Le label New
West Records vient d’éditer un magnifique box du groupe Pylon. Le box contient la réédition des
deux albums studio, Gyrate sortie en
1980 et Chomp sortie en 1983. Les deux
albums sont remastérisés à partir des masters originaux. Pour compléter le lot,
il y a un album d’Extra avec des
versions alternatives des singles, face B, raretés, live et l’album Razz Tape qui contient le tout premier
enregistrement de Pylon datant de
1979, soit une session inédite de 13 morceaux. Et pour couronner le tout, il y
a un magnifique livre de 200 pages avec des tonnes d’archives (photos,
affiches, flyers, bloc-notes) et en prime une dédicace du groupe. Dans le livre
il y a aussi de nombreux témoignages d’artistes du milieu indé, pour dire leur admiration envers ce groupe fondateur. Parmi ses
personnalités il y a le groupe R.E.M., Kate Pierson (The B-52), Corin Tucker
et Carrie Brownstein (Sleater-Kinney), Steve Albini (Big Black/Rapeman/ Shellac), Jon King et Hugo Burnham
(Gang of Four), Bradford Cox (Deerhunter/Atlas Sound), Chris Stamey (The DB’s), Steve Wynn (The Dream Syndicate). Enfin ànoter que les deux albums sont également
réédités séparément.
Pylon était un groupe de quatre jeunes
étudiants américain d’Athènes (comme R.E.M.
et The B-52’s) en Géorgie qui s’est
formé en 1978 et à splitté en 1983, suite à une première partie du concert de U2 lors de la tournée de l’album War. Pylon ne s’amusait plus, la récré était terminée. Avec les années,
le groupe devient culte et sur la demande des fans, il se reforme en 1989 et en
1990 il publie leur 3ème album Chain
et font plusieurs concerts. A partir de 2004, ils vont de temps à autres faire
des concerts.
Mais revenons à la formation, quand ils étaient encore
étudiants à l’université. Avec Vanessa
Biscoe Hay (arrivée dans le groupe en février 1979) au chant, Randy Bewley à la guitare, MichaelLachowski à la basse et Curtis
Crowe à la batterie, Pylon compose
une musique post punk dans l’esprit des groupes de la scène new yorkaise (Television, Talking Heads, Blondie).
D’ailleurs un de leur premier concert est joué à New York en première
partie du groupe anglais Gang Of Four.
Pylon a aussi joué en première
partie de leur voisin et amis The B-52’s.
Le son post punk et sec de Pylon,
contemporain des groupes comme Au Pairs
de Birmingham, Bush Tetras de New
York, Ideal et Nina Hagen de Berlin, Delta 5 de Leeds, Kleenex
de Zurich, Wire et X-Ray Spex de Londres, possède un grain,
une énergie qui a fait école dans le rock indé. Coté groupes la liste est trop
longue, côté labels notons, K Records,
Flying Nun et DFA. La force du groupe ? Des morceaux cours qui frappent là ou ça fait du bien. Pas de
fioritures ni de superflues, juste l’accord parfais du jeu
guitare/basse/batterie avec LE SON after punk originel identifiable dès les
premier accords et la voix habité de Vanessa.
Bref un groupe peut connu en France, qui mérite d’être (re)découvert, car ils n’ont
pas eu les honneurs des compiles after punk, par exemple sur Disco Not Disco (Scrut), More G.D.M. (Tigershuchi), Punk 45 (Soul Jazz).
Certes la réédition est un peu chère (130 euros le
coffret vinyle et 80 euros le coffret cd), surement à cause du livre assez
mastoc, mais normalement à l’âge de 50 ans (les ados des années 80) on doit
pouvoir se la payer, ou alors "Si à 50 ans on n’a pas un Pylon, on a quand même raté ta
vie", en -mauvaise référence- à la célèbre phrase de Jacques Séguéla au sujet d’une montre Rolex. D’ailleurs, c’est plus cool et
moins chère d’avoir un disque de Pylon que
d’une Rolex tape à l’œil.
Oh-OK est un groupe d’Athènes en Géorgie
qui a eu une courte existence. Formé en 1981, le groupe à splitté en 1984 en
publiant seulement un EP 4 titres (Wow
Mini Album -1982-) et un mini album de 6 titres (Furthermore What -1983-). Dans le noyau dur de la formation, il y a
Lynda Stipe ((la sœur de Michael le chanteur de R.E.M) et Linda Hopper (futur chanteuse de Magnapop) et comme membres additionnels il y a David McNair (également futur membre de Magnapop), David Pierce,
John Poe et Matthew Sweet.
Le label d’Athènes HHBTM
réédite pour la 2ème fois cette compilation qui regroupe les deux
disques, plus 5 morceaux live d’un concert au Pippermint Lounge du 16 avril 1984 et deux morceaux bonus inédits,
soit au total 17 morceaux. Pour la petite histoire, le groupe s’est formé pour
jouer en première partie de R.E.M..
C’est dommage que Oh-OK n’est resté
qu’un groupe local, car leurs compos sont très bonnes. Leur style de musique
est un mélange de post punk, de new wave, de pop lo-fi dans l’esprit de leur
voisin Pylon (1) qui sont sur le
même label DB Recs, Delta 5, Marine Girls, Au Pairs, Fat Tulips, Dolly Mixture (2). Leur son est frais, popy et énergique. Les
compos ont cette innocence DIY et artisanale des petits groupes indés qui
jouent dans des caves devant 40 personnes, et parmi ces 40 personnes, il y en a
3 qui font un fanzine forma A5 en photocopie, 2 autres qui animent une émission
sur une radio locale et 10 qui jouent dans divers groupes. La pochette de The Complete Reissue dessinée par Lynda Stipe replète bien l’esprit pop
lo-fi du groupe. Dans ce style de musique, cet album est plus que recommandé !
L’éditeur Le
Boulon vient de publier le livre In
Felt We Trust consacré aux œuvres d’Elsa
Kuhn (1). Styliste de formation, fan de rock indé et du support vinyle pour
écouter ses coups de cœur, Elsa a
réuni son talent manuel et sa passion de la musique en réalisant en couture et
feutrine, des œuvres qui reprennent les visuels des pochettes de disques. Son
style pop, naïf, enfantin est remplis de charme et de poésie. Ainsi, pas étonnant qu’elle reçoive
des commandes de membres de groupes qui veulent avoir un exemplaire de leur
pochette de disque en version feutrine. Mais laissons Elsa nous éclairer sur son travail.
Tu as fait des études liées à la
couture, styliste ou tu es une autodidacte du fil et de l’aiguille ? Tu as fait
une école d’art appliqué ? J'ai suivi
des cours de dessin pendant mon adolescence, en plus de mon cursus scolaire
puis j'ai intégré une école de mode, j'ai un diplôme de modéliste et de
styliste.
Tu crées des vêtements pour enfants. Tu
aimes la musique indé. Quel a été le point de départ de lier ensemble couture
et musique ?
J'ai toujours été à fond dans la musique depuis mon
adolescence, je m'amusais à faire des fanzines quand j'étais ado, on
interviewait des groupes, on chroniquait des disques et on écumait déjà les
concerts. En parallèle, j'ai toujours été créative et j'adorais bricoler des
trucs avec mes mains. Je crois que combiner mes deux passions a été
évident. Certains jouent dans des groupes, écrivent des livres, montent
des labels pour transcender cette passion pour la musique, moi j'ai choisi le
biais du fil et une aiguille !
Elsa nous prépare quelle pochette de disque ?
Comment t’es venue de réaliser des
œuvres qui reprennent les visuels des pochettes de disques ?
Avant de créer ma marque de vêtements pour
enfants (NDLR: Eva Koshka Paris), je customisais des pièces vintage à l'aide de cuir, pochoirs homemade,
peinture et de feutrine, je m'inspirais déjà d'éléments de la pop culture:
titres de chanson, de films... Pour le dos d'une veste j'avais repris le
visuel de la pochette de Primal Scream,
Screamadelica. J'ai
continué ensuite avec des pochettes assez simples graphiquement: New Order, Teenage Fanclub, Pylon, Sex Pistols... Et j'ai changé de support,
je les cousais à la machine à coudre sur des coussins. Je les revendais à des
boutiques de créateurs. J'ai continué le projet mais j'ai ensuite décidé de
changer ma méthodologie: coudre et broder à la main, ça m'a permis d'aller plus
loin dans les détails et ombrages. Le support avait changé entre-temps,
c'était des tableaux à encadrer.
Le choix de la feutrine pour remplacer
le stylo ou le pinceau est venu à quelle occasion ? Avant le choix de la
feutrine, tu as fait des tests de pochettes avec d’autres supports autres que
la feutrine ? Je crois en cherchant des tissus dans les merceries. J'adore aller dans les
magasins de tissus et mercerie, toujours à la recherche de nouveaux matériaux.
Quelle a été la première pochette que tu
as réalisée ?
Screamadelica de Primal Scream
Comment se passe le choix d’une pochette
auquel tu vas passer du temps à mettre en forme ? La simplicité ou la
complexité du graphique de la pochette originale a-t-elle un impact sur le
choix ?
En fouillant les bacs à disques, j'adore écumer les
disquaires et les vide-greniers, je collectionne les disques. Parfois une
pochette m'interpelle ! Avant, je m'inspirais exclusivement de mes groupes
préférés et maintenant ça va plus loin; le côté visuel va primer sur le
contenu. Il y a des pochettes que j'ai sur ma to do list de groupes ou
musiciens que je n'aime pas forcément. Et vice-versa, mes groupes préférés
n'ont pas toujours des pochettes géniales. Les pochettes avec beaucoup de
détails sont toujours une sorte de challenge, surtout quand il y a des visages,
c'est parfois difficile de saisir une expression, un regard avec du fil et une
aiguille.
J’imagine que le choix de tes premières
pochettes de disques était personnel. A quel moment la notion de commande par
une connaissance, un artiste, puis via le net est entré en "jeu" ? Pour qui fut réalisé ta première commande et pour
quelle pochette ? Tu peux nous donner quelques noms, avec le choix de la
pochette, de personnes qui t’ont demandé de leur réaliser une œuvre ? Si
la personne demande la pochette, soit d’un chanteur, d’une chanteuse, groupe, ou
visuel qui ne te plait pas, est ce que tu le fait, où bien tu restes concentré
sur les visuels des disques qui te plaise ? Si c’est le cas, quels sont
les pochettes que tu as refusées ?
Ma première commande était pour un ami qui m'avait
demandé la pochette de LoveForever Changes, j'ai réalisé un Chomp de Pylon pour Vanessa, la
chanteuse du groupe, Entertainment pour le batteur de Gang of Four, la pochette de Tropics and Meridians de June of 44 pour leur réédition, Anti-Midas Touch pour David Callahan le chanteur des Wolfhounds, entre autres ! J'ai réalisé
plus de 200 pochettes ! Je refuse seulement si la pochette est difficile à
retranscrire, par exemple celles de My
Bloody Valentine sont trop floues et ne rendraient pas vraiment en broderie
et feutrine.
Y a-t-il des pochettes que tu as
réalisées plusieurs fois suite aux demandes ? Si oui lesquels ? Oui, j'ai refait Screamadelica ou
London Calling des Clash plusieurs fois.
Quelle est la démanche pour te commander
une œuvre ?
On peut me
contacter via les réseaux sociaux (Facebook et Instagram) ou par mail.
A travers les photos de ton livre qui
vient de paraitre, le rendu visuel sur papier est magnifique. On peut
facilement voir ton style graphique à la feutrine sur une pochette originale.
As-tu eu des demandes pour réaliser des « vrais » pochettes de
disques sur lequel on verrait bien le visuel en feutrine ?
J'ai brodé la pochette de la réédition de Tropics & Meridians de June of 44, pour une série de
compilation réalisées par Randall Poster
(music operator pour Wes Anderson, Scorsese...), j'ai failli faire la pochette
du dernier Black Country, New Road, le label Ninja Tunes m'avait contactée, mais le timing était trop serré.
Qu’est ce qui t’a amené à faire un
livre pour montrer tes œuvres ? La maison
d'édition Le Boulon m'a contactée
directement !
Ton style "graphique"
réalisé avec de la feutrine est très coloré, naïf, qui évoque
l’illustration des livres pour les enfants. C’est intentionnel, ou au
contraire, ce style enfantin, -tout en rondeur, jusqu’à parfois ne pas dessiner
les yeux, nez et bouches,- est assumé et recherché. Oui, j'adore les illustrations de livres pour enfants, la bande-dessinée
également et l'art brut, je crois que ça m’inspire forcément.
J’imagine
que tu aimes toutes tes réalisations, malgré tout, quelle est la pochette dont
tu es la plus satisfaite ? Et qu’elle est la pochette, la commande qui t’a
le plus touché coté émotion ?
J'adore travailler sur le Jimi Hendrix, c'était un gros challenge ! Celle de Robert WyattDondestan est une pochette que j'ai adoré réaliser. Celle de Prince aussi même si je ne suis pas
forcément fan de sa musique. Je crois que je les aime toutes, à force de passer
du temps dessus, me les réapproprier et traquer tous les petit détails.
A l’occasion de la sortie du livre,
y aura-t-ils des expositions itinérantes pour montrer tes œuvres ? J'ai une
expo à Nantes fin janvier, une à Paris en février et une autre à Pau pendant le
festival Rock This Town.
Est-ce que ton chat (son nom ?)
t’accompagne, t’inspire dans tes réalisations ? C'est Andie, une de mes chattes ! Elle m'inspire et surtout essaie
d'assister en déroulant mes bobines de fil.
Nota: Tous les visuels proviennent du Facebook In Felt We Trust.