jeudi 21 avril 2022

LE CHIFFRE ORGAN-IZATION : Leur Top 10 en musique

 

J’ai découverts le groupe Le Chiffre Organ-ization la semaine dernière avec la sortie de leur premier album titré The Loved Ones (1). Gros coup de cœur  pour leur musique instrumentale, qui mélange avec brio, le son des sixties qui donne la banane. A l’écoute de l’album, il est clair que ce groupe a un fort bagage musical, vu le mélange des styles (avec en point commun, l’envie de faire danser) qu’on y trouve. Je leur ai demandé leur TOP 10 musical. Ensemble, Alain Jullian (orgue Hammond), Alain Chapot (basse), Alexandre Besson (batterie) et Éric, le nouveau guitariste se sont pliés à l’exercice, certes difficile pour un groupe érudit, fan de musique.

Le morceau intemporel qui vous réunis ensemble ?

En fait, quand nous avons décidé d’enregistrer les premiers morceaux de ce qui allait devenir notre premier album, on avait pour dessein de travailler à 3 un peu comme l’avait fait les Aphrodite’s Child. D’ailleurs nous étions partie pour enregistrer Magic Mirror  (1969) en version instrumentale et puis on est passé à autre chose et au final on a ce fantastique 33 tours.

 


Votre album culte de tous les temps ?

Un album culte pour nous ? On est tellement tous boulimique de musique, plus précisément de disques vinyles, que c’est un choix cornélien. En effet, nous sommes 3 sur l’album et 4 aujourd’hui avec l’arrivée de notre nouveau guitariste, et si on écoute attentivement l’album on peut y déceler un grand nombre d’influences. De l’illustration sonore bien entendu, mais aussi du Rythm and Blues et tous les styles qui en découlent que ce soit la soul, le Latin, le Boogaloo, mais aussi la Pop anglaise des sixties, le Freakbeat, la Poposike et même le Garage Américain.
Au final pour répondre plus précisément à la question, notre album culte serait un album français du groupe Eden Rose qui s’intitule On the Way to Eden (1970). D’ailleurs en live nous jouons un morceau hommage qui est une sorte de mélanges de différents plans de cet album. 

Le single parfait de tous les temps ?

Là aussi, de nombreux singles sont parfaits, mais je pense qu’on peut s’entendre sur le gros classique du "dancefloor", Send me a Postcard par les Shocking Blue (1970).

Le morceau avec de l’orgue Hammond le plus puissant, redoutable pour faire danser en club ou lors une surprise party ?

On aurait bien entendu pu parler de Brian Auger ou tout autre référence que l’on nous attribut régulièrement et que nous assumons, mais plus précisément ici, on va laisser la parole à Éric, notre nouveau guitariste. Son choix s’est porté sur le son de Jackie Mittoo sur Blue Lue (1969) et c’est assez révélateur de ce que l’on ressent. On se laisse influencer par tout ce qui est bon et pourquoi-pas jouer un morceau de rocksteady ou reggae par la suite ? 



L’album d’un artiste/groupe français qui vous émerveille ?

Forcement Melody Nelson (1971), notamment pour ce que Jean Claude Vannier à apporter dans les arrangements. Nous faisons d’ailleurs une reprise d’un de ces arrangements pour Brigitte Fontaine sur notre album intitulé The Loved Ones et qui vient de sortir chez Soundflat Records. On aurait pu tout aussi bien citer les albums de Janko Nilovic sur le label d’illustration musicale français Montparnasse 2000, pour ses productions et orchestrations parfaites.

Votre générique TV et BO de film préféré ?

Tout John Barry, Laurie Johnson ou Barry Gray spécialement Cosmos 1999, Ufo ou The Persuaders (Amicalement Votre) et encore The Avengers (Chapeau Melon et Bottes de Cuir). 

La perle KPM qui vous a scotché ?

Tous !

Parfois sur un volume il y a seulement 1 ou 2 morceaux de vraiment bons, mais la production de ce label anglais d’illustration sonore est juste parfaite et c’est la source principale d’inspiration pour le son de notre album. On peut d’ailleurs largement remercier notre ingénieur du son Arthur de Cossette.

Si vous voulez écouter un KPM en particulier vous pouvez commencer avec la référence 1027 (1968) une perle dans l’ensemble du catalogue puis ensuite il faut se perdre dans les méandres de la série dite des 1000 pour y découvrir des pépites, c’est là aussi tout l’intérêt il nous semble. 

La compilation la plus la top of the top ?

Pour rester dans la lignée de la question précédente, nous dirions à peu près tous les compilations Blow up Exclusive Blend, et particulièrement la toute première sortie en 1996 qui vous permettra de découvrir quelques pépites de la production d’illustration sonore britannique. 


La pochette de disque la plus classieuse ?

La nôtre bien entendu !  Nous faisons appel pour les visuels de nos disques à de nombreux talents artistiques et graphiques des amis de la scène musicale.

Pour The Loved Ones (2022), la pochette est inspirée de celles organisées autour des vrais peintures, comme c’était souvent le cas des pochettes que nous apprécions particulièrement des années 50 ou 60. Il s’agissait dans notre cas, de partir de la base d’une peinture de Ben Addison batteur du groupe Corduroy qui s’intitule Bedazzled Raquel et qui a ensuite été conceptualisé et mis en page par Cyril du studio Woom autour de la notion d’exposition et d’agrandissement. Pour le EP qui devrait sortir d’ici quelques mois c’est au tour de Vincent Vidor excellent peintre et illustrateur de conceptualiser et dessiner la pochette de ce 45 tours 4 titres comme ils étaient produits en France dans les années soixante.

Le morceau parfais pour passer un agréable moment avec la personne qu’on chérie le plus ?

Pour cette question c’est encore plus personnel que tout le reste aussi nous vous donnerons 4 réponses. Cela vous permettra de faire durer le plaisir !

Éric: Alton Ellis I’m still in love with you (1967)

Alain Jullian aka Coog: Smith Baby It’s You (1969)
Alexandre Besson: Jon Is It love (1967)

Alain Chapot: Jane Birkin Je t’aime moi non plus (1969)


(1): Chronique de l’album The Loved Ones ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2022/04/le-chiffre-organ-ization-loved-ones.html

https://le-chiffre-organ-ization.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/lechiffreorganization/

























mercredi 20 avril 2022

LES CALAMITÉS "Encore ! 1983-1987" (Born Bad Records/L’autre Distribution) – 22 avril 2022

Le label Born Bad vient de publier l’intégralité de la courte discographie des Calamités, soit 16 morceaux pour 41 minutes de musique, plus en cadeau bonus (merci JB !), leur participation sur le morceau Down at Lulu’s des Dogs (face B du 45t Mon Cœur bat encore) et sur le morceau Down in the Boondocks des Barracudas (split 7’ avec The Sneetches publié en octobre 1990 dans le mag anglais Bucketfull of Brain n°35). En 1997 le label Last Call Records (label né sur les cendres de New Rose) avait déjà publié en CD l’intégralité des compos des Calamités sur la compilation C’est complet, mais épuisé depuis le siècle dernier. Ainsi, la compil de Born Bad tombe à pic, avec en prime une magnifique pochette réalisée par Elzo Durt et un livret de 36 pages pour la version CD, -en vinyle c’est 8 pages en format 33t- avec une intro d'Étienne Daho, de nombreuses interviews croisées qui nous racontent la belle épopée des Calamités. Hasard des esprits qui se croisent, en 2021 on a reparlé des Calamités avec la découverte des parisiennes d’Alvilda et leur 45t Négatif. La musique d'Alvilda est en partie dans l'esprit des Calamités. Ainsi en 2022, pour les plus anciens d’entre nous, on ressort les vinyles d’époque (un LP, trois EP/single, la compil sur Fan Club) avant d’aller courir acheter avec les plus jeunes, le vinyle Born Bad avec les 2 bonus et la belle pochette d’Elzo Durt.

Les Calamités c’est la réunion de trois copines d’enfance à Beaune en Bourgogne, Caroline Augier, Isabelle Petit, Odile Repolt, plus Marcelle Bérard qui deviendra leur manageuse. Nous sommes en 1980, elles aiment le son de la Motown, Phil Spector, les Beatles, les Ramones, les Cramps, les New York Dolls, lisent Rock & Folk et Best, bref elles aiment la bonne musique fifties, sixties, le yéyé, la pop, le rock, le punk. Au début elles commencent par des reprises de Polnareff, Who, Devo, Lili Drop, AC/DC, Sex Pistols, Ramones... avec quelques morceaux originaux écrits en français, dont Muguet et Florence. Leur première prestation a lieu au lycée  à noël 1980 pour la fête des internes. La suivante sous le nom de Caribout (il y aura d’autres noms avant le choix définitif pour Les Calamités, nom trouvé par Antoine Masy Perrier/Tony Truant pas encore guitariste des Dogs, qui va coécrire le morceau Je suis une calamité) a lieu le 1er avril 1981 en première partie de Botrytis. En septembre elles enregistrent la première maquette. Elles vont souvent à Dijon, ville plus grande que Beaune, voir des potes musiciens dont François Hest du groupe The Snipers, qui va les encourager, notamment à envoyer une cassette démo au micro label Snapshot Records. Ainsi le premier morceau à être publié est Je suis une calamité sur la compilation Snapshot(s) sortie en 1983. Elles sont aux coté de The Snipers, City Kids, Les Coronados, Gamine, Les Rythmeurs, Stilettos, soit le rock d’ici comme on aime. 

Si le temps entre les quelques concerts, premières maquettes, la publication du premier morceau est de deux ans, c’est parce que Caroline, Isabelle et Odile font des études sérieuse, qui demandent du travail. Odile fait des études de médecine, Isabelle ainsi que Marcelle sont en biologie et Caroline prépare un master de langue. Elles sont conscientes que s’investir à 100% sur la musique c’est risqué pour préparer l’avenir, ainsi pour palier « Étude et Musique » les répétitions se font le week-end et les concerts en fonction du planning scolaire.  Après la publication de la compilation Snaphot(s), la carrière des Calamités va passer à la vitesse supérieure grâce à la signature sur New Rose, les rencontres diverses dans les médiats (Alain Maneval, Antoine De Caune, Jacky…) qui leurs permet de passer à la télé et sur les ondes de la radio, la rencontre avec Étienne Daho qui est fan du groupe. La suite ? Tout est dans le livret inclut dans la compilation Encore ! 1983-1987. Malgré tout, un mot sur le 4ème membre du groupe, qui est non pas une fille mais un homme au poste de batteur. Après avoir usé plusieurs batteurs, les filles trouvent enfin en juillet 1982 l’anglais Mike Stephens. Il est dans la région de Beaune car c’est un grand amateur de vin, et plus particulièrement du Bourgogne. Là il décide de travailler dans le milieu du vin. Il aime le vin, mais aussi la musique, il joue de la batterie. Il met une annonce chez le disquaire de Beaune : « batteur cherche groupe », la suite est dans le livret.

J’ai découverts Les Calamités en 1984 grâce au morceau Toutes les nuits qui passait régulièrement à la radio. J’ai acheté le 45 tours au supermarché -Mammouth (écrase les prix !)-, lieu d’achat qui fut le titre d’une de leurs premières compositions. Étant lecteur de Best et Rock & Folk, j’ai dut lire des articles sur elles, constater que le single était publié sur le label New Rose, qui avait sa page publicitaire mensuel dans Best. Cette page avec les nouveautés rock du moment, était souvent une source de bonnes découvertes de groupes, en parti non chroniqués dans le mensuel. J’ai dut aussi les voir à la télévision au hasard des émissions Mégahertz, Décibels, Les Enfants du Rock, Platine 45. A cette époque Youtube n’existait pas. En 1983-84, étant fan des Go-Go’s, The Bangles, Elli & Jacno, Étienne Daho, Octobre, Les tueurs de la lune de miel, Les Civils, A nous Paris, Lili Drop, Mikado, Les Bandits (Barbe Bleue trotte encore dans ma tête -Nota: Ce trio niçois a également composé un morceau qui a pour titre Toutes les nuits-), Les Désaxés, Edith Nylon, découvrir la musique sixties pop yéyé des Calamités était une évidence. D’autant que leur look retro et leur énergie pétillante, étaient à part dans le paysage du rock français. Elles ont de l’allure, du style et le fait de voir en avant-poste trois filles solaires et un garçon à l’allure cool en retrait, était une configuration qui cassait l’image rock. Mais surtout, comment résister à leurs tubes qui se fredonnent instantanément : Toutes les nuits, Le supermarché, Pas la peine et plus tard Vélomoteur quand elles sont en duo (Isabelle et Odile), Caroline étant partie en Angleterre pour poursuivre ses études de langues. A noter que la pochette de l’EP Vélomoteur est réalisée par Pierre & Gilles, qui ont prêtés leurs chemises pour la photo et la production est de Daniel Chevevez du duo chic Niagara. Ainsi pendant 4 petites années (moins qu’un quinquennat présidentiel), Les Calamités ont dynamitées le rock français avec leurs petites chansons qui parlent en toute simplicité de notre quotidien, de nos amours, le tout avec un charme visuel et musical imparable. Depuis leur séparation, je n’ai pas vu d’équivalent dans le paysage rock en France. A si Alvilda et leur morceau Cinéma qui a les éléments pop pour être un joli tube.  

https://www.bornbadrecords.net/releases/les-calamites-encore-1983-1987/