Après le report du concert du mois de janvier, changement de saison et une date symbolique, le 1er mai, soit la journée du travail, avec enfin la venue de Dry Cleaning pour son premier concert à Paris qui affiche complet, ce qui n’est pas étonnant vu le bon accueil de leur premier album New Long Leg (1), tant niveau médias (n°4 dans mon TOP 25 de 2021) que public. Il est clair, que Dry Cleaning a trouvé un style musical singulier, avec la voix de Laurence Shaw proche du spoken word et la musique noise et post punk des garçons.
Pour nous faire patienter, c’est l’artiste irlandaise Maria Somerville qui installe une ambiance cotonneuse avec sa musique électro deep, parsemé de grisaille dream pop. Sous un joli jeu de lumière, proche du lever du jour, Maria Somerville, à la voix, guitare et aux machines nous fait voyager de bon matin, quand le soleil est encore loin à l’horizon. Sa musique intimiste a beaucoup de saveur, qui nous relie aux rêves les plus étranges. Belle prestation, tout en douceur, pour mieux accueillir les sorciers Dry Cleaning.
Après une pause de 15 minutes, les quatre londoniens débarquent sur scène sous les applaudissements soutenus du public. Ce qui surprend au premier abord, c’est le style disparate des quatre musiciens. Le look hippie folk de la ténébreuse Laurence Shaw, avec ses très longs cheveux et sa robe noire style Nico, le fou furieux guitariste Tom Dowse avec son look anglais de petite frappe excité, le bassiste chevelu Lewis Maynard au look métalleux et le BCBG Nick Buxton à la batterie. Évidemment tous les regards sont portés sur la maitresse de cérémonie, Laurence Shaw, installée au milieu de la scène. Dès qu’elle se met à chanteur avec son phrasé parlé, on est capté par son aura, sa prestance. Elle bouge peu, de temps en temps, un petit sourire (malin ?), mais juste sa présence ne laisse pas indifférent. Comme pour ne pas se faire oublier, à cause de la chanteuse qui capte les regards du public, le guitariste Tom Dowse n’arrête pas de faire le con, de faire le malin en sortant des vannes, en jouant des muscles, tel le punk de base. Mais pas d’inquiétude, son laisser-aller jovial n’entrave pas à son jeu de guitare, bien noise, abrasive, tout en restant arty. Oui son jeu n’est heureusement pas bourrin, même si les subtilités de l’enregistrement studio sont parfois mises en live à rude épreuve. La rythmique basse/batterie est également à la fois tout en nuance et énergique. L’ensemble donne une musique originale, ce qui n’est pas évident pour le style post punk, très en vogue depuis quelques années. Entre instants électriques et d’autres plus posés, la magie Dry Cleaning prend sur scène une nouvelle dimension, proche de la communion entre le groupe et ses fidèles. Avons-nous trouvé notre sauveur ? En tout cas en cette journée de la fête du travail, Dry Cleaning n’a pas chômé, ils ont été au charbon pour le bien des spectateurs.
Pendant toute la durée du concert (1h10), le public a été très enthousiaste auprès du groupe. A l’inverse des politiques, grâce à la musique, le lien France-Angleterre est fraternel. A la sortie du concert je croise des amis très enthousiastes, dont Joseph Ghosn, directeur de la rédaction des Inrocks, Didier Bouyer (qui a publié en 2010 le premier album de Beat Mark) qui m’a dit avoir eu la larme à l’œil, ce qui est compréhensible. Bon l’ami Manu B., dit La Cainte, a été déçu du concert, car il n’a pas retrouvé la subtilité de l’album studio, notamment à cause du guitariste qui l’a insupporté, mais à 95% le public a été conquis par la prestation de Dry Cleaning. Maintenant, de par leur style singulier, comment le groupe va-t-il aborder le prochain album et la prochaine tournée, pour surprendre le public sans se répéter et sans vendre son âme au diable capitaliste. A suivre… on reste confiant.
Photos @ Paskal Larsen
(1): Chronique de l’album New Long Leg ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2021/04/dry-cleaning-new-long-leg-4adwarp-2.html