samedi 4 juin 2022

TIM BLAKE "Blake’s New Jerusalem" (Egg) – 1978


Petite trouvaille du jour, Blake’s New Jerusalem, le deuxième album solo de Tim Blake, claviériste de Gong et d’Hawkwind. Cet album est sorti en 1978, il fait suite au classique Crystal Machine sorti en 1977. C’est la pochette qui m’a interpelé. Voir Tim Blake habillé d’une tenue "Disco Space  Rock S.F.", un objet réfléchissant (un miroir ?) à la main, et autour de lui des synthétiseurs, une "big" table de mixage multi pistes et divers instruments pour faire des effets sonores, on peu dire que cela fait son effet. On se croirait dans un laboratoire construit pour un film de science-fiction style Starcrash : Le choc des étoiles de Luigo Cozzi (1978) où pour la série TV L’âge de cristal. Cette pochette est une belle invitation pour découvrir la musique de Tim Blake, qu’on imagine bien loin du reggae, du punk et du jazz. En cherchant des infos sur internet, j’apprends qu’il est pionnier dans l’utilisation de l’éclairage laser en concert, éclairage également nommé "Foudre laser" (sic). Oui, on est bien dans un film de Science-Fiction ! Avant d’écouter une note, à l’intérieur du vinyle 33 tours, il y a un incert qui nous indique les instruments utilisés par Tim Blake : Roland 100 system, mini Moog, Korg Polyphonic ensemble, des guitares qui produisent l’effet glissando, qui consiste à l'élévation ou l'abaissement constant et progressif de la hauteur d’un son. Tous ce matos, doit bien faire fantasmer tous les jeunes musiciens adeptes de la musique électronique.  

Tim Blake a composé, joué, chanté, produit, enregistré l’album au printemps de la pleine lune de l’été 1978 au Ridge Farm à Capel dans la région du Sussex en Angleterre et au Studio Barclay à Paris, aidé de quelques ingénieurs, dont Dominique Blanc-Francart et le musicien Jean-Philippe Rykiel qui joue du mini Moog sur Passage Sur La Cité (Des Révélations) et sur le morceau fleuve New Jerusalem. Ce morceau éponyme est basé sur le poème Jerusalem écrit par l’artiste peintre William Blake (1757-1827).

Verso de la pochette de l’album "Blake’s New Jerusalem"

L’album commence doucement avec le morceau folk A Song For A New Age. Soit Tim Blake au chant, juste accompagné d’une guitare sèche. Sa voix évoque Jon Anderson de Yes. Pour entendre le son des synthétiseurs analogiques, bien ancré dans l’époque 70, les choses sérieuses commencent avec Ligthouse. Là, les sons/nappes space rock et cosmic music sont présente et ne vont plus nous lâcher jusqu’à la fresque New Jerusalem qui dure plus de 16 minutes et recouvre entièrement la face B de l’album. Le 3ème morceau, gravé sur la face A, titré Generator (Laser Beam) est un pur bonheur disco space qui donne envie d’enchainer avec un album de Giorgio Moroder et de Black Devil Disco Club. Le gimmick synthétique mêlé à la voix de Tim Blake est une petite gâterie kitch, auquel il est difficile de résister. L’instrumental Passage Sur La Cité (Des Révélations), au style Tangerine Dream, Goblin, Droids, nous téléporte direct en l’an 1975-78. C’est également une petite perle, qui fera des émules dans la scène new wave (Gary Numan, Ultravox, Visage). L'album s'achève avec la perle New Jerusalem, qui nous fait voyager à la fois de l'intérieur et de l'extérieur vers les étoiles. Un must du genre "musique synthétique sous acid". Il n’y a pas tromperie, la photo de la pochette réalisée par Philippe Dennis reflète bien la musique électronique, space SF et ambient de l’album.


A noter que les deux premiers albums solos (il y en a sept à ce jour) de Tim Blake sont publiés sur le label français Egg qui a duré toute la décennie des années 70, avec la publication d’artistes, groupes bien référencés : Alain Bashung, Heldon, Michel Magne, Conrad Schnitzler, Popol Vuh, Christian Vander, Gazoline, Patrick Vian.

Il est clair que les pressages originaux, restent plus audiophile que les rééditions lambda avec des pochettes à l’impression douteuse. Ce pressage français daté de 1978 de Blake’s New Jerusalem est un régal auditif, même avec quelques petits craquements, dût a son âge de 44 ans passés au contact d’une pointe en diamant.


https://www.facebook.com/MoonWeed

https://www.discogs.com/fr/artist/191152-Tim-Blake






vendredi 3 juin 2022

AUTOMATIC à L’International à Paris le 2 juin 2022

Depuis leur passage au Supersonic à Paris le 17 octobre 2019, le trio de Los Angeles Automatic (nom en référence au titre du morceau des Go-Go’s) a fait beaucoup de progrès côté prestation scénique. Si au Supersonic, les membres d’Automatic étaient un peu timides, fragiles, pas à l’aise dans les baskets, les temps ont changés, vu leur magnifique prestation à L’International, en cette soirée du 2 juin 2022. Depuis 2019, elles ont fait de nombreux concerts, dont la première partie de Osees, donnant ainsi à Izzy Glaudini (voix, synthétiseurs), Halle Gaines (basse) et Lola Dompé (batterie) -qui reprend ainsi le flambeau familiale, vue que son père est Kevin Haskins, ex batteur de Bauhaus et Love & Rockets-, une prestance, une assurance qui fait plaisir à voir, et surtout à entendre, car côté musique, depuis leur début en 2017, c’est la claque, du moins si on est amateur de synth wave, d’after punk et de funk blanc qui pulse. Automatic est le rendez-vous réussi entre ESG, Suicide et Joy Division. Des sons de synthé aux notes minimales répétitives, une basse dub à la fois chaude et froide et une batterie au jeu à la fois technique et primitif, oui Automatic fascine et nous absorbe avec ses rythmiques entêtantes. En prime la voix d’Izzy est irrésistible, ainsi que la voix de Lola qui vient par moment en renfort pour les harmonies.  Leur premier album titré Signal (1) est chaudement recommandé, en attendant d’écouter leur nouvel album Excess qui sortira fin juin. 

Le concert commence avec le morceau I Love You Fine et son rythme très Closer, l’album culte de Joy Division. On est immédiatement dans l’ambiance et sera sans temps mort, tant une fois embarqué dans le vaisseau spatiale de Automatic, on a aucune envie de revenir sur terre. On est si bien dans l’espace, parmi les étoiles... Le son de basse de Halle est vraiment monstrueux. Malgré son petit gabarit, elle prend dignement la relève des bassistes Deborah Scroggins (ESG), Richard McGuire (Liquid Liquid), Jah Wobble (PIL), Jean-Jacques Burnel (Stranglers), tant son jeu posé et minimal entre dans notre cerveau comme si on entendait  le bourdonnement d’une abeille enfermé dans notre tête. C’est juste trippant et jubilatoire ! Izzy et Lola sont également excellentes dans leur jeu qui communique instantanément avec le public, qui devient de plus en plus bouillonnant au fil du concert. La danse dans la petite fosse devient brutale et encombrante pour l’espace trop restreinte de L’International, d’autant que la petit scène est très basse, ainsi à chaque débordement, le public du premier rang s’écroule comme une crêpe sur la scène. Mais qu’importe, on oublie ses excès d’enthousiasme, pour rester connecter avec la musique after punk et new wave de Automatic qui ne va pas nous lâcher jusqu’au morceau final Suicide In Texas. Il y a des suicides au Texas, mais il y a aussi des tueries, dont la dernière remonte au 24 mai dernier à Uvalde au Texas dans une école élémentaire. Ce soir, tuerie positive car il n'y a pas de morts, Automatic sera à Angers au festival Levitation France, ne les rater pas !

Avant la belle prestation de Automatic, on a eu deux bons groupes parisiens en ouverture. Rive Droite Country Club a ouvert le bal (non masqué) avec une musique pop yéyé, qui évoque par moment Les Calamités. Ce groupe est fun et coloré et donne instantanément envie de danser. On a eu droit à deux surprises : la reprise Boule de Flipper de Corynne Charby et la présence du crooner français d’origine italienne Alex Rossi sur le dernier morceau du concert. Changement de style avec les beaux gosses de Pam Risourié qui ont la côte sur le public féminin. Avec leur look à la The Strokes, les 5 garçons de Pam Risourié jouent une musique shoegaze bien sympathique. Avec trois guitares qui bourdonnent et fuzz comme il faut, les nappes électriques et psychés des compos tiennent bien notre esprit en apesanteur. Belle prestation qui nous ramène au début des années 90, quand on allait aux soirées Hacienda à La Locomotive à Paris. Bref, pour 10 euros l’entrée, on a assisté à une belle soirée avec trois bons groupes. Merci Tom pour ce joli programme !

Photos @ Paskal Larsen

(1): Chronique de l’album Signal ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2021/02/automatic-signal-stones-throw-records.html

https://automatic-band.bandcamp.com/

https://rivedroitecountryclub.bandcamp.com/album/rive-droite-country-club-ep

https://pamrisourie.bandcamp.com/