mercredi 8 juin 2022

"LES IDOLES" Musique de Patrick Greussay et Stéphane Vilar (Monster Mélodies Records) – 31 Mai 2022

Les Idoles est un film de Marc’O, adapté de sa pièce de théâtre musicale, jouée au Bilboquet à Paris en 1966. Le film, réalisé en 1967, est sorti en salle en 1968. La musique est composée par Patrick Greussey et Stéphane Vilar, sur les textes de Marc’O. Les deux compositeurs sont accompagnés de trois autres musiciens (Didier Léon, Didier Malherbe, Jacques Zins -qui jouera dans le groupe Calcium avec Zouzou au chant-) qui forment le groupe les Rollsticks, présents dans la pièce et le film. La B.O. a été publiée en 1967 sur le label CBS. Évidemment cette édition vinyle est un collector. L’enregistrement de la réédition de Monster Mélodies est différente de l’édition originale enregistré aux studios Barclay en 1966. Celui de Monster Mélodies est inédite, elle a été réalisée en 1967 au Davout Studio. Aussi, la nouvelle pochette est nettement plus belle que l’original. Sur la version 2022, on voit Pierre Clémenti chanter avec un super look rock, proto punk. Pour rappel, on est en France en 1966, et le Président de la République est le Général de Gaule.

Pochette du 33 tours original (1967)

Le sujet de Les Idoles est une critique du show-biz français, du yéyé qui imite le rock anglo-saxon. Patrick Greussey et Stéphane Vilar, ne sont pas amateur de rock à la française, leur culture est celui du jazz. En composant la musique pour la B.O., c’est avant tout un pastiche de la sono française en ce milieux des années 60, avec en tête de gondole, l’idole des jeunes, le dynamique Johnny Halliday. En mettant à la distribution du film, des acteurs non chanteurs, non musiciens, cela renforce l’aspect farce.

Affiche du film Les Idoles (1968)

Synopsis :

"Un film satirique du milieu du show-biz. Trois « Idoles » de la chanson yéyé donnent une conférence de presse et reviennent sur leurs parcours respectifs en dénonçant les diverses tractations effectuées par leurs managers pour stimuler leurs carrières : histoires sentimentales arrangées, tubes programmés. La rébellion des idoles contre leurs impresarii consistera en une catharsis publique, un règlement de comptes qui marquera la fin de leur règne."


Ces acteurs novices en matière de musique, sont Bulle Ogier (Gigi la folle), Pierre Clémenti (Charlie le surineur) et Jean-Pierre Kalfon (Simon le magicien). En fait J.P. Kalfon a déjà publié en 1965 l’EP My Friend, Mon Ami (avec un texte signé Marc’O), où il montre son talent de chanteur, certes limité mais qui possède un certain charme lié aux sixties. Par contre Bulle Ogier qui débute sa carrière d’actrice et Pierre Clémenti (1942-1999) sont bien vierge en tant que chanteur pop. Ainsi avec des musiciens plutôt jazz qui se moquent du yéyé, avec des chanteurs qui savent à peine chanter, cela donne une musique libre, freaks, lo-fi qui annonce les prémices du punk, tant pour la musique que pour l’attitude. Le trio d’acteurs devenus chanteurs est ici totalement jouissif à l’oreille et à la vue. Ils forment un magnifique gang, insolent et beau (J.P. Kalfon en blond platine, top la classe), car totalement rock’n’roll. A l’écoute de l’album, on est directement dans les années 60, où la jeunesse à des comptes à régler avec leurs parents qui ont connu la guerre et les restrictions. Les Idoles sont des jeunes, certains fils d’ouvriers, qui ont envient de s’amuser, de crier ce qui leur passe par la tête. Vive l’anarchie ! 

 Verso de l’édition vinyle de 2022

La B.O. contient 24 morceaux, dont de nombreux titres qui arrivent ou dépassent à peine les une minute. La pochette du vinyle violet est en gatefold glacé avec des photos du film et une interview de Marc’O et Stéphane Vilar réalisée le 15 juin 2021. Il y a trois incerts, l’affiche de la pièce au Bilboquet Théâtre, un flyer pour annoncer le film à Bobino, et une carte postale de l’affiche du film. Nota très important, le vinyle est publié à seulement 1000 exemplaires numérotés.

Jacket du DVD publiée en 2016 par Luna Park Films

https://fr.monstermelodies.fr/product-page/les-idoles-out-soon

https://www.facebook.com/monstermelodiesrecordshop




mardi 7 juin 2022

THE DREAM SYNDICATE "Ultraviolet Battle Hymns And True Confessions" (Fire Records) – 10 juin 2022


Formé en 1981, le groupe de Los Angeles The Dream Syndicate à deux carrières bien distincte. La première de 1981 à 1989 avec la publication d’albums essentiels et marqueurs dans une certaine idée du son « rock indé américain » avec les magnifiques albums The Day Of Wine And Roses (1982), Medicine Show (1984) et Out Of The Grey (1986). En 1990, le leader Steve Wynn entame une carrière solo, ponctuée longs formats honnêtes. En 2017, Steve Wynn a la bonne idée de remettre en selle The Dream Syndicate avec en prime un album de retrouvaille, juste fabuleux, voir encore meilleur que les albums publiés dans les années 80. Ce disque, enveloppé dans une pochette sobre a pour titre How Did I Find Muself Here ?. Nouvel album et nouvelle tournée qui montre le groupe soudé et plus en forme que jamais. Les amateurs bercés par le Velvet Underground/Lou Reed qui ont donnée naissance à Television, R.E.M. , The Replacements, Luna, Mazzy Star, Galexico sont aux anges, tant la musique de The Dream Syndicate est une réussite sonore. Tout est parfait : voix, mélodies, instrumentation, production. On aurait pu croire que ce retour réussi aurait été un coup d’épée dans l’eau, chaque musicien repartant dans ses occupations. Et bien non, au contraire, depuis leur reformation en 2017, The Dream Syndicate n’arrête pas de nous surprendre avec des nouveaux albums inspirés, jusqu’aux visuels des pochettes et des clips. Ainsi après How We Found Ourselves… Everywhere ! (2018), These Times (2019), The Universe Inside (2020), voici Ultraviolet Battle Hymns And True Confessions

Première surprise, la présence de Chris Cacavas aux claviers. Ce musicien a fait partie du groupe Green On Red, dont les premiers albums sortis au début des années 80 sont fortement recommandé. Autre invité de marque, c’est la présence de Stephen McCarthy de The Long Ryders. L’ultraviolet s’annonce bien, avec en ouverture le morceau Where I’ll Stand porté par la voix de Steve Wynn, stylée David Bowie sur des arrangements psyché pop cristalline école Luna/Dean Wareham. Le morceau suivant Damian est du type ballade pop en mode road movie pour illustrer les images d’un film de Wim Wenders. Là, on pence à Ry Cooder, tant pour la voix que pour le son de la guitare. Au fil des titres, on sent que The Dream Syndicate a décidé de ne pas se lancer dans des fresques à tiroirs sous trip, présentes sur The Universe Inside (1). Ici, le style est plus posé, plus "classic rock", tout un gardant un lien avec l’héritage du Velvet Underground et plus particulièrement avec Lou Reed en solo, sans oublier David Bowie qui apparait ici et là, comme sur le magnifique morceau Every Time You Come Around, qui a tous les ingrédients d’un bon single calibré pour la radio FM.  Malgré le visuel de la pochette arty stylé sixties, ici pas d’élan psychédélique perché, mais plus de pop, de mélancolie. On est sur le même chemin que Dean Wareham, dans l’art de construire des morceaux teintés d’americana et d’indie pop. Au final, ce nouvel opus permet de retrouver The Dream Syndicate en bonne santé, toujours bien inspiré, mais sans aller vers des chemins de traverses. On reste en famille. Le confort, ce n’est pas déplaisant, surtout dans notre époque trouble et incertaine du monde fragile où tout peut basculer d’un jour à l’autre.


The Dream Syndicate sera de passage en Europe à partir de la rentrée 2022, avec un concert au Petit Bain à Paris le 19 octobre 2022.

(1): Chronique de l’album The Universe Inside ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/06/the-dream-syndicate-universe-inside.html

https://thedreamsyndicate.bandcamp.com/

https://www.thedreamsyndicate.com/

https://www.facebook.com/thedreamsyndicate/