mardi 13 avril 2021

NATHAN ROCHE "Drink Up, Rainforest Sinatra" (Gone With The Weed) – 4 avril 2021


Si le micro label parisien  Gone With The Weed est surtout connu pour ses publications en K7, de temps à autre, un single, un LP et plus rarement un CD vienne augmenter le catalogue, comme ce nouvel album solo de Nathan Roche, le pilier du groupe Le Villejuif Underground. Depuis la création du Villejuif Underground en 2015, Nathan Roche n’avait pas publié d’album sous son nom, ainsi Drink Up, Rainforest Sinatra est son 4ème album solo, mais réalisé en bonne compagnie avec de nombreux musiciens et voix recrutés dans la région de Marseille.

Dans le milieu du rock indé, on peut dire qu’ici en France, l’australien Nathan Roche est aussi connu que ses confrères Angus Young (AC/DC), Michael Hutchence (INXS), Nick Cave, Kylie Minogue, Robert Foster (The Go-Betweens) et Chris Bailey (The Saints), car depuis six ans il est très présent avec ses nombreuses publications sous divers projets (Le Villejuif Underground, C.I.A. Débutante, en solo) et surtout pour ses concerts intenses bien loin de la logique actuelle des gestes barrières. Après avoir vécu quelques années à Paris, en témoignage le morceau Brocante à Belleville, Nathan Roche est parti rejoindre sa femme dans les Bouches du Rhône. La pochette avec l’Arc de Triomphe et les palmiers à Marseille résume ce voyage de 3h30 en TGV. C’est pendant l’été 2020, entre Marseille et Aubagne qu’il a enregistré avec Guillaume Rottier (Rendez-Vous, Quetzal Snakes) les 12 morceaux de l’album. 


Les compos de l’album sont plus complexes que les enregistrements avec Le Villejuif Underground. Moins foutraque, moins noise, en solo, Nathan Roche se lance dans le registre du compositeur à tiroir, avec l’apport de nombreux instruments (flute, violon, saxophone, piano,) joués par des musiciens du cru méridional. Notons aussi la présence du guitariste Zak Olsen (The Flowning Clouds, Hierophants, ORB et Thibault dont j’ai chroniqué l’album Or Not Thibault dans mon blog), et Guillaume Rottier qui joue également de nombreux instruments, en plus d’être au poste de co-producteur.

La structure des morceaux est chiadée et bien loin du style home studio en mode bricolo lo-fi. Dans le style musical, on pense par moment à David Bowie période Low et Lou Reed période The Bells. Ici la voix de Nathan Roche est plus glam rock 70 qu’avec le Villejuif Underground, mais son timbre nonchalant à la Jonathan Richman et Kevin Ayers n’est pas en reste. La grandiloquence de certains morceaux, comme I Coudn’t Touch The Bottom va peut-être surprendre une partie du public du Villejuif Underground, mais aussi étonner et ravir une grande partie du public, qui vont ainsi découvrir l’étendu de la palette sonore et artistique de Nathan Roche. C’est clair, il en a dans la tête, des trucs à évacuer, à faire écouter. Car les arrangements font leurs effets immédiats. Bref,  à l’écoute de Drink Up, Rainforest Sinatra, on a l’impression que les squats et les caves humides sont loin, pour laisser la place à des lieux plus convenue, plus « adulte » comme par exemple le New Morning au l’affiche d’un festival tels que Banlieue Bleue. Oui, on n’est pas au bout de nos surprises avec le grand gaillard Nathan Roche !  

Nathan Roche à la boutique Dangerhouse Record Store à Lyon

Interview du Villejuif Underground ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/07/le-villejuif-underground-les-huitres.html

https://gonewiththeweed.bandcamp.com/album/drink-up-rainforest-sinatra

https://www.facebook.com/levillejuifunderground/

https://www.facebook.com/gonewiththeweed/




lundi 12 avril 2021

THE EX in Beautiful Frenzy (BlowPipe/Moskwood ) – 15 janvier 2005


A cause de la vente en ligne, les magasins « physiques » souffrent de plus en plus. La preuve avec la fermeture d’un symbole du quartier étudiant parisien installé place Saint Michel, l’historique Gibert Jeune qui a fermé boutique en mars dernier après 135 ans d’activité (1886-2021). Alors, avant qu’ils ferment tous, petit à petit, entre les départs en retraite et pas de repreneurs, ou alors un repreneur pour en faire un magasin qui fera parti d’un grand groupe alimentaire ou de vêtements, voir une banque, et la faillite, allons en tant que client, acheter des livres, disques et DVD dans ses boutiques d’occases, mélangé à du neuf qui permet que l’on achète un produit culturel, auquel on n’avait pas pensé. Par exemple Gildas, le cousin de Parallèles à Paris. Là on ne sait jamais d’avance qu’elle sera la trouvaille (ou pas) du jour. En y allant le 8 avril 2021, j’ai acheté à 4.90 euros un DVD (1) du groupe alternatif hollandais The Ex.

Publié en 2005 par l’éditeur BlowPipe/Moskwood (basé aux Pays-Bas), ce documentaire est réalisé en 2001 par Christina Hallstrom et Mandra Waback. Sur un sujet consacré à ce groupe majeur de la scène punk/DIY, les auteures ont vu juste en commençant le doc par le public qui danse. En effet, pour faire connaissance avec The Ex, c’est en live que cela se passe, car ce groupe instinctif et frontal est sur scène une redoutable machine à créer de l’ambiance, qu’importent le lieu et les groupes avec lequel ils sont parfois à l’affiche. Par expérience personnelle, -j’ouvre une parenthèse- lors de leur passage au Sons d’Hiver à Créteil le 16 février 2007 avec le groupe Tortoise, on peut dire que la musique et l’attitude festive de The Ex tranchait radicalement avec le sérieux appliqué de Tortoise. Ce concert s’est passé dans une salle assise, soit une configuration à adapter tant pour The Ex que pour le public. -Fin de la parenthèse-. Les réalisatrices ont suivis le groupe en tournée pendant deux ans en Europe et aux USA. Les images d’archives se mélangent avec les images filmées par les réalisatrices lors des concerts, en backstage, en répétitions, sur la route. Les membres du groupe reviennent sur leurs débuts, l’évolution de leur musique, les collaborations, le fait de tout gérer, d’être indépendant, de s’autoproduire. Ils sont libre de jouer dans un squat, une grande salle, un festival de jazz ou de faire une performance dans la rue. The Ex est un groupe LIBRE et INDEPENDANT. « On a notre musique pour dire ce qu’on pense. » (G.W. Sok chanteur du groupe de 1979 à 2009). Le doc fini à la 52ème minute avec cette phrase de Terrie (guitariste) : « Improviser, c’est simplement faire de la musique. Faire de la musique, c’est simplement improviser. »

Le documentaire n’est pas long, par contre côté bonus DVD, c’est la fête : sept live de 1981 à 2000, une vidéo de 1984, un live de Shellac (Steve Albini est interviewé dans le doc), le making of et des visuels.

(1) Cette version a été édité par K-films Vidéo sans l'accord du groupe. La jaquette ne correspond pas à la version originale publié par BlowPipe/Moskwood (basé aux Pays-Bas). Cette précision m'a été rapporté par G.W. Sok. Pour illustrer cette chronique, j'ai mi la jaquette de la version officielle.



Je profite de cette petite note consacré à The Ex pour publier ma chronique de l’album 27 Passports sortie en 2018 sur Ex Records/l’Autre distribution.


Qui aurait pu prédire en 1979 que le groupe The Ex allait faire une carrière aussi longue, avec aujourd’hui en 2018 la sortie de leur 35ème album (on ne parlera pas des multiples collaborations et échappées en solo), eux qui trainait dans le milieu squat, mais actif. Bon, c’est clair, The Ex a créé un son qui se reconnait de suite. A la fois tranchant, sec et percutant, le son « rock noise » de The Ex tape dans le mille en profondeur. Dans le style, on pense à The Fall, Sonic Youth et à Fugazi. Avec le temps, The Ex a incorporé à sa musique noise, des influences éthiopienne, jusqu’à a allez jouer chez eux en Afrique et faire des collaborations pour le meilleur des mariages sonores. Car chez The Ex, le rythme est à la base de tout. Rythme = danse = pogo = slam. Avec ce nouvel album, The Ex revient vers un son plus rock, tout en n’oubliant pas la musique « transe » éthiopienne. Les années passent et The Ex a gardé son énergie intacte. Pas de baisse de régime, tout au long des 10 nouveaux titres, on est porté par le rythme et les riffs de guitares, taillées dans de la glaise. Et cela sur la version disque, car sur scène, leurs compos sont encore plus chargé d’adrénaline, tant chaque membre du groupe déborde d’énergie avec le plaisir communicatif d’aimer jouer sur scène pour partager leur musique avec le public.

Signalons aussi, que la pochette est magnifique, avec ses oiseaux migrateurs qui illustrent bien le titre 27 Passports, avec en sous-titre, la misère des hommes qui doivent quitter leur pays en guerre pour se retrouver à dormir dans des tentes installés sous le métro parisien, capitale du pays des droits de l’homme.

Enfin, petit nota, On critique beaucoup le format CD, nettement moins beau que le format vinyle. Malgré tout The Ex, donne un soin tout particulier au format CD en y incorporant un magnifique livret de photos réalisé par le guitariste Andy Moor. Bon esprit !

www.theex.nl/news.html
fr-fr.facebook.com/theexband/
theex.bandcamp.com/album/27-passports