AUS est un jeune groupe féminin qui
vient de Berlin. Comme l’indique le titre, cet album est leur deuxième long
format. Malgré qu’il y ait de nombreuses photos sur le verso de la pochette et
sur l’insert en papier vintage/photocopie, il n’y a pas le nom des musiciennes.
AUS compose une musique after punk,
indus et cold wave qui nous transporte en rétro pédalage dans le son des années
78-83 à Berlin. On pense à des groupes allemands comme Malaria!, Plastix, X,Mal Deutschland, Ideal,
Trümmerfrauen. Ainsi 40 ans
plus tard, la jeune garde AUS
reprend le flambeau avec brio, soit un chant en allemand, un son sec, froid,
rythmique, détaché et attachant. Sans changer les codes du style, soit l’ambiance
d’une cité en ruine où seule la discothèque reste illuminée avec ses néons
bleutés, la musique d’AUS est très
plaisante à écouter, du moins si on est amateur du son cold, indus, gothique. Dans
les groupes actuels on peut les rapprocher à KVB, The Soft Moon, Belgrado, Lebanon Hanover, Total
Control. A noter que l’album vinyle s’écoute en 45t pour avoir un meilleur
son.
MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique
n°7
J’ai découverts le groupe Quilt grâce au pote Skalpel
qui m’informe qu’il joue en showcase à 14h à Gibert Joseph (Paris). On est le 19 avril 2014, journée du Disquaire day. Je ne connais pas ce
groupe, j’écoute le nouvel album Held In
Spendor sur Bandcamp. Sa me plais bien, mais 14h c’est trop juste pour moi.
Le soir il joue à l’Espace B, mais je ne sais plus la raison, toujours est-il
que je ne suis pas allé les voir, par contre j’ai demandé à Skalpel de
m’acheter le nouvel album. Je le récupère quelques jours plus tard, et au fil
des écoutes, il devient un de mes disques du moment. J’écris une chronique pour le fanzine
Abus Dangereux (1), et c’est clair, au prochain passage du groupe à Paris, je
ne les loupe pas. Ce sera finalement quelques mois plus tard, le 19
septembre 2014 au Point Ephémère. Si
l’album qui est un de mes top de l’année, est d’une belle sonorité psyché folk
très fleurie et élégante, notamment dans les voix, la version scénique à plus
de mal à rendre la beauté de la magie du studio. Tant pis, sa reste malgré tout
un plaisir de les voir en live.
On arrive à 2016, avec la sortie du 3ème
album nommé Plaza. Déjà la pochette
donne envie de l’écouter au plus vite, tant le dessin du recto est magnifique.
Voici la chronique de l’album que j’avais écrit pour Abus Dangereux :
"Attention chef d’œuvre ! Plaza le 3ème album de
Quilt est tout simplement un monument pop rock qui sera dans notre
playlist 2016. Ce quatuor de Boston a l’art de composer des morceaux d’une
richesse mélodique à donner des frissons. L’osmose entre les voix d’Anna Fox
Rochinski et de Shane Butler sont dignes des duos Nancy Sinatra
et Lee Hazlewood, Dean & Britta ou des Carpenters. Soit des
voix de velours enveloppées dans une chambre musicale feutrée et dorée. Car ici
la construction musicale émerveille, tant les mélodies sont évidentes et
coulent de source comme par magie. C’est fou ce que sont capables de construire
ensemble les 4 membres de Quilt. La symbiose entre le son des
instruments (guitare sèche et
électrique/basse/batterie/synthé/piano/flute/harpe) et le chant sont
exemplaires. Il n’y a rien à jeter dans les 10 morceaux de Plaza. Tout
est beau (jusqu’à la pochette), la mécanique est digne des grands albums (comme
Forever Changes de Loves, Ram de Paul Mc Cartney et
Why Do Birds Sing de Violent Femmes), un vrai travail d’orfèvre
dans l’art d’aligner les notes ensembles. Chez eux l’indie, la folk,
l’americana, le psyché et la pop sont mélangés avec goût et beaucoup de talent.
On traverse à la fois les sixties et les nineties avec une légèreté à faire
défiler les générations en 3 notes de musique. Une fois de plus la production
est de Jarvis Taveniere (des Woods), qui avait déjà fait des
miracles sur le précédent album Held in Splendor. Inutile de changer une
équipe qui gagne ! Avec cet album, Quilt entre dans la cour des grands
groupes pop."
Bref, je suis bien emballé, l’album sera mon n°1 de
l’année pour la playlist d’Abus Dangereux. D’ailleurs tout au long de l’année
j’ai fait passer la bonne parole auprès de mes amis pour écouter ce chef
d’œuvre. Si je ne suis pas allé les voir en 1er partie de Steve Gunn le 18 mai 2016 au Batofar, par contre on est venu en
nombre les voir en concert le 12 novembre 2016 à l’Espace B. De parts la
configuration de la salle avec une proximité direct avec le groupe, ce concert
était magnifique (2).
Après cet album et Spirit Of The Golden
Juice, hommage à l’album deF.J. McMahon's sortie en 1969, Shane Butler a publié deux albums S/T (2018) et Living Theatre
(2019) avec le groupe Olden Yolk.
(1) Chronique de l’album Held In Splendor (Mexican Summer –
février 2014).
Le nom (Quilt=patchwork en français) de ce trio de
Boston l’habille à merveille. En effet leur style acid folk mélange pas mal de
tissus bariolés. Entre l’ambiance sixties ( Byrds/Jefferson Airplaine/Dana
Gillespie, Magna Carta) et l’indie pop (Yo La Tengo, Megafun, Haight
Ashbury), Quilt dose à merveille sa musique psyché folk très
fleurie. Les mélodies vocales sont magnifiques. Le fait d’avoir une voix
féminine (Anna Fox Rochinski) et masculine (Shane Butler) donne
au trio une belle couleur harmonique. Par étonnant que Jarvis Taveniere
(membre des excellents Woods) ait été charmé au point de produire ce
2ème album. Il a su donner à la musique de Quilt beaucoup de relief et
au son tout le charme des sixties. Les mélodies hippie pop mélangées aux riffs
(acoustiques et électriques) indie sont d’une élégance à faire tomber sa
chemise pour aller compter fleurette dans l’herbe folle. Parmi les 13 titres,
il y a 3 tubes en puissance à fredonner entre deux Martini drink. Tie Up The
Tides pour ouvrir la bouteille, Arctic Shark pour servir à boire, et
A Mirror pour finir le verre et passer au salon. Oui, avec Quilt
on est en bonne compagnie, on n’a pas envie qu’ils partent, car après leur
passage, c’est le vide. Alors comblez-le en reposant le disque sur votre
platine et vous serez de nouveau en très bonne compagnie. Bref le disque indie
folk de la saison pour être hippie sans en avoir l'air.
(2) Chronique du concert à l’Espace B le 12 novembre 2016.
Le groupe Quilt était de passage à Paris lors
du week-end du 11 novembre 2016. Bon, c’est dommage pour eux, mais ils
n’attirent pas les foules (du moins à Paris), à l’inverse de groupes comme les Allah-Las
(concert complet au Cabaret Sauvage).
Ainsi c’est dans un Espace B à moitié plein (ou à moitié vide) soit une
petit centaine de personnes, que le quatuor de Boston va délivrer un excellent
concert. Car, foule ou pas, Quilt est heureux de jouer sur scène. Certes
sur scène ils ne sont pas toujours au top niveau (en effet pas évident de
reproduire en live le magnifique son de leurs albums), mais là en ce 12
novembre pluvieux, Quilt a ébloui nos oreilles et nos yeux. Sans setlist
(du moins visible), Quilt a joué comme un DIEU, en mélangeant avec
classe, toute la richesse sonore du rock sixties à la sauce américaine. Les
quatre musiciens de Quilt nous font voyager à travers la pop, la folk et
le psyché avec une aisance telle, qu’on a l’impression d’entendre plusieurs
groupes en un. Dans un morceau, on passe d’un passage folk cool à des riffs
psyché à faire tourner la tête. Les voix d’Anna Fox et de Shane
sont d’une beauté totale. Le son des instruments (mené par la guitare de Shane)
est majestueux. Chez eux mélodies et énergies font bon ménage ! La frêle Anna
Fox a une présence divine qui ne lâche pas le public (surtout votre
serviteur). Pendant plus d’une heure, le groupe a joué avec envie, chaleur et
communion les titres de ses trois albums, dont le dernier Plaza, est un
des sommets discographiques de l’année 2016. Quilt mérite d’entrer dans
la cour des grands, tant leurs compos sont magnifiques et variées.
Grâce aux longues tournées, le groupe est aujourd’hui au point pour fournir des
concerts de qualité qui donnent la chair de poule et le plaisir d’écouter de la
bonne musique. La prochaine fois, ne les ratez pas !