Le groupe sixties pop lyonnais de l’an 2020, Gloria prépare tranquillement son retour et dévoile un nouveau single, Global Warning. Leur deuxième album, Sabbat Matters, paraîtra à l'automne prochain. A l’écoute du morceau, il est clair que le futur album va une fois de plus faire des étincelles dans nos oreilles exigeantes !
Je profite de la news pour sortir de mes
archives une interview que j’avais réalisé en novembre 2016, au moment de la
sortie de leur premier album In Excelsis Stereo (Howlin Banana Records). L’interview a
été publiée dans le fanzine Abus Dangereux face 142 (avril/juin 2017). La
version ci-dessous est l’interview complète.
Page de l'interview parue dans Abus Dangereux face 142
Gloria nous rappelle au bon souvenir des sixties à l’apogée des « girls groups » échappés du cru sélect de Phil Spector et de Burt Bacharach.
Gloria est le nouveau bébé du produteur Kid Victrola.
Avec Gloria, il accède à son
rêve : « Embêter les filles et mixer les basses à fort volume ».
Si embêter les filles c’est faire un premier album aussi léché, aussi
magnifique que ce que l’on entend sur « In Excelsis Stereo », qu’il
n’hésite pas à perturber toutes les filles du globe et pas que les suédoises.
J’ai lu que « Gloria est le fantasme du producteur Kid Victrola ». En
quelques mots, qui est Kid Victrola ? Quels sont vos productions et
groupes auxquels vous avez participé avant Gloria ?
Kid Victrola : En quelques mots ?
Guitariste, bassiste. Je me suis commis et ai fait œuvre de production dans les
groupes suivants : Deborah Kant, The
North Bay Moustache League, Slow Joe and the Ginger Accident, Onagre, La Course
du Grand Géocoucou. Avec Gloria,
j’accède à mon rêve : embêter les filles et mixer les basses trop fortes. A
Kerwax (NDLR: Situé à Loguivy-Plougras en Bretagne ; la particularité de
ce studio est de proposer du matériel vintage allant des années 30 aux
seventies) en plus.
Gloria est-il un véritable groupe prêt à
durer, à faires de nombreux disques et concerts ou juste un projet
parallèle ?
Véritable groupe, avec l’envie de durer, si le
monde veut bien de nous.
Quel a été le point de départ pour créer
Gloria? Vous vous êtes rencontrés comment ?
Kid Victrola : Au départ c’est un projet de
disque que j’avais en tête depuis longtemps. J’ai fait un appel d’offre dans
mon « crew lyonnais-drômois», du genre: “là, faut que ça sorte, qui veut
m’aider ?”. Une bande de potes qui jouent dans plein de groupes consanguins et
incestueux (Deborah Kant, Slow Joe, Tara
King th, Bye Bye Dubai, Baby B, Grand Veymont) a répondu à l’appel. On a
fait le disque à quatre au studio Kerwax et puis d’autres nous ont rejoint pour
monter la formation scénique. Le groupe est composé des chanteuses Baby B, Wendy Martinez, Amy Winter et de
Josselin Varengo à la batterie, Acromath à la basse et moi à la
guitare.
Le nom du groupe a t-il un lien avec la
reprise Gloria par Patti Smith, (icône féminine du rock) ?
Absolument, on a effectivement une grosse fan de
Patti dans le groupe. Enfin, pour
être honnête, c’est plutôt en lien direct avec le titre original de Van Morrison pour ses trois accords
très démocratiques, et puis ensuite toutes ses multiples reprises (Doors,
Shadow Of Knight, Patti Smith, n’importe quel groupe de la fête de la musique).
Le nom Gloria a aussi quelque chose
de vaguement céleste qui va de pair pour nous avec les harmonies vocales
féminines.
La particularité de Gloria est le son sixties
avec des voix qui se seraient échappées de formations nommées génériquement
« girls groups ». Amy, Baby et Wendy, vous chantez depuis toutes
petites? Avant d’être dans Gloria, vous vous connaissiez ?
Amy, Baby, Wendy : Oui, nous sommes toutes les
trois des musiciennes et chanteuses lyonnaises, et ce depuis longtemps. On fait
partie de la même scène musicale, et amies avec ça ! (NDLR : c’est mieux
pour jouer ensemble dans un groupe).
A quel moment apparaît la structure des voix
dans la composition d’un titre ?
Kid Victrola: Tout de suite. Tout se passe dans
ma tête. J’entends un morceau avec tous les instruments, les arrangements et
toutes les voix. Je maquette les instruments en essayant de retrouver le bon
son, puis je donne aux filles une mélodie principale et elles construisent leurs
harmonies dessus. Les paroles se font un peu entre les deux avec des bribes
dans la tête et on peaufine par écrit. La plupart du temps, le résultat
ressemble à ce que j’avais en tête, ou alors c’est différent et encore mieux.
Pareil pour le son, tout prends corps en devenant réel, et tout fonctionne
comme imaginé.
Du point de vue harmonie, les compos sont
très riches, très élaborées. On pense à Phil Spector, Burt Bacharach, Lee
Hazlewood. Comment travaillez-vous le son pour obtenir un résultat aussi
abouti, digne des plus grands ?
L’album a été enregistré entre la
maison sur un vieux PC pourri et à Kerwax, le meilleur studio vintage de France.
Le son de l’album est évidemment dû au matériel de Kerwax, mais certaines
prises de sons ont été faite à l’arrache au local de répète et d’autres dans
nos chambres. Pour l’élaboration des sons, il n’y a aucune règle, juste des
oreilles et un immense amour pour la musique de cette époque avec des milliers
d’heures d'étude. Chez Lee Hazlewood ou Burt Bacharach, il y a un son
très aéré qui provient du fait que les studios étaient grands et que de
nombreux musiciens enregistraient tous ensemble, parfois même avec un orchestre
à la manière de la musique classique. Avec Gloria on n'en est pas encore là !
Vous avez quels types d’instruments de musiques
pour obtenir ce son sixties si caractéristique ?
Basse et batterie plutôt vintage la classe,
parce que sinon c’est dur de retrouver le son. (Harmony et Ludwig WFL). Le reste
c’est du chinois pas cher. Mais le son vient surtout de la manière de jouer.
Une mini Renaissance. Qui vaut le coup d’être
explorée à fond. Mais on n’est pas intéressés que par cette époque.
La pochette de l’album, peinte par Wendy, est
magnifique. Wendy, tu peux nous dire quelques mots sur ce dessin, tu avais
carte blanche ? Quelle était ton idée de départ pour l’aborder? Tu es
artiste peintre ou tu fais ça juste par plaisir dans tes moments de
loisir ?
Wendy Martinez : Nous avons conçu la
pochette avec Kid Victrola. J’ai surtout réalisé le dessin de base au crayon,
puis nous l’avons colorisé sur PC et mis en forme graphiquement. Techniquement
ça n’est pas une peinture, mais j’en fais par ailleurs, notamment la pochette
du disque de Bye Bye Dubai qui est une peinture à l’huile. Je dessine également
tous les story boards des clips que je réalise. J’utilise surtout le graphisme
pour illustrer la musique.