Sarakiniko est le nouveau projet en
solo de Yann Canevet, qui a joué entre autre dans les groupes indés Future
et Venera 4. De ces groupes, Yann a gardé le son shoegaze et
dream pop et un savoir-faire imparable pour composer des morceaux solides qui
tiennent la route, ou plutôt le chemin de terre, vu que Yann c’est plongé
dans l’esprit de la forêt pour y trouver des senteurs, une ambiance, un besoin
de nature nécessaire à l’inspiration. Son style de musique étant noisy pop,
chez lui la forêt n’est pas calme. Le vent, le feu, cache le chant des oiseaux
et trouble la cueillette des noisettes, des glands par les écureuils pas
habitués aux larsens, à la fuzz qui grésille. Ainsi dans le son, on reste collé
sur le bitume qui fond sous la chaleur. Pour ce premier essai en solo, Yann
Canenet a mis les atouts de son côté, en faisant appel à James Aparicio pour
produire l’album. Parmi la longue liste d’artistes avec lequel il a travaillé,
voici quelques noms : Mogwai, Liars, Grinderman, Spiritualized, Lumerians,
Laibach. Ainsi, enregistré entre de bonnes mains et de bonnes oreilles, la musique de
Sarakiniko est destinée à nous éblouir, ce qui est le cas. Tout le long des
10 morceaux, pas de faiblesse, n’y de baisse de régime. Une fois entré dans l’arbre
qui cache la forêt, c’est 43 minutes de musique indie pop qui caresse nos sens
en passant par plusieurs stades de vibrations entre le bruit et la mélodie.
Quelque part dans l’esprit de groupes tels que Jesus & Mary Chain, Ride,
The Telescopes, The Brian Jonestown Massacre, la musique de Sarakiniko
fait des étincelles, auquel le + écrase le – avec aplomb. En prime le chant en
langue anglaise de Yann Canevet sonne juste et possède cette élégance de
ton qui capte instantanément l’oreille. Pas la peine de chercher la petite
bête, où alors l’écureuil ou la belette, les compos de Sarakiniko
sont justes et parfaites.
J’ai découverts le groupe Wet
Leg le 30 novembre 2021, lors de l’enregistrement de l’émission Echoes d’Arte Concerts, présentée au Yoyo/Palais
de Tokyo à Paris par Jehnny Beth de Savages. (NDLR : merci à
Carole et Cédric pour l’invite). A la même affiche, il devait y avoir le groupe australien Amyl And The Sniffers, mais remplacé à la dernière minute par Geese. Obligé d’annuler leur passage (ainsi qu’aux Transmusicales de Rennes), car la chanteuse Amy Taylor et le
bassiste Gus Romer avaient le Covid, ce qui n’est pas étonnant vu que ce
groupe est tout sauf « masques et gestes barrières ». Ainsi par de
punk rock avec l’énergique Amy Taylor, mais un grand moment live malgré
tout avec Wet Leg. Ce nouveau groupe qui vient de l’Ile de Wight est
porté par les fortes personnalités Rhian Teasdale et Hester Chambers
qui ont du charisme et du talent. En ce mois de novembre 2021, elles n’ont
publiées que deux singles dont le tube Chaise
Longue et déjà on sent que ce groupe très à l’aise sur scène, a un fort
potentiel. L’enregistrement de ce live est visible sur le site internet d’Arte.
Wet Leg à l’émission "Echoes" sur Arte @ Photos Paskal
Larsen
Wet Leg est en couverture de Rock & Folk n° 656 du mois d’avril
2022. C’est rare de voir un jeune groupe mené par des filles, encore plus un
groupe qui vient à peine de publier son premier album, en couv. de ce mensuel
créé en 1966. On est plus habitué à voir David Bowie, les Rolling
Stones, Beatles et autres figures -en grande partie masculine- classique
du rock. Ainsi sur 6 pages, Rhian Teasdale (voix guitare) et Hester
Chambers (guitare, chœur)« racontent leur drôle
d’histoire ». Exemple : "Quand
on a décroché ce concert il a fallu écrire des chansons en vitesse pour pouvoir
jouer assez longtemps" (Hester Chambers, page 66). La lecture de
cette interview réalisée par Basile Farkas m’a permis d’avoir des
éléments pour présenter la belle histoire humaine de Wet Leg.
Rhian et Hester se
connaissent depuis la fac, mais ce sera des années plus tard, après avoir fait
séparément divers petits boulots et apprentissage de la musique au seins de
divers projets en groupe ou en solo, que l’idée après la participation au
collectif Plastic Mermaids de faire ensemble un groupe prend forme. Le
nom sera Wet Leg (jambe mouillée en VF), deux mots que va inscrire Hester
sur deux pendentifs (ses parents tiennent une boutique de bijoux). Dans un
premier temps pour sortir du quotidien et plus sérieusement quand elles se
retrouvent à jouer en 2018 au festival de l’Ile de Wight (où sont passé les
plus grand de la pop music). Pour y jouer, elles se redent comptes qu’il leur
faut une section rythmique pour donner plus de coffre, plus de confort aux
morceaux. Là elles recrutent deux potes de la fac, Ellies Durand (basse)
et Joshua Omeas Mobaraki (guitare, clavier), le prof de surf Henry
Holmes (batterie). Après ce concert motivant, Rhian et Hester
continuent de composer de nouveaux morceaux, mais c’est lors du confinement en
2020 que Wet Leg trouve sa personnalité. Pour passer le temps "confiné", elles
composent des maquettes, de nouveaux morceaux, mais aussi des clips. Un ami du
bassiste envoie ses morceaux a trois maisons de disques, dont Domino qui leur donne le feu vert. Le
morceau Chaise Longue sort en single
et devient un des tubes indé de 2021. Le
plus dur reste à faire, réaliser un album, même si se format à notre époque du
streaming n’a plus le même impact que par le passée, le retour au vinyle permet
de réévaluer le format album 33 tours, du moins pour la jeune génération. Comme
Domino a les moyens, c’est Dan
Carey qui est choisi pour produire l’album. Bon choix, car ce producteur a
un bon palmarès côté musique indé : Franz Ferdinand, The Kills, Toy, Kate
Tempest, Baxter Dury, Squid, Goat Girl, Black Midi, Fontaine D.C.
On en arrive à l’album. Il n’a
pas de titre, mais il a 12 morceaux. Après une première écoute, on va allez
droit au but, l’album est une tuerie, du moins si on est amateur d’indie rock
aux couleurs des années 90’s. Wet Leg a du chien, de l’énergie, du fun, des
tubes en pagaille qui se fredonnent instantanément. La production est monstrueuse,
les compos sont efficaces à 100%, tant leurs mélodies sont de belles trouvailles
sonores. Ici on n’est pas dans la face B d’un 45 tours, il n’y rien à jeter,
les 12 morceaux sont des petits bijoux d’indie rock qui pulsent comme le
champagne. On est quelques pars dans l’esprit de groupes tels que The Breeders,
Lush, Blonde Redhead, CSS et PJ Harvey. Wet Leg a
autant de classe que Dry Cleaning et écrase le pétard mouillé de Los
Bitchos,qui ne tient pas la route sur la longueur avec ses
instrumentaux surf qui manquent cruellement de voix et de structure. Autant Wet
Leg a des morceaux bien construit, autant Los Bitchos ne composent que
des ébauches, intros qui tournent en rond. En prime, au fur et à mesure des
écoutes, l’album de Wet Leg dégage de plus en plus de charme viral. Bref,
ce premier long format est tellement jouissif, qu’il me tarde de les revoir en
concert, car là j’aurai bien en tête leurs imparables mélodies additives, tant l'album tourne à plein régime sur la platine disque.