dimanche 17 décembre 2023

GOOD MORNING TV "Small Talk" (Géographie Records) – 18 juin 2021

Le samedi 16 décembre 2023, se tenais à L’International (Paris) le marché de Noël indé. Ce RDV annuel permet de rencontrer les activistes indé qui se démènent comme ils peuvent à publier et défendre des jeunes groupes et artistes. Avec le prix du vinyle qui a explosé, les problèmes de délais de pressage dû à l’envahisseur MAJOR qui réédite ses fonds de catalogue à des prix indécents, pas facile pour les labels indé de sortir tous les disques qu’ils désirent (en plus des nouveaux talents et non pas des têtes d’affiches morts à 27 ans) dans les délais. Exemple, le groupe part en tourné, c’est mieux qu’il ait dans ses bagages son nouvel album à vendre. Si la dominante du marché, ce sont les labels de musique (Howlin’ Banana, La Cèpe, SDZ, Teenage Menopause, Requiem Pour Un Twister, Nineteen Something…), il y a aussi l’édition papier (Le Boulon, Mowno), les fanzines représenté par le Fanzinarium, et des jeunes artistes qui font des œuvres textiles ou des bijoux. Aussi, parmi tous ces labels qui présentent leurs catalogues de la scène indé (qui est large) actuelle, il y avait  des vendeurs de vinyles d’occases. Enfin pour clore cette belle journée, il y avait des concerts dans la salle situé au sous-sol, avec notamment le groupe pop Extraa qui vient de sortir son 2ème album chez Requiem Pour Un Twister.

Ce qui est bien avec ce type de RDV dans un lieu cool tels que L’International, c’est qu’on découvre de nouveaux labels. Pour cette édition 2023 (qui est la 3ème) j’ai rencontré Nicolas Jublot du label Géographie. A noter qu’il est également le programmateur "musique" du Point Éphémère. Le label Géographie créé en 2019 avec Nicolat Jublot et Rémi Laffitte (ex Atelier Ciseaux qui a fait découvrir en France les artistes U.S. Girl, Ela Orleans et Dirty Beaches), a publié à ce jour six albums. Quand on regarde les pochettes sur la page Bandcamp rubrique "Catalogue", on constate qu’il y a un soin important consacrés aux visuels. Que les groupes, artistes s’appellent Marble Arch, Paper Tapes, Born Idiot, Good Morning TV, Bad Pelicans, chacun avec son univers musical, on a l’impression que les pochettes se répondent entres-elles. Ce soin nous fait penser au label culte 4AD et son responsable visuel Vaughan Oliver. J’ai écouté deux groupes du label, Marble Arch que je connaissais, et dont le deuxième album Children of the Slump (première référence de Géographie) est une belle réussite dans le style shoegaze, musique cotonneuse et Good Morning TV qui m’a tout de suite emballé. Soit deux jolis achats.

Notre sujet du jour concerne le quatuor parisien Good Morning TV et son premier album titré Small Talk, sorti en juin 2021. Au départ Good Morning TV est le bébé de Bérénice Deloire qui publie en 2016 sous ce nom un EP quatre titres sur le label Requiem Pour Un twister, disque qui faisait suite à son projet Talkie Walkie. Son projet solo c’est petit à petit transformé en groupe, avec le bassiste Barth Bouveret (déjà présent sur l’EP au poste de producteur), puis Hugo Dupuis (batterie) -qui succède à Guillaume Rottier du groupe Rendez-Vous- et Thibault Picot (guitariste). Si Bérénice est toujours le point central du groupe en tant que compositrice et chanteuse, les autres membres participent aussi à l’élaboration des morceaux. Good Morning TV compose une musique pop fragile, intimiste, douce, très mélodique, qui peut être perturbé avec quelques bons riffs de guitare. Le chant de Bérénice est posé, timide, presque susurré. Elle nous évoque Melody’s Echo Chamber, Claudine Longet, Laeticia Sadier (Stereolab), Trish Keenan (Broadcast), Elizabeth Frazer (Cocteau Twins), Laure Briard et le chant de Jeanette avec son tube Porque te vas. Ici, la musique est aérienne, cotonneuse, dream pop, shoegaze, doucement noisy pop fracassé par des notes d’un synthétiseur cabossé qui flirte avec le krautrock revu en 1990. Certains passages pourraient évoquer la B.O. du film Virgin Suicides (de Sofia Coppola) composée par le duo Air. Mais arrêtons les références, Good Morning TV a véritablement son identité, qui commence avec la curieuse photo de Yann Stofer qui illustre la pochette. Avec Small Talk, Good Morning TV nous invite à nous balader dans un environnement où l’on se sent protégé, où la nature respire le bon air (l’album a été enregistré à la campagne dans le Sud-Ouest), donne l’envie de mettre le pied dans l’eau avec son, sa protégé.ée. Oui, Good Morning TV est une belle rencontre musicale !

Photos @ Antoine Magnien

Pour écrire cette chronique j’ai eu quelques infos dans l’interview publiée le 6 juillet 2021 sur le site de Magic, revue Pop Moderne : https://www.magicrpm.com/good-morning-tv-nostalgiquement-moderne/

https://geographie.bandcamp.com/album/small-talk

https://www.facebook.com/goodmorningtv/?locale=fr_FR




samedi 16 décembre 2023

GIÖBIA "Acid Disorder" (Heavy Psych Sounds Records) – 28 avril 2023

Giöbia est un groupe italien de Milan qui existe depuis 2004. A ce jour ils ont sortie sept albums dont un split LP avec le groupe écossais The Cosmic Dead. De la formation originale, il ne reste plus que le chanteur guitariste Stephano Basurto et le bassiste Paolo Basurto. Melissa Crema -de La Morte Viene Dallo Spazio- aux synthétiseurs et chant a rejoint le groupe en 2020 et Pietro D’ambrosio au poste de batteur a rejoint Giöbia en 2021. Le nom Giöbia vient d’une ancienne fête pré-chrétienne célébrée dans le nord de l’Italie où une grande marionnette de paille ressemblant à une sorcière est brûlée comme un rituel propitiatoire envers les forces de la nature. C’est depuis 2013 avec l’album Introducing Night Sound que Giöbia a trouvé, élaboré son style psyché rock aérien, teinté de stoner. Pour faire court on est dans le paysage Black Angels et Vibravoid. La magnifique pochette gatefold de Plasmatic Idol (2020) réalisé par le studio d’art français Metastazis est elle aussi dans l’esprit des groupes mentionnés, avec son visuel bien psychédélique. Au fil du temps, les compos de Giöbia ont continuées d’évoluer dans le paysage psyché, en y incluent du krautrock, de la prog, des ambiances cosmic, du shoegaze, une touche de garage (dans la guitare) et des mélodies qui pourraient illustrer une B.O. de film Bis -tendance horreur- époque 70-80. Oui, la musique spaciale de Giöbia est riche et fait un bien fout à notre cerveau en fusion. La force du groupe est de s’affiner au fil du temps, en y incorporant des instruments traditionnels (cithare, l’oud) construit par eux, car un des membres du groupe est luthier.

Le petit dernier titré Acid Disorder confirme que le groupe est loin de se reposer sur ses acquis, l’exploration dans l’univers psychédélique ne tombe pas dans la redite, au contraire, ce nouvel album est un bain de jouvence, un voyage intérieur auquel on adhère de suite. Il y a beaucoup de synthétiseurs (la marque de Melissa Crema), ce qui renforce l’aspect B.O. de film entamé avec l’album Plasmatic Idol. En tant que groupe Italien, on imagine que la musique du groupe Goblin et son leader Claudio Simonetti, ça laisse des traces. Tout comme ici en France avec le duo Serge Gainsbourg-Jean-Claude Vannier qui a bien marqué la scène électro pop, avec Air en tête. Là aussi, la pochette et le titre Acid Disorder installe d’office le style de musique que le curieux pourra entendre, en prime ici dans de la haute qualité. A noter, qu’ils sont depuis 2020 sur le label italien Heavy Psych Sounds Records, plutôt orienté hard 70’s et stoner bien stoner. La musique de Giöbia permet d’apporter un peu de space rock dans le catalogue du label.

Giöbia est actuellement en tournée pour défendre ce nouvel album. Ils ont jouées le 13 décembre à L’International à Paris. Ce fut un magnifique set de 75 minutes sans temps mort. Que du bonheur pour l’amateur de musique psyché où l’univers cosmic est une porte grande ouverte. Il manquais juste les jeux de lumières psyché qui vont avec, mais la configuration de la petite salle L'International, ne le permet pas. Avec New Candys, Giöbia fait perdurer en Italie le genre psyché avec talent. Viva l’Italia !

Pour écrire cette chronique, j’ai eu pas mal d’infos dans l’interview publiée en mars 2020 sur le blog Dreams of Consciousness : https://www.dreamsofconsciousness.com/2020/03/giobia.html

https://giobiagiobia.bandcamp.com/album/acid-disorder

http://www.giobia.com/

https://www.facebook.com/giobiaband