hear The Kids?" (December Square/Kunoneko) – 2 juin 2023

Depuis la publication de son premier album Out In The Dark en 2019, l’artiste israélien Magon, auteur, compositeur, interprète publie avec inspiration et régularité des albums carte postale, qui montrent l’étendue de son talent. Did You Hear The Kids? est son 6ème long format. Après avoir vécu quelques années à Paris, Magon est parti avec sa famille vivre au Costa Rica. Il n’a pas coupé les ponts avec la France, en restant fidèle au label indé parisien December Square (Julien Ribot, Brisa Roché, Emily Loizeau…). Son nouvel album contient neuf morceaux. La pochette collage naïf-surréaliste réalisée par Michaela Mîndru, reflète bien le style musical qu’on va entendre. Soit une musique pop bricolée avec soin. Le petit garçon nu (son fils ?) qu’on voit arroser une plante, peut représenter Magon qui fait grandir sa musique en lui injectant des mélodies bucoliques avec du spleen à s’allonger dans l’herbe verte, la tête vers le ciel bleue. Après Enter By The Narrow Gate (1), Did You Heart The Kids? est son 2ème album composé au Costa Rica au milieu de la jungle des Caraïbes, où notre artiste possède un studio portable. Il est clair que cet environnement (forêts, volcans, fleuves, plages au sable fin) tranche avec Paris et sa banlieue, et permet à Magon d’avoir de l’inspiration, tout en restant auprès de sa femme et ses enfants. Malgré tout, son style musical reste inchangé. Notre artiste poursuit sa route sur les chemins de la pop lo-li, teintée d’americana, de psyché, de folk. La texture Lou Reed (1942-2013) et Jonathan  Richman sont toujours présentes dans les mélodies, arrangements de Magon, qui s’inscrit dans la famille de groupes, artistes tels que Modern Nature, Woods, Ultimate Painting, Spencer Cullum’s et Nathan Roche. On y trouve aussi une touche JJ Cale sur le morceau Havana Bay. Pendant 29 minutes, nos sens sont détendus par la douce voix de Magon, accompagnée de sa musique pop bucolique. Ici, pas de prise de tête, juste le plaisir d’écouter de la musique indie pop, qui se promène librement en toute innocence dans notre salon, balcon, ou jardin. Avec l’album Did You Hear The Kids? en provenance directe du Costa Rica, c’est sûr, vos plantes vertes et fleurs seront magnifiques !

 Photo @ Christophe Crenel

(1): Chronique de l’album Enter By The Narrow Gate ici: https://paskallarsen.blogspot.com/2022/12/magon-enter-by-narrow-gate-december.html

https://magon.bandcamp.com/album/did-you-hear-the-kids

https://www.december-square.com/magon/

https://www.facebook.com/magonmusic/?locale=fr_FR




jeudi 1 juin 2023

TRIPTIDES "Starlight" (Curation Records) – 28 avril 2023

Après le magnifique album So Many Days (1) sorti en juillet 2022, tant au niveau des compositions que de la production, il va être difficile de lui mettre un successeur qui suive le même chemin, où encore mieux, qu’il nous surprenne une fois de plus. Le successeur, le voici, il a pour titre Starlight. On peut dire que Triptides ne chôme pas, car Starlight sort seulement 9 mois après So Many Days, soit le temps d’une grossesse à terme. Bon, déjà avant la première écoute, la pochette n’est pas une réussite graphique. Celle de So Many Days n’était pas non plus un must, mais ici c’est encore pire. Dommage que le dessin central ne remplisse pas toute la pochette, au lieu d’être encadré d’un énorme marquage noir. Mais passons. Starlight commence avec Starlight Ritual une intro instrumentale d’une minute et 12 secondes de bon augure, avec sa mélodie aérienne 100% sunshine pop, qui fait plaisir à écouter. On enchaine avec Unwound qu’on a découvert il y a quelque mois avec son clip top Electric Light Orchestra - Supertramp. Ce morceau a tous les attributs pour être un tube. Mélodie à tomber, la voix de Glenn Brigman portée par les anges du « good trip », et une structure musicale entrainante, avec les notes du clavier parfois proche des Doors, qui s’amusent à saute-mouton sur les touches en noir et blanc. Après le sixties pop des précédents disques, Unwound fait un pas vers la fin des années 70, en mettant en avant le son des claviers. Latitudes poursuit sur cette voie, avec en prime un solo de guitare légèrement heavy exécuté par Stephen Burns. Le Steve Miller Band n’est pas loin, mais on leur pardonne, car la faute de goût est évité grâce à leur talent. Never Asking Why est la petite friandise bucolique de l’album, qui trotte instantanément dans la tête toute la journée. Broken Lens est une ballade 100% Triptides. On trouve là, tous le savoir-faire mélodieux du groupe, avec Glenn Brigman en avant-poste. Après Unwound, As You Can See est le 2ème tube de l’album avec son ambiance pop 70 aérien, et toujours les Doors pour le son des claviers, instruments très important dans ce nouvel album. D’ailleurs, pour la tournée qui accompagne la sortie de Starlight (dont un passage dans la petite cave de L’international à Paris, avant une scène plus grande pour le festival Levitation à Angers), les claviers sont très présents dans la première moitié du concert, puis porté par des solos de guitare heavy rock 70, par contre nettement moins présents sur Starlight. Le set à L’International était nettement plus électrique, plus sauvage que l’album. Un son, un style en marche pour le prochain opus ? 

Triptides 2023: Glen Brigman et Stephen Burns

On continu notre ballade à l’intérieur des 12 nouvelles compos présentes sur Starlight. Reactor (clin d’œil au titre de l’album Re-ac-tor de Neil Young ?) est le morceau le plus faible de l’album. Certes sympathique, mais un peu en roue libre. Cities Underground est une ballade pépère qui fleure bon les années 70. Thought Collector également porté par la mélodie aux claviers et un riff de guitare, mettent en valeur la voix mélancolique de Glenn, comme le souvenir d’un paradis perdu qu’on espère retrouver au plus vite. Les trois dernier morceaux de l’album sont dans même tonalité pop rock tranquille agréable à écouter, mais pas percutant à en perdre pied sur terre. Au final, ce nouvel opus (le 9ème) est moins fort que So Many Days, les arrangements sont moins flamboyants, surprenants, mais il y a au minimum quatre morceaux qui accrochent bien à l’oreille, qu’on prend plaisir à réécouter, soit un bel album pour accompagner les jours du printemps, ainsi que les premières nuits de l’été 2023.

Triptides à L’international (Paris) le 27 mai 2023 @ Paskal Larsen

(1): Chronique de l’album So Many Days ici: https://paskallarsen.blogspot.com/2022/09/triptides-so-many-days-curation-records.html

https://curation-records.bandcamp.com/album/starlight

https://www.facebook.com/Triptides/?locale=fr_FR